Le Miracle de l’Esprit

APPENDICE II

AVIS AU LECTEUR

On m’a dit que les femmes commencent toujours la lecture d’un livre en regardant la dernière page ! Je crois qu’il y a aussi bon nombre de lecteurs qui lisent d’abord les chapitres ou les pages qui les intriguent le plus. J’avoue qu’il m’arrive aussi d’en faire autant !

Toi, tu es sans doute plus sage ! Avant de lire cette longue section concernant les aspects controversés du baptême de l’Esprit, tu auras déjà lu, je l’espère bien, le livre lui-même ! Car toutes les parties se tiennent...

Les études qui suivent ne sont pas complètes en elles-mêmes, elles ne sont qu’une annexe à l’argument du livre, annexe où je bâtis sur les études déjà faites et où je présume ton acceptation de certaines choses déjà démontrées. Je fais allusion en particulier aux chapitre 6 et au chapitre 7, où j’ai traité systématiquement le baptême de l’Esprit. Si tu désires évaluer correctement le contenu de cet appendice, tu as certainement intérêt à lire ces chapitres au préalable. Je t’en supplie, ne fais pas avec mon livre comme font tant de gens avec la Bible — ou avec un journal ! — en piquant, à droite et à gauche, sans suite logique. Je me suis efforcé de coordonner la matière de la façon la plus compréhensible, étape par étape, pour éviter justement les fausses conclusions !

Il est possible que les pages suivantes ne t’intéressent pas du tout à présent : tu n’es pas tenu de les lire ! Elles sont là comme une réponse à la confusion doctrinale qui existe aujourd’hui un peu partout concernant le baptême de l’Esprit et certaines questions analogues. Comme ailleurs dans ce livre, je n’apporte que des arguments bibliques : mon but, c’est de faire valoir la clarté et la simplicité de l’Écriture elle-même. Dès qu’un homme comprend un sujet quelconque de la Parole de Dieu et qu’il l’accepte, toutes les questions de croyance et de pratique se résolvent par la suite sous la direction du Saint-Esprit.


♦ ♦ ♦


ÉTUDES ANNEXES SUR LE BAPTÊME DE L’ESPRIT

Étude annexe 1

ANALYSE DETAILLÉE DES PRINCIPAUX TEXTES CONTROVERSÉS
concernant le baptême de l’Esprit

Tu es surpris ?

Certains chrétiens seront sans doute étonnés de mon exposé sur le baptême de l’Esprit. Ils voudront m’interroger concernant quelques passages bibliques très souvent cités pour soutenir la thèse que le baptême spirituel vient après le salut. Selon cette interprétation, il faudrait d’abord devenir chrétien, c’est-à-dire, naître de nouveau, et ensuite chercher le baptême de l’Esprit comme « deuxième expérience », bien distincte.

Cette question est importante. Si, en effet, je dois encore, après la nouvelle naissance, chercher à être baptisé de l’Esprit pour « compléter » en quelque sorte mon salut, cela changera toute mon optique. Ce nouvel objectif dominera inévitablement ma conception de la vie chrétienne, influera sur tout mon comportement et, en plus, m’obligera à vouloir imposer ce même objectif à toutes les personnes de ma connaissance. La question est d’autant plus importante qu’elle ne demeure pas une affaire d’opinion ou de pratique personnelle, mais joue sur les relations entre tous les membres de la communauté.

Après l’étude approfondie que nous avons faite sur le baptême spirituel, j’espère néanmoins que tous mes lecteurs auront compris, par la Parole de Dieu elle-même, que le baptême spirituel a lieu au moment même de la nouvelle naissance et que les deux opérations sont inextricablement associées. En fait, la nouvelle naissance est impossible à celui qui n’est pas baptisé de l’Esprit.

Pourtant, afin de répondre aux objections, je vais maintenant examiner en détail les différents passages en question. Nous avons déjà fait allusion à quelques-uns de ces textes, aussi ai-je à espérer ton indulgence, là où la matière m’amènera à répéter certains aspects de l’argument.

Je juge bon ici de rappeler à tous mes lecteurs le but du livre : je ne traite, dans ce volume, que de l’œuvre initiale du Saint-Esprit, par laquelle il amène l’homme à la nouvelle naissance. Inévitablement, certaines questions importantes seront momentanément laissées en suspens, questions concernant l’œuvre progressive de l’Esprit dans la vie du croyant, que j’espère examiner dans mon prochain ouvrage. C’est dans ce contexte-là qu’il nous faudra prendre en considération, entre autres, les « dons » de l’Esprit. Ici nous étudions le « salut » ; alors que là nous examinerons la « sanctification ». (J’emploie ici ces termes dans le sens couramment accepté dans les milieux « évangéliques » et non dans le sens strictement biblique)

Texte I

LE BAPTÊME D’EAU DE JÉSUS PAR JEAN-BAPTISTE

« Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau Et voici les deux s’ouvrirent et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui1. »

À ceux qui n’ont pas étudié l’ensemble de l’enseignement biblique, ce passage laisserait supposer, à première vue, que le baptême d’eau de Jésus fut accompagné ou suivi instantanément de son baptême spirituel. De là on déduirait trop facilement qu’il en est de même pour nous, donc que nous devrions chercher à être baptisés spirituellement après notre nouvelle naissance. Certains iraient jusqu’à bâtir sur ces passages la doctrine de la nécessité du baptême d’eau pour obtenir le baptême spirituel ! Mais il y a plusieurs choses à dire en réponse à ces suppositions.

1 - Matthieu 3.13-17 ; voir aussi Marc 1.9-11 ; Luc 3.21-22 ; Jean 1.32-34

Le baptême de Jésus était unique

Premièrement, nous ne pouvons nous comparer avec Jésus du fait qu’il était, non seulement Fils de Dieu, mais aussi parfaitement juste et sans péché. Il n’avait pas besoin, comme nous, de naître de nouveau ; ni, par conséquent, de se faire baptiser d’eau pour témoigner d’une nouvelle naissance. Son baptême physique ne pouvait absolument pas se référer à une expérience antérieure puisqu’il n’avait pas besoin de mourir pour ses péchés ; il n’avait pas besoin non plus de la mort expiatoire d’un autre en sa faveur. Au contraire, lui-même nous fait très bien comprendre, comme nous l’avons déjà vu, que son baptême spirituel était encore à venir1 et ne s’accomplirait que le jour de sa mort et de son ense-velissement, lorsqu’il expierait les péchés du monde. H nous est donc impossible de modeler notre expérience sur celle de Jésus.

1 - Luc 12.50. Voir ch. 7.

L’onction de Jésus

En deuxième lieu, il est vrai que, lors de son baptême d’eau, l’Esprit descendit sur lui sous la forme d’une colombe et certains appellent cela son baptême spirituel ; mais Jésus ne l’appelle pas ainsi et nulle part la Bible ne désigne cette expérience comme un « baptême ». Jésus l’appelle, au contraire, son onction, car, dès sa rentrée à Nazareth, il cite ces paroles de la prophétie d’Esaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi car il m’a oint1... » D’ailleurs, le mot « Christ » ou « Messie » signifie précisément « l’Oint » : par son onction, Jésus assumait son rôle messianique ou « christique ». Par contre, il réservait l’expression « baptême » pour sa mort2.

Son baptême d’eau était un acte prophétique, un geste par anticipation, par lequel il signifiait son acceptation de la volonté de son Père, qui consistait à expier nos péchés par sa propre mort. Dès cette acceptation, le Père répondit en lui accordant, en tant qu’homme, l’Esprit de Dieu pour l’accomplissement de toute sa volonté. L’onction, dans le Nouveau Testament3, n’est autre chose que l’Esprit de Dieu lui-même. Par la vertu de cette « onction », — autrement dit, par la force du Saint-Esprit, — « l’homme Jésus » fit tous ses actes de puissance, prononça ses paroles de sagesse, mourut pour nos péchés et ressuscita trois jours après4. Ensuite, la tâche accomplie, il reprit, à son ascension, l’autorité propre à sa divinité.

Jésus aurait pu, évidemment, par ses propres moyens en tant que Fils de Dieu, faire toutes les œuvres de puissance qu’il accomplit par la suite ; mais dans ce cas, il aurait dépassé le cadre de son humanité. S’il n’était pas resté « homme », sa mort, en fait, n’aurait plus été celle d’un homme, elle n’aurait pas eu de valeur pour la race humaine. Par conséquent, afin de ne pas sortir des limites de son humanité, Jésus, tout en étant Dieu, dut recevoir, comme nous, l’onction du Saint-Esprit, afin d’accomplir ce qui était humainement impossible : la volonté de Dieu le Père5.

1 - Luc 4.17-21 ; Esaïe 61.1-2. Voir le ch. 13.
2 - Voir le ch. 7.
3 - 1 Jean 2.20, 27
4 - Hébreux 9.14. Voir le témoignage de Pierre dans Actes 10.38.
5 - Ce sujet est développé dans le ch. 13.

Texte II

L’ENSEIGNEMENT DE JÉSUS SUR LA PRIÈRE

« Demandez et l’on vous donnera... Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent1. »

Dans Matthieu il y a un passage presque identique, la seule différence importante étant la suivante : «... à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent2. »

On cite quelquefois le passage dans Luc pour prouver que les enfants de Dieu n’ont pas encore le Saint-Esprit et que, par conséquent, ils doivent le lui demander. Cette interprétation n’est pas soutenable face à l’ensemble de l’enseignement du Nouveau Testament. Celui qui m’aura lu attentivement jusqu’ici pourra le vérifier lui-même en se référant aux textes bibliques.

Il me semble que le Seigneur Jésus, en donnant cet enseignement à ses disciples, ait eu deux choses en vue :

Ceux qui n’ont pas le Saint-Esprit, c’est-à-dire, ceux qui ne sont pas encore nés de nouveau, peuvent le recevoir en demandant à Dieu d’être sauvés. Lorsque Dieu sauve une âme, il lui donne le Saint-Esprit. Demander le Saint-Esprit signifie, en somme, demander la vie éternelle.

Sans doute, aussi, le Seigneur veut-il dire que les enfants de Dieu, tout en possédant déjà le Saint-Esprit, peuvent en demander la plénitude à leur Père céleste. Nous demandons le Saint-Esprit au moment de notre salut et Dieu nous l’accorde. Dans la mesure où nous continuons à demander à Dieu de réaliser sa volonté en nous, il nous accorde la plénitude de son Esprit pour l’accomplir.

Lorsque nous mettons en parallèle ces deux passages (qu’il serait bon de lire en entier), nous voyons que son enseignement concerne, non seulement le don de l’Esprit, mais aussi toute la gamme des grâces accordées en réponse à la prière. Luc dit « le Saint-Esprit » ; Matthieu dit « de bonnes choses ». Toute la grâce de Dieu est accessible au pécheur qui demande avec foi, y compris, cela va sans dire, le salut et le Saint-Esprit lui-même, jusque dans sa plénitude.

1 - Luc 11.9-13
2 - Matthieu 7.7-11

Texte III

LE PREMIER DIMANCHE

« Il souffla sur eux et leur dit Recevez le Saint-Esprit1. »

1 - Jean 20.22-23

Le sens du verbe « souffler »

Le jour même de sa résurrection, Jésus se présenta dans la chambre haute ; ce fut sa première apparition à l’ensemble de ses disciples après sa crucifixion et c’est alors qu’il souffla sur eux en leur disant : « Recevez le Saint-Esprit. »

Dans ce contexte, le verbe « souffla » (en grec : emphusain) est très intéressant. Il ne revient nulle part ailleurs dans le Nouveau Testament ; il est très rare même dans l’Ancien Testament ; mais on le trouve dans la version grecque de la Genèse où nous lisons que Dieu, après avoir formé l’homme de la terre, « souffla dans son visage (hébreu : dans ses narines)... et l’homme devint un être vivant1 ». Nous lisons également qu’Elie souffla dans le visage d’un enfant mort, qui revint à la vie2. Dans Ezéchiel aussi ce mot exprime l’appel prophétique adressé au vent ou à l’Esprit : « Souffle sur ces morts afin qu’ils vivent3. »

Tous ces passages nous enseignent que le souffle de Dieu communique la vie à l’homme.

Certains chrétiens comprennent dans le passage de Jean 20 que les disciples reçurent effectivement le Saint-Esprit ce soir-là. Pourtant, le texte ne le dit pas et il est toujours dangereux de faire dire à l’Écriture ce qu’elle ne dit pas. Nous n’avons, en fait, aucune indication qu’ils aient reçu le Saint-Esprit ce soir-là, ni même après, jusqu’au jour de la Pentecôte, cinquante jours plus tard. À part le fait qu’ils étaient enfin plus ou moins convaincus de sa résurrection, rien ne changea alors dans leur comportement. Si les disciples avaient reçu le Saint-Esprit ce jour-là il y aurait eu, sans aucun doute, des répercussions énormes comme ce fut le cas le jour de la Pentecôte.

1 - Genèse 2.7 (version grecque des LXX).
2 - 1 Rois 17.21 (version grecque des LXX).
3 - Ezéchiel 37.9 (LXX).

La raison de ce geste

Pourquoi Jésus souffla-t-il sur eux et leur dit-il ces paroles ? Par ce geste il leur faisait comprendre qu’il leur offrait, dès ce jour, la vie éternelle par le moyen de son Esprit, puisque c’est le souffle de Dieu qui apporte la vie. Il faut donc conclure qu’ils n’avaient pas encore cette vie ; autrement dit, ils n’étaient certainement pas nés de nouveau à ce moment-là. Toutes les évidences font croire qu’ils « naquirent de l’Esprit » le jour de la Pentecôte.

Mais pourquoi Jésus avait-il choisi, dès le jour même de sa résurrection, de leur offrir le Saint-Esprit et la vie éternelle ? C’est parce qu’il avait enfin expié leurs péchés et que, sa résurrection en étant la preuve, il pouvait maintenant leur offrir, pour la première fois, ce que les prophètes avaient appelé « la promesse », ce que Jean-Baptiste et Jésus avaient eux-mêmes promis, le don du Saint-Esprit avec la nouvelle naissance. Pourtant, la foi des disciples n’était pas encore parvenue à maturité et ils tardèrent encore cinquante jours avant de saisir ce qui leur était promis depuis le jour de la résurrection.

Il est évident que « la promesse » ne pouvait se réaliser avant la crucifixion et la résurrection du Messie, car la nouvelle alliance (c’est-à- dire le nouveau testament) ne pouvait être établie avant cela. C’est là le thème de l’épître aux Hébreux1 ; c’est pour cela que Dieu, en parlant de tous les prophètes et des hommes de Dieu de l’Ancien Testament2, dit : « Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n’ont pas reçu ce qui leur était promis, Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous3...  »

1 - Hébreux 7.11-12, 18-19, 23-25 ; 8.6-7, 13 ; 9.8, 11-17, 23-28 ; 10.1-4, 10-18, 19-22.
2 - Hébreux 11.4-38
3 - Hébreux 11.39-40

La foi des disciples était encore imparfaite

Nous voyons l’insuffisance de la compréhension spirituelle des disciples dans le fait qu’ils n’avaient encore rien saisi de la signification de la mort expiatoire de Jésus. À leurs yeux, sa crucifixion paraissait comme la fin de tout, la négation de leur foi, un « non-sens messianique ». Ils avaient si peu compris ses enseignements à ce sujet qu’ils refusèrent même de croire tout d’abord à sa résurrection. Il lui fallut apparaître plusieurs fois ce jour-là aux uns et aux autres, en leur apportant des preuves irréfutables de son existence en « ressuscité », avant qu’ils en soient convaincus. Nous savons avec combien de difficultés Thomas, en particulier, parvint à la foi.

Il fallut même qu’il apparaisse une douzaine de fois au cours des 40 jours suivant sa résurrection et qu’il leur fasse des études très approfondies sur l’idée messianique dans tout l’Ancien Testament1, avant qu’ils ne saisissent, même intellectuellement, la portée véritable de la nouvelle alliance.

1 - Luc 24.25-27, 44-45 ; Actes 1.3

La vue devait céder devant la foi

Lorsque ses disciples eurent réellement compris, selon les Écrits de l’Ancien Testament, la vérité le concernant, Jésus les quitta. Ce fut le jour de « l’Ascension ». Il n’avait plus besoin alors d’être physiquement présent sur la terre. Son absence était même indispensable, afin que leur foi fût amenée à maturité, ce qui n’était pas possible tant que sa présence corporelle leur était accessible.

Il leur fallait maintenant le saisir, lui, Jésus, d’une autre façon, non plus selon la chair mais par la foi ; non plus avec leur seul intellect, mais en esprit et en vérité1. La vraie foi n’est pas possible à celui qui marche par la vue. Tant que les disciples voyaient Jésus avec leurs yeux physiques, leur foi ne pouvait pas dépasser le cadre de l’ancienne alliance. Jésus dut partir, pour qu’ils ne le voient plus, afin qu’ils croient sans voir. C’est pourquoi il dit à Thomas : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru2 ! » « Heureux », parce qu’ils peuvent ainsi participer à la nouvelle alliance en son sang.

