Moyens de grâce. — Prédication. — Traités pour le réveil. — Efforts personnels. — Appel à la prière par le révérend J. C. Ryle. — Paroles du révérend docteur Guthrie, d’Edimbourg, sur la persévérance dans la prière. — Traités du révérend docteur J. W. Alexander. — « Le Réveil et ses leçons. » — « Priez pour recevoir le Saint-Esprit. » — Influence de la presse.
Nous avons dû répéter souvent, à la gloire de Celui dont la souveraine puissance et la miséricorde sont aussi indépendantes qu’infinies, que le réveil s’est opéré sans le concours des efforts et des travaux qui ont pour but d’attirer l’attention des hommes et de frapper leur imagination. Il entre, toutefois, dans les plans de Dieu de ne rien faire sans se servir de moyens et sans mettre en usage l’activité de ses vrais serviteurs.
La prédication de l’Evangile, l’un de ces moyens, a été extraordinairement bénie pour l’édification des croyants et pour la conversion des pécheurs. Les temples se sont remplis d’auditeurs beaucoup plus nombreux et plus attentifs qu’à l’ordinaire, et les pasteurs ont prêché les grandes vérités du christianisme avec une clarté, une énergie et une ferveur particulières ; ils ont annoncé tout le conseil de Dieu avec une plénitude remarquable. De son côté, le Seigneur s’est plu à mettre en honneur sa Parole, et à s’en servir en mille circonstances, comme d’un moyen évident de ramener à Lui des âmes perdues.
Dans la première moitié de l’année 1858, a paru un volume de sermons, publié par vingt ou trente pasteurs de New-York et de Brooklyn. Ces sermons avaient été prêchés pendant le présent réveil, et, quoique prononcés par des prédicateurs fidèles, appartenant à diverses dénominations, il est surprenant de voir combien ils s’accordaient dans les doctrines qu’ils proclamaient et par l’esprit qui les animait.
Dans l’automne de la même année, la grande salle de l’institution Cooper, contenant des sièges pour 2500 personnes, fut ouverte pour des services religieux du dimanche soir, et pour une série de prédications données par le rév.d T. L. Cuyler, pasteur de l’église du Marché. La salle regorgea aussitôt d’auditeurs, et des foules nombreuses durent s’en retourner sans pouvoir entendre la Parole de vie qu’elles étaient venues chercher.
Le conservatoire de musique, le local le plus vaste peut-être et certainement le plus splendide des Etats-Unis, fut loué à un prix considérable, pour la saison d’hiver, ou pour plus longtemps, s’il le fallait, et des pasteurs de diverses dénominations s’étaient associés pour prêcher l’Evangile aux immenses auditoires qui s’y pressaient tous les dimanches soir. Cette même salle, qui, pendant toute la semaine, retentissait des chants et de la musique de l’opéra et se remplissait de gens altérés de plaisirs et d’amusements, était peu accoutumée aux accents de la prière et de l’action de grâces.
Mais, tandis que s’accomplissaient ces grandes manifestations qui attiraient l’attention du public et qui méritent une mention dans cette histoire du réveil, il ne faut pas oublier que Dieu se servait principalement de la prédication, humble, fervente et fidèle, des pasteurs qui ne parlaient qu’à leurs propres troupeaux et dont les discours n’ont pas été publiés. Il se servait aussi de cette influence qui émane soit du pasteur, soit de l’Eglise elle-même, quelque petite et quelqu’obscure qu’elle soit, et qui attire vers la lumière divine tous ceux qui la subissent. J’ai pu me convaincre, et je suis heureux de le dire ici, que les églises les plus favorisées dans ce mouvement de réveil étaient, le plus souvent, éloignées des grandes artères de la cité de New-York, et placées au contraire dans les localités les plus isolées et les moins fréquentées.
— Un moyen non moins efficace pour faire pénétrer la vérité dans les cœurs, tant dans cette ville que dans les autres, a été la propagation de traités évangéliques très brefs et en même temps très mordants, par lesquels on provoquait chez les chrétiens un redoublement de zèle, tout en avertissant les méchants de fuir « la colère à venir ». Les sociétés spécialement chargées de ce genre de travail attestent que jamais ces petits écrits n’avaient été aussi demandés qu’à ce moment, et que jamais le zèle des chrétiens qui les soutiennent ne s’était montré plus libéral pour les seconder dans cette œuvre. Dans la ville de Baltimore, deux ou trois personnes dévouées ont fait imprimer et circuler à leurs propres frais ces petits messagers de la Bonne Nouvelle, et ces efforts ont été couronnés d’un succès si marqué, qu’ils ont servi à ramener bien des pécheurs dans la voie du salut.
