Ceux qui vivent selon la chair s’affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l’Esprit s’affectionnent aux choses de l’esprit.
Dans sa première lettre destinée à l’église de Corinthe, l’apôtre adresse de graves reproches à ses membres qu’il taxe de « charnels ». Ce qualificatif revient à quatre reprises dans les chapitres 1 à 4 de cette épître. En effet, Paul signale deux catégories de chrétiens. Non pas ceux qui ont le Saint-Esprit et ceux qui ne l’auraient pas encore — ils ont tous été baptisés du Saint-Esprit (1 Corinthiens 12.13) — mais ceux qui sont, ou charnels ou spirituels : Pour moi, frères, dit Paul, ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ (1 Corinthiens 3.1-2). Or, il ne fait aucun doute que les bons ouvriers se trouvent parmi les chrétiens adultes, c’est-à-dire spirituels, remplis de l’Esprit, en communion vivante avec le Christ. L’intention de Dieu est que nous soyons de ceux-là.
Les chrétiens charnels sont reconnaissables. Orgueilleux et susceptibles, ils lâchent la bride à leur animosité, à leur orgueil ou à leur langue mensongère. L’apôtre dénonce : Puisqu’il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n’êtes-vous pas charnels ? En effet, est charnel quiconque médit ou refuse de pardonner à son frère, recherche les honneurs ou poursuit les richesses ; il est probable que de telles personnes négligent la prière et se soucient fort peu de vivre en communion étroite avec le Seigneur, même s’ils sont dévoués à l’égard du prochain. Ces chrétiens-là atteignent rarement la majorité spirituelle : C’est comme à des enfants en Christ que j’ai pu vous parler Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez la supporter ; et vous ne le pouvez pas maintenant parce que vous êtes encore charnels (1 Corinthiens 3.2). Que de fidèles parmi nous en restent au B.A.-BA de l’Evangile ! Un bébé, c’est mignon… mais un adolescent de 10 à 15 ans qui aurait la stature d’un bébé de 4 mois serait un grand sujet d’inquiétude et de chagrin pour ses parents. Les bébés sont des êtres fragiles, totalement dépendants, qui exigent des soins constants et la présence quasi permanente de la maman qui doit veiller sur eux, les nourrir, les occuper… Les chrétiens « bébés », eux aussi, sont des assistés qui réclament de l’aide à tout instant. Perpétuellement insatisfaits, en tout cas instables, ils sont à charge à leurs frères qui doivent sans cesse les « remonter » quand ils se découragent ou leur prodiguer des conseils qu’ils sollicitent mais ne suivent pas. Certains vivent de réunions et, malgré un excellent enseignement, ils continuent de patauger dans les premiers rudiments de la foi (Hébreux 5.12). Un chrétien disait : « Rien ne peut empêcher un enfant de grandir sauf une grave maladie. Et si je suis obligé de dire à tout propos : ‘Seigneur, je suis encore charnel’ alors je dois sans retard lui avouer sérieusement que mon âme est malade et a un urgent besoin d’être guérie. » Soyons assez honnêtes pour le reconnaître et désirer sortir de cet état.
Pour vivre selon l’Esprit, déclarent certains croyants, il faut être riches de dons spirituels et les exploiter à fond pour le bien de tous. D’autres se croient déjà spirituels parce qu’ils ont été gratifiés de charismes qui les valorisent. Hélas ! On peut posséder des dons exceptionnels et vivre cependant en chrétien charnel ; car les dons spirituels sont une chose, vivre en nouveauté de vie en est une autre. Au début de sa première lettre, l’apôtre déclare que ses amis de Corinthe, ont été comblés de toutes les richesses qui concernent la parole et la connaissance… de sorte qu’il ne leur manque aucun don (1 Corinthiens 1.5-7). Pourtant, malgré cette abondance de dons, ces chrétiens immatures vivaient dans le désordre et les conflits perpétuels. Posséder le don de prophétie, toute la foi qui transporte les montagnes, avoir la capacité de parler la langue des anges n’est rien, absolument sans valeur, si je n’ai pas l’amour (1 Corinthiens 13.1, 2). Je puis être un brillant évangéliste, un enseignant chevronné, connaître le succès dans le service de Dieu et me montrer pourtant orgueilleux, jaloux, querelleur, autoritaire, prouvant ainsi que je marche selon l’homme. Ne nous laissons pas leurrer par des dons brillants et ne disons pas : « Mais je travaille pour le Seigneur ; il me donne du succès et mes frères m’apprécient… ». L’apôtre écrivait : Ce qu’on demande des dispensateurs c’est qu’ils soient trouvés fidèles. Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous ou par un tribunal humain. Je ne me juge pas non plus moi-même car je ne me sens coupable de rien. Mais ce n’est pas pour cela que je suis justifié. Celui qui me juge, c’est le Seigneur (1 Corinthiens 4.2-4). Même le plus qualifié d’entre nous pourrait s’agenouiller devant Dieu pour lui dire : « Seigneur, l’orgueil habite en moi, l’égoïsme me tient loin des autres et je tolère parfois des pensées impures. J’ai soif de sainteté… En fait, j’ai soif de toi ». Quoi qu’il en soit, laissons-nous quotidiennement sonder par celui qui nous connaît parfaitement et veut le meilleur pour nous.
