Verset 39 : « Ainsi donc, frères, aspirez au don de prophétie, et n'empêchez pas de parler en langues.
Verset 40 : « Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre. »
Verset 39
ὥστε, | ἀδελφοί [μου], | ζηλοῦτε | τὸ προφητεύειν, | |||
hôsté, | adelphoï mou, | zêlouté | to prophêteuein | |||
En résumé, | mes frères, | cherchez (ardemment) | à prophétiser |
καὶ | τὸ λαλεῖν | μὴ κωλύετε | γλώσσαις· | |||
kaï | to lalein | mê kôluété | glossaïs | |||
(1)et | (3) de parler | (2) n'empêchez (pas) | (4) des langues [étrangères] |
Verset 40
πάντα | δὲ | εὐσχημόνως | καὶ | κατὰ τάξιν | ||||
panta | dé | euschêmonôs | kaï | kata taxin | ||||
(2) que tout | (1) seulement | (4) avec bienséance (ou : élégance) | (5) et | avec ordre |
γινέσθω. |
guinesthô. |
(3) se fasse |
Dans le chapitre précédent, nous avons déjà pris en considération le verset 40, mais ici, nous l'examinons de plus près dans le contexte de cette conclusion de l'argument de l’apôtre Paul.
Avec ces deux versets, l'apôtre termine son enseignement sur les dons spirituels et sur le don des langues en particulier. Cette conclusion de Paul est aussi la mienne : elle résume mon attitude personnelle vis-à-vis de cette question.
Par la bouche de l'apôtre, Dieu dit en somme deux choses :
— de ne pas empêcher de parler « en langues » (ou plutôt, de parler diverses langues, pour employer sa propre définition).
— mais de chercher, par contre, autre chose : aspirer à un don supérieur.
Avec cet équilibre, il me semble que toute la controverse à ce sujet est résolue.
Seulement, il n'est pas permis de détacher la proposition : ...« et n'empêchez pas de parler en langues » de la première partie du verset où Paul dit : « Aspirez au don de prophétie... » Le verset dans son ensemble met les choses en perspective.
Pourquoi Paul dit-il de « ne pas empêcher »... ?
Paul n'interdit pas le don des langues, parce qu'il sait que Dieu est souverain et lui, Paul, ne conteste pas l'autorité de Dieu. Qui est Paul, et qui suis-je, moi, pour interdire au Saint-Esprit de faire ce qu'il veut, ce qu'il juge nécessaire à l'œuvre de Dieu ? Si l'Esprit estime qu'à un moment donné et dans une situation particulière Dieu sera glorifié par l'exercice de ce don, qui oserait l'empêcher ? L'Esprit de Dieu n'a-t-il pas le droit de s'exprimer en une langue étrangère par la bouche d'un croyant ?
Seulement, l'apôtre Paul nous a déjà fait comprendre ce qu'il entend par « langue » en tant que don de l'Esprit. Bien qu'il ne l'interdise pas, il se donne beaucoup de peine pour en démontrer le vrai but et l'utilité très relative. Paul croit sans aucun doute à l'existence d'un don des langues authentique, sinon pourquoi dirait-il de ne pas l'empêcher ? Je crois avoir établi, cependant, par l'Écriture elle-même que pour Paul ce don, étant un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants, est nécessairement de la même nature que celle qui est définie par Luc dans Actes 2 et dont la signification est parfaitement claire. Paul conçoit comme étant légitime et normale une action du Saint-Esprit en une langue humaine véritable, destinée à atteindre des personnes étrangères qui seraient difficilement convaincues par un autre moyen. Paul n'exclut certainement pas une intervention semblable de la part de Dieu.
Pourtant, l'apôtre ne voit pas l'utilité d'un don des langues dans l'assemblée simplement pour l'exhortation de ses membres et encore moins pour l'édification personnelle de celui qui parle, ce qui serait, pour lui, contraire à la raison même de tout don spirituel. Comme nous l'avons dit, si l'Esprit de Dieu parle authentiquement « en langue », nous pouvons espérer voir son action déboucher sur un résultat indiscutable : au moins une personne entendra la Parole de Dieu dans sa propre langue et, normalement, au moins une personne sera, en conséquence, amenée à la foi en Christ. Pourquoi Paul empêcherait-il le Saint-Esprit d'agir de la sorte ? Par contre, si ces conséquences manquent, nous ne pouvons que douter de l'authenticité et de l'origine du phénomène dont nous témoignons.