— La société épiscopale protestante pour l’avancement de la connaissance de l’Evangile a fait publier, entre autres, un traité du rév.d J. C. Ryle, intitulé : Appel à la prière. La lecture de cet opuscule a puissamment contribué à faire comprendre aux chrétiens leur devoir sur ce point et à convaincre les incrédules de la nécessité de rechercher la faveur de Dieu. Nous en extrayons les paroles suivantes, qui sont comme autant de coups de lancette donnés d’une main sûre :
« Comment pouvez-vous espérer d’être sauvés par un Dieu inconnu ? Vous ne connaissez un homme ou une femme ici-bas que si vous lui parlez : vous ne pouvez connaître Dieu en Jésus-Christ qu’en Lui parlant par la prière. Si vous désirez être avec Lui dans le ciel, il vous faut faire connaissance avec Lui dès cette vie, et, pour nouer cette connaissance, il vous faut prier.
Lecteur, celui qui vit sans prière vit sans Dieu, sans Christ, sans grâce, sans espérance et sans ciel. C’est là ce qui s’appelle être sur la grande route de l’enfer. Etes-vous étonné maintenant que je vous demande si vous priez ?
J’ai lu attentivement dans la Bible la vie de tous les saints hommes. Je n’en trouve aucun, de la Genèse à l’Apocalypse, qui n’ait été un homme de prière. Je trouve la prière mentionnée comme l’un des caractères distinctifs des croyants ; je vois qu’ils invoquent le Père, qu’ils invoquent le Nom du Seigneur Jésus-Christ. Je vois ensuite que le trait caractéristique des méchants, c’est qu’ils n’invoquent pas le Seigneur. (1 Pierre 1.17 ; 1 Corinthiens 1.2 ; Psaumes 14.4)
J’ai lu la vie de plusieurs chrétiens éminents qui ont vécu sur la terre depuis les temps apostoliques : les uns étaient riches, les autres pauvres ; les uns étaient savants, les autres ignorants ; les uns étaient épiscopaux, les autres portaient d’autres noms ; les uns étaient calvinistes, les autres arminiens ; les uns se servaient d’une liturgie, les autres s’en passaient ; mais ils ont tous eu ceci de commun entr’eux, à savoir : qu’ils étaient des hommes de prière.
J’étudie les divers rapports des sociétés missionnaires de nos temps modernes, et je vois avec joie que dans les diverses contrées du monde les païens reçoivent l’Evangile. Il y a des conversions en Afrique, dans la Nouvelle-Zélande, dans l’Indostan, en Chine même. Ces convertis ne se ressemblent naturellement en rien. Mais ce qui me frappe, c’est que dans toutes les stations missionnaires les convertis prient.
Lecteur, je ne nie pas qu’un homme ne puisse prier sans sincérité et sans y mettre son cœur. Je ne prétends nullement que le seul fait de la prière prouve que l’âme soit ce qu’elle doit être. Ici, comme dans tout le reste, l’hypocrisie et la tromperie peuvent se glisser.
Mais voici ce que je dis : je prétends qu’un homme qui ne prie pas ne saurait être réellement chrétien. Il ne peut pas sentir réellement ses péchés ; il ne peut pas aimer Dieu ; il ne peut pas se sentir redevable à Christ ; il ne peut pas soupirer après la sainteté ; il ne peut pas désirer le ciel ; il n’est pas encore né de nouveau ; il a encore à devenir une nouvelle créature. Il a beau parler avec confiance d’élection, de grâce, de foi, d’espérance, de connaissance, et tromper la foule des gens ignorants ; s’il ne prie pas, soyez bien assuré que ce ne sont là que de vaines paroles.
