Dans Genèse 21.28-31, Abraham faisant alliance avec le Philistin Abimélec, roi de Guérar, lui dit : « Tu compteras de ma main ces 7 brebis, afin que cela me serve de témoignage que j’ai creusé ce puits : » c’était un puits dont s’étaient emparés de force les serviteurs d’Abimélec et qui fut rendu au patriarche. L’historien sacré ajoute : « C’est pourquoi l’on appela ce lieu Beer-Scheba ; car c’est là qu’ils jurèrent l’un à l’autre. » Beer-Scheba ou Beer-Schebah (באר שׁבע) c’est-à-dire, selon Delitzsch, le puits de la septaine ou du serment. D’après Genèse 26.23-25, ce fut encore à Beer-Scheba que l’Éternel apparut une seconde fois à Isaac, pour lui renouveler la promesse faite à Abraham et à sa postérité. Isaac y bâtit un autel et renouvela l’alliance avec le roi de Guérar, auquel il fit un festin. En outre, ses serviteurs creusèrent dans ce lieu un puits, soit que ce fût le même qu’avait fait creuser Abraham et que les Philistins auraient ensuite comblé, soit que ce fût un autre. Cette dernière supposition est la plus probable, non seulement à cause du v. 18 que nous rappellerons bientôt, mais encore parce que les voyageurs modernes ont retrouvé là deux excellents puits. Il est dit au v. 32 qu’Isaac appela le puits creusé en cet endroit par ses serviteurs, Schiba ou plus exactement Schibehah, c’est-à-dire sept. « C’est pourquoi, est-il ajouté, on a donné à la ville le nom de Beer-Seheba jusqu’à ce jour. » D’autre part, on lit au v. 18 : « Isaac creusa de nouveau les puits qu’on avait creusés du temps d’Abraham et qu’avaient comblés les Philistins après la mort d’Abraham, et il leur donna les mêmes noms que son père leur avait donnés. »
נשׁבע, dit Delitzsch, équivaut à : s’engager septuplement, c’est-à-dire soumettre la vérité de sa déclaration au regard de Dieu. Gesenius est de la même opinion. שׁבע, jurer, dit-il, n’est usité qu’au participe passif. Les serments solennels étaient confirmés par l’immolation de 7 victimes (Genèse 21.28) ou l’intervention de 7 témoins (Hérod. III, 8) ou quelque autre emploi du nombre 7. C’est plus ordinairement le Niphal dont on se sert dans le sens de jurer. שְׁוּעָה signifie serment et שָׁבַוּעַ semaine.
Il y avait donc une union remarquable entre le serment et le nombre 7 soit dans la coutume du patriarche Abraham, soit dans le langage hébraïque. La même union se retrouve, non pas, il est vrai, dans la langue, mais bien dans la coutume arabe pratiquée dès les plus anciens temps et toujours en vigueur. Nous rapporterons le passage d’Hérodote, déjà signalé plus d’une fois : « Les Arabes, dit-il, sont un des peuples qui gardent le plus religieusement la foi jurée ; voici quelles sont à cet égard leurs pratiques. Lorsque deux hommes veulent se jurer la foi, un tiers se met entre eux et avec une pierre tranchante leur incise le dedans des mains près des grands doigts ; puis prenant du manteau de chacun un flocon de laine, il frotte de sang 7 pierres posées au milieu : en même temps il invoque Bacchus et Uranie. Cela fait, celui qui a donné sa foi recommande à ses amis l’étranger ou le compatriote, si c’en est un, avec lequel il s’est lié, et ses amis se croient obligés de garder aussi la foi. »
Dans la langue dite éthiopienne, qui est, comme l’arabe, une langue sémitique, on trouve aussi des dérivés de שׁבע, signifiant conjuration, enchantement ou enchanteur, c’est-à-dire se rattachant à une idée qui a du rapport avec celle de serment, comme l’indique notre mot même de conjuration.
Nous ne sommes point sanscritiste, mais nous n’en sommes pas moins porté à admettre, comme von Bohlen et Ewald, que le mot sanscrit çap, jurer, se rattache plus ou moins directement aux autres mots sanscrits sap, suivre, réunir, honorer, saptan, sept, et aux mots hébreux scheba, sept, et schaba, jurer.
On pourrait parler aussi des anciens peuples de la Grèce, car Knobel et Dillmann allèguent à leur égard deux curieux passages. Dans l’un, Iliade IX, v. 122-138, il est question, entre autres présents offerts à Achille par Agamemnon pour sceller leur réconciliation, de 7 trépieds et de 7 jeunes captives. Dans l’autre (Description de la Grèce, III, c. 21), Pausanias parle d’un monument dit « du cheval, » qui n’était pas loin de Sparte et près duquel s’élevaient 7 colonnes, le monument et les colonnes rappelant le cheval qui avait été sacrifié par Tyndare, père de la fameuse Hélène, lorsqu’il avait fait jurer aux prétendants de sa fille que ceux qui ne l’obtiendraient pas en mariage, ne l’en défendraient pas moins, elle et son mari.
Nous ne voudrions pourtant insister que sur les peuples germains, au sujet desquels nous avons des données plus nettes, plus fermes et plus abondantes. On trouve en effet dans l’ancienne langue germanique, non seulement siebenen, attester par serment, jurer, mais encore besiebenen, soit comme sich besiebenen, s’engager par serment, soit comme einen besiebenen, adjurer quelqu’un, le sommer de prêter serment, et übersiebenen, convaincre par le témoignage de 7 témoins, convaincre par le serment.
De plus, comme l’on sait que le septénaire jouait un grand rôle dans les usages juridiques des peuples germains, on se rend pleinement compte de l’origine des mots ci-dessus mentionnés. Mais assurément tout n’est pas également clair pour nous dans ces usages, et la confusion qui y apparaît, doit s’expliquer en majeure partie par des différences de temps et de lieu. Le point le plus saillant et le plus important pour nous, c’est que l’accusateur devait se faire appuyer par 7 témoins ou tout au moins par 6, lui-même constituant le 7e.
Mais le septénaire se retrouvait aussi dans le nombre des juges (Urtheiler), appelés d’abord Rachimbourgs, puis Schöffen, scabinei, échevins. Il est vrai qu’il est aussi question de 12 juges, mais alors le septénaire reparaît comme constituant la plus petite majorité qui pût prendre une décision : il fallait au moins l’accord de 7 juges. Selon Grimm, dans les assemblées solennelles, plénières, le nombre des Rachimbourgs devait être de 12, et dans les assemblées moins solennelles il n’était que de 7.