Il me semble également indéniable que c'est ce même objectif que Paul a en vue quand il dit (au verset 21) : « En est-il qui parlent en langue (ou, mieux traduit : qui parlent « une langue », c'est-à-dire : une langue étrangère), que ce soient deux ou au plus trois, chacun à son tour, et que quelqu'un traduise. » Après tout ce que Paul a dit dans ce chapitre pour démontrer l'insignifiance relative des langues dans le déroulement des rencontres fraternelles, il serait étonnant qu'il encourage, dans ce verset, une pratique qui irait à l'encontre de son argument.
Quand Paul traite le « parler en langue » des Corinthiens, il ne met pas nécessairement en doute la bonne foi de ceux qui parlent, mais il va sans dire que, pour lui, les langues ne peuvent venir de Dieu si elles ne servent pas le but pour lequel Dieu les a désignées. Si c'est l'Esprit de Dieu qui parle, son action sera intelligente et visera un objectif précis qui ne confondra personne, mais qui glorifiera Dieu par des résultats concrets, indéniables, divins. Si c'est vraiment l'Esprit de Dieu qui agit, le fruit de l'Esprit ne manquera pas d'apparaître, soit en salut, soit en jugement.
Si, en revanche, Paul envisageait dans ce même chapitre 14 deux sortes de « parler en langues » complètement différents, il nous le dirait clairement. De même, s'il n'avait pas la même conception des langues que Luc, son fils spirituel, et que ses coéquipiers Barnabas et Silas, Paul nous le dirait tout aussi clairement. Sans cela, nous serions à même de lui reprocher de nous avoir mystifiés. Barnabas et Silas avaient été tous les deux à Jérusalem pendant les premières années de l'Église : ils avaient peut-être même témoigné personnellement des langues originelles d'Actes 2. Il serait inconcevable qu'ils enseignent aux jeunes églises de Corinthe ou d’ailleurs une doctrine différente de celle de Paul sur la nature des langues.
Ainsi, Paul n'interdit pas l'emploi des langues pourvu évidemment qu'il s'agisse du don véritable, de l'action du Saint-Esprit et non de celle d'un psychisme humain ou d'un esprit de séduction.
Si Paul dit de ne pas empêcher de parler « en langues », il ne donne certainement pas le droit à des perturbateurs d'introduire dans une assemblée un élément de confusion, que ce soit par une glossolalie charnelle ou par une doctrine quelconque qui déchirerait le corps de Christ et qui empêcherait les frères de travailler paisiblement à l'avancement de l'œuvre de Dieu. Dans un cas semblable l'église a le droit et le devoir d'imposer une discipline. Car Paul dit dans le verset suivant : « Que tout soit fait avec bienséance et avec ordre » (verset 40).
On m'a suggéré, peut-être avec raison, que Paul voulait prévenir une nouvelle confusion résultant d'un groupe « anti-langues » opposé au « pro-langues » au sein de l'église de Corinthe.
Aspirez aux dons supérieurs
Paul dit, c'est vrai, de ne pas empêcher de parler « en langues » ; pourtant, il ne dit pas de parler « en langues » !
Ici, je rappelle que le Nouveau Testament ne contient pas un seul commandement de parler « en langues ». Dieu nous ordonne de prier de patienter, de pardonner, de renoncer à nous-mêmes, d'attendre le retour de Christ et que sais-je encore. La Bible est remplie de commandements de toutes sortes, mais nulle part elle ne nous ordonne de rechercher le don des langues. Quant aux quelques « demi-versets » de 1 Corinthiens 14, que l'on interprète souvent différemment, nous les avons déjà étudiés ; il n'est donc pas nécessaire d'y revenir.
