APPENDICES |
Voilà ! tu as lu mon livre ! Tu n’es pas obligé de lire le reste ! Certes, ces appendices font partie intégrante du livre, mais ils sont conçus plutôt comme une réponse à des questions précises et très sérieuses que l’on m’a souvent posées. Tôt ou tard, tu te poseras probablement les mêmes questions, ou bien, ce qui est encore plus probable, d’autres personnes te les poseront en premier lieu. Il s’agit de certains aspects de notre sujet qui sont aujourd’hui discutés et entourés d’une immense confusion. Cela est d’autant plus regrettable que l’enseignement de la Bible sur ces questions est, à mon avis, très clair. C’est ce que j’espère démontrer dans les exposés suivants.
Il se peut que lu préfères remettre cette lecture à plus tard, je n’en serai pas fâché ! Je crois, néanmoins, que tu ferais bien de lire dès maintenant le premier appendice concernant l’interprétation et l’autorité de la Bible, car je considère que cette question est fondamentale. Ta conception de Dieu lui-même et, par conséquent, de son Esprit dépend forcément de ta conception de sa révélation. En fin de compte, c’est l’Écriture qui détermine l’authenticité de ta foi. Je serais heureux que tu lises également le dernier appendice, car là je te parle de façon plus personnelle. Si je t’ouvre ainsi mon cœur, c’est afin que tu saches pourquoi je crois et pourquoi je dis ce que je dis.
Sur une chose, cependant, je voudrais vraiment insister : je n’écris pas ces pages dans un esprit de controverse ; je ne suis pas contre un seul de mes frères en Christ. Mais cela n’empêche que je me réserve le droit — et je crois que Dieu m’impose le devoir — de dire à tout prix la vérité. Seulement je veux la dire avec amour ; je voudrais que ce livre unisse les chrétiens et non qu’il les divise. Si mes frères ne sont pas d’accord avec moi sur tous les détails, nous n’avons, après tout, qu’un seul Seigneur Jésus et une seule Bible. Au moins, aimons-nous et respectons-nous les uns les autres.
L’interprétation et l’autorité de la Parole de Dieu
Dieu nous rappelle solennellement par la Bible qu’il existe, dans le monde invisible, des multitudes d’esprits prêts à tout instant à pénétrer chaque âme qui s’ouvre. C’est pourquoi Dieu nous dit d’éprouver les esprits1 et c’est justement dans le but de nous éclairer que l’Esprit de Dieu a créé l’Écriture sainte. Elle est son instrument de travail. Par elle, Dieu nous fournit les données indispensables pour distinguer le vrai du faux, pour discerner quel est l’esprit auquel nous avons à faire. Négliger l’Écriture, c’est s’exposer à l’astuce du grand ennemi.
Ce n’est pas pour rien que l’apôtre Paul appelle la Parole de Dieu l’épée de l’Esprit2. Si nous ne prêtons pas attention à ce que le Saint-Esprit lui-même nous dit, si nous n’examinons pas soigneusement le texte précieux qu’il nous a confié, nous devenons facilement la proie d’autres esprits. Ceux-ci agissent souvent avec une très grande intelligence ; ils ne sont pas assez ignorants pour se démasquer à tout instant. Au contraire, quand ils voient une victime facile, une personne inconsciente et qui s’ouvre sans hésitation à leur pression, ils s’imposent volontiers en disant : « Je suis l’Esprit de Dieu ! » Rappelons-nous que l’Antéchrist même se fera passer pour le Christ, c’est ce que son nom signifie en grec. C’est une véritable aberration que de se supposer protégé contre les puissances des ténèbres simplement parce qu’on emploie le nom de Jésus. Car, le jour où Jésus reviendra, beaucoup de gens lui diront : « Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé et chassé des démons en ton nom ? » et il leur répondra : « Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité3. »
Paul aussi nous avertit que de faux docteurs introduiront dans l’église un « autre Jésus » et un « autre Esprit4 ». Jésus est la lumière et il nous assure que celui qui le suit ne marchera pas dans les ténèbres5. Il est pourtant nécessaire que son disciple le suive de très près, au point même de serrer sa Parole dans son cœur, car celle-ci est la lampe qui éclaire son chemin6.
Paul nous rappelle que Satan en personne se déguise en ange de lumière et qu’il envoie ses ministres au milieu de nous sous la forme d’apôtres de Christ7. N’oublions pas que Satan, avant sa chute, demeurait dans l’intimité de Dieu8. Par conséquent, il connaît très bien la pensée de Dieu et la façon d’agir du Saint-Esprit : il ne trouve pas difficile de les contrefaire. Il est de loin plus intelligent et plus renseigné que nous et, en outre, il bénéficie de deux mille ans d’expérience dans le domaine de la psychologie chrétienne ! C’est pourquoi nous devons prendre toutes les armes de Dieu, sans omettre « l’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu9 ». Quelle folie que de se croire capable de discerner les esprits sans se servir, de la manière la plus efficace possible, de l’instrument précieux et irrésistible que le Saint-Esprit lui-même a forgé pour nous !
