« Celui qui demeure en moi, comme moi en lui, porte beaucoup de fruit ... Mon Père est glorifié en ceci : que vous portiez beaucoup définit ». Jean 15.5, 8
Vous savez tous ce qu'est le fruit. C'est le produit de la branche par lequel les hommes sont désaltérés et nourris. Le fruit ne sert pas à la branche mais à ceux qui viennent le cueillir. Aussitôt que le fruit est mûr, la branche l'abandonne, commence à nouveau son bienfaisant travail, se met .à préparer le fruit de la saison prochaine. Un arbre fruitier ne vit pas pour lui-même mais pour ceux à qui son fruit apporte le rafraîchissement et la vie. Et de même la branche n'existe qu'en vue du fruit. Rendre heureux le cœur du vigneron, tel est son but, sa sécurité et sa gloire.
Quelle belle image du croyant qui demeure en Christ ! Il ne se contente pas de croître en force, son union avec le Cep devenant de plus en plus solide et sûre, mais encore il porte du fruit, et même beaucoup de fruit. Il a la possibilité de l'offrir aux autres, afin qu'ils puissent en manger et en vivre. Au milieu de ceux qui l'entourent, il ressemble à un arbre de vie auquel ils peuvent venir goûter et qui les désaltère. Dans son environnement, il est un centre de vie et de bénédiction, et cela tout simplement parce qu'il demeure en Christ, qu'il reçoit de Lui l'Esprit et la vie qu'il peut ensuite faire partager aux autres. Apprenez donc, si vous désirez apporter aux autres une bénédiction, à demeurer en Christ car, si vous demeurez en Lui, vous deviendrez certainement une bénédiction. Aussi vrai qu'une branche appartenant à un cep fécond porte du fruit, aussi sûrement — plus sûrement même — une âme demeurant en Christ, source inépuisable de bénédiction, deviendra elle-même bénédiction.
Il est facile d'en comprendre la raison. Quand Christ, la Vigne céleste, a fait du croyant un de ses sarments, alors il s'est engagé, par la nature même des choses, à lui fournir la sève, la vie, la nourriture qui lui permettront de produire du fruit. « C'est de moi que vient ton fruit » (Os. 14.9). Ces paroles donnent un sens nouveau à notre parabole. Une seule chose est nécessaire à l'âme : demeurer en Christ, étroitement, complètement, totalement. C'est lui qui donne le fruit. Il fournit au croyant tout ce qu'il lui faut pour qu'il devienne une bénédiction.
En demeurant en Lui, tu reçois de Lui son esprit d'amour, de compassion à l'égard des pécheurs et cet esprit va te rendre désireux de rechercher leur bien. Par nature, le cœur est rempli d'égoïsme. Même chez le croyant, son propre salut et son bonheur sont trop souvent sa seule préoccupation. Mais lorsque vous demeurez en Jésus, vous entrez en contact avec son amour infini ; son feu commence à brûler dans votre cœur ; vous découvrez la beauté de l'amour ; vous apprenez à considérer le fait d'aimer, de servir, de sauver les autres hommes comme le plus grand privilège que puisse avoir un disciple de Jésus. Lorsque vous demeurez en Christ, votre cœur apprend à ressentir la détresse du pécheur qui est encore dans les ténèbres et la gravité de l'injure qui est faite à votre Dieu. Avec Christ vous commencez à porter le fardeau des âmes, le fardeau de péchés qui ne sont pas les vôtres. Dans la mesure où vous êtes plus étroitement uni à lui, un peu de cette passion qui l'a conduit au Calvaire commence à vous soulever et vous voici prêt à suivre ses pas, à renoncer à la quiétude de votre propre bonheur, et à consacrer votre vie à gagner les âmes que Christ vous a appris à aimer. Le véritable esprit de la vigne, c'est l'amour. L'esprit d'amour coule dans le sarment qui lui demeure attaché. Le désir d'être une bénédiction n'est que le commencement. Dès que vous vous mettez au travail, vous prenez conscience de votre faiblesse et des difficultés du chemin. Les âmes ne sont pas sauvées à votre demande. Vous voilà prêt à vous décourager et à relâcher votre effort. Mais si vous demeurez en Christ, vous allez recevoir à nouveau le courage et la force pour travailler. Parce que Christ l'enseigne, vous croyez que c'est LUI qui, à travers vous, donne sa bénédiction au monde, et vous savez bien que vous n'êtes qu'un faible instrument par lequel la puissance cachée de Christ fait son œuvre, que sa force s'accomplit dans votre faiblesse et en est glorifiée. Un grand pas est accompli quand le croyant accepte sa propre faiblesse et en a constamment conscience, mais pourtant continue à travailler fidèlement, dans la pleine certitude que son Seigneur est à l'œuvre à travers lui. Il se réjouit de ce que l'efficacité de la puissance vient de Dieu et non de lui. Sachant qu'il est un avec son Seigneur, il ne s'occupe plus de sa propre faiblesse mais il compte sur la promesse de Celui qui agit en lui de façon cachée mais certaine. C'est cette certitude secrète qui donne tant de rayonnement à son aspect, tant de douce fermeté au son de sa voix, une telle persévérance dans ses efforts, choses qui par elles-mêmes contribuent efficacement à influencer ceux qu'il cherche à gagner. Il va de l'avant dans l'état d'esprit de celui qui est sûr de la victoire, car voici la victoire qui triomphe du monde : notre foi. Il ne considère plus comme un acte d'humilité de dire que Dieu ne peut pas bénir ses misérables efforts. Il réclame la bénédiction et il compte sur elle parce que ce n'est pas lui qui travaille mais Christ en lui. En demeurant en Christ, nous apprenons un grand secret : nous acquérons la conviction profonde que nous ne sommes rien et qu'il est tout. Quand nous savons cela, nous pouvons croire, sans que cela nous semble paradoxal, que notre faiblesse n'est pas un obstacle à sa puissance salvatrice. Le croyant qui s'abandonne entièrement au service de Christ dans un esprit de confiance simple, enfantine, produira assurément beaucoup de fruit. Il n'aura pas peur de proclamer qu'il croit à la merveilleuse promesse : « Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes parce que je m'en vais vers le Père » (Jn. 14.12). Il ne s'imagine plus qu'il ne peut pas recevoir de bénédiction et qu'il faut rester stérile afin de demeurer humble. Il constate que ce sont les branches les plus chargées de fruits qui s'inclinent le plus bas. Demeurant en Christ, il a donné son plein accord à la convention passée entre le Cep et les sarments : toute la gloire du fruit revient au Vigneron, au Père béni.
