Les diverses considérations que nous allons énoncer ne sauraient fonder une preuve proprement dite, mais, au point de vue chrétien, elles fournissent une précieuse confirmation du témoignage historique.
Sans doute la mort de Jésus peut être considérée comme l’accomplissement de la prophétie typique de l’Agneau pascala, que le jour de cette mort ait été le 14 ou le 15 Nisan. La coïncidence significative entre l’époque de cette mort et celle de la fête de Pâques existe dans l’un et l’autre cas, mais que la coïncidence est encore plus saisissante, si Jésus est mort au moment même où l’on immolait dans le temple l’agneau pascal, et comme elle manifeste avec plus d’éclat la puissance de Celui qui fait concourir toutes choses à l’accomplissement des desseins de sa miséricorde, même les crimes des rebelles !
a – Jean 19.33-36 ; 1 Corinthiens 5.7 ; Jean 1.29-36 ; 1 Pierre 1.19-20 ; Apocalypse 5.6, etc.
Il faut encore que Jésus soit mort le 14 pour qu’ait eu lieu dans toute sa précision une autre coïncidence non moins admirable, à laquelle Paul faisait peut-être allusion (1 Corinthiens 15.23), celle de la résurrection de Jésus, et de ce 16 Nisan, dans lequel on devait apporter au temple une gerbe de blé, comme prémices de la moisson. Christ ressuscité ne devait-il pas être les prémices de l’humanité renouvelée ? La grande moisson spirituelle ne devait-elle pas commencer après sa résurrection ?
Si Jésus est mort le 14, la Pentecôte tombe sur un dimanche et l’institution du dimanche, déjà consacrée par la résurrection de Jésus et par la seconde apparition aux disciples réunis, reçoit ainsi une importante confirmationb.
b – Comp. Godet, Discours sur le jour du Seigneur dans le Compte rendu des Conférences de l’Alliance Évangélique en 1861.
Si Jésus est mort le 14, son corps est resté dans le tombeau le 15, c’est-à-dire pendant un sabbat doublement solennel, et que cette double solennité convient bien au repos de Jésus entre sa mort et sa résurrection !
Ajoutons enfin que si Jésus est mort le 14, on arrive facilement à établir que Jésus étant arrivé à Béthanie « six jours avant la Pâque » (Jean 12.4), il y est arrivé pour le jour du sabbat et qu’il en est reparti, pour se rendre solennellement à Jérusalem, le dimanche 10 Nisan, jour dans lequel, d’après la loi de Moïse, l’agneau pascal devait être mis à part (voir Godet). Telle est aussi la grande tradition de l’Église chrétienne, qui célèbre l’anniversaire de cette entrée de Jésus à Jérusalem un jour de dimanche qu’elle appelle le Dimanche des Palmes, ou des Rameaux. Redisons donc avec Pascal : « Le lendemain, savoir le dimanche 10 mars, auquel on choisissait l’agneau de Pâques qu’on destinait au sacrifice et où on le conduisait au lieu de l’immolation pour l’y garder jusqu’au 14, Jésus, le véritable Agneau de Dieu, qui devait être sacrifié pour les péchés du monde, et le véritable accomplissement de cette figure légale, voulut se rendre ce jour-là même en Jérusalem, qui était le lieu destiné à son immolation, pour y demeurer jusqu’au 14, auquel il devait être sacrifiéc. »
c – Abrégé de la vie de Jésus-Christ, publié par M. Faugère en 1846, art. 184.
« Ordre exquis, rythme délicat, sublime harmonie, dit M. Godet, tel est le caractère de toutes les œuvres divines. La rédemption aussi bien que la création, le déroulement de l’histoire aussi bien que les révolutions des cieux, trahissent jusque dans leurs plus petits détails un Dieu d’ordre, car l’ordre est le sceau de la sagesse. »