Le servir dans sa présence

UN SACRIFICE VIVANT

Je vous exhorte par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant… Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.

Romains 12.1-2

Dans l’ancienne alliance, le culte avait pour centre le sacrifice. Le sang était répandu, une vie était donnée à la place du pécheur en vue de sa réconciliation avec l’Eternel. Dans la nouvelle alliance, Jésus est la seule victime précieuse que le chrétien puisse présenter à son Dieu s’il veut lui être agréable et obtenir de lui pardon et puissance pour accomplir sa volonté. Le sang versé au Calvaire, ce sacrifice immense agréé par le Père reste, pour le pécheur justifié, un sujet de constante louange. Il n’empêche que Paul exhorte ses lecteurs à offrir leurs corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu ce qui sera, ajoute-t-il, un culte raisonnable (Romains 12.1). Pourquoi le corps ? Parce qu’il est l’instrument indispensable dont Dieu se sert pour faire du bien parmi les hommes et sauver ceux qui sont dans les ténèbres. Quelqu’un a dit fort justement : « Les chrétiens sont les yeux, les oreilles et les mains de Dieu sur la terre. » L’homme qui offre son corps s’offre en vérité tout entier et, en même temps, s’immole lui-même dans le détail de la vie journalière. Il consacre à Dieu – et c’est ce qu’Il attend – ses mains pour donner, ses pieds pour aller vers les malheureux et les perdus, sa voix pour encourager et conduire à Jésus, ses oreilles pour écouter Dieu et le prochain. son intelligence, ses facultés, ses dons…

La Bible est réaliste. « Il faut que notre consécration sorte du domaine intérieur et spirituel pour se manifester dans le monde. Notre corps est la partie visible de notre personnalité, l’organe de notre volonté et de toute notre activité, de nos relations avec les hommes et le monde extérieur. » (M. Antonin)

Notre être tout entier devrait être livré au Seigneur, comme l’apôtre nous y exhorte : Offrez à Dieu vos membres comme des instruments de justice (Romains 6.13). Alors que les sacrifices de l’Ancien Testament étaient frappés de mort, dans le Nouveau Testament la victime doit vivre (un sacrifice vivant) pour être, à tout instant, l’agent actif de la volonté de Dieu.

Dans sa sagesse, Dieu n’a pas jugé bon de nous « ôter » du monde, car nous avons une mission à remplir parmi les humains. Aussi sommes-nous sans cesse exposés aux influences contraires venant de l’extérieur. Le milieu où nous évoluons exerce constamment sa pression sur nous par les maximes qu’il professe (1), les exemples qu’il nous donne, la façon de vivre qui procède de la chair, laquelle est inimitié contre Dieu… Le train de vie de ceux qui nous entourent et qui était autrefois le nôtre, ce modèle de vie que nous offre le présent siècle doit être résolument rejeté. Il y a des procédés peu honnêtes que le monde pratique pour réussir dans la vie qui doivent être abandonnés pour plaire au Seigneur. Il ne s’agit pas de réussir mais d’obéir. Hélas ! La vieille nature est encore là ; dès que le « moi » domine, le monde est en nous et notre entendement est altéré. Refusons de nous soumettre à ce moi incurable et considérons-le comme mort : Regardez-vous comme morts au péché… (Romains 6.11). Si nous tenons à rester lucides et à discerner la volonté divine, à savoir ce qui est bon et parfait, il importe que nous recevions une autre intelligence des choses, une intelligence renouvelée capable de discerner en toute circonstance, le bien, le meilleur et le vrai. Il en sera ainsi si nous nous plaçons délibérément sous l’autorité et la puissance du Saint-Esprit.

(1) Il suffit de rappeler quelques maximes qui reviennent souvent dans les conversations : Je crois ce que je vois. Charité bien ordonnée commence par soi-même. Vis pour toi d’abord. Quand on est mort, on est bien mort. Venge-toi. Chacun pour soi et Dieu pour tous. Les affaires sont les affaires. Tout le monde le fait. C’est la mode. Un petit mensonge n’est rien. (M. Antonin)

Ce que Dieu attend des siens, c’est le don total de leur être. Et c’est parce qu’ils veulent plaire à celui qui les a enrôlés que les chrétiens acceptent de renoncer, qui à la vie facile et confortable, qui aux biens matériels ou à l’approbation des siens, qui à sa réputation ou à un avenir prometteur… Ils y renoncent d’autant plus volontiers qu’ils fréquentent et connaissent mieux ce Père aimant qui rend au centuple et au-delà ce qu’ils acceptent de perdre.

Saul de Tarse, arrêté sur le chemin de Damas, a certainement subi les assauts de Satan durant les trois jours qui suivirent : « Allons, Saul ne fais pas le fou ! Ne cède pas à l’émotion mais réfléchis ! Si tu te convertis, tu seras méprisé, rejeté des tiens, traîné dans la boue, dénoncé comme traître par tes compatriotes. Tu perdras ta fortune, l’estime de tes amis, ta sécurité ainsi qu’un brillant avenir au sein de la nation… » Et c’est en toute lucidité que le futur apôtre arrêta son choix. Il mit en balance ce qu’il risquait de perdre — de la boue — et les biens énormes, éternels, que le Christ, en retour, lui apporterait (Philippiens 3.4-11). Il ne devait jamais regretter la décision prise ce jour-là…

