Tu tiens à ce texte : « Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est un » (Deutéronome 6.4). D’accord, mais tiens-le dans son véritable sens ! Si j’en reste à l’interprétation que tu m’en donnes, j’ai peine à comprendre l’enseignement des prophètes.
On lit en effet dans les psaumes : « Toi Dieu, ton Dieu t’a oint » (Psaumes 44.8)[21]. Allons, distingue pour l’intelligence du lecteur, celui qui est oint et celui qui oint ! Montre-moi la nuance entre : « Toi Dieu », et : « Ton Dieu » ; indique-moi de qui vient cette parole et à qui elle s’adresse. Les lignes qui précèdent sous-entendent l’ordre à garder dans la confession de notre foi : « Ton trône, ô Dieu, est établi pour les siècles des siècles ; le sceptre de ta royauté est sceptre de droiture ; tu as aimé la justice et haï l’iniquité. » Ensuite seulement, le psalmiste ajoute : « C’est pourquoi, Toi, Dieu, ton Dieu t’a oint. »
[21] Même interprétation chez Irénée, Adv. haer. III, 6, chez Tert. Adv. Prax., 3 ; Ambroise, de Fide, I, 3.
Le Dieu qui doit régner pour toujours est donc oint par son Dieu, en récompense de son amour pour la justice et de sa haine extrême pour l’iniquité. Une légère nuance de vocabulaire induirait-elle notre intelligence en erreur ? Non, car seule la distinction des personnes est signifiée par les mots : « Toi Dieu », et « Ton Dieu » ; ceux-ci ne suggèrent aucunement une différence de nature. « Ton Dieu » dit en effet, relation à « l’auteur », alors que « Toi Dieu » exprime celui qui procède de « l’auteur ». Car le Fils est Dieu de Dieu : le prophète le reconnaît en mettant les mots dans le même ordre : « Toi Dieu, ton Dieu t’a oint ». Or il n’y a pas de Dieu antérieur au Dieu innascible, car Dieu lui-même s’exprime ainsi : « Soyez-en mes témoins, moi aussi j’en suis témoin, dit le Seigneur, ainsi que mon Serviteur que j’ai choisi : vous saurez, vous croirez et vous comprendrez que je suis, et qu’avant moi il n’y a pas d’autre Dieu, comme il n’y en aura pas après moi » (Ésaïe 43.10).
Voici donc prouvée la dignité de celui qui est sans commencement, et la gloire de celui qui procède de l’Innascible est sauve, puisque : « Toi Dieu, ton Dieu t’a oint ». Le mot : « Ton » se rapporte en effet, à la naissance du Fils, et du reste, ne porte pas préjudice à sa nature divine. Et s’il est son Dieu, c’est parce qu’il est né de Dieu comme Dieu. Mais le fait que le Père soit Dieu n’empêche pas le Fils d’être Dieu. En effet, cette expression : « Toi Dieu, ton Dieu t’a oint », tout en désignant à la fois celui qui est « auteur » et celui qui est engendré du Père, attribue à chacun d’eux l’appellation due à la même nature et à la même majesté, en se servant d’un seul et même mot.
A la vérité, ce texte : « Moi, je suis, et avant moi il n’y a pas d’autre Dieu, comme il n’y en aura pas après moi » pourrait peut-être prêter flanc à une assertion impie selon laquelle le Fils ne serait pas Dieu : puisqu’avant le Dieu qui parle ici, il n’y a pas d’autre Dieu, et qu’il n’y en aura pas non plus après lui.
Considérons l’ensemble du contexte où s’inscrit cette phrase. Dieu lui-même est témoin de cette vérité, mais le Serviteur qu’il a choisi se joint aussi à lui pour témoigner qu’il n’y a pas de Dieu avant lui, et qu’il n’y en aura pas après lui. Certes, Dieu serait un témoin qui se suffirait à lui-même ; mais il unit au témoignage qu’il se rend à lui-même le témoignage du Serviteur[22] qu’il a choisi. Ce double témoignage est donc un témoignage unique : Dieu témoigne qu’il n’y a pas de Dieu avant lui, car tout vient de lui ; qu’il ne doive pas y avoir de Dieu après lui ne signifie pas, en tous cas, qu’une autre personne ne puisse naître de lui. Car déjà le Serviteur Fils se faisait entendre dans le témoignage du Père, déjà ce Fils était dans le peuple où il avait choisi de naître !