Pourquoi les chrétiens sont-ils si peu soucieux d’être spirituels ? Sans doute parce qu’ils s’imaginent que la chose est de peu d’importance ou ne les concerne pas. Peut-être n’ont-ils pas reçu un enseignement précis sur ce sujet trop rarement abordé dans les églises. De là tant d’idées vagues et erronées sur la question. Les uns pensent que la vie selon l’Esprit est une faveur accordée à des chrétiens exceptionnels, de la trempe des apôtres. D’autres prétendent, que pour être spirituels, il faut d’abord atteindre un certain état de perfection, naturellement au prix de renoncements coûteux, de jeûnes multiples ou de longues prières, si bien qu’on ne peut s’attendre à le devenir avant longtemps. Ce serait pur orgueil que d’oser affirmer avoir atteint si vite et sans combat ce niveau de sainteté qui permet la vie de l’Esprit !
Erreur, erreur que tout cela. Il n’y a pas de succès à attendre sur le chemin des œuvres méritoires.
Alors, comment puis-je passer de l’état d’homme charnel à celui de chrétien spirituel ? Cette question, qui émane sans aucun doute d’un croyant déçu de lui-même mais ardemment résolu à marcher selon l’Esprit, mérite une réponse claire.
S’il est vrai que je suis incapable de devenir un homme spirituel par mes propres efforts, cependant je ne désespère pas, puisque Jésus déclare : Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu (Luc 18.27). C’est pourquoi, je veux cesser toute lutte, me défier de moi-même pour me jeter aux pieds du Seigneur et m’en remettre à l’Esprit Saint qui, seul, opérera en moi ce changement. Mes déficits et mes lâchetés ne sont pas un obstacle si je les ai confessés à Celui qui pardonne et oublie. Je peux donc croire de tout mon cœur qu’il est dans le plan de Dieu que je sois, « dès maintenant », un chrétien spirituel.
Celui qui a donné le commandement : Soyez remplis de l’Esprit, n’a pas dit : « Attendez d’être remplis du Saint-Esprit » ou : « efforcez-vous d’être remplis du Saint-Esprit » ; pas davantage : « Parvenez à un certain degré de piété pour recevoir en plénitude l’Esprit de sainteté ». Pas davantage il ne conseille : « Attendez d’avoir dominé tous vos péchés pour être digne d’être rempli du Saint-Esprit ».
Il ne demande pas non plus de consacrer des heures à la prière, de faire retraite avec des amis pour obtenir la bénédiction recherchée. Toutes ces conditions que soulève notre « moi pieux » pour renvoyer aux calendes grecques ce don précieux, sont en réalité des prétextes qui font barrage à l’acte de foi que Dieu attend de moi pour m’’accorder sa grâce. En vérité, c’est l’Adversaire qui me susurre ces pensées, lui qui redoute que je devienne un chrétien spirituel.
Le commandement est clair : Soyez ! (Soyez remplis de l’Esprit, Ephésiens 5.18). Celui qui a livré Jésus à la mort désire que vous deveniez une même plante avec lui en sa mort afin que vous soyez délivrés de la puissance des ténèbres. Puisque Dieu seul peut le faire, laissez-le agir, quand bien même vous vous sentiriez des plus misérables. Dites-lui simplement : « Oh ! Dieu, jusqu’ici j’ai été dominé par la chair. Je te confesse mes sains et orgueilleux efforts pour tenter de ‘mériter’ cette bénédiction dont je suis et resterai indigne. Je l’attends de toi seul, telle une faveur ».
Ce Jésus que vous avez reçu comme votre Sauveur, l’avez-vous accepté comme le Maître de votre vie ? Cela ne signifie pas, répétons-le, que vous lui promettiez d’être un chrétien sans reproche, toujours victorieux. Vous ne tarderiez pas à déchanter. Non ! Mais vous vous livrez à lui en lui donnant toute liberté de faire de vous et en vous ce qui lui est agréable par le Christ Jésus (Hébreux 13.21-22).
Si cet abandon a eu lieu, si votre vie lui a été réellement donnée, il vous reste un dernier pas à franchir pour devenir un chrétien spirituel : le pas de la foi. Plutôt que d’attendre une expérience bouleversante qui vous mettrait en vedette et vous comblerait d’aise – ce qui serait marcher par la vue –, croyez de tout votre cœur que la bénédiction promise est pour maintenant, sachant que la bénédiction attendue est une Personne : le Christ présent en vous par le Saint-Esprit. Lui ne déçoit pas. Louez-le pour l’œuvre qu’il accomplit maintenant en vous et croyez qu’il a le pouvoir de vous préserver de toute chute.
Nous désirons que chacun de vous montre le même zèle pour conserver jusqu’à la fin une pleine espérance, en sorte que vous ne vous relâchiez point et que vous imitiez ceux qui, par la foi et la persévérance (dans la foi), héritent des promesses (Hébreux 6.11-12).
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