L’église de Dieu sur la terre manifeste sa vie par une triple activité, qui peut se résumer ainsi : réformation, union et mission. C’est de ce triple caractère que parle Paul Éphésiens 2.20-22.
Sous le mot de réformation, nous comprenons les efforts de l’Eglise pour expulser de son sein tout élément anti-biblique qui peut s’être introduit en elle, pour tenir à distance les erreurs et « s’édifier sur le bon fondement des apôtres et des prophètes, dont Christ est la pierre de l’angle. »
Sous celui d’union, nous comprenons l’activité par laquelle l’église chrétienne cherche à se purifier intérieurement, à réunir de plus en plus intimement les croyants entre eux, et à croître en Celui qui est le chef ; en sorte que — comme le dit l’Apôtre — « tout l’édifice bien lié s’accroisse pour devenir un temple saint au Seigneur. »
L’église missionnaire s’applique à étendre ses bienheureuses limites, à enlever de nouvelles provinces au Prince des ténèbres, à multiplier le nombre de ses enfants par la conversion des païens, en un mot, à édifier sans cesse de nouveaux membres « sur le même fondement, pour en faire une maison de Dieu en esprit. »
Partout où se trouve la vraie église, se montre aussi cette triple manifestation de vie ; cependant, d’ordinaire l’une de ces œuvres prédomine sur les autres. Au milieu de nous, par exemple, l’église a beaucoup moins affaire avec des travaux de réformation que dans d’autres lieux ; la confession de foi du plus grand nombre d’entre nous est orthodoxe. Notre église peut en conséquence appliquer d’autant plus ses forces à l’avancement spirituel et à l’union de ses enfants, ainsi qu’à l’agrandissement de son édifice dans le monde. Mais en général cependant, l’activité réformatrice est celle qui domine de notre temps, et notre œuvre consiste surtout à consolider les fondements que le père du mensonge cherche à renverser.
Élie a été le plus grand réformateur de l’antiquité. Sa tâche fut de ramener à la foi de ses pères l’infidèle Israël, et son temps fut ainsi un temps de réformation. Si nous nous plaçons à ce point de vue, nous comprendrons sans peine les divers actes de son ministère, et l’histoire que nous aurons aujourd’hui devant les yeux, perdra ce caractère étrange qu’elle nous présente au premier abord.
5 Et les messagers retournèrent vers Achazia, et il leur dit : « Pourquoi êtes-vous revenus ? » 6 Et ils lui répondirent : « Un homme est monté au devant de nous, lequel nous a dit : Allez, retournez vers le roi qui vous a envoyés, et dites-lui : Ainsi a dit l’Eternel : N’y a-t-il point de dieu en Israël, que tu envoies consulter Bahal Zébud, Dieu d’Ekron ? C’est pourquoi tu ne descendras point du lit sur lequel tu es monté, mais tu mourras certainement. » 7 Et il leur dit : « Comment était vêtu cet homme qui est monté au devant de vous et qui vous a dit ces paroles ? » 8 Et ils lui répondirent : « C’est un homme dont le vêtement est de poil, et qui a une ceinture de cuir, ceinte sur ses reins. » Et il dit : « C’est Élie le Tishbite. »
9 Alors il envoya vers lui un capitaine de cinquante hommes, avec ses cinquante hommes, lequel monta vers lui ; et voilà, Élie se tenait sur le haut d’une montagne, et ce capitaine lui dit : « Homme de Dieu, le roi t’ordonne de descendre. » 10 Mais Élie répondit, et dit au capitaine des cinquante hommes : Si je suis homme de Dieu, que le feu descende des cieux, et te consume, toi et tes cinquante hommes. » Et le feu descendit des cieux, et le consuma, lui et ses cinquante hommes. 11 Et Achazia envoya encore un autre capitaine de cinquante hommes, avec ses cinquante hommes, lequel prit la parole, et dit : « Homme de Dieu, ainsi a dit le roi : Hâte-toi de descendre. » 12 Mais Élie répondit, et leur dit : « Si je suis homme de Dieu, que le feu descende des cieux, et te consume, toi et tes cinquante hommes. » Et le feu de Dieu descendit des cieux, et le consuma, lui et ses cinquante hommes.