[22] Hilaire joue sur le mot « puer » = serviteur et Fils – le mot grec garde le double sens – ; traduit au début par « serviteur », par fidélité à la citation d’Isaïe ; puis par « serviteur Fils », par manière de transition, formule conservée dans la citation de Matthieu 12.18, et une fois simplement par « Fils ».
L’Evangile nous fait entendre la même note : « Voici mon Serviteur Fils que j’ai choisi, mon Bien-aimé, en qui mon âme se complaît » (Matthieu 12.18). C’est donc qu’ « il n’y a pas d’autre Dieu avant moi, comme il n’y en aura pas après moi ». Dieu nous montre ainsi qu’en ce Fils réside l’infini de sa majesté éternelle et immuable, parce qu’il n’y a pas d’autre Dieu que lui, ni avant, ni après. Cependant il inclut son Fils, le Serviteur, dans le témoignage qu’il se rend à lui-même, et lui donne ainsi son nom de Dieu.
Ce n’est pas le seul endroit où Dieu en personne, nous enseigne cette vérité. Il dit en effet au prophète Osée : « Je n’aurai plus de compassion pour la maison d’Israël, mais je serai pour elle un ennemi. Mais j’aurai pitié des enfants de Juda et je les sauverai par le Seigneur, leur Dieu » (Osée 1.6-7). Ici, le Père donne donc clairement le nom de Dieu au Fils en qui il nous a choisis avant tous les siècles. Il l’appelle : « leur Dieu » parce que le Dieu Innascible n’appartient à personne, tandis que Dieu, le Père, nous a donnés en héritage à son Fils. Nous lisons en effet : « Demande-moi, et je te donnerai les nations en héritage » (Psaumes 2.8). Car pour le Dieu de qui viennent toutes choses, il n’y a pas d’autre Dieu qui soit éternel et sans commencement. Quant au Fils, pour lui, Dieu est son Père, car il est Dieu, né de Dieu. Mais pour nous, le Père est Dieu et le Fils est Dieu. Le Père proclame que le Fils est notre Dieu, le Fils nous enseigne que le Père est un Dieu pour nous. Cependant le Père appelle le Fils : « Dieu », c’est-à-dire qu’il lui donne le nom même de sa puissance innascible.
Voilà pour le texte d’Osée.
Comme elle est claire aussi la déclaration que nous fait le Père, par l’intermédiaire d’Isaïe, au sujet de notre Seigneur ! « Ainsi parle le Seigneur Dieu, le Saint d’Israël, qui a fait les choses à venir. Interrogez-moi au sujet de vos fils et de vos filles, et à propos de l’œuvre de mes mains, posez-moi des questions. C’est moi qui ai fait la terre, et qui sur elle, ai placé l’homme ; c’est moi qui ai donné des ordres à tous les astres des cieux, c’est moi qui ai suscité un roi rempli de justice dont toutes les voies sont droites. Lui, il construira ma ville et ramènera mon peuple de sa captivité, sans rançon ni présents, oracle du Seigneur des armées. L’Egypte travaillera pour toi et le trafic des Ethiopiens et des Sabéens passera par toi. Des hommes à la haute stature viendront à toi et seront tes serviteurs ; ils te suivront, chargés de chaînes, ils t’adoreront, ils te prieront ; parce que Dieu est en toi et qu’il n’y a pas d’autre Dieu que toi. Car tu es Dieu et nous l’ignorions, ô Dieu d’Israël, Sauveur ! Ils rougiront de honte et d’infamie tous ceux qui se dresseront contre lui. Ils s’en iront remplis de confusion » (Ésaïe 45.11-16).