Après le départ de leur Seigneur, les disciples se mirent à prier avec conviction3 et persévérèrent pendant dix jours jusqu’à ce que, le jour de la Pentecôte, leur croyance devint une foi authentique en Christ mort pour leurs péchés et ressuscité à cause de leur justification4. Ce jour-là ils saisirent tout ce que Jésus leur avait dit et promis ; ils purent s’approprier « la promesse » intégralement. C’est alors que Dieu leur donna son Esprit et que, par son moyen, il les « baptisa » dans la mort de Christ. À l’instant, tous leurs péchés furent définitivement effacés5, l’Esprit entra en eux et ils naquirent de nouveau. Il leur avait fallu cinquante jours pour que Dieu traduise leur incompréhension en foi absolue !

1 - 2 Corinthiens 5.16 ; Jean 4.24
2 - Jean 20.29
3 - Actes 1.14 ; 2.1
4 - Romains 4.25
5 - Hébreux 9.28 ; 10.10,4,7-18

Il fallait que Jésus soit d’abord glorifié

Il y a un dernier point à noter. Jésus avait dit, avant de mourir, que le Saint-Esprit ne viendrait qu’après son départ auprès du Père1. C’est ce que Pierre déclare à la foule le jour de la Pentecôte : « Elevé à la droite de Dieu, ayant reçu du Père la promesse du Saint-Esprit, il a répandu celui-ci comme vous le voyez et entendez2. » Donc, en fait, le Saint-Esprit ne devait venir qu’après la glorification de Jésus ; pourtant il leur était offert dès le jour de sa résurrection.

1 - Jean 14.16 ; 15.26 ; 16.7
2 - Actes 2.33 (traduction exacte).

Les disciples n’étaient-ils pas nés de nouveau avant la Pentecôte ?

Le Nouveau Testament ne dit nulle part que les disciples étaient nés de nouveau avant la Pentecôte. L’affirmer, c’est outrepasser le sens de l’Écriture. Nous n’avons pas, je le répète, le droit de faire dire à l’Écriture ce qu’elle ne dit pas. Son enseignement sur la foi et la nouvelle naissance est très clair et nous devons interpréter les détails à la lumière de l’ensemble.

On naît de nouveau quand on croit en Christ, cela est clairement enseigné dans le Nouveau Testament. Mais beaucoup de gens se disent aujourd’hui « croyants » sans pour cela naître de nouveau. D’ailleurs Jésus, du temps où il était sur la terre, ne se fiait pas à tous ceux qui « croyaient » en lui1. C’était le cas de Judas l’Iscariot et de Simon le magicien2. Voici donc la question cruciale :

1 - Jean 2.23-25 ; 6.14-15, 59-66
2 - Jean 6.70-71 ; 13.2 ; Actes 8.9-13, 18-23

Croire, oui, mais en quel Christ ?

Nous savons très bien que personne ne naît de nouveau sans être d’abord convaincu de ces trois vérités fondamentales concernant la personne du Seigneur Jésus-Christ :

  1. sa divinité et son humanité ;
  2. sa mort expiatoire ;
  3. sa résurrection.

On ne peut pas naître de nouveau en croyant simplement à un Christ mort, ou à un Christ qui ne serait qu’un simple homme, ou un fantôme, ou même un archange, dont la mort n’effacerait évidemment pas notre culpabilité devant Dieu.

Or, les disciples de Jésus, alors qu’il était encore sur la terre, n’étaient pas du tout au clair quant à ces trois vérités essentielles. Ils eurent beaucoup de difficultés à comprendre sa divinité ; ils furent complètement dépassés par le sens de sa mort et de sa résurrection. Je n’ai jamais rencontré une seule personne qui soit née de nouveau sans avoir une certitude absolue sur ces trois points. Supposer que les disciples pouvaient être régénérés en croyant à « un autre évangile » ou à « un autre Jésus », c’est aller contre tout le message du Nouveau Testament, c’est même tomber sous l’anathème de Dieu1.

Je voudrais te poser une question : Toi-même, lors de ta nouvelle naissance (si tel est ton cas), en quel Christ as-tu cru ?

1 - Galates 1.6-9 ; 2 Corinthiens 11.4 ; 2 Jean 1.9-11

Mais les disciples n’étaient-ils pas sauvés par les œuvres ?

Certains, peut-être, répliqueront que les disciples n’avaient pas besoin d’une foi aussi développée puisqu’ils étaient encore sous l’ancienne alliance. Leur salut dépendait, disent-ils, non pas de la foi, mais des « œuvres », de leur obéissance à la loi de Moïse. À cela je réponds qu’aucun saint de l’Ancien Testament ne fut sauvé en gardant la loi puisqu’aucun ne put la garder ; tous faillirent. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Dieu introduisit la nouvelle alliance. Tous les saints d’autrefois furent sauvés et vécurent par la foi ! C’est ce qu’affirment Paul, au sujet d’Abraham1, et l’auteur de l’épître aux Hébreux, au onzième chapitre, au sujet de tous les saints depuis Abel, dès l’origine de l’histoire et à travers toute l’histoire de l’Antiquité2. Même si leur compréhension était nécessairement limitée, tous croyaient à la vertu expiatoire du sacrifice de Christ, préfiguré par le sang des animaux qu’ils offraient. Ils exprimaient par anticipation leur foi en Christ en offrant des sacrifices pour leurs péchés3.

Seulement, comme nous l’avons vu, ces hommes ne saisissaient ces choses que « de loin4 », du fait que le sang du Messie lui-même n’avait pas encore été versé. Il faut reconnaître que, aux yeux de Dieu, la mort et la résurrection de Jésus de Nazareth constituent l’événement le plus important de l’histoire de l’humanité. À cause de sa sainteté même, Dieu ne pouvait, avant cet événement, donner son Esprit que d’une façon restreinte — ce qui ne l’empêchait pas de manifester, lorsqu’il le jugeait nécessaire, sa toute-puissance dans la vie de certains hommes. Par contre, le Nouveau Testament rend le Saint-Esprit pleinement accessible à tous les croyants, selon la mesure de leur foi.

Or, sous l’ancienne alliance, la foi en Christ « par anticipation » était nécessairement imparfaite. Dieu en tenait compte et la considérait valable pour cette époque-là ; seulement, elle ne suffisait pas à la nouvelle naissance. Sous la nouvelle alliance, au contraire, les exigences de Dieu en ce qui concerne la foi sont d’autant plus sévères que la promesse est plus généreuse.

1 - Romains 4.1-5, 9-17, 20-25
2 - Genèse 4.3-4 en rapport avec Genèse 3.15 et 21. Hébreux 11.4-40
3 - Voir Hébreux 9.8-14,2-28 ; 10.1-4,1-14
4 - Hébreux 11.13, 39-40

Les disciples n’étaient-ils donc pas sauvés avant le jour de la Pentecôte ?

Si, ils étaient sauvés, mais sauvés dans le cadre de l’ancienne alliance et non dans celui de la nouvelle. Rappelons-nous que les premiers disciples de Jésus étaient juifs, membres de la nation qui avait fait alliance avec Dieu au mont Sinaï. Ils étaient non seulement descendants d’Abraham mais héritiers aussi de sa foi, à qui Dieu avait fait la promesse d’apporter le salut à toutes les nations par sa postérité1. Abraham, Moïse et tous les prophètes attendaient avec impatience le Sauveur promis, en qui ils croyaient d’avance2, même s’ils ne comprenaient pas très bien3. Ils furent tous sauvés par la foi en Christ et leurs fautes furent pardonnées « par anticipation », en attendant que leur expiation fût définitivement accomplie par le Fils de Dieu.

À quoi servait alors le sang des animaux qu’ils offraient en sacrifice selon la loi de Moïse ? Ce sang était une image, un symbole du sang de Christ. Moïse savait très bien que le sang des animaux ne pourrait jamais effacer le péché de l’homme. Il attendait fermement la réalisation de ce symbolisme prophétique à l’avènement de Christ. Il institua les sacrifices lévitiques pour faire comprendre au peuple d’Israël que seule la mort de Christ pouvait expier le péché ; mais, en attendant que Christ vienne, le peuple devait exprimer sa foi en lui par le geste symbolique d’un sacrifice. Dieu pardonnait ainsi les péchés, comme nous l’avons dit, « par anticipation », « par crédit », pour ainsi dire, en mettant les croyants à l’abri du châtiment jusqu’à la venue du Messie.

Les disciples de Jésus, en tant que juifs croyants, étaient donc pardonnés à cause de leur foi, même si celle-ci était imparfaite. Ils avaient, certes, l’avantage de connaître le Christ en personne, « en chair et en os » ; mais cette circonstance était en même temps un désavantage, car, tant que Jésus était physiquement présent et tant que l’ancienne alliance subsistait, il manquait une dimension à leur foi et à leur compréhension. Leur foi suffisait à leur salut en tant que juifs ; mais elle ne suffisait pas à leur participation à la nouvelle alliance et elle ne le pouvait pas tant que cette alliance n’était pas établie. Qui, d’ailleurs, aurait pu saisir entièrement cette vérité avant d’être témoin de l’expérience plus qu’intense de la crucifixion du Messie et de sa résurrection ? Les prophètes même eurent beaucoup de difficultés à le comprendre4.

1 - Genèse 12.3 ; 22.18
2 - Deutéronome 18.15 ; Luc 24.25-27, 44-47 ; Jean 5.39, 47 ; 8.56, 58
3 - 1 Pierre 1.10-12
4 - Esaïe 45.15, etc...

Texte IV

LES DEUX PROPHÉTIES DE JÉSUS DANS LES ACTES CONCERNANT L’ESPRIT

1. « Jean a baptisé d’eau2, mais vous dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit2. »
2. « Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre3. »

Nous avons déjà étudié en partie la première de ces deux prédictions4, mais, pour répondre à certains arguments précis que l’on fonde parfois sur ces deux passages, il nous faut les examiner de plus près et ensemble. On les utilise souvent pour enseigner la réception de l’Esprit après la nouvelle naissance. Mais il est impossible que ces passages aillent à l’encontre du reste de la Parole de Dieu. Dieu ne se contredit pas. Il suffit de les analyser attentivement pour s’apercevoir de l’unité et de la cohérence du Nouveau Testament dans son ensemble.

Évidemment, si l’on persistait à croire que les apôtres étaient nés de nouveau avant le jour de la Pentecôte, on tirerait naturellement la conclusion que, du moins dans leur cas, le baptême de l’Esprit suivait la régénération. Mais nous avons déjà vu qu’il n’en est rien. On cherchera en vain dans les Écritures une seule allusion à la nouvelle naissance des apôtres avant le jour de la Pentecôte.

1 - Grec : « par le moyen de l’eau ».
2 - Actes 1.4-5 Grec : « par le moyen de l’Esprit »
3 - Actes 1.8
4 - Voir aussi le ch. 7

Les deux prédictions de Jésus

Le Seigneur Jésus prédit dans Actes 1 deux choses bien distinctes :

• D’abord, il dit que les disciples seraient baptisés de l’Esprit dans peu de jours (v. 5).

• Plus tard, il ajoute la promesse qu’ils recevraient une puissance spirituelle leur permettant de témoigner de Christ jusqu’aux extrémités de la terre (v. 8).

En confondant ces deux prédictions, on ouvre la porte à beaucoup de malentendus.

(I)
La prophétie concernant le baptême spirituel

Nous avons déjà signalé1 que cette prédiction de Jésus contient la seule allusion au baptême de l’Esprit dans tout le livre des Actes, à part sa citation par Pierre en Actes 11.16.

Jésus ici se réfère à la prophétie antérieure de Jean-Baptiste et en promet la réalisation « dans peu de jours ». Il rappelle à ses disciples le symbolisme prophétique du baptême d’eau de Jean, en faisant, comme lui, la comparaison entre l’eau et l’Esprit. Jean s’était servi de l’eau comme moyen d’immersion, alors que Jésus se servirait de l’Esprit comme moyen d’immersion, comme instrument « d’intégration » de ses disciples en lui-même et dans sa mort.

Le Seigneur Jésus venait de subir son propre baptême, cette mort terrible qui n’était pas simplement une crucifixion physique, mais surtout son rejet par Dieu le Père à cause de nos péchés. C’était une « expérience » essentiellement spirituelle, mais une expérience acquise : c’est pourquoi il pouvait maintenant la communiquer à ses disciples. Il pouvait les associer à son baptême, les identifier à sa mort. Ce qui, jusque-là, n’avait été pour eux qu’une promesse, pouvait enfin devenir une réalité. Le baptême spirituel de ses disciples était déjà possible et garanti. En fait, dès son ascension auprès du Père, son premier acte fut l’envoi de son Esprit pour effectuer, à l’instant même, leur identification avec lui dans sa mort.

Par cette prophétie, le Seigneur prévoyait donc la nouvelle naissance de ses disciples, car celle-ci est indéniablement la conséquence immédiate du baptême spirituel. Nous sommes amenés inévitablement à la conclusion, à la fois biblique et logique, qu’en ce jour même de la Pentecôte, ils expérimentèrent tout à la fois le baptême spirituel et la nouvelle naissance. Voilà ce que Jésus prédit dans ce passage2.

1 - dans le ch. 7
2 - Voir l’étude dans le ch. 7 à ce sujet.

(II)
La prophétie concernant la puissance spirituelle

Par contre, dans sa deuxième prédiction, le Seigneur Jésus ne parle pas du baptême de l’Esprit, mais de sa puissance, accordée dans le but précis d’apporter l’Évangile à toutes les nations (v. 8). Il définit cette action divine par l’expression : « le Saint-Esprit venant sur vous ». Jésus n’attribue pas cette puissance au baptême spirituel, mais, au contraire, à l’action de l’Esprit « sur eux », ou, plus exactement, « survenant sur eux »1.

Nous comprendrons mieux cette expression si nous nous référons aux prophètes de l’Ancien Testament, par qui Dieu avait créé ce vocabulaire biblique. Ceux-ci décrivaient de plusieurs manières l’action en puissance du Saint-Esprit. Il est dit, par exemple, que l’Éternel était « avec » Joseph2. Nous lisons que Dieu « remplit Betsaleel » de l’Esprit pour qu’il construise le sanctuaire3, et qu’il « mit son Esprit sur » les soixante-dix anciens d’Israël pour qu’ils aident Moïse4. Nous lisons également que l’Esprit de Dieu « saisit » Samson5. Et encore, que « Gédéon fut revêtu de l’Esprit de l’Éternel6 ». L’Esprit « saisit David » à partir du jour de son onction. La version grecque dit que l’Esprit vint sur David7. La main de l’Éternel « fut sur » Elie8 et Ezéchiel9. Le prophète Esaïe écrivit ces paroles que Jésus s’appliqua à lui-même : « L’Esprit de l’Éternel est sur moi, car il m’a oint pour annoncer l’Évangile10... ».

Toutes ces expressions, parmi d’autres, semblent être à peu près synonymes et sans doute Jésus, en disant que l’Esprit « surviendrait sur » ses apôtres, se référait, comme toujours, à l’Ancien Testament. Il voulait certainement dire, dans ce passage, que les apôtres auraient le courage et la puissance de témoigner de lui devant les nations dès qu’ils seraient remplis de l’Esprit. Car qui peut le faire autrement ?

Ne confondons pas ces deux prophéties du Seigneur Jésus.

1 - Actes 1.8
2 - Genèse 39.2, 21
3 - Exode 31.1-3 ; 35.30-35
4 - Nombres 11.16-17, 24-29
5 - Juges 14.6 ; 15.14
6 - Juges 6.34
7 - 1 Samuel 16.13 (LXX).
8 - 1 Rois 18.46
9 - Ezéchiel 1.3
10 - Esaïe 61.1-2 ; Luc 4.16-29

Texte V

LE JOUR DE LA PENTECÔTE

« Tous d’un commun accord persévéraient dans la prière et dans la supplication... Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans un même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent a parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer1. »

Pour confirmer ce que nous venons de dire, nous n’avons qu’à continuer ainsi notre lecture jusqu’à ce chapitre 2 des Actes. Ici, au verset 4, nous lisons : « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d’autres langues », celles des foules de pèlerins dans les rues de la ville, à chacun dans sa propre langue maternelle2. Cette action de l’Esprit eut comme résultat, ce jour-là, la conversion de 3000 personnes !

1 - Actes 1.14 ; 2.1-4. Voir aussi tout le chapitre 2 des Actes pour une description complète.
2 - Actes 2.7-11. Pour le but du phénomène des « langues » dans Actes 2, voir Appendice II (Étude 3), où le sujet est analysé de façon plus détaillée.

