(161) Ceux qui ne sont point disputeurs à l'excès se contenteront, je pense, de ces explications ; mais il faut aussi satisfaire aux questions des gens qui, refusant d'ajouter foi aux annales des barbares, accordent leur créance aux Grecs seuls ; il faut leur présenter beaucoup de ces Grecs mêmes qui connurent notre nation et la mentionnèrent à l'occasion dans leurs propres ouvrages. (162) Pythagore de Samos, auteur fort ancien, qui, pour sa sagesse et sa piété, est considéré comme le premier de tous les philosophes, a, de toute évidence, non seulement connu nos institutions, mais encore les a largement imitées. (163) De ce philosophe nous n'avons aucun ouvrage reconnu authentique, mais beaucoup d'écrivains ont raconté ce qui le concerne. Le plus célèbre est Hermippe, esprit que tout genre de recherche intéressait. (164) Il raconte dans le premier livre de son Pythagore que ce philosophe, après la mort d'un de ses intimes nommé Calliphon, originaire de Crotone, disait qu'il avait commerce nuit et jour avec l'âme de celui-ci, et qu'elle lui donnait le conseil de ne point passer à un endroit où un âne s'était couché[1], de s'abstenir de toute eau saumâtre (?) et de se garder de toute médisance[2]. (165) Puis l'auteur ajoute encore : « Il pratiquait et répétait ces préceptes, se conformant aux opinions des Juifs et des Thraces qu'il prenait pour son compte ». En effet, on dit avec raison[3] que ce philosophe fit passer dans sa doctrine beaucoup de lois juives. (166) Dans les cités non plus notre peuple n'était pas inconnu autrefois ; beaucoup de nos coutumes s'étaient déjà répandues dans quelques-unes et il en est qui jugeaient bon de les suivre. On le voit chez Théophraste dans ses livres des Lois. (167) D'après lui, les lois tyriennes défendent d'employer des formules de serments étrangers, parmi lesquels, entre autres, il compte le serment nommé korban ; or, nulle part on ne le trouverait ailleurs que chez les Juifs ; traduit de l'hébreu, ce mot signifie quelque chose comme « présent de Dieu »[4].
[1] Cf. l'histoire de l'ânesse de Balaam, Nombres, XX, 22-23.
[2] Cf. Exode, XXII, 28 ; Lévitique, XIX, 16. Comparer les textes du Talmud qui défendent de prendre le bain de purification dans une eau stagnante (Mishna Mikwaot) ou de boire de l'eau qui est restée découverte la nuit (Houllin, 9 b ; jer. Teroum., 48 c).
[3] Antonius Diogène ap. Porphyre, Pyth. 11 ; Aristobule ap. Eusèbe, Praep. XIII, 12, 4.
[4] Ou plutôt « offert à Dieu » (Lévitique, I, 10 ; II, 4 ; III) = tabou. Le prétendu serment « par l'or du Temple », Korbanas (Matth., XXIII, 16) se confond avec celui-ci.
(168) Et en vérité Hérodote d'Halicarnasse non plus n'a pas ignoré notre nation, mais il l'a mentionnée manifestement d'une certaine manière. (169) Parlant des Colques au second livre, il s'exprime ainsi : « Seuls d'entre tous, dit-il, les Colques, les Égyptiens et les Éthiopiens pratiquent la circoncision depuis l'origine. Les Phéniciens et les Syriens de Palestine reconnaissent eux-mêmes avoir appris cette pratique des Egyptiens. (170) Les Syriens des bords du Thermodon et du Parthénios, de même que les Macrons, leurs voisins, assurent qu'ils l'ont apprise récemment des Colques. Voilà les seuls peuples circoncis, et eux-mêmes imitent évidemment les Égyptiens. Mais des Égyptiens eux-mêmes et des Éthiopiens, je ne puis dire lesquels ont appris des autres la circoncision[5]. » (171) Ainsi il dit que les Syriens de Palestine étaient circoncis ; or, parmi les habitants de la Palestine, les Juifs seuls se livrent à cette pratique. Comme il le savait, c'est donc d'eux qu'il a parlé[6].