Ce texte avancerait-il quelque opinion extravagante ? L’ignorance aurait-elle encore ici quelque recoin où se terrer ? Sinon, la seule issue laissée à l’impiété n’est-elle pas de se reconnaître pour telle ? Dieu, de qui tout provient, qui a tout fait par son commandement, s’attribue l’œuvre de la création, car s’il n’eût commandé, rien n’aurait été fait. Il déclare qu’il a suscité un roi juste. Ce roi construit la cité pour Dieu lui-même, et brise la captivité de son peuple, sans rançon ni présents : c’est par grâce, en effet, que nous sommes tous sauvés.
Puis le texte nous annonce qu’après le travail de l’Egypte, c’est-à-dire après les misères du siècle, et après le trafic des Ethiopiens et des Sabéens, des hommes à la haute stature viendront à lui. Que faut-il entendre par le travail des Egyptiens et le trafic des Ethiopiens et des Sabéens ? Souvenons-nous des mages d’Orient qui viennent adorer le Seigneur et lui offrir leurs présents, et mesurons le travail que représente un si long voyage jusqu’à Bethléem de Juda. La peine que se sont donnés ces princes est figurée par tout ce travail de l’Egypte. Or ces mages, sous les fausses apparences de leurs rites[23], simulaient les opérations de la puissance divine ; aussi rendirent-ils à l’enfant nouveau-né le plus grand honneur qui puisse être rendu en toute époque par une religion impie. Ces Mages apportent comme présents ce qui fait l’objet du trafic des Ethiopiens et des Sabéens : l’or, l’encens et la myrrhe ; un autre prophète nous l’avait prédit en ces termes : « Devant sa face se prosterneront les Ethiopiens, et ses ennemis mordront la poussière. Les rois de Tharsis offriront des présents, les rois d’Arabie et de Saba apporteront des présents, et on lui donnera de l’or d’Arabie » (Psaumes 72.9, 10, 15).
[23] Hilaire les croit adonnés à la divination, comme Justin, Dialogue, 78 ; Origène, Contre Celse, I, 60.
Ainsi le travail de l’Egypte et le « trafic des Ethiopiens et des Sabéens » annoncent-ils les Mages et leurs présents. Le monde est convaincu d’erreur du fait de l’adoration des Mages, tandis que les présents offerts au Seigneur par ceux qui l’adorent, signifient le choix des nations.
Le texte nous parle d’hommes à la haute stature qui viendront vers le Fils et le suivront enchaînés : leur identité ne fait aucun doute. Regarde les Evangiles : Pierre se ceint pour suivre son Seigneur (Jean 21.7). Considère les Apôtres : Paul, le serviteur du Christ se glorifie dans ses chaînes (Philémon 1). Voyons si « le prisonnier du Christ Jésus » (Philémon 1 ; Éphésiens 3.1) ne confirmerait pas les prophéties de Dieu concernant son Fils : « Ils te prieront parce que Dieu est en toi » (Ésaïe 45.14). Reconnais ici la parole de l’Apôtre et donne-lui tout son sens : « Dieu était dans le Christ, se réconciliant le monde » (2 Corinthiens 5.19). La prophétie continue : « Il n’y a pas de Dieu en dehors de toi », et le même Apôtre s’empresse de reprendre ces paroles : « Il n’y a qu’un seul Seigneur Jésus-Christ, par qui tout existe » (1 Corinthiens 8.6). Il ne saurait y en avoir un autre que lui, puisqu’il est unique. En troisième lieu, le texte souligne encore : « Tu es Dieu et nous l’ignorions ». Et voici l’affirmation de l’ancien persécuteur de l’Eglise : « Les patriarches de qui est issu le Christ, lequel est Dieu, au-dessus de tout » (Romains 9.5). Telle est la prédication de ces hommes enchaînés ! Oui, ce sont bien des hommes à la haute stature ! Assis sur douze trônes, ils jugeront les tribus d’Israël ; auparavant, ils suivront leur Seigneur, lui rendant témoignage par leur enseignement et leurs souffrances.