13 Et Achazia envoya encore le capitaine d’une troisième cinquantaine, avec ses cinquante hommes. Et ce troisième capitaine de cinquante hommes monta et vint, et se mit à genoux devant Élie, et le supplia, et lui dit : « Homme de Dieu, je te prie, que ma vie et la vie de ces cinquante hommes tes serviteurs soient précieuses à tes yeux. 14 Voilà, le feu est descendu des cieux, et a consumé les deux premiers capitaines de cinquante hommes, avec leurs cinquante hommes ; mais maintenant, que ma vie soit précieuse à tes yeux. » 15 Et l’ange de l’Eternel dit à Élie : « Descends avec lui, n’aie point peur de lui. » Il se leva donc, et descendit avec lui vers le roi.
16 Et il lui dit : « Ainsi a dit l’Eternel : Parce que tu as envoyé des messagers pour consulter Bahal Zebud, dieu d’Ekron, comme s’il n’y avait point de Dieu en Israël pour le consulter, tu ne descendras point du lit sur lequel tu es monté, mais tu mourras certainement. » 17 Il mourut donc, selon la parole de l’Eternel qu’Élie avait prononcée.
C’est ainsi, mes amis, que se termine l’histoire qui s’est ouverte par l’envoi des messagers à Ekron. Notre Dieu est un feu consumant. On ne se joue pas de lui, et c’est une chose terrible que de tomber en ses mains. Arrêtons-nous quelques moments à la guerre tout extraordinaire que se font le roi et le prophète : l’attaque d’Achazia, la victoire du prophète, et la mort d’Achazia, telles sont les circonstances qui s’offriront à notre méditation.
Les messagers du roi sont en chemin pour Ekron. Rejetant le péché qu’ils commettent, sur celui qui les envoie, ils continuent tranquillement leur route, calculant l’heure de leur arrivée. Mais on compte souvent à faux quand on suit les voies des méchants. La réponse qu’ils vont chercher vient à leur rencontre, bien autre qu’ils ne la supposaient. Tout-à-coup, telle qu’une sentinelle qui crie aux passants son : Qui vive ? paraît devant eux un homme d’une stature imposante, enveloppé d’un grossier manteau, et le front sombre et menaçant. « C’est le Tishbite ? » se disaient-ils tout bas, quand éclatent déjà à leurs oreilles ces paroles : « N’y a-t-il donc point de Dieu en Israël que vous alliez consulter Bahal Zébud, le Dieu d’Ekron ? Retournez et dites à votre maître : Ainsi a dit le Seigneur : Tu ne redescendras point du lit sur lequel tu t’es couché, mais tu mourras certainement. » Et à ces derniers mots, l’étranger se retourne et disparaît dans les buissons qui bordent le chemin. Pâles de terreur, les messagers se regardent en tremblant et muets. Ils ne délibèrent point s’ils poursuivront leur route et iront demander à Bahal Zebud sa réponse après celle que Jehova vient de leur envoyer. Ils tournent la bride et précipitent leur course vers Samarie.
