Cette parabole est appelée quelquefois la parabole de la Robe de noces. Ce titre n’est pas exact, car la robe n’est qu’un épisode, après tout ; celui que nous avons adopté distingue très bien notre parabole du grand souper dont parle saint Luc (Luc 14.16). Il est nécessaire de maintenir cette distinction, car il s’agit de deux récits différents, et non pas de deux versions différentes d’un même récit. Ils furent prononcés à des moments différents, l’un dans un repas, l’autre dans le temple. Ils n’appartiennent pas à la même époque du ministère de notre Seigneur. Lorsque la parabole du Souper fut prononcée, les pharisiens n’avaient pas encore rompu ouvertement avec le Seigneur, car Jésus se trouvait alors dans la maison d’un pharisien, pour manger du pain (Luc 14.1). Mais, lorsqu’il prononça la parabole des Noces, l’inimitié des pharisiens était arrivée à son comble, et ils songeaient à se débarrasser de Lui (Jean 11.47-53). On pouvait encore espérer que les chefs du peuple seraient amenés à l’obéissance de la vérité, tandis que maintenant ils sont bien décidés à rejeter le conseil de Dieu. Dans l’une de ces paraboles, les invités cherchent à s’excuser ; dans l’autre, ils repoussent absolument le message qui leur est envoyé, et tuent même les messagers. L’une nous parle d’un repas ordinaire, l’autre de la célébration des noces du fils d’un roi, ce qui aggrave d’autant plus la faute des coupables. Aussi, leur ville est brûlée, et ils périssent tous. Dieu, se détournant d’une portion du peuple juif, des prêtres et des pharisiens, offrira les privilèges qu’ils dédaignent à une autre portion du même peuple, aux péagers et aux femmes de mauvaise vie, c’est ce qui est annoncé dans la parabole du Souper ; ici, le royaume sera ôté au peuple juif tout entier, qui s’en est montré indigne. Strauss, dans sa Vie de Jésus, ne tenant aucun compte de ces différences, affirme que saint Luc est le seul qui rapporte exactement les paroles du Christ, tandis que saint Matthieu les aurait associées à des éléments étrangers, à des réminiscences de la parabole des Vignerons. Mais son opinion est inadmissible.
Dans notre parabole, le Seigneur révèle toute la dignité de sa personne ; Il est le Fils d’un Roi. C’est donc une parabole du royaume.
« Et Jésus, prenant la parole, leur parla encore en paraboles ». Il va répondre aux efforts faits par les pharisiens pour s’emparer de lui. « Le royaume des cieux est comparé à un roi qui fit des noces pour son filsm. » Les prophètes de l’Ancienne Alliance représentent souvent les bienfaits de la Nouvelle Alliance, de la communion avec Dieu, sous l’image d’un festin et d’un mariage (Ésaïe 25.6 ; Cantique des cantiques 5.1 ; Osée 2.19 ; Matthieu 9.15 ; Jean 3.29 ; Éphésiens 5.32). A mesure que la parabole se développe, les circonstances du mariage sont reléguées à l’arrière-plan, et il ne s’agit plus que de la conduite des invités. Les juifs pensaient que le royaume du Messie serait introduit par un grand festin ; le Seigneur lui-même emploie ailleurs la même image. La première venue est le temps des fiançailles, la seconde sera celui des noces. Il s’agit donc ici plutôt des fiançailles.
m – Ces noces duraient ordinairement de sept à quinze jours (Genèse 29.27) ; ces chiffres avaient une valeur symbolique.
« Et il envoya ses serviteurs appeler ceux qui avaient été invités aux noces » (Proverbes 9.3-5). Cet appel des invités est encore maintenant en usage dans l’Orient. L’invitation de la parabole a eu lieu longtemps auparavant ; le royaume a été préparé dans les siècles antérieurs, dès la fondation de la théocratie ; puis, l’invitation fut répétée par chaque prophète. Mais l’établissement du royaume n’eut lieu qu’à l’époque de Jean-Baptiste ; alors se fit entendre aussi l’appel à ceux qui étaient invités depuis longtemps (Luc 3.4, 6). La première troupe de serviteurs représente Jean-Baptiste (Matthieu 3.2), les Douze, dans leur première mission pendant la vie terrestre du Sauveur (Matthieu 10), et les soixante-dix disciples (Luc 10). D’après la parabole, ce n’est pas le fils du roi qui appelle lui-même les invités ; une telle condescendance aurait semblé peu naturelle ; seul le Fils du Roi céleste a pu s’abaisser à ce point. Il n’est pas dit que les premiers envoyés fussent maltraités ; ils rencontrèrent une indifférence générale, mais rien de plus. Nous ne voyons pas que les apôtres et les disciples aient été en butte à aucune hostilité, pendant la vie terrestre du Seigneur, ni, au début, le Seigneur lui-mêmen. Seulement « ils ne voulurent point aller ».