Ne pas confondre « baptême » avec « plénitude »

Nous avons déjà fait remarquer1 que cet acte de puissance est décrit, dans ce passage, comme étant le résultat, non pas du baptême de l’Esprit, mais de sa plénitude. Car nous lisons : « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler... » Il ne faut pas confondre le baptême de l’Esprit avec sa plénitude. La conception de l’Esprit « venant sur quelqu’un », ou « s’emparant de lui », ne présente pas du tout la même image que l’immersion ou le baptême, qui signifie un « ensevelissement ». L’expression « rempli de l’Esprit » se trouve plusieurs fois dans les Actes, chaque fois en corrélation avec une manifestation de la puissance de l’Esprit, puissance surtout dans la parole pour témoigner du Christ. « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et ils annonçaient la Parole de Dieu avec assurance (grec : audace)2. »

1 - Voir au ch. 7 la section sur la prédiction de Jésus.
2 - Actes 4.31. Voir aussi Actes 4.8 ; 6.3 ; 5.8 ; 7.55 ; 9.17 ; 11.24 ; 13.9

Ce que le livre des Actes ne dit pas !

Rappelons-nous en passant que le baptême de l’Esprit n’est même pas mentionné dans ce deuxième chapitre des Actes ! Les disciples furent certainement baptisés de l’Esprit ce jour-là, on ne peut en douter, car l’enseignement du Nouveau Testament s’accorde avec cette supposition ; mais l’auteur, Luc, ne juge pas utile de mentionner ce fait. Il attire pourtant toute notre attention sur la plénitude de l’Esprit et sur ses résultats étonnants.

Le fait que le « baptême » de l’Esprit n’est pas mentionné une seule fois dans Actes 2 étonnera bien des gens qui ont pris l’habitude de bâtir sur ce chapitre la doctrine qu’il y a nécessairement un rapport immédiat entre le baptême de l’Esprit et les phénomènes décrits dans le reste du chapitre.

Ce qui est peut-être encore plus étonnant, c’est que le livre des Actes, comme nous l’avons déjà dit, ne contient pas une seule mention du baptême de l’Esprit, à part, évidemment, la prédiction de Jésus en Actes 1.5, citée par Pierre dans Actes 11.16. Vouloir donc fonder une doctrine du baptême de l’Esprit principalement, ou même entièrement, sur le livre des Actes et en particulier sur ce deuxième chapitre, c’est se limiter au domaine de l’hypothèse. Je sais que quelques-uns me répondront en citant d’autres passages bien connus dans les Actes et que nous allons, d’ailleurs, analyser nous-mêmes plus loin dans ce chapitre. Cependant aucun de ces passages ne contient une seule allusion au baptême spirituel (à part les deux références déjà indiquées). Le lecteur pourra le vérifier par lui-même.

Que s’est-il passé ce jour-là ?

Nous pouvons maintenant voir en perspective l’expérience des disciples en ce jour de Pentecôte et la résumer ainsi :

Leur foi de juif, née sous l’ancienne alliance, prit, dès lors, une nouvelle dimension, celle de la nouvelle alliance. Ayant enfin compris le sens de la mort et de la résurrection de leur Maître, ils purent s’y associer par la foi. L’Esprit alors à son tour les identifia avec Christ, en les « baptisant » dans sa mort. En cet instant, ils reçurent non seulement le pardon définitif de Dieu, mais aussi la présence définitive et intérieure de son Esprit, sa vie même et tout ce qui s’ensuit. Ils devinrent enfants de Dieu.

Mais en plus de cela, parce qu’ils cherchaient Dieu de tout leur cœur, parce que leur foi les amena à une obéissance totale à sa Parole et à sa volonté, l’Esprit de Dieu, dès qu’il les eut baptisés et régénérés, les remplit aussi — et c’est de là que jaillit l’extraordinaire manifestation de la grâce de Dieu ce jour-là, avec, comme résultat, la conversion de 3.000 personnes !

La nouvelle naissance est très souvent, sinon toujours, accompagnée de la plénitude de l’Esprit ; c’est la norme biblique. Mais la majorité des croyants, à cause du péché, à cause surtout d’une ignorance de la Parole de Dieu, perdent cette plénitude et deviennent des chrétiens « anormaux ». Hélas ! ils sont tellement nombreux, ces anormaux, que l’on a tendance à considérer cet état comme la norme et à regarder comme anormale la vie de plénitude. Comme l’adversaire est malin !

Texte VI

LA PREMIÈRE PRÉDICATION DE PIERRE

« Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ (c’est-à-dire « au nom de Jésus en tant que Messie »), pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit1. »

À première vue, ce passage semble imposer, non seulement la repentance, mais aussi le baptême d’eau comme condition de la réception de l’Esprit. Mais, dans ce cas, il y aurait contradiction avec l’ensemble de l’enseignement du Nouveau Testament, ce qui nous oblige à examiner le texte plus attentivement.

Comme toujours, il faut prendre en considération le contexte. C’était le jour de la Pentecôte à Jérusalem. Pierre, en tant que porte-parole des 120 disciples descendus de la chambre haute dans la rue, affrontait la vaste foule de juifs, les uns pèlerins et les autres natifs de la ville. Or, cette ville, cette nation, venaient d’assassiner le Fils de Dieu. Jésus avait été, en fait, crucifié par les Romains, mais ce fut le sanhédrin juif qui le condamna à mort. En plus, toute la foule avait participé à ce meurtre, en criant : « Crucifie-le ! »

Pierre, donc, ne parlait pas dans ce passage à des spectateurs désintéressés, mais à ceux qui avaient commis cet horrible crime. Aux yeux de Pierre et de ses amis, c’était plus qu’un meurtre, c’était le rejet de Dieu. Pour cette raison, il insista sur une prise de position nette et radicale : « Repentez-vous », s’écria-t-il ; ou plutôt : Changez d’idée, d’opinion, d’attitude. Il ne suffisait pas de « croire » simplement à la vérité, il fallait que cette croyance se traduise en acte de foi. Or, dans ces circonstances, cette foi ne pouvait demeurer secrète, il fallait au contraire un acte public. On ne pouvait pas devenir disciple de ce Jésus, que la foule et le gouvernement avaient crucifié, sans s’identifier à lui dans son rejet.

Pour cette raison, Pierre insiste sur le baptême. « Soyez baptisés, dit-il, au nom de Jésus. » À Jérusalem, surtout en plein été, les baptêmes ne pouvaient avoir lieu ailleurs que dans l’un des étangs publics, comme celui de Béthesda ou de Siloé, où il y aurait inévitablement et à toute heure une immense foule de gens présents. Se faire donc baptiser, immerger, dans un lieu aussi public, au cœur de la ville où Jésus avait été si cruellement et injustement torturé et mis à mort, signifiait une prise de position ouverte et sans équivoque, la ratification d’une foi entière.

Mais Pierre ne se contente pas de dire « au nom de Jésus ». Tout le monde avait connu Jésus par ce simple nom. Non ! Pierre y ajoute le titre « Christ », c’est-à-dire « Messie » ! C’était une exigence énorme. Elle impliquait une acceptation de Jésus, non seulement en tant que prophète, mais en tant que Messie : Sauveur, Fils de Dieu et Roi d’Israël et du monde. En se faisant baptiser, ce jour-là, au nom de Jésus Messie, les nouveaux disciples déclaraient leur foi absolue en lui. C’était un acte qui les exposait à l’hostilité des autorités qui avaient éliminé ce Jésus précisément parce qu’il s’était présenté à la nation comme Messie. En replaçant ainsi les paroles de Pierre dans leur contexte, nous en découvrons la véritable signification. Pierre exigeait de son auditoire une foi totale en Christ comme condition de la réception de l’Esprit de Christ.

Il y a cependant un autre point très important à retenir. Les hommes à qui Pierre adressait ces paroles étaient déjà convaincus de la vérité concernant Jésus. Pierre venait de terminer son discours avec un puissant défi : « Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur (grec : Kyrios, le titre par excellence de Dieu dans l’Ancien Testament) et Christ (Messie) ce Jésus que vous avez crucifié. » (v. 36).

Le texte continue (v. 37) : « Après avoir entendu ce discours, ils eurent le cœur vivement touché et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes frères, que ferons-nous ? »

C’est alors seulement que Pierre répond avec les paroles de notre texte. En disant « repentez-vous » et « soyez baptisés », il reconnaissait que son auditoire croyait déjà à son message. Il fallait pourtant que cette croyance deviennent la foi. Pierre discernait un « blocage » spirituel tant que les gens ne traduisaient pas cette conviction en engagement vis-à-vis du Fils de Dieu crucifié et ressuscité. Et cet engagement ne pouvait être secret : il fallait une confession de foi ouverte et entière. Il fallait que les nouveaux disciples se dissocient du système mondain et religieux qui avait rejeté le Christ et qu’ils acceptent d’être pleinement identifiés à ce Christ, même dans son rejet. Pierre ne prêchait pas un « demi-Évangile » : son défi était catégorique et entier. Seule une réponse, une foi entières pouvaient espérer obtenir le don du Saint-Esprit.

Le récit nous dit que 3000 personnes répondirent à l’appel de Pierre, en se faisant baptiser. La preuve qu’ils furent réellement nés de nouveau, c’est qu’ils persévérèrent par la suite dans cette nouvelle voie (v. 42).

1 - Actes 2.38

Texte VII

PIERRE DEVANT LE SANHÉDRIN

« Le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent1. »

Ce passage aussi est mieux compris si nous le replaçons dans son contexte. L’apôtre Pierre, ce jour-là, prêchait à nouveau aux autorités et à la foule inconverties de Jérusalem, dans le but, évidemment, de les amener à la foi.

Selon ce verset, on pourrait supposer, à première vue, que la condition pour recevoir le Saint-Esprit était l’obéissance plutôt que la foi. Cependant il y a deux sortes d’obéissance :

• Il y a celle du légalisme, que Dieu condamne et qu’il appelle « les œuvres mortes2 ». Celles-ci ne sont en fait que l’effort de la « chair » pour se justifier. Une telle obéissance n’est en somme que le fruit de l’orgueil, de l’intérêt, de l’égoïsme, même inconscient ou « religieux ».

• Mais il y en a aussi une autre que Dieu appelle « l’obéissance de la foi3 » et « les bonnes œuvres4 ». C’est la foi seule qui nous procure le salut, qui obtient le pardon des péchés, le don de l’Esprit et la vie éternelle. Mais cette foi, la véritable, se caractérise toujours par une obéissance spontanée et joyeuse envers Dieu. La véritable foi est la « racine », d’où jaillit cette obéissance qui est le fruit de l’Esprit, cet amour qui veut plaire à Dieu.

Dans le passage cité, Pierre affirme que Dieu ne donne pas son Esprit à ceux qui se contentent (comme le faisaient alors les autorités religieuses qu’il affrontait) d’une foi vaine, orgueilleuse, sectaire, fermée vis-à-vis de la vérité, une « foi » qui pouvait même crucifier Jésus de Nazareth ; mais qu’il le donne à ceux qui croient de tout leur cœur en ce Jésus et qui acceptent avec confiance de le suivre. Ceux-là obéissent à Dieu parce qu’ils croient. L’obéissance est l’évidence de leur foi.

1 - Actes 5.32
2 - Hébreux 6.1 ; 9.14
3 - Romains 1.5
4 - Ephésiens 2.9-10

Texte VIII

LA CONVERSION DES SAMARITAINS

« Mais, quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait la bonne nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ, hommes et femmes se firent baptiser. Simon lui-même crut, et, après avoir été baptisé, il ne quittait plus Philippe, et il voyait avec étonnement les miracles et les grands prodiges qui s’opéraient. Les apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant appris que la Samarie avait reçu la Parole de Dieu, y envoyèrent Pierre et Jean. Ceux-ci, arrivés chez les Samaritains, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent le Saint-Esprit. Car il n’était encore descendu sur aucun d’eux ; ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit1. »

Quelques-uns de mes lecteurs seront fort surpris que je n’aie pas utilisé ce passage comme argument biblique concernant le baptême de l’Esprit, d’autant plus qu’il est constamment cité dans des ouvrages traitant de ce sujet. Je l’ai omis pour la simple raison que le baptême de l’Esprit n’y est pas même mentionné ! La foi, le baptême d’eau, la réception de l’Esprit, même l’imposition des mains, toutes ces choses y sont mentionnées, mais nulle part ici on ne trouve d’allusion au baptême spirituel. On ne peut donc pas utiliser ce passage comme fondement d’une doctrine concernant le baptême de l’Esprit !

Pourtant, il est souvent cité (ou plutôt, on en cite généralement quelques versets isolés) pour démontrer la réception ou le baptême de l’Esprit après la nouvelle naissance. Il serait bon de lire en entier le passage indiqué avant de vouloir l’analyser. Ainsi, nous relèverons plusieurs points importants.

1 - Actes 8.12-17

L’importance du contexte historique

Examinons d’abord le contexte. C’était la première fois que l’Évangile était prêché à un peuple autre que les juifs. Jusque-là, l’église avait été composée uniquement d’Israélites. Ils faisaient tous partie du peuple avec lequel Dieu avait fait son alliance par Moïse au mont Sinaï. Les disciples restaient bons juifs tout en appartenant à Christ. L’église était alors une église Israélite, dont tous les membres avaient la même culture et les mêmes obligations. D’ailleurs, ceux qui se trouvaient à Jérusalem allaient quotidiennement tous ensemble prier au temple juif1.

Qui étaient les Samaritains ? C’était un peuple très mélangé que les rois d’Assyrie avaient, à partir de la captivité d’Israël sept cents ans avant J.C., implanté dans la partie centrale de la Terre Sainte. Ils croyaient, à leur façon, à la loi de Moïse, tout en y mêlant des superstitions païennes ; mais les juifs les considéraient comme des païens et au cours des siècles, une haine terrible s’était développée entre les deux peuples voisins.

Philippe, en leur annonçant pour la première fois l’Évangile de Christ, se trouva dans une situation nouvelle, absolument unique. À son grand étonnement, les gens acceptèrent en foule son message, au point même de prendre position publiquement pour Jésus-Christ en se faisant baptiser d’eau.

1 - Actes 2.46

L’anomalie de la situation

Pourtant, il était très évident que, malgré leur foi, il leur manquait quelque chose, l’essentiel même, et Philippe dut bien vite s’en rendre compte. Nous lisons au v. 12 qu’ils crurent « à Philippe » ; le texte ne dit pas qu’ils ont cru en Christ. Ils y croyaient, sans doute, à leur manière, mais leur foi n’était certainement pas entière. On le voit d’une façon indiscutable dans le cas du sorcier Simon, qui lui aussi crut comme les autres. Il se fit même baptiser et resta attaché à Philippe. Pourtant il n’était pas du tout né de nouveau ; c’est manifeste lorsque Pierre lui dit plus tard :.« Il n’y a pour toi ni part ni lot dans cette affaire, car ton cœur n’est pas droit devant Dieu... car je vois que tu es dans un fiel amer et dans les liens de l’iniquité1. » Certains auteurs de l’Antiquité affirment que, plus tard, ce Simon fonda une secte hérétique et devint l’ennemi acharné de l’apôtre Pierre.

Dire alors que les Samaritains étaient déjà nés de nouveau parce qu’ils croyaient au message de Philippe et avaient même été baptisés d’eau, c’est aller au-delà du sens du texte. C’est une exégèse non justifiée. Simon n’était certainement pas né de nouveau ; il serait donc gratuit d’affirmer que les autres l’étaient. Tout démontre le contraire. D’ailleurs, ce passage doit être interprété à la lumière de l’ensemble de l’enseignement du Nouveau Testament, qui est très clair au sujet de la nouvelle naissance.

Pierre et Jean sont alors venus de Jérusalem et cela, sans doute, pour deux raisons :

Ils se sentaient très concernés par la conversion des Samaritains et étaient probablement encouragés et inquiets à la fois.

Mais d’autre part, Philippe semble avoir été dépassé par la situation. Leur présence répondait certainement à son vœu, car ils purent faire ce dont il avait été incapable.

1 - Actes 8.21

Pourquoi l’Esprit avait-il refusé d’agir ?

Nous lisons que l’Esprit de Dieu « n’était encore descendu sur aucun d’eux ». C’est pourquoi Pierre et Jean prièrent pour eux « afin qu’ils reçussent le Saint-Esprit1 ». Mais pourquoi l’Esprit ne leur était-il pas encore donné ? Depuis la fondation de l’Eglise, dans Actes 2, jusqu’à cet incident, plusieurs années s’étaient écoulées. Autant qu’on le sache, toutes les fois que l’Évangile était prêché durant cette période à des auditeurs réceptifs, parmi les juifs, l’Esprit de Dieu fut donné en réponse à leur seule foi, apparemment sans intervention humaine2. Évidemment, le livre des Actes est un aperçu extrêmement succinct de 30 ans d’histoire apostolique. Luc, en l’écrivant, ne prétend pas tout nous raconter ; il ne mentionne que quelques faits saillants ; mais, pour cette raison précisément, ces quelques faits prennent pour nous une signification d’autant plus grande.