1 - 1 Jean 4.1
2 - Ephésiens 6.17
3 - Matthieu 7.22-23
4 - 2 Corinthiens 11.4
5 - Jean 8.12
6 - Psaumes 119.11, 105
7 - 2 Corinthiens 11.14-15
8 - Ezéchiel 28.14-15
9 - Ephésiens 6.11-18
Une épée mal dirigée peut être dangereuse pour celui même qui s’en sert. Il faut savoir manier cette épée puissante qu’est la Parole de Dieu ; il faut l’utiliser correctement et surtout lorsqu’il s’agit de l’étude de la personne de son Auteur. Aujourd’hui, comme au cours des siècles passés, elle est malmenée par des ignorants — ignorants de la Bible, précisément ; en même temps, il ne manque pas de gens intéressés, désireux d’utiliser la Bible à leurs propres fins et dans le but d’appuyer leurs thèses préconçues. D’une part, il y a des « maîtres » et des organismes qui veulent garder entre leurs mains le monopole de son interprétation, en interdisant toute liberté d’esprit et toute responsabilité morale de l’individu. D’autre part, il y a de plus en plus de sectes bizarres se réclamant de la Bible, mais qui en tordent le sens, en provoquant ainsi des situations ahurissantes dans les milieux religieux.
Notre monde contemporain a plus que jamais besoin de la Bible. Elle est le seul espoir de ce siècle tourmenté. Si cette nouvelle génération ne la redécouvre pas, ne l’étudie pas, ne commence pas à vivre selon les principes énoncés par Jésus, elle n’aura aucun avenir. Le seul homme capable de résoudre les problèmes terrifiants qui nous confrontent, c’est Jésus-Christ. Ses enseignements nous disent déjà comment.
Nous avons besoin d’assurer la diffusion de la Bible, et surtout du Nouveau Testament, sur la plus grande échelle possible. Mais dans ce cas, quels conseils donner à ceux qui la lisent ? Comment les protéger contre les interprétations erronées et pernicieuses ?
Et nous, au milieu de la confusion actuelle de doctrines et de pratiques, comment pouvons-nous être sûrs de l’interpréter correctement en ce qui concerne ce sujet si important : la personne et l’œuvre du Saint-Esprit lui-même ?
Il n’y a qu’une réponse.
Qui, en effet, va nous interpréter l’Écriture sinon son Auteur ? L’Esprit de Dieu en pèse chaque trait de lettre1 et il en connaît le sens et la valeur. Celui que le Seigneur Jésus appelle « l’Esprit de vérité », lui seul peut conduire les hommes « dans toute la vérité2 ».
Or, Jésus nous donne une définition de la vérité : « Ta Parole est la vérité », a-t-il dit dans sa grande prière avant d’aller à la croix3. C’est donc par la Bible que le Saint-Esprit nous enseigne la vérité. Mais il va sans dire que nous devons aborder le texte inspiré dans un esprit de véracité absolue. Tu ne peux espérer que l’Esprit de vérité t’enseigne si tu n’es pas toi-même foncièrement honnête dans ton analyse de ses écrits. Ce qui compte, pour Dieu, c’est l’intégrité spirituelle. « Celui qui est de Dieu, dit Jésus, écoute les paroles de Dieu4. »
1 - Matthieu 5.18 et 24.35
2 - Jean 16.13
3 - Jean 17.17
4 - Jean 8.47
Mais Dieu te rappelle que « le cœur de l’homme est tortueux pardessus tout et incurablement mauvais1 ». Nous avons tous, que nous l’admettions ou non, une tendance innée au mensonge. Comment pouvons-nous alors atteindre ce degré d’intégrité et de véracité nécessaire à une saine interprétation de l’Écriture ?
L’Esprit de Dieu a devancé cette difficulté : il a conçu la Bible de façon si magistrale qu’elle contient en elle-même tous les éléments nécessaires pour contrer ce biais naturel de l’homme. Si tu demandes à Dieu de t’enseigner et que tu comptes sur son Esprit pour le faire, tu pourras, en effet, parvenir à la vérité — à condition de lire et d’étudier l’Écriture avec un esprit réellement ouvert et d’être prêt à tout instant à te laisser corriger — par l’Écriture2 !
1 - Jérémie 17.9
2 - Proverbes 12.1 ; 13.13 ; 15.32 ; Esaïe 8.20
Au début de la Bible, Dieu, en donnant sa Parole à Israël par Moïse, insista : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris2. » Puis, à la fin de la Bible, Dieu nous avertit ainsi solennellement : « Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de vie2. »
Ces avertissements m’ont poussé à être le plus fidèle possible à la Parole de Dieu. Ma prière, c’est que Dieu lui-même nous enseigne.
1 - Deutéronome 4.2
2 - Apocalypse 22.18-19
Mais comment, de façon pratique, parvenir à une analyse juste du texte de la Bible ? Afin de permettre au Saint-Esprit de nous protéger contre l’erreur et de nous révéler toute la vérité, nous avons besoin de nous imposer sans relâche les trois règles d’interprétation suivantes. Elles nous obligent à être réellement honnêtes vis-à-vis du texte1.
