Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela sera accordé. (Jn 15.7)
La relation essentielle qui existe entre la Parole et la prière est l’une des leçons les plus simples en même temps qu’elle est une de celles qu’on apprend au début de la vie chrétienne. Un païen nouvellement converti l’a dit : « Je prie : je parle à mon Père ; je lis : mon Père me parle ».
Avant que nous arrivions à prier, n’est-ce pas la Parole de Dieu qui nous prépare à la prière en nous révélant ce que nous devons demander ? C’est elle qui nous fortifie en donnant à notre foi une base certaine. C’est encore cette Parole qui nous apporte la réponse qui nous est nécessaire, et c’est par elle que l’Esprit nous donne d’entendre la voix du Père. La prière n’est pas un monologue, mais un dialogue dans lequel la voix de Dieu, répondant à la nôtre, est la partie la plus importante. Ecouter la voix de Dieu est le secret de la certitude qu’Il écoutera la nôtre.
« Eternel ! incline ton oreille et écoute ». (2Ro 19.16) « Prête l’oreille à mes paroles ». (Ps 5.2) « Ecoutez ma voix ». (Jer 7.23)
Voilà des paroles que l’homme dit à Dieu et celles que Dieu lui répond. Dieu nous écoutera dans la mesure où nous l’aurons écouté. Le degré d’importance que nous attachons à ce que Dieu nous dit sera la véritable pierre de touche de ce qu’Il est réellement pour nous, de notre droiture et de notre sincérité dans la prière. C’est à cette relation entre sa parole et notre prière que Jésus fait allusion dans notre texte. La grande importance de cette vérité deviendra claire pour nous, si nous la comparons avec celle qui a fait l’objet de notre précédente leçon
Si vous demeurez en moi. (Jn 15.7)
Plus d’une fois, Jésus a dit : Demeurez en moi et moi en vous. Sa demeure eh nous sera le complément de notre demeure en lui, mais ici ce n’est plus : Vous en moi et moi en vous c’est : Vous en moi et mes paroles en vous. L’idée est la même, sous une forme différente.
Un horizon nouveau s’ouvre devant nous ; nous discernons mieux la place que doivent occuper dans notre vie spirituelle et surtout dans notre prière, les paroles que Dieu nous a révélées par Christ. Un homme se fait connaître par ses paroles, par ses promesses il se donne et il se lie à celui auquel il a fait ses promesses. Il fait connaître sa volonté en donnant ses ordres à ceux dont il réclame l’obéissance, non seulement dans le but de les diriger, mais aussi pour les employer à son service.
C’est par nos paroles que nous entrons en communion avec nos semblables. C’est par nos paroles entendues, acceptées, comprises, obéies, que nous pouvons exercer une influence sur les autres, influence naturellement toujours très limitée. Mais lorsque c’est Dieu, l’Être infini, en qui réside la vie, la puissance, la vérité dans l’acception la plus élevée du mot, lorsque c’est Dieu, disons-nous, qui parle, il y a plus encore, car Il se donne lui-même à ceux qui, recevant ses paroles, font l’expérience de la réalité de ses promesses. En nous faisant la promesse, Il nous donne en même temps la puissance de la saisir et de la posséder. En nous donnant ses ordres, Il nous donne en même temps la capacité de partager avec lui sa volonté, sa sainteté, sa perfection.
La Parole de Dieu n’est rien autre que son Fils, Jésus-Christ. C’est pour cela que les paroles de Christ sont les paroles de Dieu, toutes empreintes d’une puissance divine et d’une force vivifiante.
« La Parole était Dieu ». (Jn 1.1) « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie ». (Jn 6.63)
Nous savons par les sourds-muets que la faculté de la parole dépend de celle de l’ouïe ; c’est pour cela que la perte de l’ouïe chez l’enfant entraîne celle de la parole. Nous retrouvons cette vérité dans un champ plus vaste. Nos paroles dépendent de ce que nous entendons. C’est vrai aussi dans le sens le plus élevé de nos relations avec Dieu. Offrir une prière, exprimer nos désirs, faire appel à certaines promesses, n’est pas difficile, et l’homme peut aller jusque-là par son intelligence naturelle. Mais prier par l’Esprit, faire entendre à Dieu de ces paroles destinées à exercer une influence sur les puissances du monde invisible, c’est autre chose ; prier de la sorte dépend entièrement de la manière dont nous écoutons la voix de Dieu.
