ABSTINENCE

« Le fruit de l’Esprit, c’est … la tempérance »

Galates 5.23

La question est parfois posée de savoir quelle devrait être pour un chrétien, la fréquence des relations intimes. On prétend, sans doute à tort, que Luther préconisait, en moyenne, deux fois la semaine et environ cent quatre fois l’an. A mon avis, la question est oiseuse car on ne peut parler ici de règle rigoureuse. Cette fréquence dépend des circonstances et surtout des conjoints eux-mêmes, de leur âge, de leur santé, de leur activité, de leur tempérament, de leur niveau spirituel, du ministère qu’ils remplissent dans l’Église et de l’intérêt qu’ils portent à l’œuvre de Dieu. Si bien qu’il serait déraisonnable de s’en tenir à une cadence fixée à l’avance. Une réglementation arbitraire ternirait très vite la vie du couple et enlèverait toute spontanéité et toute fraîcheur à l’acte d’amour.

Les époux s’abstiendront de s’unir pour différents motifs que dicte la sagesse et qu’inspire l’amour :

Premier motif : La qualité de l’acte lui-même. On sait que l’excès en tout est un défaut. Formule usée mais qui a sa place ici. Des rapports sexuels trop fréquents « banalisent » l’acte d’amour. Les rencontres deviennent alors quelconques et ne laissent que regret et déception à l’un ou l’autre des partenaires. Qui mange trop de miel finit par en être écœuré (Proverbes 25.16). L’acte qui devrait apporter émerveillement et joie finit par décevoir et ne plus laisser le souvenir d’un enchantement vécu en commun. Et c’est dommage !

A l’inverse, des unions trop espacées frustrent l’un des conjoints et nuisent à l’harmonie du couple. Il est aussi coupable d’imposer l’abstinence que d’exiger la fréquence excessive des rapports sexuels. Aussi, n’est-ce pas pour rien que l’Écriture, parlant de ce problème, use des mots « tempérance et sobriété ». L’homme tempérant ne s’abstient pas de boire mais il boit modérément ; selon ses besoins, sans se laisser entraîner à la boisson. A ceux qui prônent l’abstinence à outrance, la Bible dit : « Ne vous privez pas l’un de l’autre » (1 Corinthiens 7.5). Aux tempéraments ardents, la même Écriture ordonne la tempérance (2 Pierre 1.6 ; Tite 1.6 et 2.12 et 1 Pierre 3.7).

2ème motif : Les dispositions du-conjoint. S’adressant aux maris, l’apôtre déclare : « Montrez à votre tour de la sagesse dans vos rapports avec votre épouse comme avec un sexe (litt. : un vase ) plus faible » (1 Pierre 3.7). Autrement dit, soyez attentifs aux réactions et aux dispositions de votre compagne. Elle a sans doute de justes raisons de ne pas se donner. Ayez des yeux pour les voir, des oreilles pour les déceler, un grand cœur pour les deviner et les prévoir. Faut-il être dénué de sentiment pour exiger l’union charnelle d’une épouse épuisée au soir d’une journée de travaux pénibles accomplis dans le tourbillon d’une nichée survoltée ? La fatigue est incontestablement l’ennemie de « l’amour », surtout chez la femme. Un mari aimant ne doit pas l’ignorer.

La maladie, les tracas et les soucis ne prédisposent pas non plus aux choses sexuelles. Votre femme est-elle accablée de voir son enfant malade ? A-t-elle vécu un événement pénible ? Ressent-elle quelque douleur dans le dos ou la tête ? Respectez-la. Aidez-la plutôt à se décharger sur Dieu des soucis qui l’écrasent.

Naturellement, il y a les indispositions menstruelles qui ôtent à la femme le désir de s’unir à son mari. Et elle a raison de lui résister car l’époux ne devrait pas exiger ou penser à des relations durant cette période. Ici plus encore, respectez votre compagne. Ne lui imposez pas ce que l’Écriture réprouve (Lévitique 18.19 et 20.18).

3ème motif : La prière. C’est Paul qui nous le signale (1 Corinthiens 7.6). L’un des conjoints peut éprouver l’impérieux besoin de consacrer du temps, beaucoup de temps à la louange ou à l’intercession ou se croire appelé à combattre ardemment pour le salut d’un frère qui s’égare ou d’un enfant qui tourne mal, ou de quelque pécheur toujours hésitant à la porte du Royaume. Toutefois, le conjoint le plus pieux se gardera d’imposer une longue période d’abstinence. Aussi, décideront-ils « d’un commun accord » de la durée de la séparation. Ce qui est accepté bilatéralement ne pèse pas. Le plus avancé spirituellement ne doit, en aucune façon, obliger son conjoint à se priver à contrecœur.

L’expression « d’un commun accord » prouve que les époux ne craignent pas d’aborder les questions relatives à la vie intime, d’en parler franchement, de les partager pour arriver à dégager une ligne de conduite qui les satisfera tous deux. Cette recherche les réjouira et les rapprochera certainement.

Terminons ce chapitre en signalant que la tempérance (ou maîtrise de soi) est un fruit de l’Esprit (Galates 5.23). Elle n’a rien de la froide abstention du légaliste qui règle à l’avance son comportement sans tenir compte de l’autre. C’est un don de Dieu accordé à celui qui vit en communion intime avec le Christ. D’où l’importance de nous approcher du Fils de Dieu plutôt que de poursuivre la tempérance elle-même. Ce fruit n’est qu’une expression, une facette de l’AMOUR. Et c’est l’amour qui dictera la fréquence de telles relations. Le tempérament le plus ardent se réglera sur le conjoint le moins sensible parce que les deux tiennent à arriver ensemble à l’acte charnel.

Accomplir cet acte dans la lumière de Dieu et avec son approbation, quelle grâce ! Et quelle joie partagée !

DIALOGUE

1. – LUI : Etes-vous attentif aux réticences de votre épouse ? Savez-vous discerner et reconnaître les raisons qui motivent ses refus ? L’aimez-vous assez pour consentir à vous priver de relations charnelles ?

2. – ELLE : Acceptez-vous de partager en toute sérénité les problèmes de la vie intime avec votre mari ? Savez-vous lui expliquer vos réticences afin de l’aider à renoncer sans tristesse à l’acte conjugal ?

3. – ELLE et LUI : Bénissez Dieu pour les joies de la vie intime, Lui qui veut les purifier de toute recherche de soi. Louez-le pour son pardon et sa patience et croyez à L’œuvre du Saint-Esprit dans votre cœur.