Réponses étonnantes aux prières. — Les deux fils de la veuve. — Une servante. — Neuf hommes au marché. — Sept femmes qui prient. — Ne vous découragez jamais. — L’enfant allemand. — Une réunion de prière parmi les Indiens. — Réponses aux prières dans Natchez.
Dans une des réunions de prière, un monsieur dit : « La semaine dernière, j’étais ici et j’entendis lire une requête, dans laquelle on vous demandait de prier pour la conversion d’une jeune fille et d’un garçon dont la mère était veuve. Je connais cette famille. La prière fut faite par un pasteur, et la ferveur avec laquelle il la prononça fut si grande, que j’eus aussitôt l’intime conviction qu’il serait exaucé. En rentrant chez moi, je trouvai la fille de la pauvre veuve dans mon salon. Je l’invitai à venir avec moi à une réunion de prière dans la soirée, et elle y consentit volontiers.
— Où est votre frère ? lui demandai-je.
— Je ne sais pas, répondit-elle. Je lui avais proposé de venir ce soir avec moi à une réunion de prière, mais il s’y est refusé. Je ne sais où il est. Je pense qu’il est allé, comme à l’ordinaire, dans quelque lieu d’amusement.
Nous allâmes donc à la réunion de prière. A peine y étions-nous depuis quelques minutes, que le frère fit son apparition et vint prendre place sur les bancs. Le frère et la sœur reçurent ce même soir des impressions si profondes, qu’ils résolurent d’y revenir le lendemain.
Ils y vinrent, en effet, selon qu’ils se l’étaient promis, et, en sortant, le fils de la veuve prit la résolution d’établir chez lui le culte de famille. Aujourd’hui, le frère et la sœur se réjouissent dans la paix et la grâce du Seigneur. »
— Un autre orateur cita ensuite le trait suivant : Il avait demandé les prières en faveur d’une dame catholique, qui assistait aux réunions par pure curiosité, mais qui y entendait, disait-elle, des choses qu’elle n’avait jamais entendues ailleurs, et avait répondu qu’elle serait bien reconnaissante si on voulait prier pour elle. Cette prière l’avait jetée dans une inquiétude si grande, qu’elle en avait perdu le sommeil pendant toute la nuit. Elle n’était plus aussi sûre d’être chrétienne, et elle éprouvait un vif désir de le devenir.
Maintenant, l’orateur venait demander à l’assemblée de remercier avec lui le Seigneur, car cette dame catholique était convertie et se réjouissait extrêmement de ce que ses péchés lui étaient pardonnés. Comme on lui demandait sur quoi elle fondait ses espérances de salut, elle avait répondu qu’elle ne les fondait plus ni sur la confession ni sur l’autorité de son Eglise, mais sur Christ seul. « C’est par Lui, disait-elle, que j’espère être justifiée. »
— « Je vous avais demandé hier vos prières, continua un autre des assistants, pour une jeune fille catholique que j’ai chez moi. Il y avait quelque temps qu’elle prenait part au culte domestique, qu’elle lisait la Bible et assistait aux réunions. Les prières qu’elle avait entendues dans la famille l’avaient vivement frappée, et elle disait que parfois elles l’avaient émue au point qu’il lui semblait impossible de rester dans la chambre, de peur de ne pouvoir se contenir. Aujourd’hui, je viens vous demander de rendre grâce à Dieu de ce qu’il a exaucé nos prières en faveur de cette jeune fille. Elle espère être devenue chrétienne, et sa conduite, ainsi que ses manières, prouvent qu’un grand changement s’est accompli dans son cœur.