n – On ne saurait alléguer la mort de Jean-Baptiste, car celui qui l’ordonna était Iduméen, par conséquent il n’était pas du nombre des invités : de plus, Jean-Baptiste mourut pour avoir prêché la Loi, non l’Évangile.
« Il envoya encore d’autres serviteurs, en disant : Dites à ceux qui ont été invités : Voici, j’ai préparé mon dîner ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués (ce qui montre que la fête était proche), et toutes choses sont préparées ; venez aux noces. » Le roi pense que les premiers invités ne sont pas venus à cause de quelque malentendu, ne se doutant peut-être pas que tout était prêt ; au lieu de les punir, il se contente d’ordonner aux nouveaux serviteur, qu’il envoie d’inviter d’une manière plus pressante. Ce second appel représente l’invitation adressée au peuple juif après la résurrection et l’ascension. Il est vrai que la parabole ne dit rien de ces événements, non plus que de la crucifixion, mais ce n’était pas son but. Le fait qu’il est question « d’autres serviteurs », tandis que plusieurs des serviteurs précédents se retrouvent parmi eux, ne doit pas nous embarrasser ; quelques-uns étaient nouveaux : Paul, Etienne et Barnabas, qui ne furent ajoutés à l’Eglise qu’après la Pentecôte. Ceux qui avaient été envoyés auparavant allèrent, dans le moment qui nous occupe, remplis du saint Esprit, prêchant un royaume, non pas à venir, mais déjà venu : « Jésus et la résurrection », annonçant que toutes choses étaient préparées, que « l’accomplissement des temps » était venu, que la grâce de Dieu avait ôté tous les obstacles qui s’opposaient à l’entrée dans le royaume (Actes 2.38-39 ; 3.19-26 ; 4.12, 17, 30) ; que le sang qu’ils avaient répandu, purifiait de tout péché, et donnait un libre accès auprès de Dieu.
Les nouveaux serviteurs du roi rencontrent une hostilité prononcée. Les invités, en entendant le nouveau message, « n’en tinrent compte et s’en allèrent l’un à son champ et l’autre à son trafic. » Doit-on établir une distinction parmi ces divers invités ? Y en avait-il une dans la pensée de Jésus ? L’un était propriétaire foncier, l’autre marchand. Le premier voulait jouir de ses biens, le second cherchait à acquérir. Le premier représente les riches (1 Timothée 6.17), le second, ceux qui désirent la richesse (1 Timothée 6.9). Cela s’accorde avec Luc 14.18-19 ; tous deux encourent la sentence de réprobation que nous lisons dans Luc 6.25.
Mais ils ne sont pas les pires ; « les autres, ayant saisi les serviteurs, les outragèrent et les tuèrent. » L’opposition à la vérité n’est pas seulement naturelle, mais aussi diabolique. Parmi ceux qui repoussent l’Évangile de la grâce de Dieu, il en est qui, sans précisément le haïr, lui préfèrent le monde. Mais d’autres se soulèvent contre lui parce qu’il blesse leur orgueil, leur propre justice. Le livre des Actes est un excellent commentaire de notre passage. Ceux qui auraient dû recevoir avec de grands honneurs les ambassadeurs du Grand Roi, « les outragèrent » (Actes 5.40 ; 14.5 ; 16.23 ; 17.5 ; 21.30 ; 23.2 ; 1 Thessaloniciens 2.15) et « les tuèrento » (Actes 7.58 ; 12.2 ; Matthieu 23.34 ; Jean 16.2).
o – 2 Chroniques 30.10 est un parallèle intéressant de notre passage.
