QUATRIÈME PARTIE |
La septième opération de l’Esprit par laquelle il développe la vie spirituelle chez l’homme.
C’est vrai ! Comme nous l’avons vu, Dieu nous a tout donné : son Fils, son Esprit, sa vie même. C’est à la croix de Jésus qu’il a exprimé le sens infini de son don. La lecture de mon livre a pu, j’espère, te donner une idée du formidable potentiel de la vie « en Christ ».
Si tu as fait le pas décisif, si Dieu de son côté a répondu, s’il a transformé ton cœur et s’il t’a donné son Esprit, tu es enfin devenu un de ces rares privilégiés : tu es un enfant de Dieu, tu « hérites » de lui ! Ton trésor n’est autre chose que Christ, qui est lui-même l’objet de l’amour incommensurable du Père. Si Dieu t’a accordé le don ineffable de son Fils — et de l’Esprit de son Fils — ne te donnera-t-il pas aussi, par pur amour, tout ce dont tu auras besoin pour « réussir » cette nouvelle vie ? C’est l’apôtre Paul qui dit : « Tout est à vous... soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir. Tout est à vous et vous êtes à Christ et Christ est à Dieu2. »
La vie éternelle n’est pas uniquement un acte, aussi grand soit-il, que l’on puisse situer dans le passé comme une affaire classée. Elle n’est pas non plus une espérance simplement future et que l’on attend après la mort ou après le jour du jugement...
La vie éternelle commence, certes, à un moment bien précis, que l’on s’en souvienne ou non, et elle dure jusque dans l’infini. Cependant elle est aussi actuelle, immédiate, une expérience quotidienne, vécue. Elle n’est pas « divorcée » de notre vie terrestre de tous les jours, loin de là ; plutôt, elle la pénètre, elle l’éclaire, elle la transforme. C’est Dieu qui vient inonder notre vie humaine de la clarté éblouissante de sa présence, de son amour intransigeant, de sa tendresse et de sa force inimaginables...
Pourtant ! que de chrétiens sont insatisfaits ! Oh ! je sais qu’il y a deux sortes d’insatisfaction : Il y a celle, par exemple, de la jeune fille amoureuse qui ne sait attendre l’arrivée de son fiancé... C’est là une insatisfaction remplie d’espoir, c’est un état délicieux, vivant, bienfaisant ; il mène à l’approfondissement de l’amour. Ainsi en est-il de l’insatisfaction d’une âme assoiffée de Dieu, de l’exigence d’une foi qui s’attend avec impatience, avec élan, à la réponse de son Créateur.
Mais, hélas ! il existe aussi une insatisfaction tout autre, qui est amère, vide, mortelle, et qui ronge le cœur comme un cancer ; c’est le mécontentement d’une âme déçue, frustrée, aigrie. C’est le malheur d’une course inachevée, d’un bonheur perdu, d’une vie spirituelle insuffisante, d’une vision de Dieu obscurcie ou inaccessible. Qu’ils sont nombreux, dans les milieux « chrétiens », ces tristes cas de souffrance « inutile » ! Pourquoi ?
1 - Colossiens 2.10
2 - 1 Corinthiens 3.22-23
L’Esprit de Dieu commence à te remplir le jour même de ta nouvelle naissance. Dès qu’il entre en toi, il se met à développer ta nouvelle vie. C’est ce qui arriva à la jeune église de Jérusalem dans Actes 2 : « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit... » (v. 4) et de cette plénitude jaillit une action aboutissant à l’évangélisation d’un nombre incalculable de personnes, dont trois mille trouvèrent ce jour même la foi en Christ.