Je vais plus loin, et je dis que, de toutes les marques qui prouvent l’existence d’une œuvre réelle de l’Esprit, l’habitude de la prière personnelle est bien la meilleure et la plus certaine qu’on puisse donner. Un homme peut prêcher par des motifs qui ne sont pas bons. Un homme peut écrire des livres, faire de beaux discours, paraître zélé pour toute bonne œuvre, et n’être, après tout, qu’un Judas Iscariote. Mais il est difficile, extraordinairement difficile, qu’un homme entre dans son cabinet et répande en secret son âme devant Dieu, sans qu’il y soit porté par un motif sincère. Le Seigneur a marqué lui-même la prière de son sceau comme la meilleure preuve d’une véritable conversion. Quand il envoya Ananias vers Saul, à Damas, il se contenta de lui donner pour preuve du changement opéré dans son cœur cette simple parole : « Voilà, il prie. (Actes 9.11)
— L’Appel à la persévérance dans la prière, par le rév.d docteur Guthrie, n’est pas moins pressant dans ses arguments que le précédent, et il est peut-être conçu en termes encore plus frappants. Le but qu’avait en vue l’éloquent pasteur d’Edimbourg, cette lumière des églises libres d’Ecosse, coïncide trop bien avec celui que nous poursuivons dans cet ouvrage, pour que nous n’en transcrivions pas ici un passage remarquable :
« Il est facile de reconnaître la manière dont un pauvre frappe à la porte. Il frappe doucement, timidement, avec hésitation ; il semble dire : Je n’ai aucun droit à la bienveillance de cette maison. On peut me répondre que je reviens trop souvent ; on peut me traiter comme un mendiant incommode et ennuyeux. Quelque domestique hautain pourrait bien me fermer brusquement la porte à la figure. — Combien est différente l’allure de l’enfant de la famille, lorsqu’il revient de l’école ! Comme il frappe vigoureusement, comme il bondit dans la maison, comme il entre brusquement dans la chambre de son père ! Comme il saute sur ses genoux, comme il lui passe les bras autour du cou ! Avec quel visage hardi, avec quelle pétulance de langage il rappelle à son père telle faveur promise ! — Et pourquoi le chrétien sera-t-il hardi auprès de Dieu ? Gloire en soit à l’Eternel au plus haut des cieux ! c’est parce que la prière le conduit à Dieu comme à un Père, et l’amène à Jésus comme à un Frère aîné. Voilà ce qui fait qu’au jour de la détresse la foi lève courageusement ses mains suppliantes et crie à son Dieu : Oh ! si tu déchirais les cieux et si tu voulais descendre !…
Il me semble voir un sourire contracter les lèvres de l’incrédule, et je crois entendre sortir de sa bouche ces paroles : Quelle absurdité ! Quelle présomption ! Comme s’il était dans la dignité de Dieu de se rendre à l’appel des rois et des paysans, des princes et des pauvres ? Appartiendrait-il à nos prières de venir modifier les plans de l’Eternel ? Créatures d’un jour, enfants de la poussière, qui êtes-vous, que l’univers doive être ébranlé et que le gouvernail des destinées humaines doive être tourné de côté et d’autre au gré de vos requêtes ? — Hé bien ! oui, nous en convenons, ce langage est d’une grande hardiesse. Néanmoins, je sens que je puis être plein de hardiesse et de confiance auprès d’un Dieu qui est mon Père, mon Père en Christ. Je sais ce qu’est le cœur d’un père. N’ai-je pas senti le tremblement des lèvres de mon père ? n’ai-je pas vu une larme paraître dans ses yeux ? n’ai-je pas senti l’émotion de son cœur dans le serrement de sa main, lorsque je lui exprimais mon repentir après une chute et mon désir de mieux faire ? N’ai-je pas vu la mère, alors que son jeune enfant trébuche sur le sentier et que des coursiers lancés à toute vitesse arrivent sur lui, semant leur route d’éclairs et d’écume ; ne l’ai-je pas vue fondre sur son enfant, comme un aigle sur sa proie, et l’arracher à une mort imminente ? N’ai-je pas vu aussi la mère assise au chevet du cercueil, pâle, muette, l’œil sec et fixé vers la terre, terrible dans sa douleur ; ne l’ai-je pas vue s’élancer de son siège, saisir la bière que nous allions enlever, et, avec des cris qui perceraient un cœur de roche, s’efforcer de nous arracher son enfant mort ?…
Si donc ; nous qui ne sommes que des vers de terre, nous pouvons mettre notre vie en danger pour sauver nos enfants, et si, alors même qu’ils ne sont plus que pourriture et corruption, nous ne pouvons penser à leur dépouille mortelle, ni même visiter leur solitaire et froide tombe, sans que nos entrailles se déchirent et que nos blessures se rouvrent, pouvons-nous concevoir, pouvons-nous mesurer, que dis-je ? pourrions-nous exagérer, même dans nos conceptions les plus exaltées, l’immensité infinie de l’amour de notre Dieu ? — Ne me parlez pas de la dignité de la divinité ! Ne me parlez pas de cette attitude calme, majestueuse et solennelle qui convient, selon vous, au souverain qui voit son enfant emporté par le fleuve le long des murs de son palais ! Le souverain disparaît dans le père, et le père jette bien loin sa pourpre, son sceptre, sa tunique d’or et sa couronne étoilée de diamants, et il s’élance dans les flots écumants pour ressaisir son enfant. Où trouveriez-vous un père dont le cœur soit assez dur pour voir son fils tomber à la mer et lutter contre la mort, sans amener aussitôt toutes ses voiles, quelle que soit la mission importante de son navire ou le danger à courir, et sans arrêter sa course pour se diriger, l’âme glacée de terreur, vers le lieu où son enfant a disparu ?