Ce n’est que par notre éducation à l’école du Maître que nous apprendrons à parler à Dieu aussi bien qu’à l’homme. « Le Seigneur, l’Eternel m’a donné une langue exercée, — Pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu. — Il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, — Pour que j’écoute comme écoutent des disciples. — Le Seigneur, l’Eternel m’a ouvert l’oreille, — Et je n’ai point résisté ». (Esa 50.4-5)
Ecouter la voix de Dieu, c’est quelque chose de plus qu’une étude attentive de sa Parole. On peut étudier et connaître à fond la Parole de Dieu sans être pour cela dans une communion réelle avec le Dieu vivant. Mais il y a aussi dans la lecture régulière de la Parole, faite sous le regard du Père et la direction de l’Esprit, une puissance qui vient directement de Dieu lui-même : c’est la voix de Dieu qui pénètre dans nos cœurs, qui y apporte force et bénédiction, qui y éveille cette foi vivante, laquelle, à son tour, atteint le cœur de Dieu.
Notre force de croire et notre force d’obéir dépendront de la manière dont nous aurons écouté cette voix. La chose essentielle pour nous est de reconnaître la voix de Dieu dans ce qu’Il a à nous dire.
Ce n’est pas la loi, ce n’est pas la Bible, ce n’est pas la connaissance de ce qui est bien qui engendrent l’obéissance, mais c’est l’influence personnelle de Dieu et sa communion intime. Dans la présence réalisée de Dieu, nous découvrirons que la désobéissance et l’incrédulité sont impossibles. Nous voyons dans notre texte l’explication de ce que nous venons de dire. Il faut que les paroles du Seigneur s’emparent tellement de notre cœur et de notre vie, que notre conduite et nos dispositions en soient le reflet. S’il en est ainsi, notre prière deviendra efficace, car elle sera la conséquence de notre vie; si nous faisons ce que Dieu nous ordonne, Dieu, à son tour, aura égard à ce que nous lui demandons.
Les saints de l’Ancien Testament ont bien compris cette relation intime entre les paroles de Dieu et les nôtres. Pour eux la prière était réellement l’effusion d’un cœur qui a entendu la voix de Dieu. Si la parole était une promesse, ils comptaient sur Dieu pour faire ce qu’il avait dit. « Ce que Dieu a dit, ne le fera-t-il pas ? Ce qu’Il a déclaré, ne l’exécutera-t-Il pas ? » (No 23.19)
La parole était-elle un commandement ? Nous voyons qu’ils obéissaient simplement à ce que Dieu leur avait ordonné. « Abram partit comme l’Eternel le lui avait dit ». (Ge 12.4)
Leur vie en communion avec Dieu était un libre échange de paroles et de pensées. Ils écoutaient et faisaient ce que Dieu leur commandait ; Dieu, de son côté, les écoutait et leur accordait ce qu’ils demandaient.
Non seulement Christ nous parle, mais, se donnant tout entier à nous, Il fait suivre sa promesse de l’accomplissement. En retour, Il demande que nous fassions de même, c’est-à-dire que nous nous abandonnions complètement à lui.
« Si mes paroles demeurent en vous ». (Jn 15.7) Cette condition est claire et simple. Elle nous révèle la volonté de Christ ; si ses paroles demeurent en nous, sa volonté deviendra la nôtre ; et nous deviendrons l’instrument docile qu’Il maniera à son gré. Christ remplira notre être intérieur dans l’exercice de l’obéissance et de la foi. Notre volonté s’affermira et sera toujours plus en harmonie avec lui et Il le saura. Il ne craindra pas alors de nous faire cette promesse : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé ». (Jn 15.7) Cette promesse se réalisera littéralement pour tous ceux qui y ajouteront foi et qui vivront d’après elle.
Disciples de Christ ! Ne nous devient-il pas de plus eh plus évident que pendant que nous cherchions à nous expliquer pourquoi nos prières restaient sans réponse, essayant de nous persuader que cela tenait à notre soi-disant soumission à la volonté de Dieu, la vraie raison était que notre vie sans énergie était la cause de nos prières sans force ? Qu’est-ce qui nous rendra forts si ce n’est la parole sortant de la bouche même de Dieu ? C’est la parole de Christ, aimée, respectée, agissant eh nous par l’obéissance.. c’est elle qui nous fera devenir un avec lui, et qui nous rendra capables de nous approcher de Dieu et de le comprendre.
Tout ce qui est de ce monde passera, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeurera éternellement. Abandonnons notre vie à Christ. Que nos cœurs s’ouvrent à sa parole. Quelles expériences pleines de bénédictions ne ferons-nous pas alors, et ne réaliserons-nous pas de sa présence en nous !
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.