« Le septénaire est regardé par les Hindous comme un nombre très saint, dit von Bohlen, et il joue dans leurs mythes un rôle important. Nous n’avons qu’à rappeler les 7 saints Rischis, les 7 chevaux de Surya (ou du soleil), les 7 langues d’Agni (le dieu du feu), le dragon à 7 têtes, les 7 embouchures du Gange, comme du Nil, les 7 Purgatoires (Reinigungshöllen), qui représentent autant de portes de Mithra ».
W. de Humboldt dit aussi dans un paragraphe quelquefois cité : « L’union de l’idée des montagnes avec le septénaire tient peut-être aux grandes divisions de la terre. Mais on peut aussi la déduire du fait que 7 montagnes étaient, semble-t-il, indiquées comme les principales de l’Inde… La désignation de 7 dans la langue Kawi par le cheval s’explique très facilement par le septuple attelage du char hindou du soleil et son allusion aux 7 couleurs de l’arc-en-ciel… On trouve aussi le septénaire chez les saints hommes, maîtres spirituels du Pandit (ou docteur hindou). Cela vient des 7 Rischis, qui furent considérés comme les 7 étoiles brillantes de la Grande-Ourse… La mythologie hindoue distingue aussi 7 classes de Rischis. — Ce qui est certainement très remarquable, c’est qu’encore aujourd’hui dans l’île de Java des mots sont associés à des idées de chiffres dont beaucoup (viele) sont exclusivement fondées sur d’anciennes coutumes de l’Inde et en partie sur des manières de voir qui ne s’expliquent qu’historiquement, qui sont même capricieuses. »
On peut citer encore les septénaires qui apparaissent dans la vie légendaire du Bouddha et dans celle de Krishna ; la mère du Bouddha meurt 7 jours après sa naissance, lui-même passe par 7 années d’abstinence et de méditation, reste 49 jours (7×7) sous l’arbre de Bodhi, devient Bouddha à l’âge de 35 ans (7×5), etc.
Von Bohlen croyait la semaine hindoue extrêmement ancienne, plus même que ce qu’il appelait la semaine babylonienne, pour nous, la semaine alexandrine. Mais il faut reconnaître d’abord que l’ancienne division du mois dans l’Inde était bipartite. « La division primitive et indigène, dit A. W. Schlegel, était celle du mois en 2 moitiés ; l’une lumineuse, allant de la nouvelle à la pleine lune ; l’autre, obscure, allant de la pleine lune à la nouvelle. Sur ce point, le calendrier hindou s’accorde avec le calendrier étrusque et romain, car les Ides n’avaient pas d’autre signification. Toutes les déterminations de temps que l’on trouve dans les Lois de Manou, se rapportent à cette division. » Elle n’apparaît pas seulement dans cet ouvrage, qui n’assurerait pas par lui-même, une haute antiquité ; elle apparaît déjà selon Lassen, dans un document beaucoup plus ancien, les Calendriers des Védas. Ad. Pictet la considérait même comme une institution des Aryas primitifs.
Actuellement la semaine et même la semaine planétaire n’en comptent pas moins dans l’Inde bien des siècles d’existence, et voici sous quelle forme. « Les jours de la semaine sont ainsi ordonnés chez les Hindous, dit von Bohlen : Jour de Suryas ou du Soleil, de Chandras ou de la Lune, de Mangalas ou de Mars, de Budhas ou de Mercure, de Vrihaspatis ou de Jupiter, de Sukras ou de Vénus, de Sanis (c’est-à-dire le Lent) ou de Saturne. »
Selon von Bohlen, suivant en cela les démonstrations de Colebrooke, les Hindous étaient arrivés à cette dénomination planétaire des jours de la semaine d’après un principe astrologique indiqué par Dion Cassius : en répartissant les heures du jour entre les différentes planètes et en donnant à chaque jour le nom de la planète assignée à la 1re heure de ce jour. Mais, au lieu de diviser le jour en 24 heures et d’assigner à Saturne la 1re heure du 1er jour, les Hindous divisaient le jour en 60 Muhurtas (ou heures) et assignaient au Soleil la 1re Muhurta du 1er jour.
« Le jour du Soleil, dit von Bohlen, est le jour le plus saint chez les Hindous ; il fut le jour de la création sous le méridien de Lanka ; avec lui, au lever du Soleil, commence le Kalpa ou une nouvelle période du monde. » La solennisation particulière du jour du Soleil dans certaines contrées de l’Inde pourrait s’expliquer indirectement par une influence juive ou directement par une influence chrétienne. Mais il est non moins possible qu’elle ait une autre origine, et même cela est probable.
Dans ce cas, elle pourrait être rapprochée d’une solennisation analogue chez les anciens Perses. Tandis que la Chaldée solennisait le 7e jour hebdomadaire et quelques contrées de l’Inde, le 1er jour, l’ancienne Perse, située géographiquement entre les deux pays, solennisait à la fois les deux jours, mais chacun d’eux d’une manière différente : le 7e, par le repos ; le 1er, par l’invocation du Dieu suprême.
En fait, l’historien Ammien Marcellin, qui accompagna l’empereur Julien dans sa campagne contre les Perses et dont la haute impartialité inspire une grande confiance, rapporte, d’un côté, que Zoroastre fit beaucoup d’emprunts aux Chaldéens, et, de l’autre, qu’Hystaspe, prince achéménide, gouverneur de la Perse pendant longtemps et père de Darius, fut en rapport intime avec les Brahmanes et en reçut maintes instructions astronomiques ou rituelles, partiellement entrées dans l’enseignement traditionnel des mages. On pourrait donc supposer que la célébration du jour du Soleil en Perse remontait à une influence brahmanique exercée à l’époque d’Hystaspe. Mais alors il s’ensuivrait que cette célébration et, par là même, la semaine auraient existé dans l’Inde déjà dans le 6e siècle avant Jésus-Christ. — En outre, les astronomes alexandrins auraient pu organiser la semaine planétaire non seulement sous l’influence des astronomes chaldéens, mais aussi sous celle des astronomes hindous, et l’on sait qu’Hipparque et Ptolémée avaient profité d’observations faites en Inde sur les planètes.
On comprend d’ailleurs que la considération des phases lunaires ait pu porter à solenniser le 1er jour de la semaine comme étant toujours le plus saillant, en tant que jour de nouvelle lune ou de 1er quartier ou de pleine lune ou de 2d quartier. Aussi serait-il fort possible que la Perse et certaines contrées de l’Inde fussent arrivées séparément à la solennisation du 1er jour hebdomadaire.
En définitive, nous serions donc assez porté à croire que la division du mois lunaire en deux moitiés, qui est si ancienne dans l’Inde, a pu conduire à l’institution d’une semaine plus ou moins dépendante du mois, comme elle l’était chez les Chaldéens, même après la découverte de l’année solaire, et que peu à peu sous la triple influence des Chaldéens, des Alexandrins et des idées propres aux Hindous, cette semaine est devenue chez ceux-ci la semaine planétaire qu’ils ont encore, en devenant en même temps complètement indépendante du mois, comme la semaine hébraïque, la nundine romaine, les semaines égypto-gréco-romaine et hébraïco-romano-chrétienne.