Qui se met en chemin pour Ekron et Endor, s’expose à de dangereuses rencontres. On ne peut impunément laisser de côté Dieu et sa parole, chercher à soulever les voiles du monde invisible, et satisfaire sa curiosité en interrogeant les somnambules, les visionnaires et les exorcistes, les fanatiques et les soi-disant inspirés. Les uns y ont perdu le repos de leur cœur ; les autres y ont bu à longs traits d’efficaces erreurs, qui leur ont enlevé la lumière de la vérité ; d’autres en sont devenus fous. Il y a là un mépris de Dieu, une audace sacrilège que Dieu ne laisse pas impunie. Il épie ces rebelles comme la panthère sa proie ; tel que l’ours auquel on a pris ses petits, il se jette sur eux pour les détruire. Mes frères, souvenez-vous de Saül et de la pythonisse d’Endor. Saül était sur la montagne de Gilboa, et les Philistins étaient à Sunem. Ce n’était point sa première bataille, et son courage avait été souvent éprouvé. Mais en ce temps, il fut fort effrayé ; car ses nombreux péchés lui étaient revenus à l’esprit, surtout sa désobéissance à l’Eternel après sa victoire sur les Amalécites, et les malédictions prononcées alors sur lui par Samuel. Il consulta l’Eternel, mais l’Eternel ne lui répondit pas : point de visions pendant les nuits, point de prophète qui vienne à lui, et le souverain sacrificateur est dépouillé du pectoral qui par la faute même du roi est tombé entre les mains des ennemis. Ce silence de Dieu ne le fait point rentrer en lui-même, ni s’humilier. Il se rend, déguisé, vers la pythonisse d’Endor ; il lui demande d’évoquer Samuel, dont il connaissait la mystérieuse puissance ; peut-être espérait-il apaiser son ombre et l’engager à retirer ses menaces. Et voici, tandis que la femme trace ses cercles magiques et murmure ses formules, le Dieu vivant entre subitement en scène pour punir ce prince rebelle. Au lieu du vain spectre que la magicienne pensait évoquer, c’est Samuel lui-même que Dieu fait apparaître ; à cette vue inattendue, la femme est saisie d’effroi, et le prophète, s’adressant à Saül, lui annonce et sa mort imminente et celle de ses fils et la défaite de son armée. Oh ! mes frères, restez auprès de Celui qui est votre vie. « Mon âme, dit le Seigneur, ne prend point plaisir en celui qui se détourne de moi. »
Le roi Achazia est couché sur son lit, attendant avec impatience le retour de ses messagers. Mais voici qu’un bruit de chevaux se fait entendre dans la cour de son palais, la porte de sa chambre s’ouvre, et les hommes qu’il a envoyés sont là devant lui. « Comment, déjà de retour ? » leur demande le roi. Et eux, de lui raconter et l’apparition de l’inconnu et ses reproches et ses menaces. A l’ouïe de sa sentence de mort, le roi tressaille, mais son effroi se change en une sourde colère. « Comment, demande-t-il, était fait l’homme qui est venu au devant de vous et qui vous a dit ces choses ? » — « Il avait un vêtement de poil, répondent les messagers, et une ceinture de cuir autour de ses reins. » — « Je le pensais bien, dit le roi avec une tranquillité affectée, c’est Élie le Tishbite. »
Le roi fait signe à ses serviteurs et ils s’avancent : « Envoyez-moi un de mes capitaines, » s’écrie-t-il. Le capitaine arrive auprès du malade, et lit de loin sur son visage le genre de mission qui va lui être confié. « Vas avec ta troupe, dit Achazia, et prends moi le Tishbite Élie et me l’amène. » Que d’aveuglement et de folie dans cet ordre ! Achazia connaît Élie, il sait par quels prodiges Dieu l’a déclaré son messager, et comment le feu du ciel obéit à sa parole. Et néanmoins, il ne recule point devant la pensée de lui déclarer la guerre et par lui à Dieu même. L’impiété le met hors de sens, l’excès de sa colère lui ôte la raison. Il y a dans une telle démence quelque chose de plus qu’humain, quelque erreur efficace, quelque influence satanique ; il y a là l’endurcissement avec toutes ses horreurs.
