Commencement d’un réveil local. — Réponses surprenantes. — Une dépêche télégraphique à un mourant. — Le prodigue. — Deux conversions dans un wagon. — Multiplication des réveils locaux par le moyen de la réunion de prière de Fulton Street.
« Je vais vous raconter, dit un jour un orateur, à la réunion de Fulton Street, comment le réveil a commencé, l’hiver dernier, dans le Michigan. Nous entendions parler de l’œuvre merveilleuse qui s’accomplissait dans votre ville et ailleurs, et nous désirions ne pas demeurer spectateurs inactifs. Mais les dispositions de notre esprit étaient alors bien différentes des vôtres. Toutefois, nous instituâmes une réunion journalière de prière. Tous s’unirent pour cela, épiscopaux, baptistes, méthodistes, presbytériens et congrégationalistes. Ce fut en tremblant que nous convoquâmes notre première assemblée, car nous ne savions guère ce qui en résulterait. Nous nous demandions même si nous aurions du monde. Enfin, nous nous y rendîmes, et à cette séance on nous présenta la requête suivante :
Une femme, qui prie pour son mari, incrédule, demande les prières de cette assemblée en sa faveur, afin qu’il soit converti et qu’il devienne un humble disciple du Sauveur. — Au même instant, un gros monsieur se leva et dit : « C’est de moi qu’il s’agit. J’ai une pieuse et sainte femme qui prie toujours. La requête doit être pour moi. » — A peine s’était-il assis, au milieu de l’émotion générale, qu’un autre se leva et dit : « Non, c’est pour moi qu’on a fait cette demande. J’ai aussi une femme qui prie, et je sais qu’elle prie pour moi. Je suis sûr que c’est elle qui a fait la demande, et je vous supplie de prier pour mon salut. »
Trois ou quatre autres se levèrent ainsi successivement pour demander les prières, et la présence de Dieu se faisait déjà sentir puissamment dans cette première réunion, à peine formée. C’est ainsi que le réveil a commencé parmi nous, et, dans ce moment, nous comptons de quatre à cinq cents conversions.
— « Permettez que je vous raconte aussi un exemple de la puissance de la prière, continua un autre orateur. Le propriétaire d’une ligne d’omnibus tenait un débit de rhum et gagnait beaucoup d’argent, tout en se faisant à lui-même et en faisant aux autres un mal spirituel énorme. Sa femme, qui était une chrétienne pleine de vie, venait aux réunions de prière. Son mari, à la vérité, ne voulait pas le permettre ; mais elle trouvait toujours moyen de s’esquiver. Elle y devint assidue, quoiqu’il s’en fâchât fort, prétendant qu’elle n’avait rien à faire dans ce lieu. A la fin, pourtant, il lui signifia qu’elle devait choisir entre sa maison ou la réunion de prière. — Si vous voulez monter chez moi, ajouta-t-il, et prier avec moi, vous-pourrez prier tant que vous voudrez ; mais je ne veux plus entendre parler de vos réunions. — Elle répondit qu’elle serait bien embarrassée de prier pour lui ou avec lui, puisqu’elle commençait à peine à pouvoir prier pour elle-même. Ils montèrent toutefois dans leur chambre, et là, il fut tout étonné de la manière dont elle priait.
Pendant le reste de cette journée, rien n’alla à son gré ; il n’était pas heureux. Le lendemain matin, ils montèrent de nouveau dans leur chambre. — Je croyais, se dit le mari, qu’en lui ouvrant cette soupape et en donnant cet essor à sa manie de prier, cela l’éloignerait des réunions et que je romprais le charme ; mais !… — Ils s’agenouillèrent donc, et elle prononça cette fois une prière qui réveilla sa conscience. En se relevant, il l’embrassa et s’en alla. Son cœur avait été ramolli, vaincu, et bientôt il se jeta humblement aux pieds de Jésus. Ce n’était plus le même homme. Il abandonna immédiatement son débit de liqueurs, et, depuis lors, il a prouvé par une vie fidèle la sincérité de sa conversion. J’ajoute avec joie que ce cas n’est qu’un exemple entre une foule d’autres. »
— « Je demeure, reprit un autre, dans les montagnes du Cattskill, où Dieu nous a accordé de grandes grâces. Plus de cent personnes ont été ajoutées à l’église, sans compter beaucoup de conversions parmi les enfants et les adultes.