[5] Hérodote, II, 104 (texte rappelé aussi en abrégé Ant., VIII, 262).
[6] Les mots « Syriens de Palestine », dans la langue d'Hérodote, désignent les Philistins ; or nous savons qu'au moins à l'époque biblique ceux-ci étaient incirconcis. On a essayé de diverses manières de justifier soit Hérodote, soit Josèphe. Cf. mes Textes d’auteurs grecs et romains, p. 2.
172 D'autre part, Chœrilos, poète assez ancien[7], cite notre nation comme ayant pris part à l'expédition de Xerxès, roi de Perse, contre la Grèce. En effet, après l'énumération de tous les peuples, à la fin il mentionne aussi le nôtre en ces termes :
[7] Il florissait vers la fin du Ve siècle.
(173) « Derrière eux passait une race d'un aspect étonnant.
« Le langage phénicien sortait de leurs lèvres.
« Ils habitaient dans les monts Solymiens auprès d'un vaste lac.
« Leur chevelure broussailleuse était rasée en rond, et, par dessus,
« Ils portaient le cuir d'une tête de cheval séché à la fumée. »
(174) Il est clair, je crois, pour tout le monde, qu'il parle de nous, car les monts Solymiens sont dans notre pays et nous les habitons ; là aussi se trouve le lac Asphaltite, qui occupe le premier rang parmi tous les lacs de Syrie pour la largeur et l'étendue[8].
[8] Le raisonnement de Josèphe est ingénieux, mais peu probant. Les fabuleux monts Solymiens (inconnus, quoi qu'il en dise, en Judée et qu'on chercha en Lycie) ont été empruntés par Chœrilos à Homère (Odyssée, V, 383 ; texte visé par Josèphe, Antiquités, VII, 3, 2, § 67 ; cf. Tacite, Hist., V, 2). La tonsure ronde, coutumière chez les Arabes (Jérémie, IX, 25 ; Hérodote, III, 8), est expressément interdite aux Juifs (Lévitique, XIX, 27). La coiffure en protome de cheval appartient aux Éthiopiens d'Asie (Hérodote, VII, 70).
(175) Voilà comment Chœrilos fait mention de nous. Non seulement les Grecs connurent les Juifs, mais encore ils admiraient tous les Juifs qu'ils rencontraient; et non pas les moindres d'entre les Grecs, mais les plus admirés pour leur sagesse, comme il est facile de s'en convaincre. (176) Cléarque, disciple d'Aristote, qui ne le cédait à aucun des péripatéticiens, rapporte dans le premier livre du Sommeil cette anecdote que son maître Aristote racontait au sujet d'un Juif. Il donne la parole à Aristote lui-même. Je cite le texte : (177) « Il serait trop long de tout dire, mais il sera bon d'exposer pourtant ce qui, chez cet homme, présentait quelque caractère merveilleux et philosophique. Je te préviens, dit-il, Hypérochide, que mes paroles vont te paraître singulières comme des songes. » Et Hypérochide répondit respectueusement : « C'est justement pour cela que nous désirons tous t'entendre. (178) — Eh bien alors, dit Aristote, suivant le précepte de la rhétorique, donnons d'abord des détails sur sa race, pour ne point désobéir à ceux qui enseignent la narration. — Parle à ta guise, dit Hypérochide. — (179) Cet homme donc était de race juive et originaire de Cœlé-Syrie ; cette race descend des philosophes indiens[9]. On appelle, dit-on, les philosophes Calanoi dans l'Inde[10], et Juifs en Syrie, du nom de leur résidence ; car le lieu qu'ils habitent se nomme la Judée. Le nom de leur ville est tout à fait bizarre : ils l'appellent Jérusalémé. (180) Cet homme donc, que beaucoup de gens recevaient comme leur hôte, et qui descendait de l'intérieur vers la côte, était Grec, non seulement par la langue, mais aussi par l'âme. (181) Pendant que je séjournais en Asie[11], il aborda aux mêmes lieux, et se lia avec moi et quelques autres hommes d'étude, pour éprouver notre science. Comme il avait en commerce avec beaucoup d'esprits cultivés, il nous livrait plutôt un peu de la sienne. » (182) Telles sont les paroles d'Aristote dans Cléarque, et il raconte encore que ce Juif poussait à un point étonnant la force d'âme et la tempérance dans sa manière de vivre. On peut, si l'on veut, en apprendre davantage dans ce livre même. Pour moi, je me garde de citer plus qu'il ne faut[12].