Ce qui paraît clair dans le récit, c’est que le jeune Philippe fait face à une situation qui est, pour lui, anormale. Il se trouve devant un blocage spirituel qui le confond et qui nécessite la présence de quelques frères aînés. L’église de Jérusalem, reconnaissant l’importance du problème, juge bon d’y envoyer deux de ses meilleurs hommes pour examiner la question sur place.

1 - Actes 8.15-16
2 - Comme par exemple dans les récits de Actes 2.37-41 ; 4.4 ; 5.14 ; 6.7

Les apôtres aux prises avec le problème

Dès leur arrivée, les deux apôtres saisissent vite la nature du problème des Samaritains « convertis » : il leur manque l’Esprit ! Voila des gens qui croient, qui se disent disciples de Jésus, mais dans la vie desquels on ne voit aucun changement ; ils ont toujours le même visage ! Ils ont fait un pas, une expérience, c’est indéniable ; mais ce n’est certainement pas encore la nouvelle naissance. Les deux apôtres se mettent alors à prier pour que Dieu résolve cette énigme et voilà que Dieu leur ouvre les yeux ! Ils sont amenés à imposer les mains aux croyants samaritains. Pourquoi ?

C’est l’apôtre Jean lui-même qui nous explique dans son Évangile que « les juifs n’avaient aucune relation avec les Samaritains1 ». Sept siècles de haine avaient construit un mur de séparation totale entre les deux peuples. Un juif s’estimait souillé si l’ombre même d’un Samaritain le recouvrait et les Samaritains, pour leur part, détestaient les juifs.

Le jeune Philippe, dans cette situation angoissante et apparemment sans solution, voit les apôtres, plus expérimentés dans la foi, affronter le mal qui gît au fond du problème.

Voici la question qu’ils doivent résoudre : Maintenant que de nombreux Samaritains sont devenus disciples de Christ, peut-on admettre l’existence sur la terre de deux églises totalement séparées, sans communication ni amour fraternel, sans échange et sans témoignage commun face au monde ? La réponse est évidemment : Non. Christ n’est pas divisé ; il n’a qu’un seul corps, il n’y a donc qu’une seule église2. L’Esprit de Dieu n’est pas partagé et il refuse d’agir tant que cette situation tragique n’est pas rectifiée. Christ est le chef de son église : qui a jamais vu une tête ayant deux corps qui, d’ailleurs, ne se touchent pas ? L’Esprit, qui est la vie même de l’église, ne peut être contre lui-même !

1 - Jean 4.9
2 - 1 Corinthiens 1.13 ; 12.12-27 ; Ephésiens 2.11-22 ; 3.6 ; 4.4-7, 11-13, 15-16

La signification de l’imposition des mains

Dans la Bible, l’imposition des mains est toujours considérée comme un acte d’identification. Dans l’Ancien Testament, le pécheur, en apportant son sacrifice à l’autel devant Dieu, devait poser ses mains sur la tête de l’animal au moment où on l’immolait1. Par ce geste, l’homme s’identifiait à la mort de cet animal et demandait ainsi à Dieu de la considérer comme étant la sienne. Encore plus important, cet homme, s’il avait du discernement spirituel, témoignait par ce geste de sa foi en Christ. Il demandait à Dieu de le considérer, par cet acte symbolique, identifié « prophétiquement » au Messie dans sa mort, le sang de l’animal étant pour lui un prototype de ce sang précieux qui effacerait définitivement son iniquité.

Nous lisons aussi que Moïse, avant de mourir, imposa les mains à son successeur, Josué, afin de l’associer publiquement à son œuvre spirituelle. Il serait trop long d’étudier ici tout le symbolisme biblique à ce sujet ; il suffit de préciser que ce geste est toujours, dans la Bible, un acte d’identification.

Il va sans dire que l’imposition des mains de la part de Pierre et de Jean, aux Samaritains convertis, était un acte d’identification. Pour que les apôtres, qui étaient juifs, acceptent de s’identifier aux Samaritains que leur nation avait toujours considérés comme des ennemis mortels et des êtres impurs, il leur fallut renoncer totalement à cette attitude séculaire de mépris ; ils durent accepter les nouveaux croyants samaritains comme des frères bien-aimés en Christ. Pour que les Samaritains, de leur côté, s’humilient au point de subir ce geste d’identification, il fallut une acceptation totale et sans réserve, non seulement de leurs nouveaux frères juifs, mais de Christ qui, lui-même, avait été juif !

Tant que la « foi » de tous les concernés n’était pas entière, et qu’ils refusaient l’unité de l’Esprit, celui-ci refusait d’agir. Mais dès que, par ce geste si simple, tous reconnurent l’unité de la foi et du « corps » de Christ, l’Esprit considéra leur foi comme authentique et il entra dans les disciples samaritains. Au moment même de recevoir l’Esprit-Saint ils reçurent inévitablement la vie éternelle, la nouvelle naissance — sauf, sans doute, Simon et peut-être d’autres qui n’acceptèrent jamais de croire avec un cœur entier !

1 - Lévitique 1.4 ; 3.2, 8, 13 ; 4.4, 15, 24, 29, 33

L’évidence de la réception de l’Esprit

Certains répondront : « Mais comment savoir s’ils avaient enfin reçu l’Esprit ? N’y avait-il pas un signe extérieur qui l’indiquait, comme, par exemple, le parler en langues ? Il faut noter, en passant, qu’il n’y a aucune mention de parler en langues dans ce chapitre 8 des Actes ; il serait donc inadmissible de bâtir une doctrine à ce sujet d’après ce passage !

Cette question me fait penser à un incident (parmi tant d’autres !) dans ma vie, où un homme de ma connaissance, âgé de trente-cinq ans environ, vint me trouver pour me dire avec joie : « Ralph, ça y est, j’y suis, je suis sauvé ! » — et moi, je l’ai interrompu pour lui répondre : « Tu n’as pas besoin de me le dire, je le vois sur ton visage. »

En effet, lorsqu’un homme naît de nouveau, la vie de l’Esprit éclate normalement dans ses yeux, sur son visage, dans ses gestes. Tout son comportement est transformé. Ainsi Philippe, à Samarie, put enfin voir la transformation de ces Samaritains suite à l’intervention du Saint-Esprit. Il est possible, certes, que les frères samaritains aient aussi parlé en langues, mais le texte ne le dit pas, donc on ne peut absolument pas le présumer. En fait, la preuve véritable de la réception de l’Esprit, c’est la nouvelle naissance ! Il peut y avoir dans certains cas, des expressions particulières de la présence de l’Esprit, mais le signe des signes, c’est cette transformation radicale qui fait d’un homme un enfant de Dieu. Quel signe peut-on espérer de plus fantastique ?

Pourquoi Pierre ?

Il n’est peut-être pas sans signification que Pierre ait reçu de son Seigneur, par une prophétie particulière, le privilège des « clefs » du royaume1 ! En effet :

• c’est par Pierre que Dieu a ouvert la porte du royaume de Christ aux juifs2 ;
• c’est encore par Pierre (et Jean) que Dieu ouvre la porte du royaume aux Samaritains3 — qui ne sont « ni juifs ni païens » ;
• c’est par Pierre, enfin, que les Romains et les autres païens entendront pour la première fois l’Évangile dans la maison de Corneille4.

Nous ne savons pourquoi Jésus a désigné Pierre pour accomplir cette tâche particulière, à part le fait qu’il fut le premier à le confesser clairement comme Christ et Fils de Dieu5. Il est pourtant un fait que, par Pierre, Dieu ouvrit aux hommes la porte de l’Évangile. C’est là, sans aucun doute, la véritable signification des fameuses « clefs » de l’apôtre Pierre6. Remarquons autre chose : les mêmes privilèges furent par la suite accordés par le Seigneur à tous les disciples7. Sais-tu t’en servir pour ouvrir aux hommes le chemin vers Dieu ?

1 - Matthieu 16.19
2 - Actes 2
3 - Actes 8
4 - Actes 10
5 - Matthieu 16.16
6 - Aller jusqu’à dire que Christ voulait fonder son église sur Pierre, c’est là tout une autre question qui n’est pas dans le sujet de ce livre. Je dirai seulement que Jésus a fondé son église sur lui-même, non pas sur un homme. Il ne dit pas qu’il la fonderait sur une « pierre » (grec : petros), mais sur le « rocher » (grec : petra) qui est toujours dans l’Ancien Testament un titre de Dieu lui-même (par exemple : Deutéronome 32.3-4 et Esaïe 44.8). Jésus bâtit son église sur sa propre divinité, que Pierre venait justement de reconnaître lorsque Jésus lui fit la promesse des clefs. (Matthieu 16.15-17)
7 - Jean 20.19-23

L’imposition des mains est-elle nécessaire pour la réception de l’Esprit ?

On enseigne parfois que, sans l’imposition des mains, la réception de l’Esprit n’est pas possible. Que dit l’Écriture ? Dans le livre des Actes il est fait mention de deux cas seulement où l’Esprit est donné par l’imposition des mains, ici et dans le chapitre 19, que nous allons bientôt examiner. Dans tous les autres passages où l’Évangile est prêché et accompagné de nouvelles naissances, il n’y a aucune allusion à l’imposition des mains. Chez Corneille1, l’Esprit est donné sans aucune intervention humaine ; Pierre n’a même pas fini de prêcher que déjà son auditoire reçoit l’Esprit et naît de nouveau ! Nous voyons, dans les deux cas mentionnés, une raison très particulière qui a amené les apôtres à faire ce geste. Une chose est très claire, c’est que nous ne sommes pas appelés à imposer les mains aux gens de façon systématique. « N’impose les mains à personne avec précipitation », dit Paul, car, ajoute-t-il, en faisant ce geste à la légère, on peut ainsi « participer aux péchés d’autrui2 ». Cependant c’est un geste biblique et il y a des occasions où il est légitime et même nécessaire3.

1 - Actes 10.44
2 - 1 Timothée 5.22
3 - Par exemple, Actes 6.6 et 13.3, parmi d’autres passages. Encore des cas d’identification.
Nota : Nulle part la Bible ne nous invite à imposer les mains à un démoniaque. C’est très dangereux. Par contre, les démons sont chassés par le nom du Seigneur Jésus-Christ et par la prière et, s’il le faut, par le jeûne. (Je connais le cas d’un homme qui voulait à tout prix imposer les mains à une femme possédée : la femme fut libérée, mais par la suite le démon prit possession de cet homme).

L’importance de ce passage

Ce récit concernant Philippe à Samarie nous enseigne en fait une vérité nécessaire. Lorsque nous entreprenons d’évangéliser les hommes, nous pouvons constater que certains, peut-être même la plupart de ceux qui acceptent le message, sont tout de suite transformés. On voit très bien qu’ils ont reçu le Saint-Esprit et qu’ils sont nés de nouveau.

Dans d’autres cas, nous nous trouvons devant un « blocage » troublant. Les personnes croient au message et semblent accepter Christ... et pourtant il y a quelque chose qui les retient. Même si elles se disent « converties », on remarque l’absence de cet élan, de cette transparence, de cette vitalité spirituelle, de cet amour céleste et de cette solidité qui distinguent normalement le « nouveau-né » en Christ du « faux converti ». Leur expérience est insuffisante. Pourquoi ?

Nous avons alors besoin de discernement spirituel pour savoir ce qui arrête l’Esprit. Il y a parfois des péchés auxquels ces personnes ne veulent pas renoncer, ou bien une emprise laissée par un contact avec l’occultisme, ou même le refus, dans certains domaines de leur vie, de l’autorité de Christ. Dans des cas pareils Dieu attend, avant d’accorder son Esprit, que son œuvre de conviction aboutisse à une foi véritable, sans laquelle la nouvelle naissance n’est pas possible. C’est souvent à nous de découvrir le point où se trouve le « blocage », afin que ces personnes puissent « naître ». D’ailleurs, c’est sans doute ce que Christ veut dire dans Jean 20.231. L’important, c’est de discerner le péché et de le faire éliminer - ce qu’on ne fait pas nécessairement en s’identifiant aux personnes en question par l’imposition des mains ! En s’identifiant à leur péché, on s’attire des conséquences très graves.

1 - « Ceux à qui vous pardonnez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » Cette parole fut adressée par Jésus à tous ses disciples.

Texte IX

PIERRE CHEZ CORNEILLE À CÉSARÉE

« Comme Pierre prononçait encore ces mots, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole. Tous les fidèles circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les païens. Car ils les entendaient parler en langues et glorifier Dieu. Alors Pierre dit : Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous ?1 »
« Lorsque je me fus mis à parler, le Saint-Esprit descendit sur eux, comme sur nous au commencement. Et je me souvins de cette parole du Seigneur. Jean a baptisé d’eau mais vous, vous serez baptisés du Saint-Esprit. Or, puisque Dieu leur a accordé le même don qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, pouvais-je, moi, m’opposer à Dieu2 ? »

Nous avons déjà fait remarquer plus d’une fois que, à part la prophétie de Christ dans Actes 1.5, ce dernier passage ci-dessus (Actes 11.16) est le seul dans tout le livre des Actes qui parle du baptême spirituel. Il est donc intéressant pour cette raison. Cependant, il n’ajoute rien à ce que nous avons déjà compris ; j’ai commenté ce passage dans l’étude sur le baptême de l’Esprit3 et je ne répéterai pas ici ce que j’ai déjà dit.

Actes 10 et 11 enseignent en fait que l’Esprit de Dieu fut donné à ceux qui écoutaient l’Évangile, en réponse à leur seule foi, sans aucune intervention humaine. Pierre compare l’expérience des païens chez Corneille à celle des premiers chrétiens juifs à Jérusalem. Pierre dit qu’ils « ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous4 », et que le Saint-Esprit « descendit sur eux comme sur nous au commencement » (grec : « de la même façon »)5. Et encore : « Dieu leur a accordé le même don qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ6. » Aux yeux de Pierre, l’expérience des païens chez Corneille était identique à celle qu’avaient faite les apôtres le jour de la Pentecôte. Dans Actes 11.16, Pierre l’identifie au baptême de l’Esprit, en citant la prophétie de Christ : « Vous serez baptisés du Saint-Esprit7. » Nous voyons par ces passages que le baptême de l’Esprit arrive au moment où Corneille et ses amis croient en Christ. Pierre, ne leur dit pas de rechercher ensuite le baptême spirituel, il affirme qu’ils l’avaient déjà reçu. Ce récit ne fait donc que renforcer tout ce que nous avons déjà vu.

1 - Actes 10.44-47
2 - Actes 11.15-17
3 - Voir le Ch. 7
4 - Actes 10.47
5 - Actes 11.15
6 - Actes 11.17
7 - Actes 1.5

Texte X

LES DISCIPLES DE JEAN-BAPTISTE À ÉPHÈSE

« Pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les hautes provinces de l’Asie, arriva à Ephèse. Ayant rencontré quelques disciples, il leur dit : Avez-vous reçu le Saint-Esprit quand vous avez cru ? Ils lui répondirent. Nous n’avons pas même entendu dire qu’il y ait un Saint-Esprit. Il dit : De quel baptême avez- vous donc été baptisés ? Et ils répondirent : Du baptême de lean. Alors Paul dit : Jean a baptisé du baptême de repentance, disant au peuple de croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire, en Jésus. Sur ces paroles, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Lorsque Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit vint sur eux, et ils parlaient en langues et prophétisaient. Ils étaient en tout environ douze hommes1. »

Au commencement de son évangélisation à Éphèse, Paul rencontre une douzaine de juifs qui se disent disciples du Messie, du Christ ; pourtant il remarque chez eux la même carence que Philippe avait remarquée chez les Samaritains : il leur manque l’essentiel. Car Paul leur pose la question directement : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit lorsque vous avez cru ? » (littéralement traduit du grec : « Reçûtes-vous l’Esprit-Saint à l’instant de croire ? ») Leur réponse est négative, ils n’ont même jamais entendu parler d’Esprit-Saint. Ils ne savent d’ailleurs pratiquement rien de Jésus. Ils ne connaissent pas l’Évangile apostolique ; ils ont seulement entendu le message de Jean-Baptiste transmis, sans doute, par Apollos, dont nous lisons le récit dans le chapitre précédent2.

Apollos était venu avant Paul à Éphèse, prêchant parmi les juifs le message et le baptême de Jean-Baptiste. C’est tout ce qu’il savait ; mais ces douze hommes avaient accepté le message dans la mesure où ils l’avaient compris. Ils étaient donc disciples de Jean-Baptiste et non de Jésus. Ils avaient même été baptisés au nom de Jean-Baptiste, non pas au nom de Jésus-Christ, (v. 3-5).