1 - J’ai déjà fait allusion à ces trois règles dans le chapitre 6. Ici je les développe.
Voir aussi mon livre « Si tu veux aller loin », 2e édition, p. 111-114.
Nous n’avons pas le droit d’interpréter l’Écriture en nous référant à une autre autorité que celle qui émane de l’Écriture elle-même. Dieu nous interdit d’ajouter quoi que ce soit à sa Parole. Tout ce que les hommes y ajoutent devient, en fait, une autorité parallèle, une autorité contestataire.
Jésus dit que nul ne peut servir deux maîtres. Ou nous acceptons réellement l’autorité de la Parole de Dieu, ou bien nous l’annulons. En l’interprétant par nos présuppositions, nos préjugés, nos conceptions habituelles, ou bien par les énoncés des chefs de mouvements spirituels, ou par les traditions ecclésiastiques, ou par les rationalisations de théologiens ou de philosophes bien ou mal intentionnés, nous anéantissons effectivement la Parole de Dieu.
Quand on aborde l’Écriture avec une idée préconçue, il est si facile de lui donner le sens que l’on veut ! Aucun de nous n’est immunisé contre ce danger. Il est un peu effrayant de penser que le diable sait, lui aussi, tourner le texte de l’Écriture en sa faveur, comme il a voulu le faire alors même qu’il tentait le Fils de Dieu dans le désert1. Mais un disciple du Seigneur Jésus-Christ doit avoir assez de respect envers son Maître pour refuser une interprétation forcée de sa Parole. La mauvaise exégèse est à la base de presque tous les conflits doctrinaux entre chrétiens. Nous avons terriblement besoin de découvrir exactement ce que Dieu dit.
Encore pis, quand on aborde la Bible avec de telles « œillères », on se condamne à la médiocrité, on se prive à jamais de cette révélation de Dieu « en direct » qui vaut plus que l’univers entier. Pourquoi alors mettre des lunettes noires ou teintées quand tu sors en ballade par un délicieux matin de printemps ? Aller à la rencontre de Dieu, c’est chercher la fraîcheur de la vie, c’est se retrouver au grand soleil, c’est regarder l’aurore en face. Pourquoi alors se bander les yeux ?
Dieu, parce qu’il est amour, n’admet aucun rival. Il est jaloux dans le bon sens du mot, à cause de toi. Il te chérit. Mettre une autorité humaine au même niveau que celle de Dieu, c’est, pour ainsi dire, un sacrilège et une idolâtrie. Rappelons-nous que le Seigneur Jésus fut rejeté et crucifié au nom de la Parole de Dieu, parce qu’il se heurta à « la tradition des anciens » ! Les scribes de son époque tenaient leur interprétation pour aussi importante que l’Écriture elle-même. Alors que, pour Jésus, la Parole de Dieu était la seule autorité.
Ceux qui, à un âge mûr et après avoir connu dans le passé une culture non évangélique, se convertissent à la foi en Christ, ont souvent de la peine à se défaire de leurs anciennes conceptions philosophiques. Ils ont tendance à les introduire dans leur interprétation de la Bible.
Mais je crois qu’il est encore plus difficile pour ceux qui ont été élevés dans un milieu chrétien de faire la distinction entre la Parole de Dieu elle-même et ce qu’ils ont appris ou entendu dire à son sujet par les hommes. Les notions qu’ils ont reçues sont parfois très justes, mais ce n’est pas toujours le cas et combien il est difficile de le savoir ! Tout être humain est faillible ; toute vérité nous parvenant à travers un homme subit une certaine déformation, comme la lumière du soleil qui perd certains rayons en passant au travers d’une vitre. Le plein soleil au grand air est cent fois mieux.
Je ne veux pas dire que toute autre lecture soit exclue ou que nous ne devions pas écouter une prédication ! Acceptons de Dieu tous les moyens d’apprendre qu’il nous offre ; mais gardons-nous d’interpréter sa Parole par une autre autorité que la sienne.
En étudiant la Bible, nous avons donc besoin de laisser de côté les interprétations et les opinions « humaines » (même, momentanément, si elles sont valables !), afin de déterminer en premier lieu ce que Dieu dit lui-même. Ensuite nous serons en mesure de vérifier et d’évaluer les opinions et les commentaires. Nous en retirerons des éléments précieux, mais nous saurons rejeter toute fausse proposition.
Quand il s’agit de définir une doctrine biblique, il faut se limiter à l’autorité de la Bible, afin de discerner sans équivoque la pensée exacte de Dieu. C’est de cela que notre monde a tant besoin.