[9] Dans son traité De l'éducation (Diog. Laërce, prooem. § 9), Cléarque faisait descendre les gymnosophistes des mages et Diogène ajoute : « quelques-uns prétendent que les Juifs aussi descendent des mages ». Le parallèle entre les Juifs et les brahmanes était aussi indiqué par Mégasthène (ap. Clem. Alex., Stromat., I, 15).
[10] En réalité, Calanos n'est que le sobriquet individuel du gymnosophiste Sphinès qui suivit l'armée d'Alexandre et mit volontairement fin à sa vie en montant sur le bûcher.
[11] Il s'agit du séjour d'Aristote à Atarné (348-345).
[12] E. Havet a supposé que Josèphe avait un autre motif de ne pas prolonger sa citation : c'est que le Juif d'Atarné serait identique au « magnétiseur », assez vulgaire dont il était question dans le même traité de Cléarque (fr. ap. Pitra, Analecta sacra, V, 2, p. 2 1).
(183) Ainsi s'exprime Cléarque dans une digression, — car le sujet qu'il traite est différent, — et c'est ainsi qu'il nous mentionne. Quant à Hécatée d'Abdère, à la fois philosophe et homme d'action consommé, qui fleurit en même temps que le roi Alexandre et vécut auprès de Ptolémée, fils de Lagos, ce n'est pas incidemment qu'il a parlé de nous ; mais il a composé spécialement sur les Juifs mêmes un livre[13] dont je veux brièvement parcourir quelques passages. (184) D'abord je vais établir l'époque. Il mentionne la bataille livrée près de Gaza par Ptolémée à Démétrius ; or, elle eut lieu onze ans après la mort d'Alexandre[14] et dans la CXVIIe olympiade, comme le raconte Castor. (185) En effet, après avoir inscrit cette olympiade, il dit : « Dans ce temps Ptolémée, fils de Lagos, vainquit en bataille rangée, à Gaza, Démétrius, fils d'Antigone, surnommé Poliorcète. » Or Alexandre mourut, l'accord est unanime, dans la CXIVe olympiade[15]. Il est donc évident que sous Ptolémée et sous Alexandre notre peuple florissait. (186) Hécatée dit encore qu'après la bataille de Gaza, Ptolémée devint maître de la Syrie et que beaucoup des habitants, informés de sa douceur et de son humanité, voulurent partir avec lui pour l'Égypte et associer leurs destinées à la sienne. (187) « De ce nombre, dit-il, était Ezéchias, grand-prêtre des Juifs[16], âgé d'environ soixante-six ans et haut placé dans l'estime de ses compatriotes, homme intelligent, avec cela orateur éloquent et rompu à la politique autant qu'homme du monde. (188) Pourtant le nombre total des prêtres juifs qui reçoivent la dîme des produits et administrent les affaires publiques est d'environ quinze cents[17]. » (189) Et revenant sur ce personnage : « Cet homme, dit-il, après avoir obtenu cette dignité[18] et lié commerce avec moi, réunit quelques-uns de ses familiers… et leur fit connaître toutes les particularités de sa nation[19], car il avait par écrit l'histoire de l'établissement des Juifs dans leur pays et leur constitution. » 190 Puis Hécatée montre encore comment nous nous comportons à l'égard des lois, que nous préférons subir toutes les souffrances plutôt que de les transgresser, et que nous plaçons là notre honneur. (191) « Aussi, dit-il, ni les sarcasmes de leurs voisins et de tous les étrangers qui les visitent, ni les fréquents outrages des rois et des satrapes perses ne peuvent les faire changer de croyances ; pour ces lois ils affrontent sans défense les coups et les morts les plus terribles de toutes, plutôt que de renier les coutumes des ancêtres. » (192) Il apporte aussi des preuves nombreuses de leur fermeté à observer les lois. Il raconte qu'Alexandre, se trouvant jadis à Babylone et ayant entrepris de restaurer le temple de Bel tombé en ruines[20], donna l'ordre à tous ses soldats sans distinction de travailler au terrassement ; seuls les Juifs s'y refusèrent et même souffrirent les coups et payèrent de fortes amendes jusqu'à ce que le roi leur accordât leur pardon et les dispensât de cette tâche. (193) « De