Ainsi, l’exhortation de Paul : « N'empêchez pas de parler en langues » n’est pas un ordre de parler « en langues », ni même d'aspirer à ce don. Loin de là. Ce n'est pas un argument en faveur de la glossolalie.
Dieu ne dit nulle part d'aspirer aux dons inférieurs. Bien qu'il n'interdise pas le don des langues, il nous ordonne de rechercher autre chose, d'aspirer à un don supérieur, plus nécessaire. Autrement dit : il y a mieux que le « parler en langues » ; Dieu veut fixer nos regards sur un objectif plus utile à l'église.
Je crois nécessaire de répéter ce que j'ai déjà dit : si je m'obstine à rechercher un don inférieur (et je pense en particulier à cette insistance contemporaine sur le don des langues), je désobéis en fait à un commandement de Dieu. Il se peut, certes, que Dieu ne m'accorde après tout qu'un don inférieur et, dans ce cas, je l'accepte avec gratitude ; mais le commandement de Dieu me fait viser plus haut. Viser bas signifie que je passe à côté de l'objectif de Dieu.
Ce qui me trouble, dans la situation où se trouve actuellement l'Église de Christ, ce n'est pas le fait que certains chrétiens parlent « en langues » ou croient parler « en langues » alors que d'autres ne le font pas. C'est au contraire le fait que le « parler en langues » soit considéré comme quelque chose de prioritaire, voire même indispensable à la vie spirituelle du chrétien. Une telle doctrine ne vient pas de la Bible.
Cette accentuation est à mon avis une erreur qui amène l'homme à manipuler l'Écriture et à lui donner un sens tout à fait arbitraire. Elle ouvre facilement la porte à des abus qui discréditent le témoignage de celui qui est le logos, c'est-à-dire la raison et la sagesse de Dieu. Elle est en contradiction avec le véritable enseignement de l'apôtre Paul.
À la fin de son chapitre 12, il reconnaît une gradation dans l'importance des différents dons spirituels et met délibérément le don des langues en queue de liste. Ensuite, après avoir affirmé que tous les croyants n'ont pas le même don, l'apôtre ordonne :
« Aspirez aux dons les meilleurs » (chapitre 12 verset 31)
Puis, au début de son chapitre 14, il dit : « Aspirez aux dons spirituels, mais surtout à celui de prophétie » (chapitre 14 verset 1).
Plus loin, il dit : « Puisque vous aspirez aux dons spirituels, que ce soit pour l'édification de l'église que vous cherchiez à en posséder abondamment » (chapitre 14 verset 12).
À la fin de son argument, il répète : « Aspirez au don de prophétie » (chapitre 14 verset 39).
Nous devons reconnaître que, dans chacun de ces versets, c'est un ordre que Dieu nous donne ; il exige que nous cherchions un don supérieur. Recherchez délibérément un don inférieur constitue une infraction au commandement de Dieu. Pourquoi inverser l'ordre que Dieu a établi ?
Les deux principes
Paul reconnaît en somme deux principes : le principe de la liberté et celui de la loi. Or, ces deux conceptions, au lieu d'être contradictoires comme c'est le cas pour l'homme naturel, sont en fait une seule vérité. L'œuvre de l'Esprit de Dieu est chaque fois caractérisée par ces deux principes paradoxaux mais complémentaires : une vraie autorité divine et une vraie liberté humaine. C'est ce que Paul appelle : « la loi de Christ » et Jacques « la loi de la liberté » 1 Corinthiens 9.21, Galates 6.2.
Ce n'est pas à moi, ni à qui que ce soit de dicter au Saint-Esprit notre volonté au sujet des dons qu'il accorde. Il est souverain, c'est lui qui distribue les dons à chacun comme il veut 1 Corinthiens 12.11,28 ; c'est Dieu qui établit dans l'église les apôtres, les prophètes, les docteurs, et les autres dons de son choix. Oserions-nous remplacer le jugement de Dieu par nos opinions, nos préférences, nos préjugés... ou par ceux du mouvement auquel nous appartenons ? Car « là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté » 2 Corinthiens 3.17.