« Mais quand le roi l’eut appris, il se mit en colère. » L’insulte était dirigée contre lui, en tant qu’elle s’adressait à ses envoyés. Aussi, elle est châtiée ; le roi « envoya ses armées, » Dieu envoya les anges de sa vengeance, les armées du ciel (Apocalypse 19.14 ; Matthieu 26.53 ; 1 Rois 22.19) ou les armées romaines, car les impies eux-mêmes peuvent lui servir d’instruments pour châtier son peuple. Lorsque Dieu exerce ses jugements, les ministres terrestres de ces jugements et les armées invisibles des cieux sont ligués ensemble. L’œil de la chair ne voit que les premiers, l’œil spirituel découvre les autres. « Et il fit périr ces meurtriers et brûla leur ville » (Matthieu 23.38 ; Exode 32.7). Cette ville est Jérusalem, centre de la théocratie juive (Matthieu 23.34 ; Luc 13.33-34 ; Actes 7.39 ; 12.2-3) ; elle fut déjà brûlée autrefois (2 Rois 25.9 ; Jérémie 39.8) ; maintenant, elle est encore menacée du même sort.
« Alors il dit à ses serviteurs : Les noces sont bien prêtes, mais ceux qui avaient été invités n’en étaient pas dignes. » L’Écriture reconnaît une certaine dignité chez l’homme (Matthieu 10.10-11 ; Luc 20.35 ; 21.36 ; 2 Thessaloniciens 1.5, 11 ; Apocalypse 3.4) ; cette dignité consiste dans le sentiment de son indignité ; l’indignité de ceux que les invités représentent consiste dans l’absence complète d’une soif de la vraie justice, qui les aurait amenés au festin des noces de l’Agneau. « Allez donc dans les carrefours, et tous ceux que vous trouverez, invitez-les aux noces. » Le passage de Matthieu 8.11-12 contient notre parabole en germe. Nous y voyons, comme ici, l’appel des gentils, à cause de la rébellion des juifs. « Et ces serviteurs, étant sortis sur les chemins, assemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, et méchants et bons. » Pour obéir à cet ordre, « Philippe alla à Samarie et y prêcha Christ » (Actes 8.5) ; Pierre baptisa Corneille et sa famille (Actes 10.48) ; Paul dit aux habitants d’Athènes que Dieu commandait à tous de se repentir (Actes 17.30). Ils assemblèrent « méchants et bons ; » le mot « méchants » ne signifie pas qu’ils n’eussent pas de robe de noces ; plusieurs étaient « méchants » lorsqu’ils furent invités (1 Corinthiens 6.9-11) et passèrent au rang des « bons » en acceptant l’invitation. Il ne faut pas trop presser les termes ici, car, à proprement parler, « il n’y a qu’un seul Bon, qui est Dieu, » et il peut rendre tels ceux qui s’unissent à Lui et participent de son Esprit. Il y a bien des diversités dans la vie morale, même avant l’obéissance à l’appel de l’Évangile. Il y a des « bons » tels que Nathanaël, Corneille et ces gentils qui sont loi à eux-mêmes (Romains 2.14 ; Luc 8.15) ; il y a aussi des « méchants » chez lesquels la puissance du péché est plus grande (Psaumes 58.3-5). Le royaume des cieux est semblable à un filet qui ramasse toutes sortes de choses, ceux qui ont recherché une justice selon la loi (Romains 2.14-15) et ceux qui « étaient morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. » « Et la salle des noces fut remplie de personnes qui étaient à table. »
Jusqu’ici la parabole nous a montré le crime et le châtiment de ceux qui repoussent ouvertement l’Évangile de la grâce de Dieu, comme l’ont fait la masse du peuple juif, avec ses chefs. Nous arrivons maintenant à un avertissement sérieux adressé à ceux qui ont trouvé place dans le royaume. Outre la séparation qui aura lieu entre ceux qui viennent et ceux qui refusent de venir, on verra quels sont, parmi les premiers, ceux qui marchent d’une manière digne de leur vocation et ceux qui sont inconséquents ; il y aura par là même une seconde séparation. Nous avons déjà vu, à propos de la parabole de l’Ivraie, que ce n’est pas aux serviteurs à opérer cette séparation, et comment le pourraient-ils puisque la robe de noces est celle du cœur ? Celui-là seul qui connaît tous les secrets des cœurs peut séparer les justes des injustes (Hébreux 4.13). « Il a son van dans sa main, et il purifiera parfaitement son aire. »