Le capitaine s’est mis en chemin avec ses cinquante hommes, et il a bientôt trouvé l’ennemi. Sur le haut d’une montagne, probablement sur le Carmel, le prophète, tel qu’un roi sur son trône, était assis, solitaire et tranquille, absorbé dans de saintes pensées, s’assurant sur son Dieu, et entouré de gardiens invisibles ; il voit s’avancer contre lui une troupe armée d’épées nues, et devine bien qui l’a envoyée et ce qu’elle lui veut. Mais il ne craint rien, et laisse tranquillement venir ces hommes jusqu’à lui. Ils s’approchent pour entourer leur prisonnier, et lui, se lève pour venir au devant d’eux, avec un tel calme et une majesté si grande, qu’ils s’arrêtent indécis et n’osent pas mettre la main sur lui. Cependant le capitaine, d’un air moqueur et insolent, prend la parole : « Toi, homme de Dieu, lui dit-il, ton auréole de sainteté ne nous fait pas peur, suis-moi, c’est le roi qui l’ordonne. » — Malheureux ! pense Élie, ils savent que je suis un homme de Dieu, et malgré tous les coups qu’ils ont déjà reçus de la verge du Tout-Puissant, ils endurcissent leur cœur, et se moquent du Dieu des dieux ? Son cœur s’embrase d’une sainte indignation, et toute son âme brûle de zèle pour la gloire de son Dieu. Il ouvre la bouche, et avec une foi qui eût suffi pour transporter le Carmel dans la mer, il s’écrie : « Si je suis un homme de Dieu, que le feu tombe du ciel et te consume toi et tes cinquante ! » — Et à peine a-t-il dit ces mots, que sa parole est déjà dans les nues et y réveille les éclairs. L’Eternel a entendu la voix de son serviteur, et il ne saurait refuser d’exaucer des prières qui n’ont d’autre but que sa gloire. Les nuées s’embrasent, se déchirent, les flammes en descendent avec le fracas de la foudre, et le capitaine tombe avec ses cinquante, aux pieds du prophète.
A la nouvelle de cet étrange événement, le roi, loin de rentrer en lui-même, s’endurcit plus encore, et envoie un second capitaine, plus hardi s’il est possible que le premier, aussi avec sa cinquantaine. Ce capitaine part, et trouve le prophète à la même place, assis comme un aigle royal sur un rocher du Carmel. Plein d’une colère et d’une audace qui résistent au spectacle des cinquante cadavres qui l’entourent, il crie comme le précédent capitaine : « Toi homme de Dieu, descends sans retard, c’est le roi qui te l’ordonne. » — Ah ! pense Élie, vous roidissez encore votre cou ! Vous dites encore en vos cœurs : qui est Dieu pour que nous obéissions à sa voix ? « Si je suis un homme de Dieu, » s’écrie-t-il pour la seconde fois, » que le feu descende du ciel et te consume toi et tes cinquante ! » Et le feu consume le capitaine avec ses cinquante hommes.
Achazia n’ouvrira-t-il pas enfin les yeux sur sa démence et ne cessera-t-il pas cette guerre inouïe ? Non, sa fureur atteint son dernier terme, son audace devient gigantesque ; dût-il y perdre son armée entière, dût-il lui en coûter sa couronne, son royaume, sa vie même, il ne reculera pas. Il envoie un troisième capitaine qui part avec ses cinquante hommes. Verrons-nous donc pour la troisième fois se répéter le terrible jugement ? Élie n’a point quitté la montagne, il ne craindrait pas des milliers d’ennemis, car il sent son Dieu près de lui. Le capitaine, à la tête de sa troupe, s’approche et aperçoit l’homme de Dieu, entouré des cadavres de ceux qu’il a frappés, et tel qu’un chef des armées célestes, assis tranquille et fier sur le rocher ; à cette vue, il est saisi d’angoisse et de respect ; il sent que son roi fait la guerre au Tout-Puissant lui-même, en poursuivant son envoyé, et que le Dieu d’Élie est le seul vrai Dieu ; et vaincu avant le combat, il remet son épée dans le fourreau, il s’approche du prophète, la tête baissée, fléchit les genoux devant lui, et lui dit, avec le ton de la prière et l’expression de la plus profonde vénération : « Toi, homme de Dieu, aie égard à ma vie et à celle de ces cinquante. Voici le feu du ciel est tombé et a consumé les deux premiers capitaines avec leurs cinquantaines ; maintenant, que mon âme vive devant toi ! » Oh ! quelle dut être la joie d’Élie à ces humbles paroles, qui lui interdisaient de faire descendre une troisième fois le feu céleste pour venger la gloire outragée de son Maître. Car, ainsi que Dieu, il ne prenait point plaisir en la mort des pécheurs, et son désir était qu’ils se convertissent et qu’ils vécussent. Ce ne fut qu’avec une profonde douleur, nous pouvons en être certains, qu’il tira l’épée du Tout-Puissant contre les prêtres de Bahal, et fit descendre le feu du ciel sur les soldats d’Achazia ; et il n’exerça de tels jugements que parce que sa mission divine lui en faisait un devoir, car il était envoyé pour détruire le culte des idoles, pour rétablir la loi de Dieu foulée aux pieds, et ramener le peuple à la foi de ses pères. Ses armes n’étaient pas charnelles ; c’était un ardent amour pour Dieu qui les portait, et un zèle pur et saint pour la gloire de son nom qui les brandissait. La plaie de l’idolâtrie avait rongé jusqu’à l’os le peuple élu, et il ne fallait pas moins que de sanglantes opérations pour la guérir.