Nos pasteurs s’étaient absentés pour aller prendre quelque repos pendant la belle saison ; mais nous avions résolu de suppléer nous-mêmes à leur absence par des réunions de prière, et de les surprendre à leur retour. »
— « Un père, raconta l’orateur suivant, avait trois enfants inconvertis, placés en divers lieux assez éloignés les uns des autres. Il demanda à la réunion que l’on voulût bien prier pour eux, et on le fit. Qu’en est-il résulté ? Trois lettres écrites par ces trois jeunes gens (qui ne pouvaient avoir entre eux aucune communication), sont venues nous apporter chacune la conversion détaillée de celui qui l’avait écrite.
Un autre père avait prié qu’on demandât la conversion de son fils, qui était bien loin en mer, sur l’Océan Pacifique. On l’avait demandée avec ferveur. Ce fils vient de débarquer au port. Il a été converti au milieu de l’Océan, vers l’époque à laquelle on priait pour lui. — J’ai eu l’idée, disait le père, de noter la date de cette prière, et je ne puis m’empêcher de penser que cette conversion en est bien la conséquence. Quoiqu’il fût à une grande distance, Dieu a tourné son cœur vers la religion, et après lui avoir fait sentir son péché, Il l’a conduit à Christ, de telle sorte que la première chose qu’il m’a racontée en débarquant, c’est ce que le Seigneur avait fait pour son salut. Il ignorait jusqu’à l’existence même de nos réunions de prière ; il était donc bien loin de se douter qu’on eût prié pour lui. Néanmoins, le Seigneur en a fait l’objet d’une grâce spéciale. »
— Un des cas de prière les plus remarquables que nous ayons vus, c’est celui d’un père qui vint déposer sur le pupitre du président une lettre cachetée, qu’il écrivait à son fils dans l’Amérique du Sud, exprimant en même temps le désir que l’assemblée voulût bien demander que l’Esprit-Saint accompagnât cette missive et en fit un moyen de conversion pour son enfant bien-aimé. La lettre suppliait le jeune homme de donner son cœur au Sauveur.
C’est par milliers et par dix milliers que l’on compte depuis quelques mois les exaucements les plus étonnants, et du sein de tous ces faits merveilleux semble s’échapper comme une voix du ciel, qui crie : Crois seulement ! crois seulement !
— « Quelques-uns d’entre vous, continua un autre des assistants, auront lu, sans doute, le récit de la conversion d’un soldat anglais, opérée dans l’Inde par le moyen du télégraphe. Il était bien près de sa mort. Pendant sa vie, il n’avait fait autre chose que se moquer de la religion et en médire ; et maintenant il était seul, il allait mourir, sans avoir auprès de lui quelqu’un qui pût lui indiquer le moyen d’être sauvé. Il se souvint alors d’un chrétien qui demeurait à plus de 60 lieues, et il lui envoya une dépêche télégraphique ainsi conçue : « Je meurs ! que dois-je faire pour être sauvé ? » Bientôt il reçut la dépêche télégraphique suivante : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé. » Le pauvre soldat mourut en prononçant des paroles pleines de joie et d’espérance. Qui sait si, selon la prière de l’inventeurb, ces mêmes fils de métal ne porteront pas un jour par toute la terre cette même dépêche du salut ? si, par ce moyen de communication, les nations, dans leur joie, ne s’entre-répondront pas, et si des millions d’âmes ne se joindront pas à d’autres millions pour chanter ensemble le cantique éternel de l’Agneau ? »
b – Du télégraphe sous-marin.
— « Il faut, dit un jeune homme, que je rende témoignage à mon tour aux choses que le Seigneur a faites pour moi. Il y a quinze ans que je quittai un village voisin pour venir résider dans cette ville. Pendant ces quinze années, mes pieux parents n’ont cessé de prier pour moi ; mais, malgré cela, je ne crois pas avoir reçu une seule impression religieuse. La première préoccupation de cette nature m’est venue en janvier dernier, à la suite d’un sermon sur ce texte : Coupe-le ; pourquoi occupe-t-il inutilement la terre ? Il me semblait que chaque parole était pour moi. Il n’y avait que moi, pensais-je, dans toute cette assemblée, qui fusse ce figuier stérile. Cette conviction me plongea dans une vive inquiétude, et je ne savais que faire. J’étais marié ; j’appréhendais de laisser voir mon état à ma femme. Mais, chose étrange ! je m’aperçus que le même sermon l’avait également troublée. Nous allâmes trouver notre pasteur, et, après que nous lui eûmes fait connaître notre situation, nous en reçûmes l’espérance que Jésus nous donnerait son pardon et sa paix.
