« Car si nous avons été faits une même plante avec-lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi marchions dans une vie nouvelle. » Rom. 6.5.
Après avoir été conformes à Christ en sa mort, nous devons nécessairement l'être aussi dans sa résurrection. Ne parler que de notre participation à sa mort, que de porter la croix, que de renoncer à nous-mêmes, c'est ne présenter qu'un seul côté de notre union avec Christ. Sa puissance de résurrection nous fait passer de notre conformité à sa mort à une vie nouvelle. Notre mort avec Christ met fin à notre ancienne vie de péché et d'assujettissement au monde que nous abandonnons ; notre résurrection avec Christ commence en nous une vie nouvelle par laquelle le Saint-Esprit expulse l'ancienne. Le chrétien qui désire sérieusement marcher comme Christ, doit bien savoir qu'il est semblable à Christ dans sa résurrection.
Voyons si ce n'est pas là ce qui va répondre a cette question : Où trouver la force de vivre dans le monde comme Christ y a vécu ?
Nous avons déjà vu que la vie de notre Seigneur, avant sa mort, était une vie de faiblesse. Comme notre représentant, le péché avait une grande puissance sur lui ([5]). Il en avait aussi sur ses disciples, en sorte que leur Maître ne pouvait pas leur donner le Saint-Esprit, ni faire pour eux tout ce qu'il désirait. Mais à sa résurrection, tout change. Ressuscité par la toute-puissance de Dieu, il possède par sa vie de résurrection la puissance divine ; et s'il a vaincu la mort et le péché, c'est non seulement pour lui-même, mais aussi pour ses disciples, auxquels il peut aussitôt faire part de son Esprit, de sa joie et de sa puissance.
Lorsqu'à présent le Seigneur Jésus nous fait part de sa vie, ce n'est pas de la vie qu'il avait avant sa mort, mais c'est de la vie de résurrection qu'il s'est acquise par sa mort. C'est une vie qui n'a plus affaire avec le péché, .mais qui l'a déjà banni, une vie qui a déjà vaincu l'enfer et le diable, le monde et la chair, une vie de puissance divine dans la nature humaine. Voici la vie qui résulte pour nous de notre conformité à sa résurrection : « En vivant, il vit pour Dieu. Vous aussi, considérez-vous comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur ». (Rom. 6.11). Oh ! que Dieu veuille nous révéler par son Saint-Esprit toute la puissance de vie qui résulte de notre conformité à la résurrection de Christ ! C'est cette vie-là qui rend capable de marcher comme Christ.
Ceci reste un mystère pour la plupart des chrétiens et c'est pour cela que leur vie est une vie de faiblesse, de défaites et de péché. Ils croient à la résurrection de Christ comme preuve de leur justification. Ils pensent qu'il devait ressusciter pour continuer au ciel son œuvre de Médiateur, mais quant à savoir qu'il est ressuscité afin que la vie glorieuse de sa résurrection devînt dès à présent la force même de leur vie de chaque jour, ils n'en ont aucune idée. De là leur découragement quand il leur est dit qu'ils doivent suivre Jésus en étant parfaitement « conformes à son image » (Rom. 8.29). Ils ne peuvent pas comprendre qu'il soit demandé d'un pécheur qu'en toutes choses il agisse comme Christ l'eût fait. Ils ne connaissent pas Christ dans la puissance de sa résurrection, ils ne savent pas avec quelle force, quelle puissance sa vie agit en ceux qui veulent « regarder toutes choses comme une perte à cause de Christ ». (Phil. 3.8 ; Eph. 1.19, 20). Venez vous tous qui êtes lassés d'une vie différente de celle de Jésus, et qui désirez marcher sur ses traces, vous qui commencez à voir dans l'Ecriture qu'il y a pour vous une vie meilleure que vous ne l'aviez su jusqu'à présent ; venez, laissez-moi essayer de vous montrer quels trésors sont à vous par votre « conformité à sa résurrection ». Laissez-moi vous adresser trois questions.