Enfant de Dieu, prie toujours ! Les enfants de Dieu sont plus chers à leur Père que les nôtres ne nous le sont à nous-mêmes. Il les regarde avec bien plus d’amour qu’il n’en éprouve en contemplant toutes les brillantes étoiles du firmament. Ils ont été rachetés à un prix infiniment supérieur à celui de dix mille mondes. Le plus humble et le plus faible de ses enfants est plus précieux à ses yeux que toutes les têtes couronnées de la terre et tous les grands hommes de l’histoire. Il prend plus d’intérêt aux vicissitudes journalières du pieux habitant d’une chaumière qu’à la chute et au relèvement des plus grands empires.
Enfant Dieu, continue à prier ! Par la prière, ta main peut atteindre jusqu’aux nues et ton bras peut pénétrer jusque dans le ciel. Ne te laisse par ravir ta hardiesse par la pensée que ta prière ne saurait fléchir l’Eternel ni le faire descendre des cieux. Quand je tire la corde qui attache à un puissant navire le frêle esquif où je me trouve, si je ne puis amener cette masse flottante jusqu’à moi, je me rapproche moi-même d’elle, et je vogue en sûreté sous la protection de sa formidable artillerie, en jouissant de tous les biens dont le navire est abondamment pourvu. Que si la prière ne peut amener Dieu jusqu’à moi, il suffit qu’elle m’amène jusqu’à Lui. S’il ne descend pas sur la terre, c’est moi qui monte, en quelque sorte, au ciel, et je n’en suis pas moins secouru dans tous mes besoins.
Enfant de Dieu, continue à prier ! S’il était indispensable à ta sécurité que l’Eternel déchirât les cieux, Il le ferait. J’ose m’aventurer jusqu’à le croire, et « je ne suis pas hors de sens, très excellent Festus ! » Ce ciel, d’ailleurs, n’a-t-il pas été déjà déchiré ? Il y a dix-huit cents ans que, revêtu de notre humanité, le Seigneur est descendu en personne sur la terre. Ce ciel bleu, où se jouent les hirondelles et où plane l’aigle, a été traversé par les légions ailées des anges ; il a retenti de leurs chants de triomphe. Parmi les constellations de ce même firmament, un astre nouveau a paru. Il éclairait de sa lueur mystérieuse la bannière qui précédait le Roi de gloire, lorsqu’il descendait dans ce monde ténébreux et lointain. Après que ce Roi eut reposé dans l’humble crèche, une aurore nouvelle se leva sur les campagnes couvertes de rosée de la terre de Canaan, et du sein de cette aurore sortit la forme du Fils de Dieu. Les routes poudreuses, les neiges de la montagne, les sables du désert, les plages et même les vagues de la mer de Galilée, reçurent l’empreinte des pieds du Créateur. Auprès de cette étable, où gît l’Enfant dans son rustique berceau ; auprès de cette croix sur les bras ignominieux de laquelle est clouée la Gloire de l’univers ; auprès de ce sépulcre silencieux où repose sur un lit de parfums et d’herbes odoriférantes ce corps enveloppé dans un linceul sanglant ; tandis que les sentinelles romaines vont et viennent aux clartés de la lune, et tandis qu’au dedans la mort est assise, liée de chaînes, attendant le réveil de Celui qui dort et qui va bientôt lui arracher ses armes et sa couronne pour la mettre à mort en lui-même, la foi peut croire tout ce que Dieu a révélé et espérer tout ce que Dieu a promis. Sur cette crèche, sur cette croix, sur la roche de ce sépulcre, elle voit briller cette lumineuse inscription : « Celui qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré à la mort pour nous tous, ne nous donnera-t-il pas gratuitement toutes choses avec Lui ? » Elle lève alors vers le ciel son regard d’aigle, elle s’élance avec audace vers les régions invisibles, et, portée sur les ailes puissantes de la prière, elle plane au-dessus de toutes choses.