Du reste, rappelons-nous en lisant des histoires du genre de celles-ci, que le temps de l’ancienne alliance ou de la loi est très différent de celui de l’évangile ou de la grâce, et qu’Élie pouvait faire bien des choses qui seraient déplacées dans la vie d’un disciple de la nouvelle économie. Vous connaissez tous ce que Luc nous raconte de ces Samaritains qui avaient refusé de recevoir Jésus, et des disciples qui voulaient faire descendre sur eux le feu du ciel, comme fit Élie. L’indignation de Jacques et Jean était juste et sainte, c’était leur zèle pour la gloire de leur maître qui l’avait fait naître en eux, mais elle appelait un genre de châtiment qui était incompatible avec leur caractère de disciples du Sauveur. Aussi que leur répond Jésus ? « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Le Fils de l’homme n’est pas venu pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver. » Les jours de la sévérité, voulait-il dire, sont passés, ceux de la douceur sont venus. Ce n’est plus la loi de Sinaï qui règne, mais la patience et l’amour. Élie, à l’exemple duquel vous en appelez, était un héraut de la sainteté divine, et devait en conséquence paraître avec la foudre et les éclairs. Vous êtes messagers de la grâce, vous devez gagner à Dieu les cœurs des pécheurs, par les attraits de l’évangile, et l’on doit pouvoir dire de vous : oh ! qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de messagers de paix ! — Mes frères, la patience avec laquelle les vases de colère sont supportés dans les temps modernes, prouve assez qu’une main transpercée tient le sceptre du monde, et que c’est un ami des pécheurs qui est assis sur le trône de la gloire. Il faut donc que l’église du Nouveau Testament reflète la douceur et la patience de l’Agneau de Dieu, dont le sang l’a lavée et qui a marché vers la gloire en supportant en silence les outrages ; il faut que chacun de ses membres reproduise fidèlement son image miséricordieuse, et que le petit troupeau de ses amis lui gagne les cœurs en faisant briller aux yeux de tous la douce lumière de sa grâce. Si nous voulons être les imitateurs de l’Agneau, prions pour ses ennemis, plutôt que d’appeler sur eux la foudre des cieux. Amassons par notre patience et notre douceur, des charbons de feu sur la tête des adversaires, et subjuguons-les par la puissance de l’amour. En un mot, montrons-nous de dignes enfants de Celui qui est venu non pour perdre les hommes, mais pour les sauver ; et prouvons que nos pauvres cœurs ont trouvé sous la croix du Seigneur une miséricorde, une charité telle, que c’est peu de chose pour eux que de tout supporter, de tout croire, de tout souffrir.
« Toi, homme de Dieu, aie égard à mon âme et à l’âme de tes serviteurs, ces cinquante hommes ! » Le capitaine s’était humilié, et il fut sauvé. Car ce n’est qu’aux orgueilleux que Dieu résiste, mais il fait grâce aux humbles. — L’ange de Jehovah vint à Élie et dit : « Descends avec lui et ne crains pas ! Va dans le camp de tes ennemis, va trouver dans Samarie le lion qui a soif de ton sang, va lui répéter en face sa sentence de mort. Mais ne crains pas, je suis là. » Et aussi Élie obéit sans le moindre sentiment de crainte, il quitte avec une joyeuse confiance la montagne solitaire, et se rend avec le capitaine à Samarie.