— « Ce matin, dit le président, au moment où je traversais le marché de Washington, pour me rendre à la réunion de prière, un jeune homme stationné sur la place, et qui y fait un petit trafic, m’accosta et me dit que le réveil avait atteint une certaine classe de jeunes gens des environs. — Tenez, me dit-il, en tirant un papier de sa poche, voici la liste de ceux d’entr’eux pour lesquels nous avons prié dans diverses réunions. J’ai porté cette liste dans toutes nos petites assemblées, et nous avons prié pour chacun d’eux, un par un ; maintenant ils sont tous convertis jusqu’au dernier. — Voici une autre liste ajouta-t-il en la tirant de sa poche. Tenez, regardez les noms. (Il y en avait neuf.) Nous prions maintenant pour ceux-ci, et nous prions pour eux un par un. Nous ne nous contentons pas de les poursuivre de nos prières, mais nous leur parlons nous-mêmes et nous leur demandons de se réconcilier avec Dieu. — Apprenant ensuite que je venais à cette réunion de Fulton Street, il m’a demandé de solliciter vos prières en faveur de ces neuf jeunes gens, afin qu’ils se convertissent immédiatement. »
— Un pasteur cita l’exemple de sept femmes dont les maris étaient tous inconvertis, et qui se réunissaient régulièrement dans le but de demander leur conversion. Elles avaient prié ainsi pendant dix ans sans être exaucées, et plusieurs d’entre elles, découragées de voir leurs prières sans résultat, étaient sur le point d’abandonner la partie, lorsqu’une pauvre irlandaise, qui était de leur nombre, femme fort ignorante au point de vue du monde, mais bien instruite au point de vue des choses de Dieu, protesta en disant : « Nous ne devons pas abandonner nos réunions. Ne savez-vous pas que Dieu est fidèle à toutes ses promesses ? Il n’a pas dit : Cherchez-moi, dans l’intention que nous le cherchions en vain. — Elles continuèrent donc à prier pendant trois autres années, et ce ne fut qu’alors que les fruits parurent. Leurs enfants se convertirent d’abord ; ensuite vint le tour de leurs maris. Le Seigneur continua à faire descendre son Esprit avec une puissance extraordinaire sur ces familles, et leurs parents, ainsi que leurs voisins, furent également convertis. L’église s’accrut promptement par de nombreuses admissions, car la population de la localité se tourna presque tout entière vers Dieu.
— « J’ai remarqué, dit un vieux pasteur, que la plupart des demandes qu’on nous présente ici sont en faveur des enfants de parents pieux, et souvent pour des enfants de veuves chrétiennes. J’éprouve le besoin de dire à tous ceux qui font de semblables requêtes de ne jamais se décourager et d’espérer contre toute espérance dans la fidélité du Seigneur. Notre Dieu est un Dieu fidèle et qui se souvient de la promesse qu’il nous a faite : « Je serai leur Dieu et le Dieu de leur postérité après eux. »
Pour vous faire comprendre ma pensée, permettez-moi de vous rapporter le trait suivant d’un père à qui on annonçait la nouvelle de la conversion de son fils. Celui qui apportait la bonne nouvelle s’attendait à exciter en lui une émotion profonde et une grande joie. Il fut, au contraire, extrêmement désappointé du calme avec lequel le père la reçut, et pensa qu’un autre l’avait probablement devancé.
— Qui vous a donc appris que votre fils était converti ?
— Dieu ! répondit le père. Il ne m’a pas dit précisément que mon fils était converti, mais bien qu’il voulait sa conversion, et je m’y attendais. Je crois à ses promesses et je ne suis pas surpris de voir qu’elles s’accomplissent.
Je répéterai donc à toutes ces mères qui nous demandent de prier pour leurs enfants : Espérez toujours en Dieu et ne doutez jamais de Lui. »
— Notre attention et notre intérêt furent attirés, un jour, d’une façon peu ordinaire par un pauvre enfant allemand, qui, après avoir demandé que la réunion priât pour lui, était demeuré dans la salle après tout le monde, pour nous supplier de nous retirer dans quelque coin isolé où nous pussions prier avec lui sans témoins.
Avant de prier, nous essayâmes de le sonder, pour savoir ce qui le troublait. Nous lui exposâmes la plénitude et la gratuité parfaite du salut que Jésus nous accorde par sa mort expiatoire, et nous l’exhortâmes à venir directement à Christ. Il nous écouta avec patience et avec une profonde attention, les regards fixés à terre et absorbé dans ses propres réflexions. Enfin, il se mit à nous demander :
— Pourrais-je reprendre mes péchés ?
— Non, lui répondîmes-nous ; vous ne pouvez pas reprendre vos péchés. Vous les avez commis, et vous ne pouvez plus empêcher qu’ils ne soient commis. Ils ne peuvent que vous être pardonnés par Christ.