1 - Matthieu 4.5-6
Pourtant, il ne suffit pas, pour définir la vérité, de se limiter à la Parole de Dieu. Il faut encore prendre toute la Parole de Dieu. Jésus dit que « l’homme vivra de toute parole qui sort de la bouche de Dieu1 ». Pour avoir toute la vérité, il faut prendre toute la Parole de Dieu, tout ce que Dieu dit sur le sujet en question. Si nous ne faisons pas cela, nous n’aurons jamais cette vue d’ensemble si nécessaire à la compréhension des détails, si précieuse aussi pour nous éviter de fausses conclusions. Sans cette optique, notre interprétation risque toujours d’être déséquilibrée et défectueuse. L’homme qui se borne à certaines portions de la Bible, qui ne se donne pas la peine de connaître la pleine révélation de Dieu, s’expose inévitablement à l’erreur ; d’ailleurs, il ne sera jamais en mesure de contrôler efficacement les interprétations que d’autres voudront lui imposer. Quand un homme connaît le texte entier de l’Écriture, l’Esprit de Dieu peut enfin lui présenter une synthèse des différents aspects d’un sujet. La vérité de Dieu, c’est l’ensemble de sa révélation et c’est par l’ensemble qu’il nous fait comprendre les détails.
La Bible est, en somme, le portrait de Dieu, tracé par le doigt du Saint-Esprit. S’il y a des lacunes dans ta connaissance du texte, inévitablement ta conception de Dieu lui-même sera diminuée et, de ce fait, erronée. Si, par contre, tu connais déjà tout son contenu, le Saint-Esprit trouve en toi les éléments nécessaires pour créer dans ta pensée une conception très exacte de Dieu. S’il n’a pas ces moyens à sa portée, c’est exactement comme si l’on demandait à un très grand musicien de t’interpréter un nocturne de Chopin sur un vieux piano mal accordé et où les deux-tiers des touches manqueraient.
La Bible contient toute la vérité spirituelle nécessaire à l’homme. Une demi-vérité revient au même qu’un mensonge. Les hérésies, sans exception, se servent de la Bible de façon fragmentaire, se justifiant par des passages isolés, ou choisis de manière arbitraire. L’erreur contient presque toujours un élément de vérité. Le diable le sait ; c’est pourquoi il se donne la peine de revêtir ses « loups » de peaux de brebis et ses doctrines d’un langage évangélique. Même Shakespeare nous rappelle que le diable sait citer la Bible quand cela lui convient.
Par conséquent, il te faut prendre le temps de lire et d’étudier le texte entier de la Bible. Ensuite tu seras en mesure de comparer les différents passages concernant tel ou tel sujet, afin d’en avoir cette vue « panoramique » si précieuse et indispensable. Sans cela, tu ressembles à un homme cherchant sa voie au milieu d’une vaste forêt, et qui essaie de s’orienter et de se faire une idée des dimensions de la forêt par l’examen de trois ou quatre arbres proches de lui... Alors que son plus grand besoin serait de pouvoir grimper sur une hauteur, afin d’apercevoir toute l’étendue de la forêt et d’obtenir ainsi une idée de la direction à suivre. C’est alors seulement qu’il pourra situer les détails correctement. Si tu persévères quotidiennement dans la lecture systématique de la Bible, tu arriveras chaque fois un peu plus « haut », tu obtiendras ainsi une vision grandissante de « tout le conseil de Dieu2 ». Cela a été mon expérience et celle d’un grand nombre de mes amis.
Il est dangereux de vouloir bâtir une doctrine sur certains passages de la Bible seulement. Le chrétien qui connaît mal la Bible ne peut éviter ce danger. Il me fait penser à un soldat qui part à la guerre avec une arme qui ne fonctionne qu’une ou deux fois sur dix.
1 - Matthieu 4.4
2 - Actes 20.27
La Bible s’explique par elle-même. Dieu est parfaitement capable de se faire comprendre. Il est lumière et sa pensée est transparente pour celui qui l’étudie avec un cœur entier et droit.
Il y a toujours dans la Bible au moins un passage absolument clair sur chaque sujet spirituel, ne laissant à l’esprit honnête qu’une seule interprétation. Il faut donc prendre de tels passages comme clef pour interpréter les passages moins clairs. La Bible ne se contredit pas. S’il y a une contradiction apparente, il faut chercher dans la Bible entière l’explication de cette difficulté. Si nous demandons sincèrement à notre Père céleste de nous enseigner, son Esprit nous aidera à repérer dans l’Écriture les passages nécessaires. C’est là surtout que nous voyons l’utilité d’une lecture et d’une étude systématique de la Bible1.
Il nous faut, en étudiant la Parole de Dieu, assez d’humilité pour admettre notre ignorance et assez de patience pour nous attendre à Dieu jusqu’à ce qu’il nous éclaire. Quant à moi, avant d’arriver à une conclusion définitive sur bien des sujets, j’ai jugé nécessaire de lire la Bible en entier dix ou même vingt fois, jusqu’à ce que le sens devienne évident au delà de toute contradiction. En attendant, Dieu me nourrissait chaque jour, concrétisait mon appel, m’ouvrait son cœur et me préparait un ministère.
