Le récit du martyre de Polycarpe se présente à nous sous la forme d’une lettre circulaire adressée par l’église de Smyrne à l’église de Philomélium « et à toutes les chrétientés du monde appartenant à la sainte Église universelle. »
L’auteur de la lettre, celui qui fut chargé de la rédiger au nom de la communauté tout entière, semble avoir été un certain Marcion ou Marcianus (20.1), peut-être le même Marcianus auquel plus tard Irenée dédia l’un de ses traités. Le scribe qui la transcrivit s’appelait Évareste (20.2). Les Philoméliens étaient priés de faire passer cette lettre, après en avoir pris connaissance, aux frères plus éloignés (20.1).
Une persécution, provoquée par le zèle indiscret d’un Phrygien nommé Quintus, qui était allé spontanément se dénoncer lui-même comme chrétien, pour apostasier d’ailleurs aussitôt après, avait fait à Smyrne douze victimes, dont la dernière fut l’évêque de cette ville, Polycarpe, célèbre dans toute l’Asie chrétienne. A cette nouvelle, l’église de Philomélium avait exprimé à celle de Smyrne le désir d’avoir une histoire détaillée de ces événements. Remettant les détails à plus tard, les Smyrniotes firent rédiger par Marcion un récit sommaire des glorieux combats dont leur stade avait été le théâtre, et c’est ce récit sommaire qui est l’objet de la lettre que nous possédons : récit sommaire, sans doute, en ce qui concerne les onze premiers martyrs, mais si détaillé sur Polycarpe, que nous ne voyons pas très bien ce qu’on eût pu y ajouter.