« Or le roi étant entré pour voir ceux qui étaient à table, y vit un homme qui n’était pas revêtu d’une robe de noces. » Il convenait à la dignité du roi de ne pas se montrer avant que tous fussent réunis et assis. Il aperçut immédiatement quelqu’un qui n’aurait pas dû s’asseoir au festin royal. C’est à lui qu’il s’adresse, mais avec douceur, car il exprimera peut-être sa manière d’agir : « Ami, comment es-tu entré ici sans avoir une robe de noces ? » Mais il ne put donner aucune explication : « Il eut la bouche fermée. » Pourquoi ne répond-il pas qu’il n’avait pu s’en procurer une, ayant été amené directement du carrefour ? qu’il était trop pauvre pour acheter une telle robe ? Quelques interprètes pensent qu’une excuse semblable aurait été inutile. Ils nous rappellent qu’en Orient, lorsque les rois célèbrent une fête, ils offrent à leurs hôtes des vêtements de prix ; c’est pourquoi l’invité de la parabole ne pouvait s’en passer ; il fallait donc qu’il eût refusé la robe quand on la lui présentait, témoignant ainsi son mépris pour le roi.
Nous savons qu’en effet des vêtements étaient souvent offerts, en Orient, pour un repas de noces, ce qui aurait rendu la parabole intelligible pour les auditeurs de Jésus. Les princes orientaux ont d’immenses provisions de vêtements précieuxp (Job 27.16 ; Ésaïe 3.6 ; Jacques 5.2 ; 2 Rois 10.22). Nous savons, en outre, qu’on donnait souvent des habits magnifiques pour témoigner une faveur spéciale (Genèse 41.42 ; 1 Samuel 18.4 ; 2 Rois 5.5 ; 10.22 ; Daniel 5.7 ; Esther 6.8 ; 8.15) ; ces présents étaient faits surtout à l’occasion d’un mariage. On ne pouvait les refuser sans insulter le donateur. L’invité de la parabole se rendait coupable d’une insulte envers le roi non seulement en refusant la robe, mais encore parce qu’il se contentait de ses mauvais habits ordinaires.
p – Chardin dit, dans son Voyage en Perse : « On ne saurait croire la dépense que fait le roi de Perse pour ces présents-là. Le nombre des habits qu’il donne est infini. On les tient dans des magasins séparés, par assortiment. »
Plus l’occasion est solennelle, plus l’offense est grave. « Il eut la bouche fermée, » n’ayant aucune excuse à donner. Il se condamna ainsi lui-même, et sa sentence fut immédiatement prononcée. Plusieurs questions se présentent à propos du sens spirituel de notre passage. Tout d’abord, à quel moment le grand Roi apparaît-il pour « voir les invités ? » Dans un sens, il les voit continuellement ; le cœur de chacun est sans cesse à découvert devant Lui. Cependant la séparation définitive n’aura lieu qu’au jour du jugement final. Celui « qui n’avait pas une robe de noces » représente-t-il un individu ou plusieurs ? On a supposé qu’il fallait voir ici Judas Iscarioth ; c’est une erreur. D’autres, appartenant à l’école historico-prophétique, tels que Vitringa et Cocceius, voient dans cet invité l’homme de péché, c’est-à-dire le pape. Il est peu probable qu’il s’agisse ici d’un individu isolé, mais plutôt d’un grand nombre ; les mots : « Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » indiquent qu’une grande séparation a eu lieu. Un appel est fait ici à la conscience de chacun ; au jour du jugement, personne n’échappera aux regards du Juge.