Nous avons deux leçons à apprendre. Si nous demeurons en Christ, mettons-nous au travail. Cherchons d'abord à exercer notre influence sur ceux qui nous entourent dans la vie quotidienne. Acceptons clairement et joyeusement le saint appel qui nous est adressé de vivre dès maintenant au service de l'amour de Jésus envers les hommes, nos compagnons. L'objet de notre vie quotidienne doit être de disposer favorablement le cœur des gens à l'égard de Jésus. Quand on regarde un sarment, on voit immédiatement qu'il ressemble à la vigne. Il nous faut vivre de telle façon que la sainteté et la douceur de Jésus rayonnent de nous en quelque mesure ; il nous faut vivre pour être son représentant. Comme il le fit quand il était sur la terre, la vie doit préparer la voie de l'enseignement. L'Eglise et le monde ont, tous deux, besoin d'hommes et de femmes remplis du Saint Esprit et d'amour qui, étant l'incarnation de la grâce et de la puissance de Christ, témoignent de lui et de la puissance qu'il déploie en faveur de ceux qui croient en lui. Si nous vivons ainsi, désirant de tout notre cœur que Jésus soit glorifié dans les âmes qu'il cherche, offrons-nous à lui pour un travail immédiat. Il y a du travail dans notre propre maison. Il y a du travail parmi les malades, les pauvres, les marginaux. Il y a du travail dans des centaines de directions que l'Esprit de Christ ouvre devant ceux qui lui permettent de les guider. Il y a peut-être du travail pour nous dans une direction où personne ne s'est encore engagé. Nous demeurons en Christ, donc nous devons travailler. Ne travaillons pas à la façon de ceux qui se contentent de ne pas suivre la mode ou de prendre une petite part à quelque œuvre religieuse. Non, travaillons comme étant de ceux qui croissent à la ressemblance de Christ parce qu'ils demeurent en Lui ; de ceux pour qui, comme pour Lui, gagner des âmes pour le Père c'est déjà la joie et la gloire du ciel sur cette terre.
Et voici la deuxième leçon : si tu es au travail, demeure en Christ. L'une des bénédictions du travail accompli dans le véritable esprit, c'est qu'il dépend étroitement de notre union avec notre Seigneur béni. Le travail te fait découvrir ta faiblesse et te précipite vers sa force. Il va te stimuler à prier davantage et lorsque, s'oubliant soi-même on prie pour les autres, c'est alors que l'âme croît inconsciemment dans la profondeur de Christ. Ce qu'est la véritable nature de la vie d'un sarment va devenir plus clair pour toi : sa dépendance absolue et en même temps sa glorieuse plénitude, son indépendance à l'égard de toute autre chose parce qu'elle dépend de Jésus. Si tu es au travail, demeure en Christ. Il y a des tentations et des dangers. Il arrive que le travail pour Christ éloigne de Christ et prenne la place de la communion avec lui. Le travail peut parfois conduire à une sorte de piété sans puissance. Si tu travailles, demeure en Christ. Crois que Christ travaille en toi et que cette foi vivante soit la source secrète de toute ton activité ; cela te donnera humilité et courage tout à la fois. Que le Saint-Esprit de Jésus habitant en toi soit l'Esprit de sa tendre compassion et de sa divine puissance. Demeure en Christ et offre lui librement et sans réserve toutes les facultés que tu possèdes afin qu'il les sanctifie pour lui. Si Jésus est réellement à l'œuvre au-travers de nous, il faut que notre consécration soit entière et chaque jour renouvelée. Comprenons donc maintenant que c'est cela demeurer en Christ.
C'est cela qui est notre merveilleux privilège et notre bonheur. Etre un sarment portant beaucoup de fruit — rien de moins, rien de plus — que cela soit notre seule joie.