Seulement, ne confondons pas « liberté » avec « licence » ou « pagaille ». Une liberté authentique ne peut exister sans que la loi soit présente et respectée. Dieu est un Dieu d'ordre et de bienséance. Si Paul dit : « N'empêchez pas de parler en langues », il ne s'agit pas là d'une « carte blanche » permettant à chacun de s'imposer quand il le veut et comme il le veut, sans égard à « l'utilité commune ». La liberté de l'Esprit n'annule pas son autorité et elle est toujours en harmonie avec l'Écriture qu'il a inspirée. Si nous sommes libres en Christ, ce n'est pas pour exploiter notre ego, c'est pour servir nos frères et sœurs et pour amener les perdus au salut en Christ. Le Fils de Dieu, quand il était sur la terre, était parfaitement libre ; pourtant, il n'a jamais utilisé cette liberté pour faire autre chose que la volonté de son Père Jean 5.19-30.
Dans chaque église locale fondée par les apôtres, il y avait une autorité établie par Dieu, celle des anciens désignés selon Actes 14.23, ainsi que celle des Écritures Saintes. Celui qui demeure dans la maison de Dieu est libre, mais il n'est pas sans discipline. Les anciens de l'assemblée sont tenus d'assurer un enseignement pur et complet au troupeau de Dieu ; ils doivent veiller également à ce que le diable n'introduise aucun élément de discorde ou de futilité dans les rencontres de l'église. S'ils se trouvent confrontés à une situation qui fait perdre à l'église le temps consacré aux choses de Dieu, ou à une personne qui sème le trouble parmi les frères par son attitude ou par sa position doctrinale, il leur incombe d'intervenir, avec amour, certes, mais aussi avec fermeté Tite 1.3-4. Ceci est vrai pour l'homme ou la femme qui veut imposer à l'assemblée une conception du « don spirituel » qui n'édifie pas les autres.
Il est évident que l'Esprit de Dieu ne voudra pas inspirer un « parler en langue » qui ne correspond pas à la norme néo-testamentaire qu'il a établie ; une telle « langue » ne viendrait pas de lui, mais plutôt de la chair.
Le Seigneur nous avertit : « On reconnaît un arbre à son fruit ». Tout ce qui vient de Dieu porte l'empreinte indéniable du doigt de Dieu. L'Esprit de Christ est venu dans le monde pour révéler Christ ; son action vise chaque fois l'approfondissement de cette connaissance. Si Paul dit de ne pas empêcher de parler « en langues », c'est assurément parce qu'il a en vue, comme nous l'avons dit, des langues vraies, les « diverses langues » de 1 Corinthiens 12, inspirées de Dieu selon les Écritures. Il ne nous interdit pas d'empêcher les fausses langues, celles qui seraient psychiques ou charnelles surtout lorsqu’elles sont contraires à la bienséance et au bon ordre dans l'église.
Ceux qui ont la responsabilité de l'assemblée ont la lourde tâche « d’éprouver les esprits » 1 Jean 4.1-3. Cela n'est pas une option, c'est un commandement. À Corinthe (c'est Paul lui-même qui le dit), de faux apôtres, de faux prophètes, de faux docteurs s'étaient introduits dans l'assemblée en faisant appel à un « un autre esprit » ; ils prêchaient « un autre Jésus » accompagné « d'un autre évangile » qu'ils prétendaient être supérieur à celui que Paul avait apporté. Dieu dit que c'est le devoir sacré de l'église « d'examiner toutes choses et de retenir ce qui est bon » 1 Thessaloniciens 5.21.
Ne l’imposez pas non plus
Si l'on n'a pas le droit d'empêcher le « parler en langues », personne n’a le droit non plus de l'imposer à autrui. Chacun doit respecter les convictions de son frère comme il aimerait que les siennes soient respectées. Il n'a pas le droit de forcer un autre à parler « en langues ». La liberté et la discipline du Saint-Esprit exigent un vrai respect de la part de chacun pour son frère ; seulement, si tel ou tel frère dérange l'assemblée par sa conduite, il faut alors que l'assemblée intervienne par l'intermédiaire de ses conducteurs spirituels.