Paul, à son arrivée, leur annonce toute la vérité concernant Jésus3. Il juge même nécessaire de les rebaptiser au nom de Jésus4.

Cependant, ici encore, l’Esprit de Dieu n’honore pas ce geste ; il n’est pas encore satisfait de leur attitude, il n’agit pas. Paul s’aperçoit immédiatement de l’existence d’un empêchement, d’un « blocage » spirituel, comme chez les Samaritains d’Actes 8. Quel était l’obstacle qui les retenait encore ? Paul discerne la faille et leur impose les mains. Pourquoi, sinon comme un acte d’identification ? Paul comprend qu’il s’agit d’une question d’autorité. Ces hommes vont-ils rester attachés à Jean-Baptiste plutôt qu’au Seigneur Jésus ? Ou bien accepteront-ils Jésus comme seul Maître ?

En leur imposant les mains, Paul leur fait comprendre qu’ils ne peuvent plus suivre un autre maître que Jésus ; il leur fait reconnaître sa souveraineté absolue. Il ne peut y avoir deux maîtres dans le royaume de Dieu. Pour le Saint-Esprit il faut tout ou rien. Ils ne peuvent avoir Christ tout en gardant leur attachement à une autre autorité, même celle de Jean-Baptiste. Ils doivent accepter de s’identifier aux apôtres pour ne former qu’une seule église de Christ sur la terre ; ils doivent s’intégrer pleinement au « corps » de Christ.

Ils acceptent cette identification et, à cet instant, le Saint-Esprit les prend au mot : il les intègre, il les baptise dans le « corps » de Christ. L’obstacle enfin enlevé, l’Esprit les régénère sans plus tarder.

1 - Actes 19.1-7
2 - Actes 18.24-28
3 - Actes 19.4
4 - Actes 19.5


♦ ♦ ♦


Étude annexe 2

LE SIGNE DU BAPTÊME DE L’ESPRIT

Le signe du baptême spirituel n’est-il pas le « parler en langues » ?

Parmi mes lecteurs, quelques-uns seront certainement très surpris que je n’aie guère mentionné le « parler en langues » en rapport avec le baptême de l’Esprit ; car on affirme très couramment que le signe inévitable du baptême de l’Esprit est justement le « parler en langues ». Pourquoi donc n’ai-je même pas fait allusion à ce « signe » ?

Pour la bonne raison que nulle part le Nouveau Testament ne mentionne le « parler en langues » dans le contexte du baptême spirituel ! Cela t’étonne ? Pourtant, c’est vrai. Cherche, examine, fouille... Tu ne trouveras pas un seul passage biblique où le baptême de l’Esprit et le phénomène des langues se trouvent juxtaposés. Nous avons déjà examiné minutieusement tous les passages traitant du baptême spirituel et on ne trouve, dans ces textes, aucune mention de « langues » ! Il y a des passages de l’Écriture qui parlent du « baptême spirituel » et d’autres qui parlent des « langues »1, mais l’Écriture ne place jamais ces deux choses ensemble.

Il est vrai que les disciples dans Actes 2 parlèrent en langues le jour où l’église vint à naître et il est certainement tout aussi vrai qu’ils furent tous baptisés de l’Esprit ce même jour. Pourtant le texte n’associe pas ces deux faits. Si tu reçois deux lettres indépendantes par le même courrier, dont chacune contient un chèque, cela ne suppose nullement une collusion, c’est-à-dire une entente, entre les deux expéditeurs. Si Dieu choisit de faire deux prodiges au même moment, cela ne nous permet pas de les confondre.

Le texte d’Actes 2, comme nous l’avons vu, ne fait même aucune mention du baptême de l’Esprit, mais, au contraire, attribue le phénomène des langues au fait que les disciples furent alors remplis de l’Esprit2. Il est normal que le croyant soit rempli de l’Esprit le jour de son baptême spirituel ! Que les deux choses arrivent à la même heure n’a rien de surprenant. Pourtant, le baptême et la plénitude de l’Esprit sont deux opérations de l’Esprit bien distinctes. Le baptême de l’Esprit est un événement unique, alors que la plénitude est à renouveler constamment3.

Il est également vrai que Corneille et ses amis, dans Actes 10, parlèrent en langues le jour de leur nouvelle naissance, ainsi que les douze disciples de Jean-Baptiste à Éphèse dans Actes 19. Il est certainement vrai aussi que, dans les deux cas, le baptême de l’Esprit eut lieu le jour même, car nous avons démontré par la Bible que le baptême de l’Esprit et la régénération arrivent simultanément. Pourtant ni l’un ni l’autre des deux passages indiqués, pas plus qu’Actes 2, ne contient une seule mention du baptême de l’Esprit ; ni l’un ni l’autre n’offre, non plus, d’explication des « langues » ni n’en donne de description. Il serait manifestement impossible de fonder sur ces deux textes une doctrine du baptême spirituel, avec ou sans le phénomène des « langues ». Cela est tout aussi vrai pour Actes 2.

Je sais que l’on cite fréquemment aussi Actes 8 dans le contexte des « langues », mais, comme nous l’avons vu, ce passage ne contient aucune allusion au baptême spirituel, ni aucune mention des « langues ». Vouloir donc s’en servir pour prouver que les « langues » sont le signe du baptême spirituel, c’est bâtir sur une supposition - ou, plus exactement, sur deux suppositions. Or, on ne peut pas construire une doctrine sur des suppositions.

1 - Cette affirmation peut être vérifiée en se référant à l’appendice III, où je donne une liste complète de toutes les références avec mention du « parler en langues », ainsi qu’une liste complète et classifiée des mentions du baptême.
2 - Actes 2.4
3 - Voir le Ch. 14.

Quel est donc le signe du baptême spirituel ?

Il y en a mille ! On ne saurait énumérer toutes les merveilles de transformation et de grâce opérées en nous par l’Esprit lorsqu’il nous baptise ! Mais le signe par excellence, comme nous l’avons dit, c’est que nous sommes sauvés ! L’évidence du baptême de l’Esprit, c’est la nouvelle naissance. Tu te rends compte, que si tu as accepté Jésus comme ton Sauveur et Seigneur, tu es pardonné... que peux-tu lui demander de plus ? Cependant, il te donne aussi son Esprit, il fait de toi son enfant, il change ton cœur, il te donne une connaissance personnelle et « directe » de Dieu, il te scelle, pour que tu lui appartiennes à jamais, il t’oint comme sacrificateur, comme prophète, comme roi ! Et tu lui demandes encore un signe !

Bien que nous n’ayons pas besoin d’autres signes comme preuves de notre baptême spirituel, Dieu comble néanmoins de signes celui qui marche dans l’intimité avec lui. Ce sont les fruits et les manifestations de la plénitude de l’Esprit. Mais toutes ces choses découlent du signe primordial : que tu es maintenant son enfant chéri.

Si tu es toi-même parent, si tu as un enfant, je pense que tu le gâtes parfois ! Tu lui fais mille cadeaux, tu le combles de tendresse... Mais ce ne sont pas ces choses-là qui prouvent sa participation à ta chair et à ton sang, elles en sont plutôt les conséquences. L’évidence est fondée sur une vérité infiniment plus profonde, sur le fait que tu l’as engendré, qu’il possède ta vie ! Ainsi, tous les signes « extérieurs » de l’action de Dieu en nous sont plutôt les conséquences de son action essentielle et intérieure, par laquelle il nous donne son Esprit, sa vie même.

Signes ou certitude ?

Les signes extérieurs sont en effet précieux et ne manquent pas chez celui qui obéit à la volonté de son Père céleste. Mais souviens-toi que ces signes dépendent justement de ton obéissance et peuvent varier de jour en jour selon les circonstances ; alors que le signe fondamental, qui est ton « salut », dépend uniquement de l’acte de Dieu, qui à son tour dépend du fait que le sang de son Fils fut versé pour toi. Les signes visibles et extérieurs, comme tous les sentiments et les sensations, changent selon les vicissitudes de ta vie quotidienne. Ils peuvent même parfois te tromper. Tu as un ennemi malin et puissant qui se donne beaucoup de peine pour brouiller ton esprit par des signes mensongers. C’est pourquoi Dieu t’a donné l’Écriture : c’est par elle qu’il t’éclaire et te protège des astuces du diable. « C’est, dit Jésus, une génération méchante et adultère qui cherche un signe1 »... Mais, par contre : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru2 ». Un petit garçon n’a pas besoin de « signes » pour prouver qui est sa maman. Il le sait.

« La vie éternelle, dit Jésus, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ3. » Connaître Dieu, c’est le comble de l’expérience humaine. Expérience sans bornes, car Dieu est infini.

1 - Matthieu 16.4
2 - Jean 20.29
3 - Jean 17.3

La joie du salut

Quand un homme naît de nouveau, il est normalement rempli de l’Esprit le jour même. Il est joyeux, soulagé, rempli de gratitude, de louange et d’amour envers Dieu, rempli aussi d’amour envers son prochain. Dès que le Saint-Esprit entre chez quelqu’un, sa présence se traduit en expériences, par la pensée, par la parole et par l’action. Parfois cet homme pleure de joie. Il recherche ses ennemis, afin de rétablir la paix avec eux et le respect mutuel. Il confesse ses torts à ceux qu’il a offensés. Il commence à témoigner à ses connaissances du miracle qui s’est produit en lui. L’Esprit exprime, au travers de celui qu’il sauve et remplit, le caractère et la puissance de Christ.

Le but suprême du Saint-Esprit

L’objectif suprême de l’Esprit, nous l’avons dit, consiste à faire connaître le Christ à toute créature. Dieu suscita Abraham et sa postérité afin que « toutes les familles de la terre soient bénies en lui1 ». Après la faillite spirituelle d’Israël, Dieu suscita l’église comme postérité spirituelle d’Abraham, toujours avec le même objectif. Dieu te sauve et te donne son Esprit, non seulement à cause de toi, mais encore plus à cause des multitudes d’autres hommes qui n’ont jamais encore entendu la bonne nouvelle de Christ. Dieu veut se servir de toi pour répandre cette connaissance dans le monde. Le dernier commandement dont Jésus chargea ses disciples fut celui de prêcher l’Évangile « jusqu’aux extrémités de la terre2 ». C’est le but suprême du Nouveau Testament.

1 - Genèse 12.3 et 22.18 ; Esaïe 49.6
2 - Matthieu 28.19 ; Marc 16.15 ; Luc 24.45-47 ; Actes 1.8

Le contexte historique d’Actes 2

Le jour de la Pentecôte, dans Actes 2, était une occasion exceptionnelle que l’Esprit de Dieu put saisir pour atteindre avec l’Évangile, d’un seul coup, une multitude de nations. Les juifs étaient pour la plupart un peuple dispersé dans tous les pays ; cependant tout juif mâle s’efforçait, selon ses possibilités, de venir à Jérusalem pour l’une des trois grandes fêtes de l’année, afin d’offrir un sacrifice pour lui-même et pour sa famille selon la loi de Moïse. À chaque fête, il y avait à Jérusalem des dizaines et parfois des centaines de milliers de pèlerins, juifs pieux, venus de très loin, ce qui, pour beaucoup, était l’unique fois dans leur vie.

C’est à un tel moment que la petite église de Jésus-Christ « naquit » dans ce monde. Pour le Saint-Esprit, c’était une occasion extraordinaire. Inévitablement, son tout premier objectif fut d’atteindre avec l’Évangile, par la foule de pèlerins et le plus rapidement possible, les extrémités mêmes de la terre. C’est ce qu’il a fait.

La raison du phénomène miraculeux

Mais comment une poignée de jeunes Galiléens, peu instruits, sans influence ni moyens financiers, mal vus par les autorités et par la foule, pouvait-elle atteindre, en un seul jour critique ou deux, pendant la courte durée de la fête, cette masse cosmopolite de pèlerins et, par leur moyen, les nations qu’ils représentaient ? Si les disciples avaient voulu se mettre à crier dans la rue, ils n’auraient attiré l’attention que de quelques individus — et aussi, sans doute, celle des autorités qui les auraient probablement mis en prison ! En plus, il y avait l’énorme problème de la barrière linguistique. La seule langue commune à tous était le grec, que la plupart des pèlerins ne parlaient probablement que très peu. Chacun, élevé dans son pays particulier, avait sa propre langue maternelle ; ils étaient à Jérusalem en tant qu’étrangers et en visite seulement. La fête, d’ailleurs, ne durait qu’un seul jour. Comment l’Esprit de Dieu pouvait-il leur annoncer la nouvelle de Jésus-Christ par la bouche de ce pauvre petit groupe clandestin de disciples ?

La barrière la plus terrible entre les hommes, la plus infranchissable, la plus absolue, c’est la barrière linguistique. La raison pour laquelle les Français, les Allemands et les Anglais se sont tant battus au cours des siècles, c’est surtout parce qu’ils ne se comprenaient pas ; mais cette incompréhension était due beaucoup moins aux barrières physiques du Rhin et de la Manche, qu’à la barrière linguistique.

Le Saint-Esprit est prêt à tout pour faire connaître Christ au monde

Parce que cette petite poignée de croyants était, ce jour-là, remplie de foi, d’amour, d’Esprit, ce même Esprit de Dieu acheva l’impossible. Il « sauta », ce jour-là, comme nous l’avons vu, la barrière des langues. Par la bouche des disciples il s’exprima, miraculeusement, dans les véritables langues des pèlerins présents dans la ville, de manière à retenir leur attention et à se faire comprendre. « Comment, disait la foule, les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu... dans notre propre langue à chacun, dans notre langue maternelle ? Parthes, Mèdes, Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, l’Asie, la Phrygie, la Pamphylie, l’Égypte, le territoire de la Lybie voisine de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome... Crétois et Arabes : comment les entendons-nous parler dans nos langues des merveilles de Dieu ? » (v. 6-11) Ces quinze langues ne sont certainement pas une liste exhaustive mais plutôt représentative, car il y avait à Jérusalem ce jour-là des Juifs venus « de toutes les nations qui sont sous le ciel1 ».

Le phénomène n’a pas duré longtemps — juste assez de temps pour capter l’attention de la foule et la disposer à écouter la prédication du jeune Pierre, faite en un grec peut-être pas des meilleurs (Luc ne nous en donne, sans doute, qu’un résumé), mais que la foule comprenait suffisamment pour être convaincue et pour qu’un grand nombre croie en Christ.

1 - v. 5

Pourquoi ont-ils parlé « en langues » ?

Il est facile de voir pourquoi le Saint-Esprit, ce jour-là, choisit de s’exprimer en « langues ». Il voulait à tout prix (comme il le veut encore aujourd’hui) faire parvenir, le plus vite et le plus efficacement possible, la vérité de Christ à toutes les nations. Le fait que des milliers d’individus de cette foule polyglotte acceptèrent Christ en ce jour mémorable, malgré le problème linguistique, nous montre la véritable raison de cette action du Saint-Esprit. Nous ne savons quelle proportion des 3000 convertis était composée de pèlerins, mais il est certain qu’ils furent très nombreux à retourner cette semaine-là en disciples de Jésus dans leurs pays respectifs, en répandant partout le message évangélique. Quelle stratégie divine ! L’Esprit fit pénétrer ainsi l’Évangile, d’un seul coup et comme Jésus le voulait, jusque dans les nations les plus lointaines1. C’est ce qui a amené, sans doute, l’eunuque éthiopien à Jérusalem, quelques temps plus tard à la recherche de Dieu — un voyage d’environ 2000 kilomètres2 !

Le Saint-Esprit n’a donc pas fait ce geste extraordinaire simplement pour « épater » les gens ou pour « remonter le moral » des disciples, mais surtout pour faire connaître Christ à ceux qui ne le connaissaient pas, afin que le salut de Dieu atteigne, sans délai, les extrémités de la terre. Si l’église avait su rester fidèle à sa mission, je pense que l’Espritde Dieu aurait été prêt à faire n’importe quoi pour appuyer son témoignage de façon à faire parvenir la bonne nouvelle « à toute la création3 ». Nous n’avons qu’à étudier la façon presque incroyable dont il s’est servi de Paul et de ses jeunes équipes qui, en une quinzaine d’années seulement, ont pu « saturer » l’Asie Mineure et les Balkans de leur message4. Les récits des grands missionnaires de tous les siècles nous fournissent également des exemples extraordinaires de l’action de l’Esprit dans l’évangélisation de certains pays. Je pense à Hudson Taylor, qui ouvrit tout l’intérieur de la Chine à l’Évangile, et les mille missionnaires qui le suivirent. Je pense à David Brainerd, avec une santé plus que fragile, qui amena une foule de Peaux-Rouges à la foi en Christ, malgré l’ivresse de son interprète inconverti ! Je pense aux souffrances indescriptibles de Judson en Birmanie et à la manière miraculeuse dont Dieu sauvegarda sa précieuse traduction de la Bible en langue birmane.