Je ne minimise pas du tout la valeur des détails dans la Bible. Nous n’avons pas besoin d’attendre vingt ans avant de découvrir des merveilles et de recevoir une nourriture ! Le jour même de ta nouvelle naissance, l’Esprit de Dieu commence à t’enseigner à travers sa Parole ; chaque jour il t’ouvre son trésor, il te parle, selon ta capacité de compréhension, par toutes sortes de passages. Tu découvres des versets qui semblent être faits exprès pour la situation dans laquelle tu te trouves. C’est ce qui rend la Bible si actuelle et si lumineuse pour chaque être humain.
Je suis émerveillé de l’unité d’interprétation à laquelle parviennent, même avant de se connaître, ceux qui lisent l’Écriture intégralement, sans parti pris, et qui l’interprètent honnêtement. C’est encore une marque de son authenticité. « Heureux ceux qui ont le cœur pur, dit Jésus, car ils verront Dieu2. »
1 - C’est dans le but d’aider le jeune chrétien à y parvenir que j’ai écrit le chapitre 9 de mon livre « Si tu veux aller loin ».
2 - Matthieu 5.8
Aux trois règles d’interprétation déjà indiquées, j’aimerais ajouter une quatrième ; mais, pour simplifier un peu les choses, je l’introduis ici comme faisant partie de la troisième. La voici : Il faut tenir compte du contexte.
Il ne faut jamais forcer le sens d’un texte. C’est ce que font toutes les sectes pernicieuses, en faisant dire ainsi à la Bible tout ce qu’elles veulent. Il ne faut jamais sortir un verset, un demi-verset, ou une phrase de son contexte, pour bâtir ensuite une doctrine ou une théologie là-dessus. Toutes les hérésies se réclamant de la Bible se permettent ce genre de sophisme. Manipuler de la sorte l’Écriture, c’est frôler l’enfer. C’est tripoter la vérité. C’est un crime contre Dieu.
Tu connais, peut-être, le cas du vieux monsieur qui, cherchant au hasard dans la Bible une indication de la volonté de Dieu, tomba sur ces paroles : « Judas... se retira et alla se pendre. » N’étant pas satisfait de cette « réponse » de la part de Dieu, il ferma sa Bible pour la rouvrir, encore plus chagriné, à l’endroit où il est écrit : « Va, et toi, fais de même ! » Nous rions volontiers en écoutant ce récit absurde ; mais celui qui cherche à fonder une doctrine sur quelques passages pris hors contexte ne fait guère mieux.
On enseigne, par exemple, dans certains milieux, l’extinction de l’âme après la mort. Ceux qui y tiennent se basent généralement sur deux ou trois versets obscurs ou ambigus dans le livre de l’Ecclésiaste, tel que le suivant : « Les morts ne savent rien1. » Les adhérents de cette doctrine ne semblent pas vouloir reconnaître que la révélation de l’au-delà n’est venue pleinement qu’avec le Nouveau Testament. Ils ne prennent pas en considération le but de l’auteur de l’Ecclésiaste, qui examine le problème de la vie et de la mort sous l’optique du matérialisme, pour parvenir finalement à la conclusion qu’il y aura inévitablement un jour du jugement2. Quand j’ai insisté sur l’enseignement absolument clair dans l’Évangile de Luc, ch. 16, où Jésus décrit les tourments de l’homme riche et les consolations du croyant pauvre dans l’au-delà immédiat, on m’a répondu : « Oh ! en parlant ainsi, Jésus se moquait des croyances des pharisiens ! » En tordant de cette manière l’Écriture, afin de l’accommoder à un système d’interprétation tout fait, on anéantit l’enseignement du Fils de Dieu lui-même. Ceux qui le font, dit Jésus, finiront par tomber dans la fosse3.
1 - Ecclésiaste 9.5. Ce livre, attribué à Salomon, date de près de 1000 ans avant Jésus-Christ.
2 - Ecclésiaste 12.16
3 - Matthieu 15.14
Je résume : quand il s’agit de formuler une doctrine, nous avons besoin d’étudier la Bible d’une façon absolument objective. Nous devons prendre le passage le plus clair, celui qui développe le mieux et sans équivoque la question qui nous préoccupe, comme norme ou « clef » pour interpréter les passages moins clairs, ou sujets à plusieurs interprétations.
Nous devons aussi examiner chaque passage dans son contexte, en cherchant à comprendre les circonstances historiques et l’argumentation précise de celui qui parle, à découvrir aussi l’objectif général de chaque livre de la Bible, de chaque paragraphe. Avec une telle vue d’ensemble, nous pourrons ensuite situer chaque détail dans son cadre véritable et en découvrir la signification essentielle.
Il est utile d’avoir accès à l’opinion et à l’expérience d’autres chrétiens et surtout des hommes et des femmes de Dieu que nous pouvons connaître, ou dont nous pouvons lire les ouvrages ; mais, en fin de compte, c’est Dieu seul qui décide de la signification de sa Parole.