Ce principe est invariable. L’Esprit de Dieu cherche, dès son entrée dans sa nouvelle « maison », dès qu’il habite chez toi, à la remplir de sa présence, en y apportant une lumière divine, un amour qui transforme tout. Quand il remplit un homme, il n’est pas possible à cette personne de garder cette bénédiction pour elle seule. La présence de Dieu déborde sur ceux qui l’entourent, la gloire intérieure de Christ éclate en un témoignage convaincant devant le monde. Comme au jour de la Pentecôte. L’Esprit de Dieu te remplit d’une telle joie, d’une telle puissance, que d’autres âmes rencontrent Dieu par ton moyen. Cela est normal, c’est la vie spirituelle que Dieu envisage pour tous ses enfants. Ce n’est pas toi qui achève cela, c’est l’Esprit de Dieu qui le fait, comme la sève de l’arbre crée le fruit sur la branche. Tu es une « branche » de Christ, pénétrée de la force vitale de son Esprit.
1 - Exode 23.20-21
Mais Dieu nous avertit solennellement, dans le Nouveau Testament, qu’il est possible de perdre la plénitude de l’Esprit. Comme une seule petite cassure dans un fil électrique peut plonger une maison dans l’obscurité, ainsi un seul « petit » péché suffit à te priver de cette action de l’Esprit. Tu ne perds pas ton salut ; les cinq opérations définitives du « grand acte » de Dieu demeurent acquises, car elles dépendent de sa promesse et de l’efficacité du sang de Christ versé en ta faveur — rien ne peut enlever la valeur de cette Parole de Dieu. Pourtant cette septième opération de son Esprit dépend de ton attitude personnelle ; il ne te remplit plus si tu l’attristes (en gardant une mauvaise conscience), ou si tu l’éteins (en lui désobéissant). Il te remplit dans la mesure où tu avances par la foi en comptant sur lui pour faire la volonté de Dieu — même si celle-ci paraît à tes yeux impossible. Je résume les trois conditions de la plénitude de l’Esprit sous les trois commandements donnés par Dieu :
1° « N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu1. » Nous l’attristons quand nous gardons une mauvaise conscience, quand nous refusons de confesser notre péché. Nous libérons notre conscience justement par la confession de tout péché dont nous sommes conscients. Dieu exige que nous soyons honnêtes et que nous reconnaissions nos torts. Nous devons donc lui confesser nos fautes et il nous pardonne instantanément2 - en tant que Père ; il nous a déjà pardonné en tant que juge. Dieu attend en plus que nous confessions notre faute à celui que nous avons offensé - mais il n’exige nulle part dans la Bible que nous nous servions d’un être humain comme « confesseur ».
2° « N’éteignez pas l’Esprit3. » Éteindre l’Esprit, c’est lui résister, lui désobéir, lui dire « non ». Le remède consiste à nous soumettre à sa seule volonté. L’homme, d’ailleurs, ne peut espérer être heureux autrement qu’en accomplissant la volonté de Dieu.
3° « Marchez par l’Esprit4 » (grec : par le moyen de). Marcher, c’est aller de l’avant, pas après pas. C’est la foi qui agit, qui avance, qui obéit à Dieu, en comptant sur son Esprit, pour faire même l’impossible — et la volonté de Dieu est toujours impossible à l’homme seul.
Résumons ainsi ces trois commandements : une repentance instantanée, avec confession de tout péché conscient ; une obéissance instantanée à la volonté de Dieu (et c’est sa Parole surtout qui nous indique sa volonté) ; une foi entière qui agit, qui fonce pour Dieu.
La Bible parle beaucoup du Saint-Esprit, mais Dieu ne nous donne en tout que quatre commandements le concernant. Si nous mettons en pratique les trois déjà indiqués, nous serons en mesure d’accomplir le quatrième : « Soyez remplis de l’Esprit5 ». C’est ce commandement que nous allons maintenant étudier.
1 - Ephésiens 4.30.
2 - 1 Jean 1.9
3 - 1 Thessaloniciens 5.19
4 - Galates 5.16
5 - Ephésiens 5.18
Tous les enfants de Dieu ont le Saint-Esprit, mais tous n’ont pas la plénitude de l’Esprit. On suppose trop souvent que cette plénitude est un « luxe » spirituel, réservé à de rares privilégiés. Pourtant Dieu veut que nous soyons tous « remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu », expérience que Paul identifie avec « la connaissance de l’amour de Dieu qui surpasse toute connaissance2 ». Peu de chrétiens semblent comprendre cela ; beaucoup se contentent d’une vie spirituelle médiocre ou pauvre. Mais, aux yeux de Dieu, la plénitude de l’Esprit n’est pas un luxe : elle est une nécessité. Dieu l’exige. « Soyez remplis de l’Esprit », c’est un ordre. Ne pas être rempli, ce n’est pas seulement anormal : c’est un péché.