1 - Luc 24.46-47 ; Actes 1.8 ; Psaumes 22.28, etc.
2 - Actes 8.27
3 - Marc 16.15
4 - Romains 15.18-19

Que ne ferait-il pas aujourd’hui ?

Je crois vraiment que, malgré tous les obstacles apparemment insurmontables que nous affrontons aujourd’hui, le monde entier pourrait entendre la vérité en quelques mois seulement, si tous les chrétiens voulaient s’unir et obéir à Dieu. Le jour où l’église naquit, l’Esprit fit la chose la plus difficile de toutes : il détruisit momentanément la confusion de Babel1.

S’il a pu faire cela, que ne ferait-il pas de nos jours en réponse à la foi ? Nous savons que Jésus reviendra un jour — jour qui, sans doute, approche à grands pas — et que sa seule présence détruira la confusion inextricable des idéologies, des problèmes économiques, sociaux et surtout spirituels, de notre monde perdu ! Pourquoi donc ne lui demanderions-nous pas d’intervenir d’ores et déjà au milieu de nous, dans la situation mondiale désespérante que nous affrontons ? Jésus n’est pas impuissant. Son Esprit n’a pas changé d’objectif. Le Dieu qui tient en existence même les cerveaux de ses ennemis, ne répondrait-il pas à la vraie foi des siens ? Les chrétiens ont besoin de revenir au Christ de tout leur cœur, de revenir intégralement à sa Parole et de la prendre au sérieux. Alors le Saint-Esprit « chambarderait » nos idées préconçues, purifierait notre vie, nous communiquerait la foi qui soulève des montagnes. Dieu serait prêt à faire n’importe quoi pour une église prête à faire (et à souffrir) n’importe quoi pour lui.

Nous avons besoin, dans le monde dit chrétien, d’une révolution spirituelle, d’une redécouverte de Jésus-Christ, d’un cri de foi qui monte comme une flamme vers le Créateur, d’une compréhension chaque fois plus approfondie du seul Livre qui le révèle et qui peut sauver notre humanité : la Bible. Ainsi disparaîtraient les « dadas », les partis pris, l’orgueil blessant, l’intolérance, l’esprit sectaire, la mondanité et cette affreuse impuissance... Tout cela disparaîtrait dans un rejet total du péché, dans un feu d’amour véritable pour Dieu, dans une obéissance à sa Parole née d’un cœur entier, captivé par la vision de ce qu’il est en réalité.

1 - Genèse 11.7-9

L’Esprit de Dieu agit intelligemment

La raison de ces langues miraculeuses — langues véritables, comprises alors par les auditeurs bouleversés — devient évidente lorsque nous considérons le véritable caractère de l’Esprit de Dieu et l’objectif qu’il s’est donné. Il a parlé en langues étrangères afin de gagner la grande foule polyglotte, ignorante de Jésus-Christ, et dans le but d’en sauver le plus grand nombre possible, afin de les envoyer en témoins là où Christ n’était pas connu. Le but du Saint-Esprit n’a pas changé ; toute son action est orientée dans ce sens. Il veut parler au monde avec toute l’intelligence de Dieu ; il veut lui révéler Christ, le Logos, la sagesse même de Dieu. Il ne cherche pas à nous mystifier.

Voilà pourquoi l’apôtre Paul lui-même affirme, dans sa lettre aux Corinthiens, que « les langues sont un signe, non pour les croyants (car ils n’ont pas besoin d’être convaincus, ils le sont déjà !), mais pour les non-croyants » (comme ce fut le cas dans Actes 2)1. Il est bon de garder cet équilibre. Quand on lit attentivement tout ce que dit Paul à cette église tourmentée de Corinthe, on voit à quel point ces chrétiens avaient perdu l’optique de l’Esprit lui-même. Mais cette question-là concernera plutôt notre prochain ouvrage.

1 - 1 Corinthiens 14.22

Et les autres cas ?

Il n’y a que deux autres cas de langues miraculeuses mentionnés dans les Actes1. Le texte de ceux-ci ne nous donne pourtant aucun détail, aucune description, aucune explication. Luc, l’auteur, considère sans doute que la description déjà donnée dans le chapitre 2 suffit à ses lecteurs. Si le phénomène dans les deux autres cas n’avait pas été du même genre que le premier, assurément il nous l’aurait dit ; cela aurait été un point important. Du fait qu’il ne dit rien du tout, nous ne pouvons tirer une autre conclusion que celle que nous impose Actes 2. Dans ce cas, il va de soi que les « langues » d’Actes 10 et 19 furent exercées dans le même but que celles d’Actes 2, c’est-à-dire, pour convaincre les incrédules.

Nous pouvons maintenant regarder de plus près ces deux cas précis.

1 - Actes 10.46 et 19.6

(I)
Césarée1

À Césarée, Corneille avait rassemblé « beaucoup de personnes »

chez lui2 pour écouter Pierre. Étant centenier romain, il avait sous ses ordres des soldats recrutés de toutes sortes de pays. L’armée romaine était à cette époque multiraciale, comprenant des Gaulois, des Germains, des Ibériques, des Italiens, des Berbères, des Égyptiens et que sais-je encore. Que le Saint-Esprit ait choisi, ce jour-là aussi, de s’exprimer « en langues », cela paraît, dans ces circonstances, tout à fait compréhensible. En tout cas, et c’est l’important, nous savons qu’un grand nombre des gens présents fut converti ce jour-là à la foi en Christ. Mais je m’imagine très bien que certains aient été amenés à ce point en écoutant une exhortation surnaturellement livrée dans leur langue maternelle, obscure et inconnue peut-être du reste de l’auditoire, exactement comme dans Actes 2. Pourquoi pas ? Tout ce que fait le Saint-Esprit est lumineux et justifié.

Le texte nous dit que l’auditoire n’a pas seulement « parlé en langues » mais aussi « prophétisé ». Il est très possible, voire probable, que certains du groupe s’exprimaient clairement en grec, alors que d’autres s’exprimaient en d’autres langues. Le texte laisse cette question ouverte.

Pierre semble très surpris d’entendre ces « langues ». La raison serait-elle que le phénomène n’avait jamais réapparu après la première effusion de l’Esprit d’Actes 2 ? Nous ne savons pas, mais c’est possible. Dans ce cas, la signification du phénomène d’Actes 10 est tout de suite revêtue d’une nouvelle lumière : Dieu voulait convaincre Pierre et ses amis, ainsi que Corneille et les nouveaux chrétiens non juifs, que l’action du Saint-Esprit auprès des païens n’était en rien inférieure ou différente de celle qu’il avait apportée aux juifs. De toute manière, cet événement était une occasion unique c’était l’ouverture de la porte du royaume de Dieu à toutes les nations.

1 - Actes 10.1-11.18
2 - Actes 10.27

(II)
Éphèse1

Éphèse était la plus grande ville d’Asie Mineure, un port très important, une ville extrêmement cosmopolite et, de ce fait, polyglotte, peut-être encore plus que Marseille ou New-York aujourd’hui.

L’Asie Mineure elle-même comptait une multitude de localités, chacune avec sa langue particulière.

Luc ne nous dit pas pourquoi les douze disciples de Jean-Baptiste ont parlé en langues devant l’apôtre Paul, au moment de croire pleinement en Christ. Nous ne le savons pas non plus, mais nous pensons qu’il y avait une raison valable, telle que la présence de personnes inconverties dont la langue maternelle n’était pas le grec. Puisque ce texte, comme celui d’Actes 10, ne nous fournit aucune explication, nous ne pouvons que l’interpréter à la lumière du passage le plus clair, le plus développé, qui est évidemment Actes 2. C’est là une règle indispensable d’honnêteté dans l’interprétation du texte. Sans en tenir compte, on laisse remplacer le Saint-Esprit par son imagination.

Il faut remarquer que Dieu attribue les « langues » dans ce passage au fait que l’Esprit « vint sur eux » après l’imposition des mains de Paul. Cette expression, comme nous l’avons vu, correspond à la plénitude de l’Esprit. Ici, donc, comme dans Actes 2, le phénomène miraculeux est attribué, non pas au baptême, mais au fait qu’ils étaient remplis de l’Esprit.

Il est à noter, rappelons-le, que dans les Actes, les « langues », tout en étant attribuées à la plénitude et non au baptême de l’Esprit, ont chaque fois lieu le jour même de la régénération. Il n’y a pas, dans les Actes, un seul cas de « parler en langues » postérieur à cette expérience initiale. En effet, Luc ne nous laisse aucune indication d’une pratique suivie de ce phénomène par les chrétiens. Il ne nous offre d’ailleurs que trois mentions du phénomène en trente ans d’histoire apostolique. C’est peu. On peut supposer qu’il y en eut d’autres, mais le texte ne le dit pas. En examinant cette question, il faut éviter la tentation d’exagérer.

On remarque aussi que, dans les trois cas mentionnés dans les Actes, les langues sont chaque fois un acte public.

1 - Actes 19.1-7

Et les autres mentions ?

Dans le Nouveau Testament tout entier, le « parler en langues » n’est mentionné que dans deux passages en dehors du livre des Actes :

(I)
Marc 16.17

Jésus dit : «... ils parleront de nouvelles langues, ils saisiront des serpents... » Ce passage n’ajoute rien de particulier à notre connaissance. Notons que l’expression « nouvelles langues » dans ce contexte peut très bien signifier les innombrables langues, souvent difficiles et jusqu’alors inconnues, qui ont été apprises — quel miracle de dévouement et de foi ! — par les missionnaires de Christ au cours des siècles et par lesquelles l’Esprit de Dieu a réalisé en partie son objectif d’évangéliser les nations. Pourquoi pas ? Il me semble que si un homme sacrifie toute sa vie, en s’assimilant à une culture incomprise et peut-être barbare, en maîtrisant une langue compliquée et en la réduisant à une écriture alphabétique afin de traduire le Nouveau Testament, prêcher Christ et créer de nouvelles églises dans un pays lointain — que cela est bien plus miraculeux que de prononcer un langage inintelligible sans bouger de chez soi. Jésus, en parlant de ces « nouvelles langues » ne pouvait, que penser à toutes les nations et tribus pour lesquelles il avait versé son sang — mais qui resteraient dans l’ignorance si personne ne les évangélisait.

Nul doute, pourtant, que ce passage se rapporte aussi aux langues « miraculeuses » d’Actes 2, ce qui n’exclut pas du tout la première interprétation. Les deux sont valables et se complètent. Mais pour Dieu, ce qui compte par-dessus tout, c’est que l’Évangile soit connu jusqu’aux extrémités de la terre et que les âmes soient sauvées.

Il ne faut pas oublier, cependant, un fait inquiétant : tout ce passage de Marc1 est considéré par de nombreux commentateurs de la Bible, comme étant douteux, car il manque dans plusieurs des meilleurs manuscrits de la Bible. Je pense personnellement que le passage fait partie de l’Écriture inspirée, mais je ne le dis pas de manière dogmatique. De toute façon, ce que dit le passage est vrai.

Notons que ceux qui s’appuient sur ce passage pour enseigner la nécessité de parler ces nouvelles langues sont réticents quand il s’agit de s’appliquer le passage entier. On insiste beaucoup moins sur la nécessité de saisir des serpents et de boire du poison ! Cependant les récits des grands missionnaires de tous les siècles nous racontent des délivrances tout aussi remarquables. La vie du Sadhou Sundar Singh en est un exemple.

1 - Il s’agit des versets suivants : Marc 16.9-20

(II)
1 Corinthiens 12-14

Ce long passage de trois chapitres, intéressant à bien des égards, est le seul passage biblique important, à part Actes 2, où les langues sont mentionnées. En fait, les mentions sont presque toutes concentrées dans le ch.14. Mais ce que dit Paul, dans ces trois chapitres (qui forment une unité, et qu’il faut étudier ensemble et dans le contexte de l’épître tout entière), ne concerne pas l’œuvre initiale de l’Esprit ; Paul ne traite ici que la question de la pratique des dons spirituels et de leur exercice dans le cadre de l’église locale. À part le verset de 1 Corinthiens 12.131, il n’a pas en vue la nouvelle naissance ; il ne fait aucun rapport ici entre le « parler en langues » et le « salut » initial. Par contre, il se trouve aux prises avec une confusion considérable parmi les chrétiens de Corinthe au sujet de la véritable nature des dons spirituels, y compris le « don des langues », et de leur place ou de leur utilité dans le fonctionnement de l’église. Il considère les « dons » spirituels comme étant justement des fonctions du « corps » de Christ. C’est dans ce contexte-là qu’il examine la question des « langues ».

Or, ce sujet est en dehors de la matière envisagée pour notre étude actuelle, qui ne concerne que l’œuvre initiale de l’Esprit. Mon but dans ce premier livre, c’est le salut de ton âme, avec tout ce que cela comporte ! Le développement de ta nouvelle vie sera, Dieu voulant, le sujet de notre discussion ultérieure.

NOTA de l’Éditeur : À l’heure où l’auteur rédige ces lignes, son autre livre consacré à cette question « des langues » n’était pas encore écrit. Il s’agit du livre Le don de parler diverses langues.

1 - Texte que nous avons examiné dans le ch. 7.


♦ ♦ ♦


Étude annexe 3

QUELQUES REMARQUES

(I)

REMARQUE SUR LA RELATION ENTRE LE BAPTÊME DE L’ESPRIT,
LA PRÉSENCE DE L’ESPRIT ET LA RÉGÉNÉRATION

Il y a un rapport direct entre le baptême spirituel et la régénération. Quand on baptise un homme, on ne le laisse pas au fond de l’eau ! Le baptême spirituel, étant l’ensevelissement avec Christ dans sa mort, présuppose la résurrection. La nouvelle naissance, étant le début (ou les prémices) de la résurrection, est ainsi la conséquence directe du baptême de l’Esprit.

Il serait encore plus exact de dire que la nouvelle naissance est la conséquence immédiate de la réception ou de la présence de l’Esprit, alors que cette présence est elle-même la conséquence immédiate du baptême spirituel. Le baptême, la présence et la régénération de l’Esprit ne sont que trois phases d’une seule action divine. Elle représente un enchaînement irréversible et inaltérable, une logique spirituelle attestée par l’ensemble de l’enseignement biblique.

(II)

REMARQUE SUR LA DISTINCTION ENTRE LE BAPTÊME DE L’ESPRIT ET LE SCEAU DE L’ESPRIT

Pour bien des gens, la relation entre le baptême et le sceau de l’Esprit demeure brouillée. Certains théologiens vont jusqu’à identifier le sceau de l’Esprit avec le baptême d’eau, c’est-à-dire, avec le rite cérémoniel. Pour beaucoup, d’ailleurs, la distinction entre le baptême d’eau et le baptême spirituel est très confuse ; ils identifient le symbole physique à la réalité spirituelle, ce qui a comme résultat que le rite devient pour eux le moyen du salut.

Tu comprendras, j’espère, par l’étude de l’Écriture, qu’une telle interprétation irait contre l’enseignement du Nouveau Testament, qui affirme catégoriquement que nous sommes sauvés uniquement par la foi en Christ et par l’action de l’Esprit de Dieu, sans l’appui d’aucune intervention humaine1. Aucun rite, image, ou objet humain ou matériel ne peut effectuer en nous une opération du Saint-Esprit — pas plus que le fait de donner une jolie bague à une jeune fille ne peut la forcer à aimer un homme. Tout le processus du salut vient de Dieu. C’est Dieu qui crée la vie. Nous n’y sommes pour rien. Vouloir faire d’un rite cérémoniel le sceau du Saint-Esprit, cela réduit à néant l’action et l’autorité de l’Esprit et de la Parole de Dieu.

Il ne faut pas confondre non plus le sceau de l’Esprit avec le baptême spirituel. Il est vrai qu’ils sont intimement associés, du fait qu’ils font tous deux partie du grand acte de Dieu qui nous sauve. Cependant, ne pas s’apercevoir de la distinction entre l’un et l’autre serait comme si tu confondais ton pouce avec ton petit doigt. Le baptême de l’Esprit est le début du processus de ton salut, alors que le sceau de l’Esprit en est l’achèvement.

On enseigne parfois que le baptême d’eau est « l’équivalent chrétien » de la circoncision judaïque. Mais nous avons vu par l’Écriture que la circoncision trouve sa contrepartie néo-testamentaire dans le sceau de l’Esprit et non dans le baptême de l’Esprit. Confondre le rite du baptême physique avec le baptême spirituel qu’il représente, c’est déjà une erreur, grave par surcroît ; mais confondre le baptême physique avec le sceau de l’Esprit, c’est ajouter à la confusion ! Il me semble que peu de chrétiens ont vraiment cherché à approfondir cette question dans la Bible ; j’espère que mon étude servira à clarifier un peu les idées.