Nous nous agenouillâmes alors pour prier et il s’agenouilla aussi ; mais, au lieu d’appuyer, comme nous, sa tête sur une chaise, il la courba jusqu’à toucher la terre avec son front. Nous étions profondément émus de le voir dans cette attitude, car nous sentions tout ce qu’il exprimait par là de douleur et d’humiliation. Il avait vingt ans, et il était plein d’intelligence ; cependant, il était parvenu à cet âge dans l’ignorance la plus complète de la religion. Ce qui le tourmentait le plus, c’était ce singulier désir de reprendre ses péchés. Que de pauvres pécheurs, en effet, qui seraient trop heureux de pouvoir les reprendre, lorsque l’Esprit de Dieu les éclaire sur leur culpabilité et leur état de condamnation ! Mais ces péchés sont montés vers Dieu, et, à moins qu’ils ne soient effacés par le précieux sang de Christ, ils se dresseront au grand jour du jugement contre le coupable et le condamneront. C’était là la grande vérité, cette vérité capitale que l’esprit allemand a tant de peine à saisir, et qui faisait que ce pauvre garçon demeurait stupéfait et comme abasourdi lorsque nous essayions de lui expliquer comment un pécheur peut être sauvé par le sang expiatoire versé sur le Calvaire pour la rémission des péchés. Il paraissait néanmoins très désireux de comprendre.
Le jour suivant, il revint, et l’on pria avec ferveur pour lui. Après la réunion, nous lui parlâmes de nouveau et nous priâmes encore ensemble. La conversation se faisait moitié en anglais, moitié en allemand. Nous lui demandâmes ce qu’il entendait lorsqu’il avait dit la veille qu’il voulait reprendre ses péchés.
— Il y a quelques jours, répondit-il, j’avais cruellement souffert dans mon âme, et, pensant que cela commençait à dépasser les bornes, j’avais dit à Dieu que je ne voulais plus avoir rien à faire avec Lui. Voilà ce que je voudrais reprendre ! Je voudrais qu’il me pardonnât cette parole. S’il voulait seulement consentir à me rendre cette seule parole, je serais heureux d’avoir toujours affaire avec Lui.
Nous lui dîmes alors qu’il pourrait très certainement reprendre cette parole, s’il sentait combien elle était coupable et s’il désirait réellement être pardonné. Il n’avait, pour cela, qu’à s’adresser directement à Dieu et à lui dire simplement le fond de sa pensée, en le suppliant de lui pardonner au nom de Jésus-Christ. Il devait s’humilier de tous ses péchés aussi bien que de celui-là, et, à cette condition, Dieu les lui pardonnerait tous. Grande fut sa joie quand il nous entendit lui assurer qu’un péché tel que le sien pouvait encore lui être pardonné, pourvu qu’il fût réellement repentant de l’avoir commis et qu’il mît sa confiance en Christ, le Sauveur des pécheurs.
Nous continuâmes alors la conversation avec lui et avec sa mère. Je lui demandai depuis combien de temps il était préoccupé de son salut. Il me répondit qu’il y avait plusieurs années que des pensées sérieuses lui étaient venues à ce sujet, mais que depuis quelques jours seulement il s’était senti grandement effrayé de sa culpabilité et du danger qu’il courait en tant que pécheur devant Dieu. Je m’informai ensuite s’il priait souvent pour demander du soulagement à son angoisse. Il répondit qu’il avait demandé d’être soulagé, mais qu’en dépit de ses efforts, le fardeau était demeuré sur lui. Je lui expliquai alors que la prière, à elle seule, ne suffisait pas, qu’il devait se remettre immédiatement et sans conditions entre les mains de Dieu, en lui offrant en sacrifice son âme, son corps et son esprit, et en se consacrant à son service par une foi inébranlable dans la pleine et entière suffisance de Jésus comme Sauveur. Ce que Dieu demandait de lui en retour du bienfait le plus inouï, à savoir : le don de son Fils unique et bien-aimé, mort sur la croix du Calvaire, c’était une vie animée désormais d’un amour filial pour son Dieu et consacrée à son service. C’est pour cela qu’il dit : « Mon enfant, donne-moi ton cœur et mets ton plaisir à suivre mes voies. » Je le pressai donc d’obéir sans plus de délai à cette tendre invitation de Celui qui était son meilleur Ami et son Bienfaiteur. Il me promit de l’essayer avec le secours d’En Haut, et il me demanda de prier pour lui, ce que je fis aussitôt, à