Théophile était originaire de la Syrie voisine de la Mésopotamie. Né dans le paganisme, il se convertit par la méditation des Écritures, et succéda, vers l’an 169, à l’évêque d’Antioche Cornélius. Eusèbe met la fin de son épiscopat en 177 ; mais il faut très probablement abaisser cette date jusqu’en 182 ou 183, les livres à Autolycus n’ayant été achevés qu’après la mort de Marc Aurèle (17 mars 180).
Théophile avait reçu une éducation grecque : il paraît cependant avoir eu quelque connaissance de l’hébreu. Inférieur à Justin et à Athénagore en profondeur philosophique, il leur est supérieur en culture littéraire étendue et variée. Sa manière est vive, imagée, originale ; son style est élégant et orné. Il avait beaucoup lu, mais ses lectures n’avaient étouffé en lui ni la réflexion ni les vues personnelles.
Indépendamment de l’apologie à Autolycus dont il va être question, Théophile avait écrit un ouvrage en deux livres au moins sur les origines de l’homme d’après la Bible et la mythologie (Cf. Ad Autolyc, 2.28,30-31 ; 3.3,19). Eusèbe lui attribue de plus un ouvrage contre l’hérésie d’Hermogène, un ouvrage contre Marcion et quelques livres destinés à l’instruction et à l’édification des fidèles (H. E., 4.24). A son tour, saint Jérôme Vir. ill., 25) mentionne de lui un commentaire sur les Proverbes, et des commentaires sur l’Évangile. De ces travaux il ne reste plus que les fragments des commentaires cités par saint Jérôme.
Mais nous avons en entier les trois livres A Autolycus. Autolycus était un païen instruit, qui occupait, ce semble, quelque magistrature. Les trois Discours (λόγοι) que Théophile lui adressa ne sont pas, à proprement parler, les trois parties d’un même ouvrage : ce sont trois écrits distincts que l’on a réunis, parce que, destinés à la même personne et traitant, au fond, du même sujet, ils offrent, de fait, une suite.
Le premier (14 chapitres) répond à trois propos d’Autolycus qui avait demandé à Théophile de lui montrer son Dieu, avait vanté les dieux du paganisme et s’était moqué du nom chrétien. Théophile traite de la nature du vrai Dieu qui est invisible aux yeux du corps, mais dont nous pouvons connaître l’existence, et que nous contemplerons en lui-même quand nous serons revêtus d’incorruptibilité. Il flétrit les dieux du paganisme et relève la dignité des chrétiens.
Le second livre (38 chapitres) reprend, pour les développer, les idées du premier. Dans une première partie (2-8), l’auteur met à nu l’insuffisance et la puérilité des enseignements païens. Dans la seconde (9-38), il oppose à ces enseignements ceux des Livres Saints sur les origines du monde, sur le culte et la morale que nous devons pratiquer.
Enfin le troisième livre (30 chapitres) veut répondre à une objection d’Autolycus : Votre religion est nouvelle et vos Écritures sont récentes. Les quinze premiers chapitres cependant réfutent encore les accusations d’immoralité et d’anthropophagie portées contre les chrétiens. Ce n’est qu’au chapitre 16 que commence la discussion chronologique, mêlée à un résumé de l’histoire juive. Théophile arrive au résultat que Moïse a dû vivre 900 ou 1000 ans avant la guerre de Troie. Depuis le commencement du monde jusqu’à la mort de Marc Aurèle, il compte 5695 ans.
L’auteur prenant la mort de Marc Aurèle comme le dernier terme de son calcul, on doit conclure que le troisième livre à Autolycus a été composé dans les premières années de Commode, vers 180-182. Les trois livres s’étant d’ailleurs suivis de près, l’ouvrage entier peut se mettre entre les années 178-182 environ.