Par la nouvelle naissance, nous entrons dans le royaume de Dieu, mais pourquoi rester à la frontière ? Dieu nous a sauvés de l’enfer, ce n’est pas pour nous abandonner ensuite au bord de la route ! Dieu étant infini, la vie éternelle a nécessairement des possibilités sans bornes. Pourquoi limiter son Esprit par notre incrédulité ? Vise haut !
1 - Ephésiens 5.18
2 - Ephésiens 3.14-19
Dieu fait une distinction1 entre le chrétien spirituel et le chrétien charnel. Le chrétien charnel est comme un bébé encore au biberon. Ses sens spirituels sont si peu développés, qu’il ne peut sonder les profondeurs de Dieu. Le bébé spirituel est à l’A.B.C., alors que l’homme fait, le chrétien adulte, peut discerner entre le bien et le mal et il est capable d’instruire d’autres personnes concernant les choses de Dieu.
Dans Romains 8.5-7, Paul parle de ceux qui s’affectionnent aux choses de Dieu et de ceux qui s’affectionnent aux choses de la chair. Ainsi, le chrétien spirituel, c’est l’homme qui abandonne à Dieu tous ses droits ; il croit en Jésus-Christ pour toutes choses ; il fonce de tout son cœur pour faire sa volonté. Dieu peut remplir ou posséder un tel homme : il l’utilise au maximum. Le chrétien charnel, au contraire, est toujours attiré par les choses de ce monde et par le péché. Il néglige les moyens que Dieu lui donne pour approfondir sa vie spirituelle. Il reste toujours faible, ballotté et attiré à droite et à gauche par toutes sortes de choses qui ne profitent pas. Il est toujours souffrant, angoissé, parce qu’au fond de lui-même, il connaît la vérité et il aime Dieu ; il désire réellement faire la volonté de Dieu ; mais dans la vie de tous les jours il est incapable de la réaliser. C’est un enfant de Dieu, mais qui est encore un petit bébé. Un bébé nouveau-né est délicieux ! Alors qu’un bébé de quarante ans, cela fait horreur et pitié. Le chrétien spirituel, c’est celui qui est rempli de l’Esprit de Dieu. Le chrétien charnel a l’Esprit de Dieu en lui et avec lui, sinon il ne serait pas enfant de Dieu, mais il se prive de la plénitude de l’Esprit.
1 - 1 Corinthiens 3.1-3 ; Hébreux 5.11-14.
La différence peut être illustrée par une analogie. Deux maisons l’une à côté de l’autre ont toutes les deux la même installation d’eau et d’électricité. Dans l’une de ces maisons, l’installation est en bon état ; quand on en a besoin, on peut avoir de la lumière, de l’eau à volonté. Dans l’autre maison, il y a des pannes d’électricité, des fuites d’eau ; on ouvre le robinet pour n’obtenir que quelques gouttes ; on ouvre l’interrupteur et voici que la lampe s’est cassée et n’a pas été remplacée. Pourtant les deux maisons ont l’eau et l’électricité. Chez le chrétien charnel, on n’a pas la garantie de cette abondance permanente dont jouit le chrétien spirituel. Il a besoin d’appeler le divin plombier, le divin électricien pour venir remettre en état son installation.
