Comme les trois mêmes noms se retrouvent en tête de l’adresse de cette lettre, elle doit avoir été écrite à peu près dans la même situation que la précédente ; nous avons vu en effet que ces trois hommes ne se sont plus retrouvés ensemble après leur commun séjour à Corinthe. Et comme la première lettre avait été écrite au commencement de ce séjour, immédiatement après l’arrivée de Timothée revenu de Thessalonique, nous pouvons admettre que celle-ci aura été écrite quelques mois plus tard, à la suite de nouvelles plus récentes que Paul avait reçues et qui indiquaient une position un peu modifiée. Si l’allusion qu’a vue Weiss dans la parole 3.2 est réelle, la lettre serait même des tout derniers temps du séjour de Paul à Corinthe. Il y a, dans les différents traits du tableau, une gradation évidente, de la première à la seconde épître. L’éloge donné à l’église pour ses progrès dans la vertu chrétienne est plus accentué. La persécution s’est aggravée, mais en même temps aussi s’est accrue l’énergie de leur persévérance et de leur foi. Ce qui les préoccupe maintenant, ce n’est plus le sort de ceux que Dieu retire avant la Parousie, — l’instruction donnée dans la première lettre les a tranquillisés sur ce point, — c’est l’imminence du retour du Seigneur. De là une aggravation marquée dans le dérèglement de plusieurs dont nous n’avions vu dans la première lettre que de légers symptômes ; il s’agit de l’abandon des travaux de la vie ordinaire. Aussi l’apôtre ne se borne-t-il plus à de simples recommandations, comme auparavant (1 Thessaloniciens 4.11-12) ; il prend des mesures et met en œuvre la discipline ecclésiastique.
En face d’une gradation aussi frappante, il est impossible d’admettre l’idée de plusieurs critiques (Grotius, Ewald, Bunsen, Baur, Laurent, Renan, etc.) qui envisagent notre seconde lettre canonique comme ayant été écrite la première. Grotius avait, pour penser ainsi, la raison suivante : à ses yeux le tableau de l’homme de péché avait trait à l’empereur Caligula, mort en 41. Il fallait, pour justifier cette application, faire remonter notre lettre aussi haut que possible, même jusqu’avant l’arrivée de Paul à Thessalonique. Il imagina donc qu’il se trouvait déjà dans cette ville une communauté de judéo-chrétiens venus de Palestine, et que c’était à elle que la lettre était adressée. Cette supposition n’a pas l’ombre de vraisemblance. Ewald pense que notre seconde lettre a été écrite pendant le séjour de Paul à Bérée, tôt après son départ de Thessalonique. Mais, s’il en était ainsi, tous les souvenirs si frais, tous les traits si touchants de sollicitude et de tendresse qui caractérisent la première lettre, devraient se trouver dans celle que nous appelons la seconde. Du plus, le passage 2.15 renferme certainement une allusion à notre première lettre. Ewald applique cette parole à une lettre antérieure que nous ne possédons plus ; hypothèse superflue et invraisemblable. M. Renan pense que, quoique plus ancienne, notre lettre a été placée la seconde, parce qu’elle était plus courte. On pourrait l’admettre sans le rapport de gradation que nous avons constaté entre la première et la seconde, et sans l’allusion directe de 2.15 à la première.
Nous datons cette lettre, dans la supposition de son authenticité, de Corinthe, vers la fin de l’an 53.