Ces trois principes d’interprétation nous disciplinent rigoureusement, ils nous empêchent de « tricher ». Ils nous obligent à chercher le vrai sens de chaque texte et la direction essentielle de la Parole dans sa totalité. Ils nous enlèvent la tentation « d’imaginer » des explications, ou de suivre aveuglément l’opinion de la foule. Ils développent en nous la persévérance et l’humilité ; ils gardent notre esprit sans cesse ouvert à la vérité. Dieu peut ainsi corriger chaque fois notre ignorance et construire, sur de solides fondements, notre connaissance de lui-même.
Le seul moyen de formuler une saine doctrine concernant le Saint-Esprit, c’est par la Parole qu’il nous a donnée. Qu’il daigne nous éclairer !
C’est un fait à retenir que la toute première mention d’un sujet dans la Bible nous donne souvent une indication de sa signification fondamentale.
Si, dit Jésus, ton œil est en bon état (grec : simple, singulier, entier), tout ton corps sera éclairé. Mais celui qui a l’œil « double » voit tout confus, il ne sait où il va. Seul celui qui cherche Dieu de tout son cœur le trouve ; celui qui l’aime de tout son cœur découvre aussi son amour. Dieu est lumière et il n’y a point de ténèbres en lui. Il est amour et l’amour ne peut tolérer un cœur partagé.
Quelle est l’autorité spirituelle dont tu dépends ? Est-ce Christ seul et sa Parole ? Ou bien admets-tu en fait une autre ou d’autres autorités parallèles, que tu places effectivement au même niveau que la Parole de Dieu ?
Beaucoup de « chrétiens » admettent en théorie l’autorité de l’Écriture, mais une minorité seulement l’admet dans la pratique. Le cœur de l’homme cherche toujours une voie de facilité. Les gens reculent devant les exigences trop importantes de la Parole de Dieu, celles qui risqueraient de bouleverser leur façon de vivre ou leurs croyances. Ils ont peur de souffrir, peur du qu’en-dira-t-on, peur de l’inconnu, peur de changer d’habitudes. Ils parviennent à « expliquer » les passages et les thèmes bibliques qui les dérangent, de manière à les rendre « inoffensifs ». Ils soulagent leur conscience en bâtissant des doctrines apparemment bibliques, dans le but de justifier une désobéissance à la Bible ! Mais ces théoriciens, sont-ils réellement chrétiens ? Le cœur de l’homme est en effet tortueux.
Le Seigneur Jésus, la nuit avant sa mort, les larmes sans doute aux yeux, disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, gardez mes com-mandements1. » L’apôtre Jean, témoin de ces paroles, déclare dans son épître : « Celui qui dit : Je l’ai connu, mais qui ne garde pas ses commandements, est un menteur... Mais celui qui garde sa Parole, l’amour de Dieu est véritablement parfait en lui. Par là nous savons que nous sommes en lui2. » Aux yeux de Jésus, un disciple qui ne prend pas au sérieux la Parole de son Maître est un homme qui bâtit sa maison sur le sable et qui, en fin de compte, perd tout3.
Jésus a promis une révélation toute particulière de sa personne à celui qui prend au sérieux sa Parole2. L’Esprit de Dieu désire te révéler la face de Dieu ; mais pour affronter Dieu qui est lumière il faut s’exposer honnêtement, courageusement, à toute la force de cette lumière. Il faut aborder son Livre avec une intégrité absolue, avec un cœur sincère, avec une volonté prête à lui obéir coûte que coûte. C’est alors que l’Esprit de Dieu te conduira dans toute la vérité, car ton oreille sera ouverte à sa Parole.
1 - Jean 14.15, 21, 23-24
2 - 1 Jean 2.4-5
3 - Matthieu 7.21-27
Le relativisme des philosophies contemporaines a brouillé l’esprit de notre génération à tel point que les gens ne croient plus à l’existence de la vérité. Cela est d’autant plus illogique que la science nous a fait reconnaître une précision étonnante dans la structure de la matière, précision qui est en flagrante contradiction avec ce genre de philosophie.
Dieu, dans sa révélation écrite, insiste sur l’exactitude absolue de l’expression. Jésus affirme que même un trait de lettre des écrits de Moïse est plus permanent, plus réel que l’univers matériel1. Il en dit autant pour ses propres paroles2. Si la Parole de Dieu n’est pas une expression exacte et certaine de sa pensée, alors nous ne pouvons être sûrs de rien. Par conséquent, cherchera bâtir une doctrine concernant l’Esprit de Dieu sans reconnaître l’autorité absolue de l’Écriture qu’il a inspirée, c’est discréditer l’Esprit et finalement éteindre sa voix.
1 - Matthieu 5.18
2 - Matthieu 24.35
Ce ne sont pas les Écritures qui divisent les chrétiens, ce sont les interprétations arbitraires des Écritures qui amènent les conflits. Nous pouvons grouper en trois catégories la plupart de ces interprétations malheureuses. Elles proviennent toutes du rejet effectif de l’autorité de la Bible. Ce sont les trois autorités substituts par lesquelles les hommes en général veulent « contrôler » la révélation divine et par lesquelles, en effet, ils la rendent nulle.
