Le servir dans sa présence

DANS L’ÉGLISE

Que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu.

1 Pierre 4.10

A l’issue d’une réunion, un jeune homme de 18 ans me demanda un entretien. Il était en larmes et, apparemment, sous une réelle conviction de péché. Il m’ouvrit son cœur et son aveu me laissa un instant interdit.

— Ah ! me dit-il dans un sanglot, j’ai échoué au « Bac » et mon avenir est compromis. J’aspirais à devenir Président de la République et tout est remis en question. Pourtant, j’ai prié.

Bien que la chose fût un peu grosse, je me gardai de sourire et d’ironiser. Je le pris au sérieux et l’encourageai à laisser son avenir au Seigneur et à accepter d’avance le rôle et la tâche qu’il lui confierait plus tard. « Dans ses mains, tu ne t’égareras pas » lui dis-je.

Après tout, ce jeune frère avait raison, mille fois raison de penser sérieusement à son avenir. Désirer servir son pays et y jouer un rôle prépondérant n’est nullement répréhensible pourvu que l’orgueil ne s’en mêle pas. Or, que d’adolescents ou de jeunes, insouciants ou polarisés sur le présent, paraissent ignorer que le lendemain commence leur vie active ! L’emploi qu’ils occuperont plus tard, la formation qu’ils devront suivre pour le décrocher ne les tourmentent guère. Aussi arrivent-ils sans compétence et sans diplôme à l’âge adulte, ne sachant trop quel métier entreprendre alors qu’ils sont doués et intelligents. Heureux le temps où, à douze ou treize ans, l’adolescent était placé comme apprenti chez un artisan qualifié qui, lentement mais sûrement, le formait pour être plus tard un bon ouvrier, voire un excellent patron. Penser à son avenir, entrevoir le travail qu’on souhaite accomplir et se former dans ce but, voilà qui est élémentaire sagesse.

Après tout, chacun devrait trouver sa place dans la société puisqu’il y a une infinie variété de tâches possibles qui se présentent à ceux qui entrent dans la vie professionnelle. Les uns et les autres peuvent choisir un emploi qui corresponde à leur goût et à leurs compétences (ce qui n’est pas toujours vrai en période de chômage car il faut se contenter de ce qui se présente). Il n’y a pas de sot métier. La preuve, c’est qu’il suffit d’une grève dans un certain secteur pour que le pays tout entier en pâtisse et soit paralysé. S’il n’y avait que des poètes ou des artistes peintres dans notre monde nous ne mangerions certainement pas de pain. Mais, Dieu soit béni ! il y a des agriculteurs qui sèment le blé, des minotiers qui le réduisent en farine et des boulangers qui fabriquent du pain. Bouchers, menuisiers, maçons, tapissiers, libraires, professeurs — que sais-je encore ? —… tous sont utiles et méritent estime et reconnaissance. La vie dans ce monde est possible parce que chacun y joue son rôle et remplit fidèlement sa mission.

Ah ! si, dans l’église locale comme dans la société, tous les membres se mettaient au travail avec zèle pour remplir la mission que Dieu leur à confiée ! Hélas ! Que de chrétiens inemployés alors que la tâche abonde ! Dans le champ du Seigneur, pas de chômage. Du travail pour tous. Mais sous prétexte qu’ils n’ont pas le « don de la parole », la plupart des enfants de Dieu enfouissent leur talent avec bonne conscience, persuadés qu’il n’y a pas de tâche valable pour eux. Résultat : beaucoup de ministères ne sont pas remplis dans l’église. Alors, qu’on ne s’étonne pas de voir tant de communautés vivoter, ses membres devenus des consommateurs paresseux et impénitents ! Serions-nous de ces parasites qui critiquent sans cesse, perpétuellement mécontents… parce qu’ils se tournent les pouces ?

L’avertissement de Jésus qui accompagne la parabole des talents enfouis n’est pas une menace gratuite. Prenons-la au sérieux : le serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents (Matthieu 25.30).

Revenons à la parole de Pierre citée en exergue : Puisque chacun a reçu un don, mettez-le au service des autres (4.10). Il vaut la peine de la méditer et d’en peser chaque terme.

1. Chacun (chacun a reçu un don). Donc, Dieu nous a tous qualifiés pour accomplir une tâche précise dans la communauté. Nul n’est autorisé à se croiser les bras sous prétexte qu’il n’est pas compétent pour agir. La bonne marche de l’église exige que chacun de ses membres, même le plus humble, se mette au travail pour l’édification du corps de Christ. Personne ne peut et ne doit dire : « Oh ! moi, je ne suis pas doué ». Il est coupable de se dénigrer, de s’estimer négligé, de se montrer jaloux des riches dons que possèdent les autres. Ces prétextes seraient-ils les vôtres ? Que de ministères vacants ! Que de dons enfouis ! Que de tristesse dans le cœur du Maître ! C’est pourquoi je dois me persuader que je suis — moi — qualifié par le Seigneur pour le servir auprès de mes frères dans l’assemblée. J’ai une mission précise à remplir. Personne ne fera mieux que moi l’œuvre que Dieu me demande d’accomplir. A CHACUN la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune… Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à CHACUN en particulier comme il veut (1 Corinthiens 12.7, 11).

2. Un don (puisque chacun à reçu un don…). L’apôtre parle de don au singulier : un don. Or, il est possible d’en posséder plusieurs — Paul n’en manquait pas — mais il en est un qui doit primer les autres et qu’il convient de développer en priorité afin de répondre à la vocation qui a été adressée à chacun de ses enfants.