Je suis venu souvent à ces réunions, désirant toujours prendre la parole, mais sans en avoir le courage. Y aurait-il ici quelque jeune homme pour lequel un père et une mère prient ou ont prié en temps passé, et que ce récit pourrait encourager à se donner à Jésus ?… J’ai quitté le théâtre pour l’église, et la compagnie de ceux qui s’enivrent pour celle de ceux qui prient. Faites de même. »
— « Voici une lettre de huit pages, dit un autre. Elle est d’un jeune homme, du fils d’une pieuse veuve. Il l’avait quittée pour de lointains voyages, durant lesquels il est devenu très corrompu. On a prié spécialement pour lui : le Saint-Esprit l’a arrêté dans sa course et l’a transformé en une nouvelle créature. Sa lettre est si touchante, que c’est à peine si j’ai pu en terminer la lecture. »
— « Je suis allé à la réunion de prière du Collège, dit un autre en se levant. Le local était plein, et l’impression générale très solennelle. Dieu avait converti bon nombre d’étudiants. L’un d’entre eux, qui avait pris ses diplômes deux ans auparavant, est entré dans la salle. Il connaissait naturellement plusieurs jeunes gens dans les deux classes qu’il avait suivies, et où il s’était fait remarquer à la fois par ses talents et par son incrédulité. Plusieurs de ceux sur lesquels il avait exercé sa pernicieuse influence étaient présents, et il venait pour leur raconter le grand changement qui s’était opéré dans ses sentiments. A mesure qu’il en décrivait les phases, on voyait les visages s’inonder de larmes. Il était venu exprès, disait-il, pour déclarer hautement combien il déplorait sa conduite passée. Cette profession pour laquelle il avait étudié pendant deux ans, il venait la déposer aux pieds de Jésus, car il avait résolu d’annoncer désormais aux pécheurs le salut éternel. »
— « Comme notre missionnaire, dit quelqu’un, entrait dans un omnibus, il demanda au conducteur s’il accepterait un traité.
— Certainement, répondit-il, et je vous en serai même bien reconnaissant.
— Êtes-vous chrétien ?
— Je l’espère humblement.
— Où avez-vous été converti ?
— Dans cet omnibus.
— Et comment cela ?
— Hé bien ! voyez-vous ! je ne pouvais pas aller à la réunion de prière, car il me faut être ici tout le jour. J’étais fort inquiet sur le salut de mon âme, et cette préoccupation me remplissait de tristesse. Alors, je me suis donné à mon Dieu, ici même, dans cet omnibus. J’ai crié à Lui pour qu’il me fît grâce, et sa grâce n’a pas tardé. Quelle joie alors que la mienne ! et personne n’en savait rien. Oui, Dieu peut pardonner les péchés aussi bien dans un omnibus que partout ailleurs.
Merci de votre traité, Monsieur. C’est par ces petits livres que j’ai commencé à connaître mon état de péché, et ce sont eux qui ont fini par m’amener à Christ. »
— « Il y a quelques jours, continua un autre orateur, qu’en traversant cette ville, je vous remis une demande de prières pour l’un de mes frères, qui était inconverti. Quand on eut lu la demande, qui avait été posée là, sur ce même pupitre, je me levai et j’expliquai qu’elle concernait un membre d’une nombreuse famille, le dernier de tous qui restât encore à convertir. Je vous dis aussi que je faisais un voyage de 350 lieues pour aller le voir, et que j’étais très préoccupé à son endroit, d’abord parce qu’il était le seul de nous tous qui fût encore étranger à Christ, et aussi parce que certaines difficultés dans un partage de biens nous avaient aliéné son affection. Il ne nous écrivait plus.