Dieu est donc en Dieu, et il est Dieu, celui en qui Dieu réside. Et comment « n’y aurait-il pas d’autre Dieu que toi », puisque Dieu est en lui-même ? Toi, l’hérétique, pour alléguer que Dieu le Père est solitaire, tu mets la main sur cette citation : « Il n’y a pas d’autre Dieu que moi » (Ésaïe 45.14). Or ici, Dieu le Père déclare : « Il n’y a pas d’autre Dieu que toi » (Deutéronome 32.39) ! Comment m’expliqueras-tu ce texte, si par cette phrase : « Il n’y a pas d’autre Dieu que moi », tu prétends affirmer que le Fils de Dieu n’est pas vrai Dieu ? A qui donc Dieu le Père aurait-il dit : « Il n’y a pas d’autre Dieu que toi » ? Non, ici, il ne t’est pas permis de supposer une personne seule. En effet, le Seigneur a dit au Roi qu’il a suscité, par la bouche de ces hommes à la haute stature qui l’adorent et le prient : « Dieu est en toi ». Un tel contexte rend inadmissible l’idée d’un Dieu solitaire. « En toi » implique une personne présente, à qui Dieu tient ce langage.
Ce qui fait suite à « Dieu est en toi » nous laisse entrevoir non seulement celui qui est présent, mais aussi celui qui demeure en cette personne présente. Le texte distingue celui qui habite, de celui dans lequel il habite ; toutefois cette distinction s’applique seulement à la personne, mais non à la nature : en effet Dieu est en lui, et il est Dieu celui en qui Dieu habite. Dieu n’a pas pour demeure une nature différente et étrangère à la sienne, mais il habite en lui-même et en celui qui est né de lui. Dieu est en Dieu, parce que Dieu procède de Dieu. Car « Tu es Dieu, et nous l’ignorions, ô Dieu d’Israël, Sauveur » (Ésaïe 45.15).
Le verset suivant te convaincra d’erreur, toi qui nies que Dieu est en Dieu. Il affirme en effet : « Ils rougiront de honte et d’infamie tous ceux qui se dresseront contre lui, et ils s’en iront remplis de confusion » (Ésaïe 45.16). Cette sentence de Dieu est dirigée contre ton impiété. Car tu te dresses contre le Christ, et ici, cette déclaration de la bouche du Père est pour toi un reproche. Car celui dont tu nies la divinité est Dieu ; tu la nies sous prétexte de rendre honneur au Dieu (Père) qui dit : « Il n’y pas d’autre Dieu que moi ». Sois rempli de confusion et rougis de honte ! Le Dieu innascible n’a que faire de l’honneur que tu prétends lui rendre. Il ne te demande pas de lui attribuer cette gloire d’être un Dieu solitaire, il ne désire pas voir cette pensée dans ton intelligence, toi qui refuses de reconnaître la divinité de celui qu’il engendre, par suite de ce texte : « Il n’y a pas d’autre Dieu que moi ».
Et c’est bien pour que tu ne tournes pas ces mots en un sens particulier qui te permette de réfuter la divinité du Fils, que le Père comble de gloire son Fils Unique, en lui accordant l’honneur de la divinité parfaite par cette affirmation : « Il n’y a pas d’autre Dieu que toi ».
Voyons ! Pourquoi mettre des différences là où il n’y en a pas ? Pourquoi diviser ce qui est uni ? C’est le propre du Fils de Dieu qu’il n’y ait pas d’autre Dieu que lui. C’est le propre de Dieu le Père qu’aucun Dieu n’existe sans lui. Parle de Dieu en empruntant les paroles de Dieu ! Que telle soit ta profession de foi et prie ainsi ton Roi : « Puisque Dieu est en toi et qu’il n’y a pas d’autre Dieu que toi. Car tu es Dieu et nous l’ignorions, Dieu d’Israël, Sauveur ! » Par l’honneur que tu rends au Fils, tu ne fais pas affront au Père, la formulation de ta foi ne lui est pas une offense, mais t’opposer à lui, c’est à coup sûr, pour toi parfaite honte et confusion.
Arrête donc ta pensée sur les paroles de Dieu, discerne les témoignages donnés par Dieu et rejette tout ce qui prête à malentendu. Car si tu nies que le Fils de Dieu soit Dieu, tu n’honores pas le Père par la gloire que tu prétends lui rendre en tant que Dieu solitaire, mais tu le méprises en n’accordant pas au Fils l’honneur qui lui est dû. Reconnais le Dieu Innascible par une foi pleine de vénération et proclame qu’il n’y a pas d’autre Dieu que lui. Affirme ta croyance au Dieu, Fils Unique : Dieu ne serait pas sans lui.