même, dit-il, quand des étrangers venus chez eux, dans leur pays, y élevèrent des temples et des autels, ils les rasèrent tous et pour les uns payèrent une amende aux satrapes, pour d'autres reçurent leur grâce. » Et il ajoute qu'il est juste de les admirer pour cette conduite. (194) Il dit aussi combien notre race est populeuse. « Bien des myriades de Juifs, dit-il, furent d'abord emmenées à Babylone par les Perses[21] et beaucoup aussi après la mort d'Alexandre passèrent en Égypte et en Phénicie à la suite des révolutions de la Syrie. » (195) Ce même auteur donne des renseignements sur l'étendue de la région que nous habitons et sur sa beauté. « Ils cultivent, dit-il, environ trois millions d'aroures[22] de la terre la meilleure et la plus fertile en toutes sortes de fruits ; car telle est la superficie de la Judée. » (196) D'autre part, sur la grande beauté et l'étendue considérable de la ville même de Jérusalem, que nous habitons depuis les temps les plus reculés, sur sa nombreuse population et sur la disposition du temple, voici les détails que donne le même auteur : (197) « Les Juifs ont de nombreuses forteresses[23] et de nombreux villages épars dans le pays, mais une seule ville fortifiée, de cinquante stades environ de circonférence[24] ; elle a une population de cent vingt mille âmes environ, et ils l'appellent Jérusalem. (198) Vers le milieu de la ville s'élève une enceinte de pierre longue de cinq plèthres environ[25], large de cent coudées[26] et percée de doubles portes. Elle renferme un autel carré, formé d'une réunion de pierres brutes, non taillées, qui a vingt coudées de chaque côté et dix de hauteur[27]. A côté se trouve un grand édifice, qui contient un autel et un chandelier, tous deux en or et du poids de deux talents[28]. (199) Leur feu ne s'éteint jamais ni la nuit ni le jour. Pas la moindre statue ni le moindre monument votif. Aucune plante absolument, comme arbustes sacrés ou autres semblables. Des prêtres y passent les nuits et les jours à faire certaines purifications et s'abstiennent complètement de vin dans le temple[29]. » (200) L'auteur témoigne, en outre, que les Juifs firent campagne avec le roi Alexandre[30], et ensuite avec ses successeurs. Lui-même dit avoir assisté à un incident créé par un Juif pendant l'expédition et que je vais rapporter. (201) Voici ses paroles : « Marchant vers la mer Erythrée, j'avais avec moi, parmi les cavaliers de mon escorte, un Juif nommé Mosollamos[31], homme intelligent, vigoureux, et le plus habile archer, de l'aveu unanime, parmi les Grecs et les barbares. (202) Cet homme, voyant de nombreux soldats aller et venir sur la route, un devin prendre les auspices et décider la halte de toute sa troupe, demanda pourquoi l'on restait là. (203) Le devin lui montra l'oiseau et lui dit que, s'il restait posé là, l'intérêt de tous était de s'arrêter ; s'il prenait son vol en avant, d'avancer ; s'il le prenait en arrière, de rebrousser chemin. Alors, le Juif, sans dire un mot, banda son arc, lança la flèche et frappa l'oiseau, qu'il tua. (204) Le devin et quelques autres s'indignèrent et l'accablèrent d'imprécations. “Pourquoi cette fureur, dit l'homme, ô malheureux ?” Puis, prenant la bête entre ses mains : “Comment cet oiseau, qui n'a pas su pourvoir à son propre salut, nous donnerait-il sur notre marche une indication sensée ? S'il avait pu prévoir l’avenir, il ne serait pas venu ici, de crainte de mourir frappé d'une flèche par le Juif Mosollamos[32]”. »
[13] Ce livre ne doit pas être confondu avec l'ouvrage certainement apocryphe sur Abraham, également attribué à Hécatée (cf. Textes, p. 236). Les uns, comme Willrich, voient dans le livre sur les Juifs un faux, d'autres le croient identique à l'ouvrage (ou à la partie d'un grand ouvrage ?) d'Hécatée auquel Diodore a emprunté son aperçu du judaïsme (Diodore, XL, 3. Textes, p. 14 suiv.).