peu près en ces termes : « O Dieu ! tu connais le cœur de ce jeune homme qui te cherche, et nous te demandons de dessiller les yeux de son entendement, afin qu’il puisse reconnaître l’obstacle qui l’empêche de se livrer complètement et immédiatement à Toi, et de trouver sa paix dans la foi au sacrifice sanglant de Jésus. Donne-lui, nous t’en supplions, ton Saint-Esprit, et daigne accomplir ton œuvre bénie dans cette âme, en la délivrant de ses péchés et en la plaçant dans la glorieuse liberté qui est le partage de tous tes vrais enfants. Prête l’oreille, Seigneur, aux prières que nous te présentons en commun et que nous faisons monter en sa faveur vers ton trône, au nom de Jésus-Christ. Dis-lui Toi-même de s’en retourner en paix ; donne-lui le sentiment que ses péchés lui sont pardonnés et qu’il est reçu en grâce auprès de Toi, par la foi en notre Sauveur. Amen. »
— Un missionnaire stationné à 350 lieues d’ici, sur la Rivière Rouge, au milieu des Indiens Choctaw, nous disait que dès qu’ils entendirent parler pour la première fois de cette réunion de Fulton Street, ils résolurent de consacrer la même heure à la prière, chacun dans le lieu de sa demeure, attendu qu’ils étaient trop disséminés pour pouvoir se réunir tous les jours. Ils ont persévéré dans leur résolution, et un grand nombre de conversions en ont été le résultat.
— Un vénérable pasteur de cette ville m’écrit que, vers le commencement de cette année, son fils avait été élu pasteur d’une église à Natchez, dans le Mississipi, et que peu après son entrée en fonctions il se lamentait, dans sa correspondance, du désordre qui régnait dans cette église. « Depuis trois ans, disait-il, on n’a pas fait une seule admission sur profession de foi, et comme bon nombre d’anciens membres sont partis pendant ce laps de temps, le nombre des nouveaux membres, venus du dehors et entrés dans l’église d’une façon irrégulière, est considérable. La situation est bien décourageante, mais mon espérance est en Dieu. »
« Dans ma réponse, ajoute le vénérable pasteur, je lui exposai l’œuvre admirable que le Seigneur accomplissait ici parmi nous, et les bénédictions signalées dont il avait honoré nos réunions mixtes de prière. Je lui donnai en même temps toutes les directions que je pensais pouvoir lui être utiles dans cette circonstance. A peine avait-il reçu ma lettre, qu’il annonça, un dimanche, du haut de la chaire, l’intention de prêcher tous les soirs de la semaine suivante sur les devoirs de l’église et sur son état. La semaine n’était pas terminée, que d’autres églises avaient déjà résolu de tenir aussi des assemblées extraordinaires, et, fort peu de temps après, tous les lieux de culte de la ville se trouvèrent ouverts chaque soir pour des services spéciaux, sans compter une réunion journalière de prière tenue l’après-midi.
Pendant une quinzaine de jours, les seuls fruits apparents furent un intérêt et un sérieux plus grands dans les cultes et une plus grande affluence dans les temples. Mais ces efforts ne furent pas inutiles ; car, dans la réunion de prière rattachée à l’église de mon fils, quatre femmes se levèrent successivement pour demander les prières en faveur de la conversion de leurs maris. Cette requête fut faite et reçut un exaucement éclatant. Peu après, les quatre maris parurent et rendirent témoignage de leur foi en Jésus Sauveur. Bientôt ils devinrent membres de l’église et l’édifièrent par leur conduite chrétienne. A partir de ce moment, l’œuvre a progressé rapidement et avec une puissance remarquable.
Presque tous ceux qui se convertissaient appartenaient à la classe élevée de la société et avaient été d’une incrédulité notoire. Aussi, était-on confondu en les voyant embrasser hardiment la cause de Christ, et annoncer leur désir de travailler de tout leur pouvoir à détruire le mal qu’ils avaient fait jadis par leur pernicieuse influence. J’ignore le nombre des personnes converties, mais je sais seulement qu’il y a quatre mois, on comptait déjà, dans la seule église de mon fils, une augmentation de cent trente-cinq membres, et que la même augmentation s’était produite dans toutes les autres communautés chrétiennes. A cette date, l’œuvre continuait à marcher d’une manière glorieuse. »