1. La tradition
La tradition ajoute à la Parole de Dieu. Les traditions peuvent être ecclésiastiques, doctrinales, ou autres : ce sont les habitudes, les pratiques routinières qui deviennent finalement sacro-saintes. La tradition est ainsi déifiée elle finit par avoir plus d’importance que la Parole de Dieu même. C’est à ce problème précisément, comme nous l’avons fait remarquer, que se heurta le Fils de Dieu lorsqu’il était sur la terre. Parce que Jésus s’en était référé à l’Écriture divine elle-même, au lieu de passer par les interprétations courantes ou « officielles », les autorités de son époque le crucifièrent1.
Jésus remarquait chez les pharisiens trois gradations successives de ce mal subtil. Il leur reprochait2 :
Aujourd’hui, dans bien des milieux dits « chrétiens », les « autorités » en sont encore au même point. Peu nombreux sont ceux qui échappent entièrement à ce piège. Non pas que les traditions soient nécessairement à rejeter. Il y en a qui sont bonnes et très utiles. D’ailleurs l’homme ne peut guère exister sans se créer des formes et des habitudes ; mais lorsque celles-ci entrent en conflit avec la Parole de Dieu, elles deviennent un péché — et comme il est difficile de s’en libérer ! Mais il faut obéir courageusement à Dieu plutôt qu’aux hommes3. Les apôtres de Jésus préféraient aller en prison plutôt que de se compromettre sur ce point.
1 - Matthieu 15.1-2 ; 21.23
2 - Marc 7.5-13
3 - Actes 4.19-20 ; 5.29
2. La raison
La raison — ou plutôt, le rationalisme — retranche de la Parole de Dieu. Bien des gens, et non seulement ceux qui passent pour intellectuels, veulent soumettre la Parole de Dieu à l’autorité de la raison humaine. Dieu n’est pas contre la raison : il en est le Créateur ! Loin de l’outrager, il s’en sert. Il justifie la raison de celui qui croit en lui. Mais la raison de l’homme étant déformée par le péché, l’Écriture lui est donnée par Dieu justement pour éclairer et corriger sa raison. Or, la vraie foi n’est pas contre l’intelligence ; elle la complète, en lui donnant les moyens de raisonner correctement. Dieu désire utiliser au maximum notre raison dans l’étude de sa Parole, ainsi que dans sa transmission au monde perdu autour de nous. Il n’est pas question de déifier l’ignorance ou l’irrationnel ! Loin de là ! Mais ce que Dieu ne tolère pas, c’est l’interprétation de sa Parole par une philosophie rationaliste. Vouloir soumettre la Parole de Dieu aux limitations de la raison humaine, cela outrage, en fait, la raison de Dieu ; c’est un manque total de confiance en sa révélation. À cause de cette même folie, Dieu rejeta Saül1.
La raison, sans la foi biblique, ressemble à un homme cherchant sa voie par une nuit obscure, sans carte, sans boussole, sans lampe, sans étoiles. Il n’est guère étonnant que toutes les philosophies non bibliques n’amènent l’homme finalement qu’à un point d’interrogation ou à une tragique négation. Même les théologies dites « chrétiennes » qui rejettent l’inspiration verbale de la Bible finissent par s’égarer, elles se perdent dans des courants philosophiques qui changent de direction de génération en génération. Ce n’est pas la raison qui éclaire la Parole de Dieu ; c’est la Parole de Dieu qui éclaire la raison. Il faut se fier avant toutes choses à la raison de Dieu.
1 - 1 Samuel 13.13-14 ; 15.17, 22-23, 26.
3. L’expérience
La vie en Christ est une expérience tellement extraordinaire que personne ne pourra jamais en mesurer l’envergure. Cependant elle n’est pas fondée sur les expériences, mais sur la seule Parole de Dieu, unique source de la foi. Toute « foi » fondée sur autre chose finit par s’écrouler. Notre connaissance de Christ provient en premier lieu de la Bible1 : l’expérience en est plutôt la conséquence.
Le Moyen Âge remplaçait l’autorité de la Parole de Dieu en partie par la philosophie, soit de Platon, soit d’Aristote, mais, encore plus, par la tradition. Les XVIIIe et XIXe siècles, ainsi que le début du XXe voulaient la remplacer presque totalement par la raison. Cet esprit rationaliste donna lieu inévitablement au matérialisme, à une conception mécaniste de l’univers et de la vie qui ne pouvait pas satisfaire aux aspirations spirituelles de l’homme. Une religion qui réduirait Dieu à une théorie à peine nécessaire dans le fonctionnement de la conscience humaine ne fait que vider les églises : c’est ce qui s’est passé, hélas !
Aujourd’hui, nous constatons une forte réaction contre l’optimisme simpliste du début de ce siècle. Une théologie fondée sur le rationalisme ou le traditionalisme ne pouvait qu’amener le christianisme au bord de la faillite spirituelle. La pensée contemporaine oriente les gens dans le sens de l’empirisme, c’est-à-dire, de « l’expérimental », de « l’existentiel ». Dans le domaine de la philosophie, l’existentialisme est le refus d’un mécanisme mort et la recherche d’une autre voie d’issue, d’une explication de l’univers et de l’homme en dehors des catégories simplement rationnelles. Comme presque toujours, la théologie « d’avant-garde » a suivi les courants philosophiques du siècle (généralement, il faut l’admettre, avec une génération de retard !). Le résultat, c’est qu’une nouvelle tendance a surgi dans le sein de l’église, mettant l’accent sur l’expérience aux dépens de la raison.