[14] En 312 av. J.-C.
[15] 323 av. J.-C.
[16] Ezéchias ne figure pas sur la liste des grands-prêtres juifs de cette époque donnée par Josèphe (Antiq., XI, 8, 7 ; XII, 2, 4), liste d'ailleurs sujette à caution (cf. Willrich, Juden und Griechen, p. 107 suiv.) Willrich a supposé, Urkundenfälschung, p. 29, que la figure d'Ezéchias est calquée sur celle du grand-prêtre Onias qui se réfugia en Égypte sous Philométor.
[17] Chiffre très inférieur à celui de 4289 donné (pour le temps de Zorobabel) par Esdras, II, 36-39, et Néhémie. VII, 39-42.
[18] Quelle dignité ? la grande prêtrise ou bien quelque distinction qui lui fut accordée par Ptolémée Sôter et dont il était question dans un passage sauté par Josèphe ?
[19] Texte sans doute altéré. J. Février (La Date, la Composition et les Sources de la Lettre d'Aristée, p. 70) a proposé de reconnaître dans διαφορὰν un mot rarissime qui signifierait livre ; il s'agirait du Pentateuque.
[20] Cette entreprise est attestée par Arrien, VII, 17 et Strabon, XVI, I, 5.
[21] Il ne s'agit pas de la déportation de Juifs par Artaxerxés Ochus (Syncelle, I, 486 Dindorf), mais de la captivité de Babylone elle-même qu'Hécatée (?), mal informé, attribue aux Perses et non aux Chaldéens. J. G. Müller (Des Flavius Josephus Schrift gegen den Apion, p. 175) voit dans cette erreur une preuve de l'authenticité du morceau, mais, comme le remarque Willrich, II Maccabées, I, 19, parle aussi de la captivité de Babylone comme d'une déportation εἰς τὴν Περσικήν.
[22] 825.000 hectares. L'évaluation d' « Hécatée » est modérée, à la différence de celle de la Lettre d'Aristée, § 116 : la Palestine au moment de la conquête par les Hébreux aurait compté 60 millions d'aroures (plus de 16 millions d'hectares).
[23] Anachronisme.
[24] 40 stades seulement suivant Timocharès (Textes, p. 52) et Aristée (§ 105), 33 selon Josèphe (Bellum, V, 4, 2), 27 selon Xénophon l'arpenteur (Textes, p. 54). Le chiffre de la population est pareillement exagéré.
[25] 150 mètres.
[26] Autre exagération. Le décret de Cyrus (Esdras, VI, 3) prescrit 60 coudées pour la largeur du temple.
[27] L'autel de l'Exode (XXVII, I, suiv.) n'a que 5 coudées de long et de large sur 3 de haut. Il est remarquable que les dimensions ici indiquées sont celles que la Chronique (II, IV, I) attribue à l'autel d'airain du temple de Salomon.