Tu viens d’entendre l’enseignement de Moïse et d’Isaïe ; écoute encore un troisième témoin de cette même vérité : Jérémie nous enseigne : « C’est lui qui est notre Dieu, et nul ne lui est comparable. Il a scruté la voie entière de la science et il l’a donnée à Jacob son serviteur, et à Israël, son Bien-Aimé. Après cela, il est apparu sur la terre et il a conversé avec les hommes » (Baruch 3.36-38). Plus haut, il avait déjà dit : « Il est homme, et qui le connaîtra ? » (Jérémie 17.9 LXX). Tu le vois donc : Dieu est apparu sur la terre et il a conversé avec les hommes ; alors, je te le demande, comment entendre cette parole : « Dieu, personne ne l’a jamais vu, si ce n’est le Fils Unique, qui est dans le sein du Père « (Jean 1.18) ? Jérémie n’avait-il pas prédit un Dieu qui apparaîtrait sur la terre et qui converserait avec les hommes ? Or le Père n’est visible que pour le Fils. Qui donc est-il ce Dieu qui apparaît et converse avec les hommes ? Assurément, ce doit être notre Dieu, un Dieu visible pour l’homme, un Dieu palpable !
Comprends le langage du prophète : « Nul ne lui est comparable ». Tu me demandes : comment peut-il en être ainsi ? Ecoute ce qui suit ; car il ne te faudrait pas prétexter du passage : « Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est un » (Deutéronome 6.4), pour estimer que ce texte aussi s’applique en propre au Père. Ici, tout se tient : « Nul ne lui est comparable. Il a scruté la voie entière de la science, et il l’a donnée à Jacob, son serviteur, et à Israël, son Bien-Aimé. Après cela, il est apparu sur la terre, et il a conversé avec les hommes » (Barich 3.36-38).
« Il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Timothée 2.5), un être Dieu et homme : il est médiateur à la fois pour nous avoir proposé la Loi et pour avoir assumé notre corps. Aucun autre ne lui est donc comparable. Car il est le seul qui soit né de Dieu comme Dieu, lui par qui tout fut créé, au ciel et sur terre, lui par qui ont été faits les temps et les siècles. Tout ce qui existe subsiste par son action. C’est donc lui, et lui seul, qui donne des ordres à Abraham, parle à Moïse, rend témoignage à Israël, habite dans les prophètes, naît du Saint-Esprit par la Vierge, cloue au bois de sa Passion les puissances ennemies qui luttent contre nous, détruit la mort en pénétrant dans le séjour des morts, confirme par sa résurrection l’espérance de notre foi, et, par la gloire que revêt son corps, rend illusoire la corruption de la chair humaine.
Voilà donc pourquoi personne d’autre ne lui est comparable. Car tel est bien le propre du seul Fils Unique. Seul il est né de Dieu dans ce bonheur particulier attaché aux merveilles qui lui sont propres. Aucun autre Dieu ne lui est comparable. Il n’est pas d’une autre substance que Dieu, mais il est Dieu, né de Dieu. Aussi n’y a-t-il en lui rien d’inédit, rien d’étranger à la divinité, ce n’est pas un nouveau Dieu. Voilà pourquoi Israël s’entend dire que son Dieu est un et qu’aucun autre Dieu n’est comparable au Dieu, Fils de Dieu, puisqu’il est Dieu. Dieu le Père et Dieu le Fils sont parfaitement un, non par unicité de personne[24], mais par l’unité de substance : le prophète ne nous permet pas de comparer Dieu, le Fils de Dieu, à un autre Dieu, étant donné qu’il est Dieu.
[24] Le mot « unio », terme Quasi technique chez Hilaire pour désigner le sabellianisme sous toutes ses formes, désigne « l’unité de Dieu » en relation avec les personnes, et le mot « unitas » désigne l’unité de nature en Dieu.