Dans les Actes des apôtres, on voit que les disciples sont souvent remplis du Saint-Esprit et que cette plénitude a surtout pour but de rendre efficace leur témoignage en faveur du Christ. Ainsi, le jour de la Pentecôte, trois mille personnes sont convaincues et converties. Au chapitre 4 v. 8, Pierre n’a pas peur, devant les autorités responsables de la crucifixion de Jésus, de dénoncer leur crime. Au verset 31, en sortant de prison, ils annoncent la Parole de Dieu avec assurance (le mot grec veut dire « avec audace »). Au chapitre 11 v. 24, nous lisons que Barnabas, le coéquipier de Paul, est plein d’Esprit-Saint. Dans Actes 13.9, Paul dénonce le sorcier Elymas et enchaîne le démon. Dans tous ces cas, nous voyons que l’Esprit, par sa plénitude, apportait à la parole et au témoignage des apôtres l’autorité de Dieu. Jésus dit que le Saint-Esprit, en venant parmi les croyants, aurait comme but de faire connaître le Christ1. « Les apôtres rendaient avec beaucoup de force témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus. »
En même temps, « la multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme... Tout était en commun entre eux... et une grande grâce reposait sur eux tous2. » Jésus dit que le monde serait convaincu par l’amour fraternel des disciples3, car c’est par la présence de Jésus au milieu de nous que l’Esprit rend témoignage au monde.
1 - Jean 15.26-27 ; 16.13-15.
2 - Actes 4.32-33
3 - Jean 13.34-35
Le but de ce livre ne permettant pas un approfondissement de ce sujet, je n’offre ici qu’un bref résumé. J’espère néanmoins qu’il donnera une idée du vaste potentiel de la vie chrétienne. Dans certains milieux, on ne parle guère du Saint-Esprit ; dans d’autres, on en parle tout le temps mais en limitant son action à une ou deux manifestations particulières. Les deux erreurs sont aussi tristes l’une que l’autre.
Comme la lumière blanche du soleil s’épanouit en un spectre de sept couleurs, ainsi le Saint-Esprit, quand il nous remplit, se manifeste par sept opérations simultanées dans notre vie, avec une richesse de variations aussi grande que celle que nous remarquons dans la nature. L’Esprit de Dieu n’aime pas qu’on le réduise à une « formule ». Il est Dieu. Il refuse de se laisser « couler dans un moule ».
1° Il témoigne. D’abord, « il témoigne à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu1 ». « Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui-même2. » De là vient notre certitude. Mais son témoignage est basé sur la Parole de Dieu, qu’il a créée précisément dans ce but. L’Esprit, la Parole et le Fils de Dieu sont indissociables.
Ensuite il témoigne du Christ au travers de nous3. Il signe notre témoignage avec une autorité divine, que les hommes savent reconnaître.
2° Il produit en nous le fruit de l’Esprit4. Le fruit de l’Esprit, c’est le caractère de Jésus, résumé dans ces neufs mots : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bénignité, fidélité, douceur, maîtrise de soi. » Ces qualités sont en somme les aspects de l’amour. Un homme non rempli de l’amour de Jésus n’est pas rempli de l’Esprit, quelles que soient ses prétentions.
Lorsque nous sommes remplis de l’Esprit, nous aimons Dieu de tout notre cœur5, notre prochain comme nous-mêmes6 et notre frère comme Christ nous a aimés7.
3° Il crée la communion8. Le mot grec original signifie « partage ». L’Esprit, en nous remplissant, crée une communion intense entre Dieu et nous. Nous partageons tout avec Dieu9. Il est à moi et je suis à lui. Nous avons en commun tout ce que représente Christ.
Il crée ensuite une communion profonde entre moi et mes frères10. Nous partageons la vie de Christ ensemble, comme dans Actes11. jamais il ne divise les enfants de Dieu. Il les unit. Tout ce qui déchire le corps de Christ ne vient pas de Dieu12.
4° Il intercède. Il prie pour nous « avec des soupirs inexprimables13 ». Il est notre deuxième « avocat ». (« Consolateur » serait mieux traduit par « avocat » dans Jean 14. Le mot grec est le même dans 1 Jean 2.1 où Jésus est aussi appelé notre « avocat ».)
Il inspire en même temps notre intercession en faveur des autres14. La plénitude de l’Esprit s’exprime en une vie de prière intense.
5° Il nous enseigne15. Le but de tout son enseignement est de révéler le Seigneur Jésus-Christ et, au travers de lui, le Père.