[28] Cf. I Maccabées, I, 23.
[29] Lévitique, I, 9. Le « service de nuit » des prêtres ne peut être qu'une garde.
[30] Mensonge évident.
[31] Transcription grecque de Meschoullam.
[32] L'histoire de Mosollamos est la caricature d'un très vieux thème : déjà l'Iliade (B, 858) met en scène un oiônistès que son art ne prémunit pas contre les dangers de l'expédition où il trouvera la mort.
(205) Mais en voilà assez sur des témoignages d'Hécatée ; si l'on veut en apprendre davantage, il est facile de lire son livre. Je n'hésiterai pas à nommer aussi Agatharchide, qui, pour railler notre sottise, à ce qu'il croit, fait mention de nous[33]. (206) Il raconte l'histoire de Stratonice[34], comment elle vint de Macédoine en Syrie après avoir abandonné son mari Démétrius, comment, Séleucus ayant refusé sa main contre son attente, elle souleva Antioche pendant qu'il faisait son expédition en partant de Babylone, (207) puis, après le retour du roi et la prise d'Antioche, comment elle s'enfuit à Séleucie, et, au lieu de gagner rapidement le large ainsi qu'elle le pouvait, se laissa arrêter par un songe, fut prise et mise à mort. (208) Après ce récit, Agatharchide raille la superstition de Stratonice et cite comme exemple de faiblesse pareille ce qu'on raconte de nous. (209) Il s'exprime ainsi : « Ceux qu'on appelle Juifs, habitants de la ville la plus fortifiée de toutes, que les naturels nomment Jérusalem, sont accoutumés à se reposer tous les sept jours, à ne point, pendant ce temps, porter leurs armes ni cultiver la terre ni accomplir aucune autre corvée, mais à prier dans les temples jusqu'au soir les mains étendues. (210) Aussi lorsque Ptolémée fils de Lagos envahit leur territoire avec son armée, comme, au lieu de garder la ville, ces hommes persévérèrent dans leur folie, leur patrie reçut un maître tyrannique, et il fut prouvé que leur loi comportait une sotte coutume[35]. (211) Par cet événement, tout le monde, sauf eux, apprit qu'il ne faut recourir aux visions des songes et aux superstitions traditionnelles concernant la divinité, que lorsque les raisonnements humains nous laissent en détresse dans des circonstances critiques. » (212) Agatharchide trouve le fait ridicule ; mais, si on l'examine sans malveillance, on voit qu'il y a pour des hommes de la grandeur et un mérite très louable à se soucier toujours moins et de leur salut et de leur patrie que de l'observation des lois et de la piété envers Dieu.
[33] Agatharchide de Cnide, qui florissait sous Ptolémée VI Philométor (181-146 av. J.-C.) avait laissé d'importants ouvrages géographiques et historiques, notamment une Histoire d'Europe en 49 livres et une Histoire d'Asie en 10 livres. Le fragment suivant est reproduit en partie dans les Antiquités, XII, I, I.
[34] Stratonice, fille d'Antiochus Ier Soter, roi d'Asie, avait épousé Démétrius II de Macédoine. Lorsque celui-ci prit une autre femme, vers 239, elle vint à Antioche dans l'espoir d'épouser son neveu Séleucus II Gallinicus.
[35] La date de cet évènement est inconnue : il ne peut s'agir de l'expédition de 320, où Ptolémée envoya en Syrie son lieutenant Nicanor (Diodore, XVIII, 43). Willrich a supposé (Juden und Griechen, p. 23) que la prise de Jérusalem suivit la victoire de Gaza (312), mais, comme il le rappelle lui-même, Diodore ne mentionne (XIX, 85 suiv.) parmi les villes de Palestine prises, puis rasées à cette occasion, que Joppé, Samarie et Gaza. Nous savons, d'autre part, que Jérusalem fut démantelée par Ptolémée (Appien, Syr., 50).