« Et maintenant qu’ai-je attendu, Seigneur ? Mon attente est en toi. Délivre-moi de toutes mes transgressions. » Ps 39.7,8.
Il y a des temps où nous ne savons guère ce que nous attendons de Dieu. Parfois aussi nous croyons le savoir très bien, tandis qu’il vaudrait beaucoup mieux reconnaître que « nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut. » {Ro 8.26} Dieu « peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et que nous pensons. » {Eph 3.20} Mais n’est-ce pas limiter son action que de borner nos désirs et nos prières à nos propres pensées et appréciations ? Qu’il est donc précieux de pouvoir s’écrier parfois avec ce psaume : « Et maintenant qu’ai-je attendu, Seigneur ? » Je le sais à peine et voici tout ce que je puis dire : « Mon attente est en toi. »
Nous remarquons dans l’histoire des Israélites le même esprit toujours prompt à limiter la puissance de Dieu. Quand Moïse leur promit de leur faire manger de la viande dans le désert, ils doutèrent, disant :
« Dieu pourrait-il dresser une table dans le désert ? Voici il a frappé le rocher et des eaux ont coulé, des torrents se sont répandus. Pourra-t-il aussi donner du pain, fournir de la viande à son peuple ? » {Ps 78.19,20} S’il eût été question de torrents à faire jaillir dans le désert, ils n’auraient pas douté, car Dieu l’avait déjà fait, il pouvait donc le faire encore ; mais à la pensée de voir Dieu faire quelque chose de nouveau, ils limitèrent sa puissance. Leur attente ne put pas s’élever au delà de leur expérience, au delà de ce qui leur paraissait possible. Nous aussi, nous pouvons être tentés de mettre des bornes aux promesses et à la puissance de Dieu. Gardons-nous de le faire dans nos prières. Croyons plutôt que chacune des promesses de Dieu a un sens divin infiniment plus élevé que l’idée que nous pouvons nous en faire. Quand nous appuyons nos prières de ces promesses, croyons que Dieu veut les accomplir avec puissance et en tirer pour nous une effusion de grâce que ne sauraient prévoir nos pensées les plus hardies. Attendons-nous donc à Dieu non seulement pour tout ce dont nous pensons avoir besoin, mais aussi pour tout ce dont sa miséricorde et sa toute puissance sont prêtes à nous combler.
Toute prière véritable éveille l’intérêt de deux cœurs ; le vôtre d’abord avec son appréciation mesquine et ténébreuse de vos besoins et des dispositions de Dieu à votre égard, puis le cœur de Dieu avec sa capacité infinie, sa volonté divine de vous bénir. Lequel des deux doit avoir la prédominance quand vous vous approchez de Dieu ? N’est-ce pas de ce que vous déciderez là que dépend toute bénédiction pour vous ? Mais qu’il est rare qu’on sache se confier en cet immense amour du cœur de Dieu, C’est là ce que doit vous apprendre l’habitude de vous attendre à Dieu. Cherchez à saisir ce qu’est l’amour de Dieu, ce qu’est la rédemption telle que lui la comprend. Reconnaissez que vous n’avez encore qu’une faible idée de ce que Dieu veut faire pour vous et dites-lui chaque fois que vous priez : « Maintenant qu’est-ce que j’attends, Seigneur ? » Mon cœur ne saurait le dire, mais le cœur de Dieu le sait, et il m’attend pour me le donner. « Mon attente est en toi ! » Oh ! attendez-vous à Dieu avec la confiance qu’il veut faire pour vous plus que vous ne pouvez demander ou penser. {Eph 3.20}
Appliquez ceci à la requête qui suit aussitôt : « Délivre-moi de toutes mes transgressions. » Vous avez demandé à Dieu de vous délivrer de mauvaise humeur, d’orgueil ou de volonté propre ; mais il vous a paru que vous le demandiez en vain. Ne serait-ce point parce que vous avez limité par vos propres vues la manière dont Dieu vous exaucerait au lieu de vous attendre au Dieu de gloire pour qu’il fit pour vous « selon les richesses de sa gloire » de ces « choses qui ne sont point montées au cœur de l’homme ? » {1Co 2.9} Apprenez à adorer Dieu comme le Dieu qui fait des miracles et qui veut vous montrer qu’il peut faire en vous quelque chose de surnaturel et de divin. Prosternez-vous devant lui, attendez-vous à lui jusqu’à ce que vous vous sentiez dans la main de celui qui opère avec une divine puissance. Ne cherchez pas à savoir ce qu’il va faire et comment il va le faire, attendez-vous seulement à quelque chose qui soit digne de Dieu, quelque chose que vous devez attendre avec une grande humilité et que vous ne pouvez recevoir que de sa puissance divine. Que cette parole — « Qu’ai-je attendu, Seigneur ? Mon attente est en toi, » inspire en vous tout désir et toute prière, et Dieu fera son œuvre en son temps.
Il se peut qu’en vous attendant à Dieu, vous soyez parfois près de vous décourager parce que vous ne savez guère ce que vous avez à attendre. Je vous engage donc à reprendre courage. Cette ignorance même est un bon signe, le signe que Dieu vous apprend à tout remettre entre ses mains, et à ne compter que sur lui seul. « Attends-toi à l’Éternel et demeure ferme, et il fortifiera top cœur. Attends-toi, dis-je, à l’Éternel. {Ps 27.14}
« Mon âme, attends-toi à Dieu ! »