Il n’y a en fait aucun rapport entre la circoncision mosaïque et le baptême chrétien. Si les juifs circoncisaient leurs petits garçons à l’âge de huit jours, ce n’était pas pour les faire naître ! C’était plutôt parce qu’ils étaient déjà nés — de la postérité d’Abraham. La circoncision n’intervient qu’après la naissance ! Alors que, selon le Nouveau Testament, le baptême spirituel précède logiquement la nouvelle naissance, tandis que le baptême d’eau la suit. On ne peut non plus « circoncire spirituellement » quelqu’un qui n’est pas encore né de nouveau, pas plus que l’on ne fait naître un bébé en le circoncisant au préalable ! De même, l’Esprit ne scelle pas un homme avant de l’engendrer ; il ne l’engendre pas non plus avant de le baptiser spirituellement.

L’apôtre Paul ne confond pas le baptême de l’Esprit avec le sceau. Même dans un passage où il va jusqu’à les juxtaposer2, il les considère comme étant deux aspects distincts de notre salut. Pour lui, l’Esprit nous identifie par le baptême spirituel à Christ dans sa mort, afin que Dieu nous pardonne et nous justifie ; mais il « circoncit » notre cœur, il nous scelle, parce que nous sommes alors déjà pardonnés, déjà justifiés3 ! Par ce sceau, il atteste notre pardon. Le sceau de l’Esprit, c’est la voix du Père qui, dès qu’il t’a engendré, te dit cette parole sublime : « Tu es à moi ! » Mais tu ne peux pas être à Dieu avant d’obtenir le pardon de tes péchés.

Tu peux, si tu le désires, considérer ton baptême spirituel comme étant l’ouverture de la porte du royaume de Dieu ; ta nouvelle naissance serait alors l’entrée par cette porte ; alors que le sceau de l’Esprit serait la fermeture de la porte derrière toi ! Cette porte fermée te donne une sécurité absolue, la certitude d’être sauvé. « Le fondement inébranlable posé par Dieu subsiste, dit Paul ; il porte cette inscription (grec : ce sceau) : Le Seigneur connaît les siens4. »

1 - Voir le ch. 4.
2 - Colossiens 2.11-12
3 - Romains 4.11
4 - 2 Timothée 2.19 (version synodale).

(III)

REMARQUE SUR LA RELATION ENTRE LES ACTES ET LES ÉPÎTRES

Il faut prendre les Actes et les épîtres ensemble

On dit parfois que le livre des Actes prend la priorité sur les épîtres du fait que dans notre Nouveau Testament les Actes précèdent les épîtres. En raisonnant de la sorte, on pourrait tout aussi bien tirer la conclusion que Matthieu prend la priorité sur Jean, ou l’Ancien Testament sur le Nouveau ! On ne peut pas dire qu’une partie de la Parole de Dieu ait plus d’autorité qu’une autre — avec peut-être la seule exception des paroles du Fils de Dieu lui-même. Luc connaissait très bien et approuvait l’enseignement de Paul, car il était non seulement son enfant spirituel, mais aussi son compagnon intime pendant de longues années de voyages et même pendant l’emprisonnement de Paul à Césarée et ensuite à Rome ; car c’est là que Luc, presque certainement, acheva par écrit le livre des Actes1. Sans le moindre doute, il reçut de Paul lui-même toutes ses idées fondamentales. Son document historique doit refléter inévitablement la pensée de l’apôtre ; on ne peut le dissocier des écrits de Paul, ni de ceux des autres apôtres. Les Actes et les épîtres se complètent et il faut les lire ensemble.

1 - Actes 28.30-31. Noter que le récit des Actes est fait à la première personne à partir du ch. 20 v. 6.

Les épîtres écrites avant les Actes !

D’ailleurs, si nous parlons de priorités, nous devons nous rappeler que la plupart des épîtres de Paul furent certainement mises par écrit et en circulation avant que Luc n’ait mis à jour le récit des Actes. Les épîtres aux Thessaloniciens datent, au plus tard, de l’an 50 ou 52 de notre ère, c’est-à-dire, d’une vingtaine d’années seulement après la résurrection de Jésus-Christ. La première lettre aux Corinthiens date presque certainement du printemps de l’année 54 ; l’épître aux Romains de l’année 57. Paul arriva prisonnier à Rome vers l’année 60 ; le livre des Actes fut achevé, très probablement, avant la fin de son emprisonnement, vers l’année 62 ou juste après, car le récit se termine brusquement à cette date-là. Il est même très probable que Paul ait pu vérifier tout ce que Luc écrivait. Paul, en attendant, avait déjà écrit toutes les épîtres que nous possédons de lui, sauf celles à Timothée et à Tite1.

Ainsi nous voyons que, chronologiquement, les épîtres pour la plupart précèdent les Actes ! Mais, en fait, les événements des Actes sont contemporains de la rédaction des épîtres. Il va sans dire que, pour comprendre l’ensemble du message apostolique, il faut lire les épîtres en parallèle avec les Actes.

1 - Voir à ce sujet, l’excellent ouvrage du Professeur F.F Bruce : « Les documents du Nouveau Testament : peut-on s’y fier ? » (Ed. Telos).

Luc raconte, Paul enseigne

Or Luc, dans les Actes, ne se permet pas de nous donner de lui-même un enseignement. Il se borne à citer quelques prédications apostoliques, surtout de Pierre et de Paul. À part cela, il se contente de nous raconter, de façon succincte, les principaux faits de ces années extraordinaires où l’église naissait et se répandait pour la première fois comme une flamme à travers le monde... et tout cela il l’écrivait sous l’égide de son « conducteur » spirituel, Paul. Il ne nous donne aucune analyse théologique, ni du baptême, ni de la plénitude de l’Esprit. Il n’explique pas pourquoi les apôtres avaient parlé en langues le jour de la Pentecôte ; il nous en donne, heureusement, une description précieuse, la seule, d’ailleurs, de tout le Nouveau Testament1. Il ne commente même pas les discours de Pierre, Paul ou Étienne. Luc laisse aux apôtres le soin d’interpréter leur propre message. Donc, pour recevoir un enseignement sur ces questions, il faut voir les épîtres de Paul, de Pierre et des autres apôtres.

1 - Actes 2.3-11

Paul et les Actes s’expliquent mutuellement

Permets-moi un petit témoignage personnel. Un jour l’idée me vint à l’esprit, en relisant le Nouveau Testament, de situer chaque épître dans son contexte historique et de l’intégrer dans mon étude des Actes. En répétant très souvent cette expérience, j’ai vu le livre des Actes éclairé d’une manière extraordinaire. Le récit vibre de la pensée et des expériences des apôtres, surtout de Paul, que j’ai pu comprendre infiniment mieux, ainsi que le sens des événements dans le récit de Luc. Les lettres de Paul deviennent encore plus lumineuses par la suite.

NOTA de l’Éditeur : Cette lecture contextuelle s’en trouvera facilitée par l’ouvrage de La Bible Chronologique, à partir du chapitre XVII.

Les apôtres, dans leurs écrits, nous donnent un enseignement très développé et même autoritaire sur les questions soulevées par le livre des Actes. C’est donc dans ces mêmes épîtres que nous devons chercher les définitions et les analyses nécessaires. Il faut tout prendre dans son contexte. L’équilibre et l’intégrité sont indispensables dans l’interprétation de la Parole de Dieu.

J’estime indispensable de rappeler à quel point il est déraisonnable et même dangereux de vouloir baser toute sa doctrine concernant le Saint-Esprit ou un sujet quelconque sur un seul livre de la Bible, ou sur des passages isolés ou hors contexte.


♦ ♦ ♦


Étude annexe 4

ET LE BAPTÊME DE FEU ?

« Notre Dieu est un feu dévorant1. » Il est tout lumière, une lumière qui explose. Vouloir l’affronter, c’est s’exposer au baptême de feu. Voilà encore un aspect du baptême spirituel, de notre identification avec Christ. Cette expérience commence le jour où nous nous tournons vers lui. C’est alors, en le voyant, que nous nous voyons aussi tels qu’il nous voit, tels que nous sommes. La lumière de sa face met terriblement en relief la lèpre de notre péché. Nous nous voyons rejetés, destinés à l’enfer.

1 - Hébreux 12.29 ; Deutéronome 5.4-5, 22 ; Esaïe 33.14

La colère et l’amour de Dieu

Le sang de Christ obtient notre pardon et la colère de Dieu se transforme en amour. Dieu n’a pourtant pas changé de caractère ; mais notre changement d’attitude devant lui modifie la nature de ses rapports avec nous. Le soleil rayonne de façon constante, mais sur la terre il peut faire nuit ou jour, été ou hiver, selon « l’attitude » des différentes parties du globe vis-à-vis du soleil à un moment donné. Le soleil, dans les pays nordiques, réchauffe notre cœur par une belle matinée de printemps, mais, au même instant, il peut tuer un homme qui, à l’équateur, s’expose par négligence à ses rayons.

Ainsi, la même intensité de la justice et de l’amour de Dieu touche différemment les hommes selon leur attitude devant lui. Ce même rayonnement de sa face qui auparavant nous détruisait, devient enfin pour nous, grâce à son pardon, une explosion de beauté et d’amour. Dieu n’a pas changé pour autant car, malgré son immense amour pour nous personnellement, sa haine contre le mal demeure absolue. À cause de la mort de son Fils, c’est vrai, notre péché n’a plus de « réalité » pour lui ; cependant, du fait que notre conscience est encore — et avec raison — sensible au péché, « l’attitude » de Dieu envers nous semble varier de jour en jour selon notre obéissance ou notre désobéissance à sa volonté.

Le châtiment d’un Père céleste

Dieu désire nous manifester son amour de la manière la plus franche, mais sa révélation dépend de notre degré de « sanctification ». Si notre conscience tolère une situation qui contrarie son Esprit, nous ressentons à nouveau la « colère » de Dieu. Seulement, il ne s’agit plus pour nous de la colère d’un juge implacable, mais de celle d’un Père qui châtie le fils qu’il aime. Effectivement, la correction de son enfant fait partie intégrante de l’amour du Père1.

Or, Dieu se sert de plusieurs moyens pour nous corriger. Sa méthode idéale consiste évidemment à nous avertir par sa Parole2 ; plus nous la méditons, plus nous sommes en mesure d’entendre sa voix et de connaître ses désirs nous concernant. Mais si nous la négligeons, alors il est obligé de se servir de méthodes plus sévères. Il permet souvent les épreuves, les déceptions, les souffrances, afin de nous ouvrir le cœur et de nous rapprocher de lui. Il y a deux sortes de tristesse, selon notre attitude. Ce sont nos réflexes qui déterminent pour nous les effets de notre souffrance. « La tristesse selon Dieu » nous amène à la repentance, alors que « la tristesse du monde » produit la mort3.

1 - Voir à ce sujet Hébreux 12.5-11
2 - Psaumes 32.8-9 ; 119.9, 11, 98, 100, 105, 130
3 - 2 Corinthiens 7.9-11

Le châtiment extrême

Comme mesure extrême, Dieu se sert de la persécution. Il permet que ses enfants soient soumis à toutes sortes d’injustices et d’outrages de la part des hommes du monde — exactement comme il a permis que le Christ lui-même souffre, ainsi que presque tous les prophètes, les apôtres et les hommes de Dieu. Le fait d’être persécuté n’est pas en soi une raison de supposer que Dieu nous désapprouve. Parfois c’est même le contraire. C’est là le thème grandiose du livre de Job, cet homme de Dieu qui, au début, ne comprenait pas du tout que la véritable raison de sa souffrance était précisément son intégrité. Dieu châtie même des nations entières, l’histoire le démontre de façon ultra-évidente ; et alors les innocents souffrent tout comme les coupables. Pour saisir ces vérités mystérieuses, il nous faut une certaine compréhension de la gigantesque lutte spirituelle qui se déroule dans le monde invisible. Seuls l’Esprit et la Parole de Dieu peuvent nous ouvrir les yeux sur ces réalités.

Mais si Dieu permet que nous souffrions injustement, c’est plutôt pour notre bénédiction et pour notre gloire1 afin de déverser sur nous une double portion de son Esprit et une nouvelle révélation de sa face. C’était l’expérience de Job2, de David3 et d’un nombre infini des plus grands hommes de Dieu. Seulement, la douleur peut être parfois atroce. Dieu la compare à un feu.

1 - 1 Pierre 4.14 ; voir aussi 1 Pierre 1.6-7 ; 2.20-21 ; 3.14-17 ; 4.1-2 ; 5.12-19
2 - Job 42.10-12
3 - Psaumes 34.5-10

Veux-tu être baptisé de feu ?

« Je suis venu, dit Jésus, Jeter un feu sur la terre. Il est un baptême dont je dois être baptisé...1 » Il parle en même temps de sa mort affreuse qu’il considère comme son propre « baptême de feu » et aussi du « baptême de feu » de ses disciples. Heureusement, nous n’avons plus à subir le « baptême de feu » qu’il a enduré pour l’expiation de nos péchés ; tout cela est « accompli » à jamais pour nous, une fois pour toutes2. Mais nous avons à participer à ses persécutions, à son ignominie, à son rejet. « Désormais, dit-il, cinq dans une maison seront divisés, trois contre deux... le père contre le fils... et la fille contre la mère...3 » En principe notre baptême de feu, c’est la persécution, c’est la souffrance que nous endurons pour témoigner de Christ4.

Ah ! ces réunions dites « de réveil » où l’on chante avec enthousiasme : « Baptise-nous de feu ! »... Comprend-on ce que l’on chante ? C’est demander à Dieu de nous envoyer la persécution, de nous permettre de souffrir, peut-être atrocement, « portant toujours dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps5. » À ce propos tu peux lire le témoignage de Paul dans 1 Corinthiens 4.9-13 ; 2 Corinthiens 4.7-5.5 ; 6.3-10 ; 11.23-29, en te rappelant aussi tout ce que Luc raconte dans les Actes concernant les souffrances de l’apôtre. Paul a accepté le baptême de feu. Il a aussi obtenu la couronne6.

Si tu lis attentivement le récit des hommes de Dieu dans la Bible, tu ne peux être que frappé par l’immensité de leurs souffrances, ainsi que par l’immensité de leur foi, tout comme l’impact énorme de leur vie sur leur génération. Joseph fut rejeté par ses frères et endura treize années d’esclavage et de prison ; c’était là son baptême de feu, d’où Dieu le retira pour faire de lui le sauveur des nations de son époque. Moïse fut également rejeté par son peuple et passa quarante ans d’ignominie et de pauvreté dans le désert, où Dieu alla le chercher pour délivrer son peuple. C’est par lui que Dieu donna au monde les documents fondamentaux de la Bible. D’ailleurs, il connut déjà tout jeune le « baptême », lorsque Pharaon exigea qu’il soit jeté aux crocodiles dans le Nil, d’où Dieu le retira pour en faire un prince. Samuel, David, Jérémie, et les autres prophètes, comme Christ lui-même et ses apôtres, furent rejetés, persécutés, ou livrés à la mort par l’hostilité des hommes. Daniel fut « baptisé » dans la fosse aux lions et ses trois jeunes amis furent littéralement « baptisés de feu » dans la fournaise ardente7 ; mais comme Israël à la mer Rouge, ils sortirent de l’épreuve indemnes. Christ promet à ses disciples que pas un seul cheveu de leur tête ne se perdra8 ! Même le martyre ne nous enlève rien — au contraire, nous retrouvons tout au centuple9.

1 - Luc 12.49-50
2 - Jean 19.30 ; Hébreux 9.12, 26 ; 10.10, 12, 17-18
3 - Luc 12.51-53
4 - Jean 15.18-25 ; Colossiens 1.24 ; 2 Timothée 3.12
5 - 2 Corinthiens 4.10
6 - 2 Timothée 4.6-8
7 - Daniel ch. 6 et ch. 3
8 - Luc 21.18-19 ; Matthieu 10.30
9 - Matthieu 19.29

Le tribunal de Christ

Le point culminant de notre baptême de feu se situera à la résurrection où nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu. Là chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même1. Tout sera mis en lumière2. L’œuvre de chacun sera manifestée, le « jour la fera connaître », « elle se révélera dans le feu, qui éprouvera l’œuvre de chacun ». Ce « jour », ce « feu », sont la révélation de la face de Dieu. À ce moment-là chacun recevra sa récompense, ou il la perdra, selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps3. « Il sera sauvé, dit Paul, mais comme au travers du feu4. » Il s’agit donc ici de l’enfant de Dieu. Tous ces passages solennels concernent le moment de ta rencontre face à face avec ton Père céleste.

Quant au jugement des non-croyants, il en est question dans un passage terrible de l’Apocalypse5. Cela ne concerne pas le croyant qui aura déjà subi son jugement. Les uns et les autres auront le même juge, animé de la même colère contre le péché et le mal. Seulement, pour nous, la question du péché sera déjà réglée. La colère de Dieu, qui aurait dû nous atteindre, est tombée d’avance sur son Fils. Elle n’est pas dirigée contre nous personnellement, mais contre notre péché ; celui-ci n’ayant plus d’existence « réelle » pour Dieu, le risque d’être rejeté en enfer, loin de sa présence, est définitivement écarté. O merveille de grâce ! O précieux sang de l’Agneau de Dieu !