D'abord : Etes-vous prêts à soumettre votre vie à la règle de Jésus et de sa vie de résurrection ? Je ne doute pas que l'exemple de Jésus ne vous ait convaincus de péché sur plus d'un point. Chaque fois que vous avez cherché votre propre volonté et votre propre gloire au lieu de celles de Dieu, cédant à l'ambition, à l'orgueil, à l'égoïsme, et manquant d'amour pour votre prochain, vous avez pu voir combien vous êtes loin de l'obéissance, de l'humilité et de l'amour de Jésus, et maintenant il s'agit de savoir si, en face de toutes ces choses que vous reconnaissez être des péchés, vous voulez dire : Puisque Jésus veut prendre possession de ma vie, je renonce à tout droit, à tout désir de jamais faire en rien ma propre volonté ; je lui abandonne ma vie, avec tout ce que j'ai, et je suis entièrement à lui pour faire toujours ce qu'il me commandera par sa Parole et par son Esprit. Sil veut vivre en moi et régner en moi ? je lui promets obéissance sincère et illimitée.
Pour faire acte d'abnégation si complète, il faut de la foi ; c'est pourquoi je vous adresse cette seconde question : Etes-vous prêts à croire que Jésus veut prendre possession de vous, veut prendre soin de la vie que vous lui confiez? Quand le croyant confie entièrement à Christ sa vie spirituelle et temporelle, il apprend à bien comprendre ces mots de Paul : « Je suis mort ; je ne vis plus ; Christ vit en moi ». (Gal 2.19, 20). C'est quand je suis mort avec Christ et ressuscité avec lui, que le Christ vivant prend possession de ma nouvelle vie et la gouverne par sa vie de résurrection. Cette vie de résurrection ne m'est pas offerte et donnée à condition que je me charge de la continuer moi-même. Non, c'est justement là ce que je ne puis pas faire, mais Dieu soit béni ! Jésus-Christ lui-même, est la résurrection et la vie, il est la vie de résurrection. Lui-même pourvoira de jour en jour et d’heure en heure à ce que je vive comme étant ressuscité avec lui. Il le fera par le moyen du Saint-Esprit qui est l'esprit même de sa vie de ressuscité. Le Saint-Esprit nous sera envoyé et, si nous nous confions en Jésus, cet Esprit divin maintiendra en nous d'instant en instant la présence et la puissance du Seigneur ressuscité. Ne craignons donc pas qu'il nous soit impossible de vivre de la vie sainte qui convient à des croyants appelés « les temples du Dieu vivant » (2 Cor. 6.16). Nous en sommes à la vérité incapables par nous-mêmes ; aussi n'est-ce pas de nous et de nos propres forces que Dieu l'attend, mais le Christ vivant qui est « la résurrection et la vie » a triomphé de tous nos ennemis ; lui-même réalisera cette vie nouvelle en nous et nous enverra le Saint-Esprit pour être notre force. Avec sa divine fidélité, il accomplira son œuvre en nous, pourvu que nous ayons confiance en lui. Christ lui-même est notre vie.
Et voici ma troisième question : Etes-vous prêts à user de cette vie de résurrection comme Jésus, pour devenir par elle un moyen de bénédiction envers ceux qui se perdent ? Tous nos désirs pour obtenir cette vie de résurrection échoueront, si nous cherchons seulement par là notre propre perfection et notre propre bonheur. Dieu a ressuscité Jésus pour donner par lui la repentance et la rémission des péchés ; il vit pour intercéder pour les pécheurs. C'est pour faire de même que vous devez chercher à recevoir la vie de résurrection. Consacrez-vous à travailler et à prier pour ceux qui périssent; alors vous serez un vaisseau propre à la recevoir, un instrument dont elle pourra se servir pour accomplir son œuvre sainte.
Mon frère ! tu es appelé à vivre comme Christ : Pour cela tu as déjà été fait un avec lui par la conformité à sa résurrection. A présent, il s'agit de savoir si tu veux, toi, faire l'expérience de cette vie de résurrection, si tu veux abandonner à Jésus toute ta vie pour qu'il manifeste lui-même en toi sa puissance de résurrection. Oh ! n'hésite pas à le faire ! Donne-toi à lui sans réserve : donne-toi avec toute ta faiblesse, toute ton infidélité. Crois seulement que, comme la résurrection de Jésus fut un miracle au delà de toute attente et de toute prévision, lui, le Ressuscité, fera, en toi aussi, infiniment au delà de tout ce que tu peux penser ou désirer.