Cette tendance existentialiste a donné lieu à une « nouvelle théologie », qui enseigne l’insignifiance des faits historiques de la Bible (ou même de ses supposées erreurs), puisque l’important, insiste-t-on, consiste à faire une expérience personnelle ou « existentielle ». On peut, selon cette thèse, avoir une « foi » personnelle en un « dieu » qui n’existe pas, par le moyen d’un « christ » qui n’était ni Fils de Dieu, ni rédempteur, ni ressuscité d’entre les morts, et dont l’existence ou la non-existence historique n’a aucune importance ou signification. On se sert du langage « évangélique » en tant que symbolisme ayant rapport à des suppositions philosophiques ou à des expériences « existentielles » qui, d’ailleurs, ne seraient pas transmissibles.
Mais l’existentialisme n’a pas seulement pénétré dans l’église par la grande porte « de la rue », celle de la théologie érudite ; elle s’est infiltrée aussi, avec beaucoup plus de subtilité, par « la porte du jardin », dans le sein même des milieux dits bibliques. Je pense que de très nombreux évangéliques, sans le savoir, subissent son influence ; car, ces dernières années, nous avons témoigné de plus en plus, dans le monde chrétien, d’une recherche assidue et systématique d’une expérience non rationnelle et même inintelligible, pour compenser le vide créé par le traditionalisme et le rationalisme dans les églises classiques.
Cela est dû, sans aucun doute, d’une part à la faillite de la théologie rationaliste ou « libérale », qui a dénudé l’Évangile de son contenu spirituel et essentiel, et d’autre part à la superficialité et au formalisme trop généralisés du culte « évangélique ». Pourtant, derrière ces deux facteurs, je vois la pénétration dans la pensée chrétienne de la philosophie contemporaine. Le seul remède à cette situation dangereuse, la seule force qui peut rectifier celte tendance, c’est la Parole de Dieu.
Dans tous les siècles et dans toutes les cultures, les chrétiens, souvent sans s’en apercevoir, sont exposés à l’influence des philosophies à la mode. Cette insistance de nos jours, si compréhensible et justifiable, mais parfois aussi exagérée et même maladive, sur la nécessité d’une expérience spirituelle et personnelle, au lieu d’une simple rectitude doctrinale, ou d’un formalisme cultuel, a incontestablement laissé la porte ouverte à la pensée existentialiste. La véritable vie en Christ est un équilibre, une action concertée de la Parole et de l’Esprit de Dieu sur notre esprit, pour développer en nous la vraie image de Christ. Sans cet équilibre, on tombe, soit dans le dogmatisme mort, soit dans un mysticisme instable. Le diable sait exploiter aussi bien l’un que l’autre.
Il y a certes, un vrai mysticisme biblique dont témoignent tous les prophètes et les apôtres, mais il est toujours fondé sur la seule Parole de Dieu ; alors que les faux prophètes et ceux qui les suivent, n’étant pas soumis a l’Écriture, ont toujours été une proie facile pour les puissances des ténèbres, qui n’hésitent pas, quand cela leur convient, à accorder des expériences trompeuses. « Leurs visions sont vaines et leurs oracles menteurs, » disait Ezéchiel des faux prophètes2.
La situation est compliquée du fait que tant de gens veulent justifier leurs expériences par la Bible, mais non de façon intégrale. Cette attitude amène un homme à manipuler le texte. Il se sert d’un nombre, généralement assez limité, de passages bibliques, qu’il cite et applique tout à fait en dehors de leur contexte. Il lui arrive même de forcer, ou de tordre le sens d’un passage, pour l’accommoder à son point de vue. Évidemment, on peut prouver n’importe quoi de cette façon-là. Cet abus de l’Écriture est infiniment regrettable, car il finit par la discréditer aux yeux de ceux que l’on voudrait convaincre.
Même si l’on a fait une expérience authentique de Dieu, il faut respecter sa Parole et se soumettre à son autorité. Sans cela, comment peut-on prétendre aimer Dieu3 ? Vouloir soumettre l’Écriture à son expérience et l’interpréter par l’expérience, c’est en fait déshonorer l’Écriture. C’est une erreur aussi grave que de la soumettre aux raisonnements ou à la tradition. Nous devons interpréter notre expérience par la Parole de Dieu et non pas le contraire.
1 - Romains 10.17 ; Jean 20.31 ; 1 Jean 5.13
2 - Ezéchiel 13.6 et 1.16. Voir aussi Jérémie 14.13-16 ; 23.9-32 1 Rois 22.5-25.
3 - Deutéronome 4.1-2,6 ; 6.5-9, 24-25