Je m’étais donc mis en route, priant dans les voitures, priant dans les wagons. Obligé de m’arrêter dans cette ville, je vins ici, toujours en priant, et, après vous avoir demandé le secours de vos supplications, je m’en allai en priant encore. Mais, quand je le vis enfin, oh !… Dieu avait répondu des cieux ! Il me serra dans ses bras, en s’écriant : « Mon frère ! mon frère ! le Seigneur a eu pitié de moi ! Embrasse-moi et laisse-moi te presser sur mon cœur ! Maintenant, je suis en chemin pour regagner ma demeure lointaine ; mais j’ai senti que je ne devais pas traverser New-York sans revenir au milieu de vous, pour vous raconter la conversion de mon frère, et vous demander de remercier Dieu avec moi de ce qu’il a daigné entendre nos faibles prières. »
— Quelqu’un rapporta ensuite qu’un jeune homme mondain et corrompu s’en allait de Springfield (Massachussetts) à Albany, et que, chemin faisant, il s’était mis à penser combien il fallait peu de chose pour lui ôter la vie ; combien un accident dans le convoi qui l’emportait pouvait promptement le mettre en pièces, et combien il serait sûr d’être condamné éternellement s’il venait à mourir dans l’état où il était. Cette pensée le poursuivait malgré lui ; il se sentait pécheur et perdu sans remède. Plus il pensait à sa vie passée, plus il était malheureux. Son angoisse ne fit que grandir jusqu’au moment où il finit par se demander : « Que faut-il que je fasse ? Comment échapperai-je à la ruine et à la perdition de mon âme ? Qui viendra à mon secours ? Je suis si loin de le mériter ! Me sauver moi-même est impossible, et je n’ai ici personne à qui parler, ni personne qui puisse prier pour moi ! »
Aussitôt, une voix sembla lui crier : « Viens à moi, et sois sauvé ! Je puis sauver pleinement. Mets ta confiance en moi, et tu seras sauvé ; suis-moi, et tu seras mon disciple. Veux-tu y consentir ? le veux-tu ? — Oui, je le veux », répondit en son cœur le jeune homme ; et, à ce moment même, la lumière, la joie et la paix inondèrent son âme. Bien avant la fin de son voyage, et sans qu’il eût eu aucune communication avec personne, il était entré d’un pied ferme dans l’étroit sentier qui mène à la vie éternelle. Il avait subi, sans sortir de son wagon, toutes les phases d’une conversion complète, et se trouvait entièrement transformé en une nouvelle créature. Ses projets, ses espérances, ses sentiments même étaient changés. Il était monté dans le train, impie, blasphémateur, enfant du démon ; il en descendait renouvelé, un avec Christ par la foi, enfant de Dieu. Les choses vieilles étaient passées, et toutes choses avaient été faites nouvelles. Depuis lors, il n’a jamais démenti sa profession de foi.
Dira-t-on maintenant que cette conversion ne soit pas l’œuvre du Saint-Esprit seul ?
— Un autre jeune homme, qui retournait à Jowa, sa résidence, fit connaissance dans le convoi avec un homme de l’Ohio. Tout en causant, ils projetèrent de se rendre à New-York.
— Avez-vous entendu parler des réunions qu’on y tient ? demanda l’homme de l’Ohio.
— Quelles réunions ?
— Les réunions de prière de Fulton Street.
— Non, je n’en ai pas entendu parler. Qu’est-ce que c’est ?
— Ce sont des réunions consacrées aux commerçants et que l’on tient à midi, dans l’ancienne église hollandaise de Fulton Street. Beaucoup de personnes s’y convertissent, car Dieu y répand son Esprit avec une puissance extraordinaire. Voulez-vous y venir avec moi, en arrivant à New-York ?
— Je veux bien, dit le jeune homme. Et ainsi fut fait.
« L’homme de l’Ohio, c’est moi, continua l’orateur. Le second jour que mon jeune compagnon de voyage est venu ici, il a donné lui-même une demande, afin qu’on priât en sa faveur, et il a fini par être converti dans ces réunions. Huit jours après son arrivée, il est reparti pour son pays, la paix et la joie dans le cœur. Le lieu où il demeure contient 900 habitants, qui n’ont ni temple, ni pasteur, ni aucun moyen d’édification. La première chose que ce jeune homme a faite, en arrivant, a été d’ouvrir une réunion de prière dans sa propre chambre. En peu de jours, il a été forcé de la transférer dans une salle d’école, à cause de l’affluence. Puis, la place manquant encore, il a dû ajouter une autre salle à la première, et enfin, de tout ce mouvement, créé par cette simple réunion de prière, sont sorties deux florissantes églises. Voyez ce que peut une conduite fidèle avec la bénédiction de Dieu ! Qui calculera l’extension que peut prendre cette nouvelle œuvre et le nombre d’âmes que cette seule conversion aura servi à retirer de la perdition ? »
— « J’étais, dimanche dernier, reprit un autre orateur, dans un petit village de la Pensylvanie, où j’ai eu le plaisir de voir cent personnes, dont la plupart étaient jeunes, faire leur profession de foi en même temps.
Voici comment a commencé le réveil dans cette contrée : Quelques habitants du village susdit étant venus à New-York, un enfant qui distribuait des annonces imprimées au moment de leur arrivée, leur en offrit ; ils les acceptèrent. En voyant qu’il s’agissait de réunions de prière, ils demandèrent quelques éclaircissements à l’enfant ; mais le pauvre garçon n’en savait guère plus que ses imprimés. Ils se décidèrent donc à s’assurer par eux-mêmes de ce que pouvaient être ces réunions. A peine entrés, l’Esprit de Dieu les saisit aussitôt. De retour chez eux, ils s’empressèrent d’instituer une réunion de prière, et la bénédiction de Dieu fut tellement abondante sur ces assemblées, qu’en peu de jours cent personnes ont été ajoutées à l’église, et que d’autres s’y adjoindront à la prochaine communion. »