Il se sert surtout de la Parole de Dieu pour le faire ; la Bible devient pour nous un livre lumineux.
6° Il nous dirige16. Comme Israël fut conduit dans le désert par la Nuée de la présence de Dieu, ainsi nous devenons sensibles aux directives de l’Esprit quand il nous remplit. Pour nous guider, il se sert de trois moyens :
Dans Actes 10 nous voyons que Dieu se servit de ces trois moyens pour diriger Pierre vers la maison de Corneille. Quelle bénédiction pour le monde !
7° Il nous qualifie par des dons pour le service de Dieu. Le Saint-Esprit veut surtout faire connaître le Christ au monde entier. Dans ce but, il agit de manière à révéler Jésus au travers de nous. Lui seul sait quelle est pour chacun de nous la meilleure façon de servir Dieu. Dieu ne fabrique pas les hommes « en série » ! Tu es une âme unique, créée par lui et pour lui ; il a un trésor de grâce unique à te confier, que lui seul peut te communiquer.
Aucun de nous ne peut servir Dieu par ses propres moyens. La chair ne peut faire la volonté de Dieu, mais elle peut certainement tout gâcher. Moïse même a dû passer quarante ans d’humiliation dans le désert pour l’apprendre. Mais quand il est revenu de sa rencontre avec Dieu pour affronter le dictateur du monde, avec rien d’autre qu’un vieux bâton à la main et la Parole de Dieu dans son cœur, quel résultat ! Demande donc à Dieu de te qualifier pour son service.
1 - Romains 8.16
2 - 1 Jean 5.10
3 - Jean 15.26-27
4 - Galates 5.22
5 - Matthieu 22.37
6 - Matthieu 22.39
7 - Jean 15.12
8 - 2 Corinthiens 13.13
9 - 1 Jean 1.7
10 - 1 Jean 1.3
11 - Actes 4.32
12 - 2 Corinthiens 3.3-4 ; 1 Jean 2.9-11 ; 3.10-15 ; 4.11, 12, 20, 21
13 - Romains 8.26-27
14 - Jude 1.20
15 - 1 Jean 2.20-27 ; Jean 16.13-15
16 - Romains 8.14
Analysons de plus près ce commandement.
Pourquoi les hommes cherchent-ils dans l’alcool, dans la drogue et dans d’autres choses un stimulant ? C’est parce qu’il leur manque le stimulant du Saint-Esprit. Les stimulants artificiels du monde nous laissent dans un état pire qu’auparavant. Le seul stimulant qui permet à l’homme de faire la volonté de Dieu tout en renouvelant ses forces et en clarifiant sa vision, c’est l’Esprit de Dieu. Dans le monde chrétien, on a souvent tendance à remplacer l’action de l’Esprit de Dieu par des « stimulants » artificiels. On s’appuie sur l’argent ou sur une grande organisation, ou sur des expériences particulières, ou sur un homme, plutôt que sur Dieu. Toute autre chose que Dieu nous laisse finalement désemparés et confus.
Le croyant a pourtant besoin d’un stimulant. En temps de guerre, on donne souvent au soldat un stimulant pour lui permettre de faire l’exploit qu’il n’arriverait pas à faire de lui-même. Le chrétien, pour vivre face au monde qui crucifia son Maître, a besoin d’un courage et d’une joie surnaturels. Le Saint-Esprit nous donne un courage qui étonne ; il nous donne une joie débordante.
1 - Ephésiens 5.18
Mais regardons de plus près ce verset : le sens du grec original ne ressort pas entièrement dans la traduction. Il n’existe pas de forme grammaticale en langue française pour traduire l’impératif progressif grec. Il faudrait traduire la phrase : « Remplissez-vous sans cesse, soyez toujours en train d’être remplis de l’Esprit ». C’est donc une action continue, perpétuelle, progressive et non pas une action simple, définitive, une fois pour toutes. Il existe en grec un impératif simple, mais l’apôtre Paul ne l’emploie pas dans ce contexte ; il emploie la forme progressive.