Si Paul n'exclut pas complètement le don des langues de l'église, c'est parce qu'il reconnaît la souveraineté de l'Esprit de Dieu qui fait ce qu'il veut. Paul connaît la valeur du don authentique ; mais il faut bien admettre que, dans l'ensemble, il décourage de façon bien prononcée la conception corinthienne des langues et de leur pratique. Il laisse une place au véritable don, bien qu'elle soit très limitée.
Quelle doit être notre attitude ?
Dieu nous révèle son optique ; il ne nous laisse pas sans directives ; nous connaissons l'objectif à poursuivre. Le Christ ne nous dit-il pas qu'il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de se repentir ? Dieu s'intéresse infiniment plus au salut d'une âme perdue qu'aux activités multiples d'une église qui ne vit que pour elle-même Luc 15.7. L'action du Saint-Esprit est toujours orientée dans le sens de l'évangélisation des nations. C'est pour atteindre cet objectif qu'il distribue ses dons aux enfants de Dieu. C'est cette même attitude qui doit orienter notre pensée, notre conduite.
Par conséquent, si un non-croyant se trouve au milieu de nous, tout dans nos gestes, notre comportement, nos paroles devrait l'attirer inévitablement vers Dieu. Quelle que soit l'activité dans laquelle nous sommes engagés, que ce soit la prière, l'étude de la Bible, la sainte cène, le repas dans notre maison ou même la vaisselle ou la réparation d'une fuite d’eau, tout devrait lui parler de Christ, tout devrait le convaincre de l'authenticité de notre foi. Si la présence de Christ n'est pas manifeste au milieu de nous, aucun de nos efforts ou de nos arguments ne le convaincra. Si la sagesse et l'amour de Dieu n'y sont pas, comment pourrons-nous lui communiquer la réalité de ces choses ?
Il va de soi que le Saint-Esprit veut se servir de nous de la manière la plus efficace ; c'est pourquoi il nous incite à rechercher les dons qui peuvent être les plus utiles à l'œuvre de Dieu ; il veut faire de chaque église locale un instrument équipé au plus haut degré, pour atteindre les nations et pour délivrer les âmes qui périssent ; il veut nous accorder les dons les plus susceptibles de contribuer à ce dessein. Puisqu'il nous a fait connaître son désir, pourquoi se contenterait-il ensuite d'une action qu'il estime peu efficace alors qu'il dispose en fait de moyens nettement supérieurs pour réaliser son objectif ?
C'est par ses propres paroles que nous pouvons le mieux résumer l'attitude de l'apôtre Paul : « Je me suis fait le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre » 1 Corinthiens 9.19, 20-22. C'est cette même attitude qui animait le Seigneur Jésus qui est venu sur terre « pour servir et donner sa vie comme rançon de plusieurs » Marc 10.45.
C'est aussi l'attitude du Saint-Esprit. Et la nôtre ?
Pour résumer :
Le point essentiel à retenir, c'est que nous avons mieux à faire que de parler « en langues  » ; il y a des dons plus importants, plus utiles à l'assemblée et c'est à ceux-là que nous devons aspirer. Nulle part Dieu ne nous dit d'aspirer au don des langues ; mais il nous ordonne à plusieurs reprises d'aspirer au don de prophétie ou aux dons supérieurs.
Je ne juge pas mon frère qui parle « en langues », je ne l'empêche pas de parler... à moins que son action ou son attitude n'entrave l'œuvre de Dieu dans laquelle je suis engagé, et à moins que l'Esprit et la Parole de Dieu n'indiquent une erreur ou un péché manifeste. Mais, quant à moi, j'ai autre chose à faire, j'ai devant mes yeux un objectif beaucoup plus urgent, plus important ; j'aspire à servir Dieu de la manière la plus efficace, je cherche à porter le plus de fruits possibles. C'est pourquoi, je ne veux pas me laisser arrêter par quoi que ce soit. Je crains que la recherche actuelle si exagérée de la glossolalie ne soit une ruse de l'ennemi pour « dépister la meute », c'est-à-dire, pour brouiller notre vision en nous faisant dévier dans une impasse spirituelle, passer à côté de l'objectif essentiel de Dieu. Satan veut détourner nos yeux de la moisson d'âmes pour les centrer sur nous-mêmes ; il cherche à compliquer nos relations avec nos frères, et à épuiser nos énergies par des considérations secondaires, de peur que nous ne foncions tout droit vers le but qui compte.
