Il n’est point difficile de se rendre compte de la situation extérieure et morale qui a été comme le berceau de cette lettre.
Les trois noms réunis dans l’adresse désignent trois hommes qui ne se sont trouvés réunis que durant leur séjour à Corinthe, où ils travaillèrent en commun à la fondation de l’église. Avant ce moment ils avaient été séparés ; car Silas et Timothée étaient restés en Macédoine et ne vinrent que plus tard retrouver Paul à Corinthe (Actes 18.5 ; 2 Corinthiens 11.9)i. Après ce séjour Silas ne se retrouve plus dans la société de Paul ; c’est à la mission de Pierre qu’il se rattache (1 Pierre 5.12j).
i – « Lorsque Silas et Timothée furent descendus de Macédoine… » « Les frères venus de Macédoine ont comblé mon déficit. »
j – « Je vous ai écrit brièvement par le fidèle frère Silas… »
Le séjour commun de ces trois hommes à Corinthe a duré, d’après Actes 18.11, 18, à peu près deux ans. Et l’on se demande à quel moment de ces deux années il faut placer l’envoi de cette épître. La réponse est facile ; elle ressort de 3.6 : « Timothée étant récemment arrivé vers nous d’auprès de vous et nous ayant apporté la bonne nouvelle de votre foi et de votre amour… ; nous avons été consolés… » Ce fut donc immédiatement après l’arrivée de Timothée à Corinthe, dans les premiers mois du séjour de Paul dans cette ville, que Paul écrivit cette lettre. Nous pouvons rattacher cet acte avec la plus grande précision au moment indiqué par Luc Actes 18.5 : « Lorsque Silas et Timothée furent descendus de Macédoine, Paul pressé en son esprit rendait témoignage avec force aux Juifs du Christ Jésus, »
Ce résultat est assez généralement admis. Cependant quelques Pères grecs (Théodoret, Théophylacte et dans les temps modernes Wurm ont pensé que cette lettre datait d’un peu plus tôt, du séjour à Athènes. Pour cela il faudrait admettre que Silas et Timothée étaient venus tous deux trouver Paul à Athènes, et qu’ils en étaient immédiatement repartis avec notre lettre pour la Macédoine. Mais si cette supposition peut être faite pour Timothée, rien ne la légitime quant à Silas, au nom duquel pourtant la lettre est aussi adressée. Et nous verrons qu’elle est incompatible avec le premier chapitre de l’épître (v. 7 et 8), qui suppose un temps plus long écoulé entre la fondation de l’église et la composition de la lettre.
Schrader a pensé à un séjour subséquent, à Corinthe, celui d’Actes 20.2, durant l’hiver 58-59, entre le troisième voyage et l’emprisonnement de l’apôtre à Jérusalem. Sans doute, au moyen de cet intervalle plus long on explique plus, facilement la diffusion de la nouvelle de l’œuvre opérée chez les Thessaloniciens et les efforts répétés de Paul pour retourner auprès d’eux (2.18), puis les cas de mort survenus dans l’église. Mais l’épître entière suppose une relation trop fraîchement formée et trop récemment rompue, pour qu’un intervalle de six années ait pu séparer ces faits du moment de sa composition. D’ailleurs à cette époque Silas n’était plus dans la société de saint Paul. Si nous plaçons la lettre quelques mois après que Paul avait quitté Thessalonique, toutes les circonstances alléguées par Schrader s’expliquent suffisamment.
Kœhler a cru devoir descendre plus bas encore, jusqu’à l’an (56, époque de l’explosion de la guerre juive, en raison de la parole 2.16 : « La colère contre eux est arrivée à son terme. » Mais Paul pouvait déjà, au moment de sa vie où nous sommes arrivés, prévoir et annoncer comme prochain le terme fatal de la conduite d’Israël.
La date de cette épître nous paraît donc être : Corinthe, l’an 53, dans la première partie de l’année.