Cela est très significatif. Le Saint-Esprit nous communique par là une vérité très importante sur lui-même. On ne reçoit pas la plénitude du Saint-Esprit une fois pour toutes ; ce n’est pas une action définitive. On ne peut pas s’afficher avec l’étiquette « Définitivement rempli » ! Par contre, la nouvelle naissance est un acte irréversible de Dieu ; si je suis enfant de Dieu, je le suis pour toujours. Je ne peux pas être aujourd’hui enfant de Dieu, demain autre chose et le surlendemain de nouveau enfant de Dieu. Alors que la plénitude d’aujourd’hui ne garantit en rien celle de demain. On peut la perdre ; mais heureusement, on peut aussi la retrouver.
On croit souvent pouvoir obtenir la plénitude de l’Esprit comme on remplit une bouteille de champagne, qu’on prend soin de bien boucher, sans oublier de coller la belle étiquette explicative, en pensant pouvoir dire pendant le reste de sa vie et à tout le monde : « Je l’ai eue telle et telle année » ! Mais une bouteille dans la cave ou même sur la table, à quoi bon, si elle n’est pas ouverte et son contenu déversé ? En fait, il ne nous est pas possible d’avoir la plénitude du Saint-Esprit de cette façon. Nous ne pouvons posséder Dieu et le garder rien que pour nous. Salomon dit avec raison que les cieux et les cieux des cieux ne peuvent contenir Dieu1. Combien moins nous !
Nous ne connaîtrons la plénitude de l’Esprit que dans la mesure où nous laisserons Dieu passer au travers de nous. L’âme de l’homme n’est pas une bouteille ! Elle ressemble plutôt à un tuyau ou à un fil électrique ou, mieux encore, au lit d’un torrent ou à une rivière. La rivière est pleine d’eau uniquement si elle remplit à chaque instant les deux conditions suivantes : elle doit recevoir sans cesse l’eau de la montagne et elle doit sans cesse la laisser couler plus bas dans la vallée. Nous ne pouvons être remplis du Saint-Esprit que si nous recevons à chaque instant cette plénitude de Dieu et si nous la communiquons fidèlement au monde autour de nous ; nous sommes alors une rivière et non pas un étang ; nous sommes un canal et non pas une bouteille.
1 - 2 Chroniques 6.18. Voir aussi Esaïe 40.12.28
En d’autres termes, nous ne pouvons pas obtenir la plénitude de l’Esprit simplement pour notre satisfaction personnelle. Elle nous est donnée pour faire la volonté de Dieu. La seule satisfaction réelle de l’homme consiste à faire la volonté de Dieu. Lorsque Dieu trouve un homme qui l’aime au point de vivre pour lui, il lui ouvre son cœur et fait de cet homme le véhicule de son amour. Toute l’énergie, toute l’intelligence, toute la générosité de Dieu lui sont accessibles, afin d’accomplir la volonté de Dieu : c’est-à-dire, faire connaître le Christ au monde. L’arbre qui obéit aux lois de la nature est à la fois une richesse pour la terre et un objet de beauté qui satisfait l’esprit de l’homme. Ainsi, l’homme qui vit selon les lois de Dieu, trouve pour lui-même une satisfaction profonde, tout en apportant à son entourage ce que Jésus appelle « la lumière du monde » et « le sel de la terre »1. La plus grande satisfaction que puisse avoir un enfant de Dieu, c’est de pouvoir amener quelqu’un d’autre à Dieu. Dieu lui-même devient la satisfaction d’un tel homme.
Dieu est amour et la Bible dit que l’homme est fait à l’image de Dieu : l’homme trouve donc le comble à son expérience quand il aime ; ou plutôt quand l’Esprit de Dieu commence à aimer au travers de lui. Le cœur de l’homme sans Dieu est vide ; le mal qu’il éprouve alors le pousse à chercher partout une raison d’être. Mais lorsque Dieu remplit ce vide, l’homme trouve le véritable sens de son existence en celui qui en est la source. Sa personnalité est inondée et transformée par l’Esprit de Dieu. Il découvre l’amour.