Le conseil que j'ai toujours donné à ceux que Dieu m'a permis d'amener au salut en Christ est le suivant :
— Quant à nous, visons le plus haut possible. Demandons à Dieu l'un des meilleurs dons, un don qui « rapporte » en âmes gagnées, en fruits spirituels. Ne perdons pas le peu de temps dont nous disposons sur la terre.
— Nous n'avons pas à juger nos frères qui pensent autrement ; c'est à Dieu qu'ils devront rendre compte de leur emploi du temps.
— Si pourtant ils viennent mettre le désordre dans notre assemblée, s'ils troublent les âmes que nous cherchons à amener à Dieu, nous avons alors le droit de leur demander de respecter l'œuvre que Dieu nous confie. Nous serons prêts, s'ils le désirent, à prier avec eux et à étudier cette question avec eux dans la Bible. Nous cherchons à être en communion avec tous les enfants de Dieu, sauf dans les cas précis où Dieu nous l'interdit expressément ; mais la collaboration n'est pas possible avec ceux qui « tirent la charrue » dans un autre sens que nous.
— Pourtant, en ce qui nous concerne, l'objectif biblique est clair : il y a mieux que les « langues ». Nous cherchons donc plus loin, nous demandons à Dieu la plus grande bénédiction possible.
Il se peut éventuellement que Dieu ne vous accorde qu'un don inférieur. Dans ce cas, vous le remercierez ! Pourtant, je sais par sa Parole que l'Esprit de Dieu désire ce qu'il y a de meilleur pour vous et qu'il vous ordonne de le chercher. Si donc vous désirez qu'il vous utilise au plus haut degré, l'Esprit Saint ne cherchera sûrement pas à vous limiter à une action que l'apôtre Paul regarde comme peu utile. Paul lui-même préférait dire cinq paroles avec son intelligence que dix mille en langues...
Mes frères ! Visons le sommet, cherchons à réaliser la volonté absolue de Dieu !
La carotte et l'orange
Je me souviens d'une histoire que me raconta un homme de Dieu à Buenos-Aires. Il avait vu deux gavroches se rencontrer dans la rue. L'un des deux avait une vieille carotte qu'il avait trouvée, le pauvre, dans une poubelle. Il en offrit la moitié à son camarade qui, à sa stupéfaction, la refusa. Puis ce dernier tira de dessous ses haillons une grosse orange pulpeuse qu'il avait également trouvée quelque part. Il ne voulait pas de la carotte parce qu'il avait quelque chose de mieux !
Je ne peux m'empêcher de voir dans ce récit une comparaison avec ce qui se passe aujourd'hui autour de moi... On veut me faire « manger de la vieille carotte » alors que j'ai trouvé une belle « orange ». On insiste pour que je cherche un don « inférieur » alors que Dieu me propose quelque chose de bien plus valable ! Après avoir avalé l'orange, il ne me reste plus d'appétit pour la carotte.
NOTE
Jusqu'ici, nous avons examiné de façon détaillée tous les textes du Nouveau Testament ayant rapport au « parler en langues »... avec une seule exception : il s'agit de la citation par Paul dans 1 Corinthiens 14.21 de la prophétie d'Ésaïe.
La signification de cette citation est si extraordinaire que je lui réserve un chapitre entier. Parce que ce passage est si pertinent à notre génération, j'ai placé mon commentaire à la fin du présent ouvrage. Il sert de point culminant à toute l'argumentation du livre, que mon lecteur comprendra mieux après avoir parcouru les réflexions personnelles dans les chapitres qui suivent.