1 - Romains 14.10-12
2 - 1 Corinthiens 4.5
3 - 1 Corinthiens 3.10-15 ; 2 Corinthiens 5.10
4 - 1 Corinthiens 3.15
5 - Apocalypse 20.11-15

La disparition de l’ancien « toi »

Par ce baptême de feu, toute trace du péché en nous sera éliminée et, du même coup, nous constaterons la disparition de tout élément de notre vie passée qui est l’œuvre de ce même péché. Cela signifie que tout sera perdu (heureusement !) sauf ce que l’Esprit de Dieu aura achevé en nous. Seule l’œuvre de Dieu restera, seul le fruit de son Esprit, le caractère de Christ et ses effets dans notre vie. Ce que nous aurons bâti de solide et d’éternel sur le fondement de notre foi, construit d’éléments et de valeurs spirituels, tout ce qui est selon la pensée et la volonté de Dieu, toute la vie de Christ en nous — cela demeurera, parce que c’est de nature impérissable. Mais le reste disparaîtra comme une fumée, il s’évaporera en un clin d’œil. Rien ne peut subsister dans la présence de Dieu qui ne soit vrai. Seule la vie réelle, c’est-à-dire « éternelle », peut encore trouver une place, une existence, devant la face de celui qui est la réalité même.

L’instant de réalité

Voilà donc jusqu’où va notre baptême de feu. Les Espagnols ont une expression pour décrire l’affrontement entre « toro » et « matador » : la minute de vérité. C’est la crise poignante, où l’homme est entre la vie et la mort. Quant à notre affrontement ultime avec Dieu, je le vois comme étant l’instant de réalité. Nous verrons tout sous une clarté éblouissante, une optique éternelle. Nous nous verrons tels que nous sommes, du fait que nous verrons Dieu tel qu’il est. Nous verrons chacun son frère selon la vérité absolue. Là, plus aucune place pour l’hypocrisie, pour les illusions, pour les excuses... Il y aura des surprises ! Le retour de Christ et la résurrection seront en effet la grande surprise1. Plus grande qu’on ne le pense.

1 - 1 Jean 2.28-3.3

Pourquoi ne pas devancer ce jour ?

Mais nous pouvons devancer ce jour ! Paul dit que « si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés1 ». Dans la mesure où nous vivons près de Dieu maintenant, en sondant chaque Jour notre conscience à la lumière de sa Parole et de sa face, son Esprit peut nous corriger, nous réprimander, nous enseigner.

Si, de cette manière, nous « marchons dans la lumière », nous sommes en communion avec lui et avec nos frères, car le sang de Jésus purifie notre conscience. « Marcher dans la lumière » signifie : maintenir sa conscience « sans reproche devant Dieu et devant les hommes », autrement dit, confesser tout péché révélé par le Saint-Esprit, à Dieu d’abord et ensuite, le cas échéant, à celui que l’on a offensé2.

Si tu vis déjà à la lumière de la face de Dieu, si quotidiennement tu exposes ta conscience à la lumière de sa Parole et si tu règles vite chaque faille, le sang de Christ libérera instantanément ta conscience et son Esprit te remplira jour après jour. Ainsi, quand tu comparaîtras devant le tribunal de Dieu au grand jour de Christ, tu auras la joie de savoir ces choses-là déjà jugées à l’avance. Dieu n’aura probablement plus rien à dire là-dessus ; la page sera tournée.

Mais si tu ne te juges pas maintenant, tu seras forcément jugé au retour de Christ. Tu seras jugé par le Seigneur qui t’aime et qui a versé son sang pour toi. Si, à cause de son sacrifice et de sa promesse, tu ne risques plus d’être jeté en enfer, tu seras, par contre, privé d’une récompense, tu seras jugé incapable de porter des responsabilités dans son royaume3.

Tu peux donc vivre ton baptême de feu déjà et quotidiennement, dans la mesure où tu te laisses sonder par la Parole de Dieu et dans la mesure où tu apprends l’obéissance à sa voix. C’est une bonne préparation pour le grand jour « J » !

1 - 1 Corinthiens 11.31-32
2 - 1 Jean 1.7-9 ; Actes 23.1 ; 24.16
3 - Luc 19.12-24


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Étude annexe 5

ET LES FAUSSES CONVERSIONS ?

Les stratèges nous enseignent qu’en temps de guerre la meilleure forme de défense consiste à attaquer l’ennemi le premier. Le diable n’est pas lent à le comprendre et il contre l’Esprit de Dieu en introduisant de faux chrétiens parmi les vrais. Il n’y a rien de plus difficile à affronter qu’un ennemi à l’intérieur de nos frontières.

Voilà pourquoi Satan se donne tant de peine à multiplier les fausses conversions. Dans sa parabole de « l’ivraie », Jésus avertit clairement ses apôtres que cela se produirait et que même les anges de Dieu ne sauraient toujours distinguer les fausses conversions des vraies1. Il n’est donc pas surprenant que nous aussi, nous soyons souvent bafoués par ce problème !

Comment expliquer les fausses conversions ? Elles sont en général provoquées par une évangélisation « charnelle », par l’utilisation de méthodes simplement « humaines » au lieu de s’appuyer sur l’action de l’Esprit et de la Parole de Dieu. Par exemple, on emploie parfois une belle musique pour créer une attitude de réceptivité chez les auditeurs d’une exhortation ; ou bien, on exerce une pression psychologique qui effraie ou qui séduit les gens ; ou encore, on veut les convaincre par des arguments intellectuels, sans que la main de Dieu elle-même intervienne. Ensuite, dès qu’il y a un assentiment de la part de quelqu’un, on l’encourage à croire qu’il est sauvé. Ce genre de procédure est dangereux ; il a des conséquences souvent désastreuses pour les soi-disant convertis et il introduit dans le sein de la communauté des éléments qui ne peuvent qu’apporter le trouble. Le fait même d’être élevé dans un milieu évangélique laisse souvent brouillée la ligne de démarcation entre le chrétien de nom et celui qui est vraiment régénéré.

1 - Matthieu 13.24-30, 36-43

Trois fausses conversions

L’Écriture enseigne que la nouvelle naissance provient, « non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu1 ». Cette phrase nous révèle trois erreurs fondamentales.

• « Non du sang ». Ce n’est pas l’hérédité qui nous communique la vie éternelle. Malgré ses avantages incontestés, le fait d’avoir des parents pieux ou d’appartenir à un peuple ou à une communauté spirituellement favorisés, ne peut cependant jamais nous communiquer la vie éternelle.

• « Ni de la volonté de la chair ». Ce ne sont pas nos efforts personnels, aussi louables soient-ils, qui nous permettront d’« acheter » la vie éternelle, car elle n’est pas à vendre. Elle est un don de Dieu, comme la vie physique, comme le soleil, la pluie, le printemps et l’amour, un cadeau immérité que nous ne pourrons jamais avoir sur commande. C’est un acte de Dieu et notre volonté naturelle n’y est pour rien. Tout ce que peut faire notre volonté, c’est accepter ce que Dieu donne, accepter que son Esprit agisse en nous.

• « Ni de la volonté de l’homme ». Aucun homme ne peut nous donner la vie éternelle. Toutes les religions laissent supposer que certains hommes sont qualifiés pour communiquer le salut de Dieu. Le Nouveau Testament enseigne le contraire. Quel est l’homme qui saurait intervenir auprès de Dieu pour lui faire engendrer ses enfants ? N’est-ce pas un sacrilège que d’imaginer Dieu comme ayant besoin de notre aide dans ce processus intime qui le concerne lui seul ? N’a-t-il pas dit une fois pour toutes que le seul intermédiaire possible entre lui et nous, c’est justement le Seigneur Jésus-Christ parce qu’il est à la fois Dieu et homme2 ?

Dieu est amour. Deux êtres qui s’aiment n’ont pas besoin d’un intermédiaire pour communiquer et démontrer leur affection. Dieu non plus n’a besoin d’aucun homme, ni même des anges, pour effectuer les opérations de son Esprit-Saint dans le cœur d’un homme.

1 - Jean 1.12-13
2 - Jean 14.6 ; 1 Timothée 2.5

Encore trois fausses conversions

Dans sa parabole dite « du semeur1 », Jésus-Christ met ses apôtres en garde précisément contre les fausses conversions. On pourrait résumer son enseignement ainsi : Lorsque l’Évangile est annoncé, il y a toutes sortes de gens qui semblent d’abord l’accepter ; mais il faut reconnaître, hélas ! que ceux qui lui disent « Seigneur, Seigneur ! » n’entreront pas tous dans son royaume, mais ceux-là seuls qui font la volonté de son Père2. Dans cette parabole; il spécifie trois sortes de fausses conversions :

Le cœur dur3. Voici celui qui veut être à la fois dans le royaume de Dieu et dans « le monde ». Il ne prend pas position. Il est entre le champ et le chemin. Les pieds de tous les passants, hommes et démons, foulent son âme et la rendent trop dure pour que la semence de la vérité y pénètre. Le diable finit par lui enlever tout désir de connaître Dieu.

Le cœur superficiel4. On dirait à première vue une vraie conversion ! Mais cet homme n’a pas cédé le fond de son cœur à Christ. Intérieurement il reste imperméable aux exigences de l’Évangile. Dès que surviennent les difficultés et les épreuves, on ne voit plus rien de sa « foi » ; elle s’évapore, faute de profondeur. La Parole de Dieu n’est pas enracinée en lui.

Jésus décrit ce genre de « chrétien » dans son Sermon sur la Montagne. La foi de cet homme n’est pas fondée sur le roc inébranlable de la Parole de Dieu, mais plutôt sur des expériences sentimentales et éphémères, que Jésus compare au « sable ». C’est une « foi » qui repose sur des raisons insuffisantes, elle manque de cette stabilité qui vient d’un engagement éternel vis-à-vis de Dieu. Cette foi ne donne aucun fruit, aucun résultat permanent. Or, Jésus dit que la seule manière de juger d’un arbre, c’est par le fruit5. Si le fruit manque, c’est parce que la vie manque, ou parce que l’arbre n’est pas de l’espèce que l’on croyait.

Le cœur partagé6. Voici un brave homme ! Il est profond, sincère, capable. Il a un « bon cœur ». Il est plein de bonne volonté. Seulement, il refuse d’éliminer de sa vie certains obstacles spirituels. Il essaie de servir deux maîtres. Il garde certaines ambitions, habitudes, amitiés, qui sont hostiles à Christ. Finalement, toute espérance est étouffée. Aucun fruit n’apparaît, tout est perdu. Quelle tragédie ! Comme si un homme pouvait espérer réussir un amour tout en vivant dans l’adultère...

Par opposition à ces trois cas, typiques de l’expérience de l’humanité au cours des siècles, Jésus dépeint la vraie conversion comme étant la semence de la Parole de Dieu profondément enracinée dans une bonne terre, c’est-à-dire, dans « un cœur honnête et bon » qui la « retient et qui porte du fruit avec persévérance7 ». C’est la présence ou l’absence du fruit qui fait toute la différence : Dieu exige un véritable résultat. Jésus reconnaît que certains enfants de Dieu portent plus de fruit que d’autres8 ; mais il insiste sur le fait que, dans la vie de tout enfant de Dieu authentique, il y a toujours un certain fruit, un résultat incontestable. Sans cela, il s’agit d’une fausse conversion, ce n’est pas la nouvelle naissance.

1 - Matthieu 13.1-9 et 18-23. Voir aussi Luc 8.5-15.
2 - Matthieu 7.21-23 ; 25.41-46
3 - Matthieu 13.4, 19
4 - Matthieu 13.5-6, 20.21
5 - Matthieu 7.16-20
6 - Matthieu 13.7, 22
7 - Luc 8.15
8 - Matthieu 13.8, 23

Encore trois aspects de la fausse conversion

Dans l’ensemble, nous pouvons résumer les fausses conversions sous ces trois aspects :

Les conversions sentimentales. Il n’est évidemment pas possible de rencontrer Dieu sans ressentir quelque chose ! Mais les sensations varient énormément de personne en personne, car nous sommes tous différents. Notre expérience de Dieu peut venir comme une bombe ou comme un orage, ou bien comme une aurore ou comme l’arrivée du printemps. Ce n’est pas la forme mais le contenu de notre expérience qui est important. Ta fiancée peut porter des dizaines de jolies robes différentes ; tu les apprécies toutes, mais ce qui t’intéresse vraiment, c’est la personne elle-même ! Dieu ne « fabrique » pas les hommes en série, il s’adapte à chaque individu de façon absolument unique. Ses principes ne changent jamais, mais leur application varie selon le cas de chaque être humain.

Il est donc dangereux de vouloir imiter nécessairement les expériences faites par d’autres hommes. On imite leur courage, leur intégrité, leur foi, mais non les contingences de leurs expériences spirituelles. Ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est une imitation sentimentale. Je connais l’histoire d’un garçon qui fut converti par un homme boiteux et il s’est mis à boiter afin de ressembler à son héros ! J’ai même rencontré des gens qui priaient avec un accent bizarre parce que l’évangéliste qui les avait convertis était un étranger !

Il ne faut surtout pas fonder ton salut sur tes sentiments. Ceux-ci peuvent changer d’un jour à l’autre, comme la pluie et le soleil, et pour les mêmes raisons. Il faut que ta sécurité éternelle soit garantie par autre chose que les sentiments. Ce n’est pas parce que tu te « sens » sauvé que tu l’es. Tu es sauvé quand tu crois en Christ dans le vrai sens du mot. Tu es sauvé surtout lorsque Dieu de son côté met son Esprit dans ton cœur : et cela, il ne le fait pas avant d’avoir pardonné ton péché. Ton salut dépend du sang précieux de Christ et de la Parole de Dieu qui te le révèle. Naturellement, une fois certain de ton salut, tu es plein de joie ; mais cette joie est le résultat de ton salut et non pas sa cause !

Les conversions volontaires. On ne peut naître non plus par un acte de volonté ! Ce n’est pas le fait d’avoir « pris une décision » qui fait de toi un enfant de Dieu. Ce qui fait de toi un enfant de Dieu, c’est l’enfantement de la part de Dieu ! C’est Dieu qui t’engendre, tu n’y es pour rien. Évidemment, il faut tout de même que tu prennes une décision, sans cela Dieu de son côté n’agira pas ; c’est ta décision qui l’amène à intervenir, qui lui ouvre la porte de ton cœur. Mais encore faut-il qu’il y entre ! Heureusement, puisqu’il est absolument fidèle à sa promesse, tu peux être certain qu’il entrera et quand il sera là, tu le sauras ! Il n’y a pas l’ombre d’un doute lorsque l’Esprit de Dieu vient s’installer dans un cœur humain. Si tu doutes encore, ne cesse pas de supplier Dieu d’agir et de te donner la certitude du salut. Il ne manquera pas de répondre. Mais ne te berce pas d’illusions.

Les conversions intellectuelles. Cette erreur est peut-être encore plus subtile que les autres. Voici quelqu’un qui sait beaucoup de choses. Il a peut-être même une grande connaissance de la Bible. Il peut discuter de toutes sortes de questions théologiques. Il connaît probablement tout le langage évangélique. Il est peut-être même un prédicateur bien connu... Pourtant, ce n’est, dans son cas, que de la théorie ! Il n’en connaît pas la réalité dans son cœur ; sa vie manque de véritables caractéristiques spirituelles. Surtout il manque d’amour. Il y a souvent une racine d’amertume ou d’aigreur dans son âme, qui fait beaucoup de mal ; il y a aussi, très souvent, un esprit d’orgueil qui blesse, qui repousse et qui divise les croyants. Le fruit de l’Esprit est essentiellement l’amour, un amour qui patiente et qui se sacrifie1. Si ce fruit manque, il faut tirer la conclusion que l’Esprit manque aussi.

Ce n’est pas avec son cerveau qu’on devient un enfant de Dieu, pas plus que par sa volonté ou par ses sentiments. Il faut naître, comme disait Jésus, et seul Dieu peut t’engendrer. Cette naissance ne vient pas de toi, elle vient « d’en haut » uniquement.

1 - Galates 5.22 ; 1 Corinthiens 13.4-7 ; Colossiens 3.12-15

Comment être sûr du salut ?

Il y a, en somme, trois moyens par lesquels Dieu te donne la certitude de ton salut. Ces trois font une unité. Tu peux savoir que tu es un enfant de Dieu :

• par le sang de Christ ;
• par la Parole de Dieu qui te le révèle ;
• par le témoignage du Saint-Esprit qui emploie ces deux moyens pour t’assurer du pardon de Dieu.


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