Il y entre comme en vainqueur, et passe, humble et majestueux, à travers la foule muette d’étonnement ! Cependant le roi s’agitait, impatient, sur sa couche, et demandait d’instant en instant, avec amertume et colère, si la troisième troupe n’était point de retour. Voici la porte de la chambre s’ouvre, et le prophète entre, non comme un prisonnier enchaîné, mais libre, et il s’approche calme et grave du lit d’Achazia, devant lequel il se tient silencieux, comme pour lui dire : « Tu m’as en ta puissance, que veux-tu de moi ? » Et le roi, interdit, égaré, se tait et baisse les yeux, la rage dans le cœur ; mille pensées de meurtre et de vengeance roulent dans son esprit, mais sa langue est liée et ses membres sont enlacés de chaînes invisibles. Il se sent vaincu dans son palais, malgré sa royale puissance, par un homme seul et sans armes, qu’il abhorre, et sa fureur ne peut briser les barrières invisibles qui la contiennent. Il aurait donné une félicité éternelle pour avoir un carreau de foudre à faire tomber sur la tête d’Élie.
Le prophète avait donc son royal adversaire en sa puissance. Se vengera-t-il de son persécuteur par des paroles dures et de sévères reproches ? Non, aucun mot de triomphe ne sort de sa bouche. Élie ne méconnaît point dans cet impie le roi, l’oint du Seigneur, il n’attentera point à lui, il n’anticipera point sur ces temps où « l’on méprisera les puissances et parlera mal des dignités » (Jude 1.8) Il sait que la couronne est sainte, et en face même d’un Achazia, il ne manque en rien au respect dû à la dignité royale. Il s’oublie lui-même, il n’est à ses yeux que la bouche de l’Eternel, et s’attachant scrupuleusement aux termes du message qui lui a été commis, il dit au roi avec sérieux et mesure : « Ainsi a dit l’Eternel : Parce que tu as envoyé des messagers, et fait interroger Bahal Zébud, le dieu d’Ekron, comme s’il n’y avait pas de Dieu en Israël qu’on pût interroger, tu ne redescendras point du lit sur lequel tu es monté, mais tu mourras certainement. » Élie dit et s’en alla. Mais la parole qu’il avait prononcée resta dans la chambre royale, et gronda comme le lointain murmure du tonnerre, aux oreilles du roi, jusqu’à ce que ses pensées se troublèrent, et que son cœur cessa de battre. « Il mourut, dit l’histoire, selon la parole du Seigneur, qu’Élie avait dite. » L’église de Dieu sur la terre eut un destructeur de moins, et l’enfer une victime de plus.
Dieu s’est fait connaître dans la Judée ; son nom est grand en Israël.
Son tabernacle est en Salem, et son domicile en Sion.
C’est là qu’il a rompu les traits enflammés, les arcs, le bouclier, l’épée, et qu’il a mis fin à la guerre. Sélah.
Tu es resplendissant de lumière ; ta magnificence est au dessus des plus hautes montagnes.
Les plus courageux ont été dépouillés ; ils ont dormi d’un profond sommeil, et aucun de ces hommes vaillants n’a pu faire usage de ses forces.
O Dieu de Jacob ! les chariots et les chevaux ont été rendus immobiles, quand tu les as menacés.
Tu es terrible, toi ; et qui pourra subsister devant toi, dès que ta colère se montre ?
Tu as fait entendre du ciel tes arrêts ; la terre a été effrayée et a gardé un profond silence,
Quand tu t’es levé, à Dieu ! pour exécuter tes jugements, pour délivrer tous les gens humbles qui sont sur la terre. Sélah.
Certainement la fureur de l’homme tournera à ta louange ; tu achèveras de détruire le reste de ces furieux.
Faites des vœux à l’Eternel votre Dieu, et les accomplissez, vous tous qui lui appartenez ; et qu’on apporte des dons au Dieu redoutable.
Il retranche tout-à-coup les conducteurs des nations ; et il se rend redoutable aux rois de la terre.
Halléluiah ! A lui soit la gloire et le royaume aux siècles des siècles. Amen !