1 - Matthieu 5.13
La configuration de la Terre Sainte illustre à merveille le principe de la plénitude. Elle contient deux grands lacs : le lac de Galilée et la mer Morte. Nous avons ici une image frappante, un symbolisme spirituel. Les deux lacs reçoivent la même eau, qui coule de la plus haute montagne du pays : l’Hermon. Pourtant ils sont aussi différents que la vie et la mort.
Le lac de Galilée, près des neiges du mont Hermon, reçoit ses eaux directement de la source et donne tout ce qu’il a reçu. Les eaux vives passent sans cesse au travers du lac pour couler ensuite dans la basse vallée du Jourdain. Elles sont fraîches et remplies de poissons ; elles nourrissent une vie abondante sur ses rives, où Jésus lui-même a vécu.
La mer Morte, au contraire, tout en étant abreuvée des mêmes eaux, ne les reçoit pas directement de la source, mais par l’intermédiaire du lac de Galilée. Elle ne donne nulle part ce qu’elle a reçu. Elle est située dans un creux, à un niveau si bas, à 300 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée, que la chaleur y est suffocante. Elle perd en évaporation toutes les eaux qu’elle reçoit ; tout ce qui lui reste, c’est une amertume chaque année plus intense, qui rend la vie impossible dans le lac et aux alentours. Tout est stérile, desséché, salin. Un oiseau volant par-dessus cette mer tombe asphyxié ; une seule goutte de cette eau dans l’œil est aussi cuisante qu’un acide.
Apprenons ce que le doigt de Dieu a écrit dans la Terre Sainte.
Le lac de Galilée ressemble au chrétien spirituel. Il vit près de Dieu. Il boit sans cesse à la source. Il est constamment renouvelé par un courant perpétuel de vie divine que Dieu verse au travers de lui. Le Saint-Esprit le remplit parce qu’il reste toujours et tout à la fois ouvert à Dieu et aux hommes. L’Esprit crée en lui et autour de lui la vie de Christ.
Le chrétien charnel ressemble à la mer Morte. Il est loin de la source ; il dépend des autres chrétiens pour sa vie spirituelle au lieu de se ressourcer dans l’infinité de Dieu. Il reçoit, certes, l’Esprit de Dieu en abondance, mars il ne sait se maintenir dans cette abondance. Il vit à un niveau spirituel si bas que cette plénitude lui échappe au fur et à mesure qu’il la reçoit. Son âme connaît une déception, une amertume croissantes année après année. Il est incapable de transmettre ou de nourrir une vie spirituelle autour de lui. Heureusement, Dieu a promis de guérir les eaux de la mer Morte1. Il y a de l’espoir pour le chrétien charnel, à condition qu’il laisse Dieu intervenir.
Dieu conçoit la plénitude de l’Esprit comme étant l’état normal de tout enfant de Dieu sur la terre. Il faut ajouter, hélas, qu’ils sont nombreux sur cette terre, les chrétiens anormaux ! Et toi, mon frère, ne va pas grossir ce nombre ! Mais au contraire, sois sans cesse « en train d’être rempli » de l’Esprit et dès à présent.
Où en es-tu ? Au lac de Galilée ? ou à la mer Morte ?
1 - Ezéchiel 47.8-9
NOTA :
Le chapitre que tu viens de lire (à part les deux premiers sous-titres) a été tiré intégralement de mon livre Si tu veux aller loin (Ed. Farel).
Si lu désires, en effet, « aller plus loin », même très loin avec Dieu, je pense que lu ferais bien maintenant (c’est moi qui le dis !) de lire cet autre livre ; car je l’ai écrit dans le but précis d’aider celui qui débute dans la vie éternelle : j’y ai mis les conseils que j’estime absolument nécessaires dans un cas pareil, les sept secrets de la vie en Christ, les sept « colonnes » de la sagesse divine (Proverbes 9.1). Ce livre fait suite à celui-ci et sert aussi d’introduction au grand sujet du troisième livre de la série, encore à paraître, concernant la plénitude de l’Esprit, et intitulé : Explosion de vie.