Homilétique

Règles qui doivent présider au choix des textes.

Ces choses étant bien entendues, nous avons à dire les règles qui doivent présider au choix des textes. La première est aussi précise qu’absolue : Le texte doit être tiré de la Parole de Dieu. – Si quelqu’un parle, qu’il parle selon les oracles de Dieu. (1 Pierre 4.11)

Nécessité d’étudier les textes dans l’original

Nous avons l’air de dire une chose oiseuse, mais nous n’avons pas dit : « Le texte doit être tiré de la Bible » ; c’est là ce qui serait oiseux. Or, cette Bible, traduite par Ostervald, Martin ou tel autre, n’est la Parole de Dieu que sous bénéfice d’inventaire.

1. D’après ce que nous venons de dire, les textes pris dans les livres apocryphes sont exclus de notre choix.

2. Pouvons-nous prendre pour texte un passage que la critique rejette ou qu’elle rend considérablement suspect ? [Il en est de très beaux, de très évangéliques ; mais s’ils sont évidemment interpolés, ou très fortement suspects, il faut les rejeter. Les passages de cette classe sont peu nombreux. Jean 8.1-11 et 1 Jean 5.7, peuvent servir d’exemples.]

3. Pouvons-nous prendre pour texte la traduction défectueuse d’un passage de la Bible ? – [Non ; ce serait ériger les traducteurs en prophètes, en hommes inspirés. Nos textes doivent être pris dans l’original, et si la version en usage en a altéré le sens, il faut qu’elle soit rectifiée. Ce procédé causera quelque surprise s’il s’agit d’un passage très connu ; mais le scandale est déjà donné par la divergence des traductions en usage. Il est donc très important, nous le répétons, d’étudier le texte dans l’original. Dans le doute, il faudra s’abstenir, et dans tous les cas user de ménagements ; mais on ne pourra se dispenser, sans toutefois introduire dans la chaire des discussions qui n’y doivent pas trouver place, de rétablir le vrai sens dans l’exorde du discours, par exemple, ou dans les abords du sujet. Citons ici quelques exemples de variantes ou de traductions fautives :

w – Συντεμνω, décerno, definio ; résoudre.

Il est en vérité impardonnable, (dit De Wette), que plusieurs prédicateurs s’en tiennent purement et simplement à la version de Luther, si souvent fautive, surtout dans l’Ancien Testament, et qu’ils prêchent ainsi sur une prétendue pensée biblique qui ne se trouve nullement dans le texte original. Un lecteur de ma traduction m’exprima un jour son étonnement de n’y pas retrouver un texte sur lequel il venait d’entendre un sermon qui l’avait fort édifié. Il s’agissait du passage d’Esaïe 28.19 : « Les épreuves enseignent à prendre garde à la parole. » On sait que le texte original ne renferme ici aucune pensée qui ait la moindre analogie avec celle-là.

De Wette traduit lui-même : « C’est une terreur déjà d’en entendre le bruit. » Ostervald dit : « Dès qu’on entendra le bruit, il n’y aura que trouble. » – De Wette corrige aussi Luther sur Jean 14.1, qu’il traduit : « Que votre cœur ne se trouble point ; confiez-vous en Dieu et confiez-vous en moi ; » tandis qu’il y a dans Luther : « Si vous croyez en Dieu, vous croyez aussi en moi. »

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