Les fidèles forment un seul corps, sous une seule tête, qui est Christ ; les méchants forment également un seul corps, dirigé par Satan. La Babylone mystique est une seule ville, comme la Jérusalem mystique. Il y a un royaume des ténèbres (Matthieu 12.25-26) et un royaume de Dieu. On s’est demandé souvent ce qu’il faut entendre par la « robe de noces ? » Est-ce la foi ? ou la charité ? ou toutes deux ? C’était, en tout cas, une chose indispensable ; les théologiens catholiques y voient la charité. Si l’on doit restreindre le sens des mots « robe de noces, » il vaut mieux y voir la foi que la charité. Mais ce qui manquait à l’invité c’était la justice, dont la racine est la foi et la fleur la charité. Il n’avait pas « revêtu Christ, » ce qui indique la foi et la charité, la foi revêtant la robe, et la charité ou la sainteté étant la robe elle-même. Par la foi, nous reconnaissons une justice hors de nous et au-dessus de nous, justice qui est en Christ, appelé pour cette raison : l’Éternel notre Justice. Nous nous approprions cette justice par la foi, nous en sommes revêtus, elle devient notre vêtementq.
q – Cette image est répandue dans toute l’Écriture : Romains 13.14 ; Colossiens 3.10 ; Éphésiens 4.22 ; Éphésiens 6.13-16 ; Galates 3.27 ; Apocalypse 3.5 ; 4.4 ; 6.11 ; 7.9.
Il s’agit donc de la justice, dans son sens le plus large, ornement de l’homme nouveau et spirituel ; elle comprend la foi, sans laquelle il est impossible d’être agréable à Dieu (Hébreux 11.6), et la sainteté sans laquelle nul ne le verra (Hébreux 12.14) ou ne le verra que pour la mort. Soit que nous considérions l’invité de la parabole comme un propre juste, plein de confiance en lui-même, ou comme un pécheur qui, malgré sa profession chrétienne et les privilèges dont il jouit, marche toujours selon la chair, nous pouvons dire qu’il rejette la vraie robe du cœur : il méprise la grâce, s’estimant assez juste en lui-même, dans la chair, pour oser paraître en la présence de Dieu (Proverbes 16.2). Mais le temps vient où il reconnaîtra qu’il a besoin d’un autre vêtement pour son âme et que le sien propre est trop étroit pour le recouvrir. Malheur à lui si, comme l’invité de la parabole, il ne s’aperçoit que trop tard de sa nudité et de sa honte. La lumière de Dieu lui révélera un jour les choses cachées de son cœur, tout ce mal qu’il a méconnu volontairement. Alors il aura aussi « la bouche fermée » (Genèse 3.12-13 ; Jacques 1.13 ; 1 Samuel 15.21).
« Le roi dit aux serviteurs, » c’est-à-dire aux anges, qui « recueilleront hors du royaume tous les scandales et ceux qui pratiquent l’iniquité » (Matthieu 13.41, 49 ; Luc 19.24) : « Liez-lui les pieds et les mains ; » ces paroles expriment l’impuissance absolue à laquelle sera réduit quiconque se révolte contre Dieu (Zacharie 5.8). Aucune résistance ne sera possible, ni aucun moyen d’échapper (Actes 21.11 ; 2 Samuel 3.34). « Emportez-le » indique l’exclusion du pécheur de l’Église triomphante dans le ciel (Matthieu 13.48 ; 2 Thessaloniciens 1.9). Non seulement il perdra ce bien, mais encore il sera plongé dans le mal. Ceux qui exécutent la sentence le « jetteront dans les ténèbres de dehors. » Cette parole est prononcée trois fois dans l’évangile de saint Matthieu (Matthieu 8.12 ; 25.30). Dans le palais du roi, tout est lumière et joie ; au dehors : la désolation, les ténèbres et le froid. La lumière est l’élément du royaume, tout ce qui est en dehors est ténèbres. « Là seront les pleurs et les grincements de dents » (Sophonie 1.7-8).
Jésus-Christ conclut par ces paroles solennelles : « car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » (1 Corinthiens 9.24). Ces paroles s’appliquent à d’autres encore qu’à cet hôte indigne, à ceux qui refusèrent l’invitation et dont la ville fut détruite. Elles s’adressent à tous ceux qui méprisent les bienfaits de l’Alliance. Elles s’accomplirent dans l’histoire du peuple d’Israël, « appelé » au royaume, et qui pourtant ne fut pas « élu » (Nombres 14.22-30 ; 1 Corinthiens 10.1-10 ; Hébreux 3.7-9 ; Jude 1.5). Elles s’accomplirent aussi à l’égard de l’armée de Gédéon ; tous étaient « appelés, » mais trois cents furent seuls trouvés dignes et participèrent aux fruits de la victoire (Juges 7).