Il va de soi que tout chrétien devrait connaître « le don qu’il a reçu » s’il veut le « mettre au service des autres ». Hélas encore ! Si nous interrogions les membres d’une église réputée vivante, nous serions navrés d’apprendre que la plupart d’entre eux ignorent totalement le don et le ministère que le Maître leur a confiés, ces chrétiens ne s’étant jamais souciés de les découvrir. C’est pourquoi, les responsables de l’église — pasteurs et anciens — feront bien d’encourager les nouveaux convertis à rechercher leur don afin de s’adonner, le moment venu, à un ministère précis au sein de la communauté. Sans hâte, dans la prière et en concertation avec les responsables, ils s’offriront à Dieu pour le servir. Ainsi motivés dès le début de leur vie chrétienne, ils seront à l’affût des tâches à accomplir, même les plus humbles. Ils ne manqueront pas de passer aux actes quand l’occasion s’en présentera, obéissant ainsi à la parole de l’Ecclésiaste : Ce que ta main trouve à faire, fais-le. (Ecclésiaste 9.10). C’est sans doute la meilleure façon de découvrir le don recherché.

Quoique je sois encouragé par l’Ecriture à « aspirer aux dons les meilleurs » ou à « une charge » précise (1 Corinthiens 12.31 ; 1 Timothée 3.1), le Dieu souverain distribue les dons comme il l’entend. Donc, de la soumission lorsque nous lui exprimons nos désirs, pas de hâte ni de déception : Un seul et même Esprit distribue à chacun en particulier comme il veut… le don (la manifestation de l’Esprit) pour l’utilité commune (1 Corinthiens 12.11 et 7). Ceci dit, qu’on se rassure : Dieu n’exigera pas que j’accomplisse une œuvre pour laquelle je ne suis pas fait. On ne demande pas à un enfant de deux ans de porter un sac de cinquante kilos, ni à un sourd de diriger une chorale. Dieu est sage qui qualifie les siens en vue des bonnes œuvres qu’il a d’avance spécialement préparées pour eux.

3. Au service des autres (mettez ce don au service des autres). Dieu ne nous qualifie pas pour faire étalage de nos talents et nous mettre en avant. Si le don reçu me met en valeur, si je suis appelé à occuper au sein de la communauté une place prépondérante, je cultiverai la présence de Dieu afin de marcher dans l’humilité, toujours conscient que j’exploite ce don « pour être utile à chacun » (1 Corinthiens 12.7), en vue de l’édification du corps de Christ (1 Corinthiens 14.5, 12, 26), jamais pour épater les autres ou jouer le rôle détestable de vedette. Nous restons au service de nos frères pour leur joie et leur progrès spirituels, à la gloire du Chef de l’Eglise.

Ici, prêtons l’oreille aux propos de l’apôtre Paul : Que tout ministère s’exerce dans l’humilité, chacun veillant à ne pas empiéter sur celui des autres. N’ayez pas une opinion exagérée de votre importance, mais que chacun de vous s’efforce de se faire une idée juste sur lui-même ; ne surestimez pas vos capacités, n’aspirez pas à ce qui dépasse vos possibilités ou qui déborde votre vocation. Acceptez vos limites, celles que vous tracent les dons particuliers qui vous ont été départis en vertu de votre foi (Romains 12.3 – Transcription A. Kuen). Donc, pas de concurrence ni de compétition dans l’église ; chacun à sa place, dans la paix et la soumission réciproque. Dieu honore ceux qui le servent fidèlement.

Comme dans la société, le service de Dieu exige un apprentissage, un temps de formation. Aussi est-il sage, au début, de travailler en équipe avec un ou plusieurs frères qualifiés. Ce serait manquer de sagesse et courir le risque d’être encombrant, donc un poids pour les autres, que de se lancer sans connaissance dans une tâche qui exige compétence et qualifications précises.

En général, un ouvrier ne change pas de métier au cours de sa vie active. Il accomplit la même tâche jusqu’à la retraite. De même, et sauf exception, c’est pour la vie que Dieu confie un ministère à chacun de ses enfants. Il est dommage, par exemple, que des moniteurs d’écoles du dimanche qui se sont formés durant plusieurs années, laissent brusquement la place à des personnes inexpérimentées justement au moment où ils ont acquis de « la bouteille ». On se perfectionne pour durer et pour préparer la relève.

Ajoutons qu’il n’y a pas de bon ouvrier sans solide préparation intérieure. Le serviteur, quel qu’il soit mais surtout s’il est en vue, entretient un amour réel pour la Parole de Dieu qu’il médite et étudie jour après jour dans un esprit de soumission. De plus, il cultive une vie intérieure réelle ainsi qu’un dévouement constant pour le prochain.

Répétons-le en terminant : le travail dans l’église ne manque pas. Les textes qui suivent en fournissent la preuve.

QUESTIONS

  1. Etes-vous un ouvrier actif dans l’église ? Quelle tâche y accomplissez-vous ?
  2. Pourriez-vous dire quel est le don que Dieu vous a confié pour le servir ? Sinon, êtes-vous décidé à le découvrir ?
  3. Si vous avez été inactif jusqu’à ce jour, demandez pardon au Seigneur et offrez vos services aux responsables de la communauté. Etes-vous résolu à servir le Seigneur auprès des frères en la foi ?

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