Quelle différence dans la vie des disciples depuis la résurrection de Jésus ! Avant sa mort, tout en eux n'était que faiblesse, crainte, égoïsme et péché. Après sa résurrection, tout devient puissance, joie, vie, amour et gloire. C'est le même renouvellement qui transforme le croyant quand, après n'avoir vu d'abord dans la résurrection de Jésus que la source de sa justification, il découvre que le Ressuscité veut être lui-même sa vie, prendre la responsabilité de toute sa vie. O mon frère, toi qui n'en as pas encore fait l'expérience, toi qui es troublé et fatigué parce que tu te sais appelé à marcher comme Christ, et que tu ne le peux pas, viens et goûte le bonheur de remettre toute ta vie à ton Sauveur glorifié, avec l'assurance qu'il s'en chargera à ta place.
O Seigneur ! Mon âme t'adore, toi, le Prince de la vie ! Sur la croix tu as vaincu chacun de mes ennemis, le diable, la chair, le monde et le péché. En vainqueur, tu es ressuscité pour manifester et pour maintenir la puissance de ta vie de résurrection chez tes disciples. Tu les as faits « une même plante avec toi par la conformité à ta résurrection », et à présent tu veux vivre en eux et manifester dans leur vie terrestre la puissance de ta vie divine.
Gloire à ton nom pour cette grâce infinie ! Seigneur, je viens, à ton appel, te donner, t'abandonner ma vie avec tout ce qui en dépend. Trop longtemps, je me suis efforcé de vivre comme toi sans y réussir. Plus je cherchais à marcher comme toi, plus ma déception était grande. A présent, j'ai appris de tes disciples tout le bonheur qu'on éprouve à rejeter sur toi le soin et la responsabilité de sa vie. Seigneur, je suis ressuscité avec toi, un avec toi, semblable à toi dans ta résurrection. Seigneur, viens, charge-toi entièrement de moi et sois ma vie.
Surtout, je te prie, ô mon Sauveur ressuscité de te révéler à moi dans la puissance de ta résurrection, comme tu l'as fait pour tes premiers disciples. Ce n'était pas assez d'apparaître à tes disciples après ta résurrection. Ils ne te reconnurent que lorsque tu te fis connaître à eux. Seigneur Jésus, je crois en toi. Daigne te faire connaître à moi comme ma Vie. Toi seul, tu peux le faire. J'ai la confiance que tu le feras, et alors ma vie de résurrection sera comme la tienne, une source intarissable de lumière et de bénédiction pour tous ceux qui ont besoin de toi. Amen.
[5] Note du traducteur en réponse à quelques lecteurs qui ont réclamé contre cette assertion de l'auteur :
Jésus sur la terre a été réellement homme. « fils de l'homme », mais homme sans péché. Comme homme il a participé à la faiblesse humaine et souffert des conséquences du péché. Il a eu faim, il a eu soif, il a été en butte au mépris, à la haine des hommes ; leur incrédulité l'a empêché de faire des miracles « en sa patrie » (Marc 6.5) et de rester en Judée (Jean 7.1). Il a été tenté par le diable, « tenté de même que nous en toutes choses. » (Héb. 4.15) Il a souffert l'angoisse de Gethsémané ; Je supplice de la croix, « crucifié selon la faiblesse de La chair » (2 Cor. 13.4) ; puis il a fini par subir la mort, le roi des épouvantements, sous la condamnation, sous la réprobation, sous le poids des péchés de l'humanité. (Gal 3.13).
Tout ceci ne prouve-t-il pas que Jésus avait bien réellement revêtu la faiblesse de la nature humaine ? Et s'il n'a pas péché, n'est-ce pas précisément parce que reconnaissent sa faiblesse humaine, il demandait et recevait l'Esprit saint sans mesure, « la plénitude de la divinité » dans la faiblesse de son humanité ? (Col. 2.9)