Un chrétien écrivait : « J’ai enfin compris que si Dieu me demande de lui donner mon cœur et que je lui réponde : ‘Il est à toi’, ce cœur est désormais sous sa garde ; j’ai le devoir et le privilège de le considérer comme lui appartenant, pour qu’il le vide et le remplisse, le garde et le dirige, le purifie, le fortifie, le console, l’emploie à son service et y produise la volonté et l’exécution selon son bon plaisir… Depuis que je me suis livré à Lui sans condition, m’abandonnant moi-même entièrement, j’ai compté sur le Seigneur sans réserve, je l’ai trouvé véritable, fidèle, patient, puissant, doux et tendre, au-delà de toute expression. Maintenant je suis en paix, non parce que je crois que je suis et resterai dans la foi, mais parce que je crois que mon Sauveur est et restera fidèle à un pécheur dont sa grâce est l’unique recours. Si je laisse le moindre nuage obscurcir cette réalité bénie, aussitôt ma paix se trouble et ma force s’ébranle. Dès que je regarde à mon propre cœur (que ce soit celui du vieil homme ou de l’homme nouveau), je suis comme l’apôtre Pierre quand il regardait les vagues ; alors je commence à enfoncer ; dès que je dirige de nouveau mon regard vers le Maître, il me remet sur mes pieds et sur le roc. »

Il est vrai que, pour suivre et servir le Christ, l’enfant de Dieu peut être appelé à renoncer à des privilèges légitimes. J’ai rencontré un jeune homme, passionné de violon dont il jouait magnifiquement. Il crut devoir abandonner son instrument et les applaudissements que lui procurait son archet, pour se consacrer à Dieu et le servir. Ce qui ne signifie nullement que le Père demande à tous ses enfants de renoncer à la musique ou au violon. Ce qu’il attend de Pierre, il ne l’exige pas nécessairement de Paul. Mais chacun est appelé à laisser ce qui entraverait sa marche et son service, assuré cependant qu’il recevra au-delà de ce qu’il consent à lâcher.

Trop de chrétiens hésitent à consacrer leur vie au Seigneur, pour trois raisons au moins :

a) D’abord, parce qu’ils tiennent à conduire eux-mêmes leur propre vie. L’essentiel, pensent-ils, c’est de se savoir au bénéfice du pardon et sauvés par le sacrifice de Christ. Ils n’en veulent pas davantage. Tenir ce langage c’est courir le risque de perdre pied spirituellement. Halte-là. Ici qu’on se rappelle la parabole des dix vierges ainsi que le sérieux avertissement de Paul : N’éteignez pas l’Esprit (1 Thessaloniciens 5.20).

b) Certains hésitent à se donner parce qu’ils ont la notion — erronée — d’un Dieu rabat-joie, « d’un maître dur qui moissonne où il n’a pas semé » (Matthieu 25.24), d’un Père impitoyable qui ne cesse d’exiger des renoncements coûteux ou d’ordonner des travaux pénibles et humiliants. La perspective d’une vie étriquée et tristounette les arrête et les empêche de goûter à la vie abondante promise par le Seigneur. C’est bien mal connaître le Dieu d’amour que d’avoir une telle image de Sa personne. Un père humain digne de ce nom ne peut se plaire à tourmenter les siens. A plus forte raison le Père céleste. Soyons-en convaincus et rassurés.

c) D’autres reculent parce qu’ils redoutent de ne pouvoir tenir parole. Ils « n’osent pas » se livrer au Seigneur craignant d’apparaître comme hypocrites à ses yeux, leur consécration n’entrant pas dans les faits. Ces chrétiens oublient qu’il n’y a rien de bon chez l’homme, donc qu’ils ne peuvent rien promettre à leur Dieu. Qui se consacre à lui ne s’engage nullement à être un vainqueur sans faille et en tout point obéissant. Il en est incapable : …Sans moi, a dit Jésus, vous ne pouvez rien faire (Jean 15.5). C’est lui seul qui, par le Saint-Esprit, fera de chacun de nous un serviteur zélé et soumis. Ici, pensons à Pierre, l’apôtre impétueux qui avait promis à Jésus de le suivre partout. Sa superbe s’effondra bien vite dans la cour de Caïphe, lorsque, lamentablement et par trois fois, il renia son Maître. L’orgueil brisé, dans les larmes du repentir, l’apôtre dut reconnaître que sa promesse de le suivre partout n’était que fanfaronnade.

Se consacrer, c’est offrir sa vie à un Père aimant pour qu’il en dispose à sa guise, souverainement. Dieu, qui veut le meilleur pour ses enfants, attend de chacun d’eux un abandon confiant, un lâchez-tout sans réticence ; il veut régner sur notre vie afin de faire en nous et par nous ce qui lui est agréable conformément à sa parole (Hébreux 13.20-21).

C’est pourquoi, sans tergiverser plus longtemps, disons à notre Seigneur : « Je sais fort bien que, sans ton action, je ne puis te plaire. Cependant, je t’abandonne ma vie, mon corps, tout mon être, afin que le Saint-Esprit dispose de moi et m’accorde le vouloir et le faire pour être dans ta volonté et accomplir les bonnes œuvres que tu attends de moi. »

Si vous tenez fermement et honnêtement ce langage, Dieu ne manquera pas d’agir. Sur ce point, faites-lui confiance. Totalement.

QUESTIONS

  1. Avez-vous un jour dit au Seigneur : « Je t’abandonne ma vie pour que tu la façonnes et m’accordes la grâce de te servir » ?
  2. Y-a-t-il un trésor qui vous retient et que vous ne pouvez donner au Seigneur ? En toute simplicité, dites-lui la chose et demandez-lui, parce que vous êtes résolu à lui plaire, la grâce de vouloir ce qu’il attend de vous, selon la promesse de Philippiens 2.13 : C’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir.
  3. Le Saint-Esprit fait-il entendre sa voix en vous ? Quand vous a-t-il révélé tel péché ? Serait-il éteint ? Alors invitez-le à se manifester si vous tenez à vivre pleinement pour le Seigneur, comme je le pense.

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