La foi, sainte et audacieuse, ne voit que les promesses,
Et ne s’appuie que sur elles.
Elle se rit des impossibilités,
Et répète toujours : La chose arrivera !
Mais ce qui a exercé une influence encore plus directe et plus efficace, ce sont les petits traités composés par le rév.d James W. Alexander D. D., de cette ville, et rassemblés depuis peu en un volumea. Ces traités sont très courts, rédigés avec un tact et un instinct pratique vraiment rares, et admirablement adaptés aux besoins et aux habitudes du peuple. Ils se distinguent aussi par une tournure gracieuse et par une puissance de raisonnement qui les rendent propres à impressionner les esprits les plus cultivés. Le traité adressé « aux pompiers » a été imprimé et distribué, aux frais d’une seule personne, dans chaque maison où se trouve une pompe à incendie. Voici les titres de quelques autres traités de cette série :
a – The Revival and its lessons.
- Cherchez à sauver des âmes.
- L’âme qui n’est pas réveillée.
- Oh ! je voudrais sentir plus vivement !
- Contrains-les d’entrer.
- Regard sur Jésus.
- Demandez le Saint-Esprit.
Dans ce dernier traité, le docteur Alexander dit : « Ce dont nous avons besoin pour obtenir un réveil puissant et sans exemple, c’est que l’Eglise se mette à genoux devant Dieu. Les grâces et les délivrances déjà obtenues doivent aiguillonner nos désirs. « Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai retiré du pays d’Egypte ; ouvre ta bouche et je la remplirai. » — Les grandes assemblées de prière ne nous ont pas manqué ; mais ce n’est que lorsque l’Esprit de grâce et de supplication est répandu en abondance sur l’Eglise et qu’elle est émue de tristesse à la vue de la désolation qui règne dans la Jérusalem spirituelle, que cette parole se vérifie : « Tu te lèveras et tu auras pitié de Sion, car l’heure de lui faire grâce, oui, l’heure favorable de lui faire grâce est venue ; car tes serviteurs prennent plaisir à ses pierres et même à sa poussière. » — Oh ! si le peuple de Dieu voulait apprécier le privilège de crier à Lui, pour en obtenir ses dons précieux !
Comprends, lecteur croyant, comprends cette grande vérité : Dieu est infiniment désireux de t’accorder, en réponse à tes prières, le plus grand de tous ses bienfaits. « Si donc, vous qui êtes méchants, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il son Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. — O mon frère ! réfléchis à cette parole bénie. Tu as dans ton cœur quelque chose qui t’en révélera toute l’étendue. Et quel est ce don précieux que le Père est si désireux de te faire ? C’est un don qui appliquera à ton âme tous les bienfaits de la rédemption de Christ ; c’est le don qui produit ici-bas les réveils ; le don qui sera l’essence du bonheur éternel ci-après ; c’est le Saint-Esprit ! Tous les disciples, dans le monde entier ne devraient-ils pas se prosterner devant le trône de miséricorde, et supplier l’Eternel, en Jésus-Christ, de leur communiquer cette grâce qui comprend toutes les autres grâces ? C’est à Lui seul que nous regardons, car en Lui seul se trouve ce don de l’Esprit. Nous le lui demandons au nom de Christ, car ce Nom lui-même signifie Oint, et cette onction qu’il communique, comme chef du corps, à tous ses membres, c’est précisément le don du Saint-Esprit. Dieu ne lui donne pas l’Esprit par mesure ; Il le possède par conséquent sans mesure, pour le répandre sur son Eglise, et ses enfants, à leur tour, le reçoivent de Lui par la prière. Réfléchissez quelques instants à ce grand don, et vos prières en seront vivifiées.
I. L’Esprit peut encore être répandu sur l’Eglise. — Comme Moïse répandait l’huile de l’onction sainte sur la tête d’Aaron, ainsi Dieu verse l’onction de son Saint-Esprit sur la tête de notre Souverain Sacrificateur ; et de même que le parfum descendait jusque sur les bords de son vêtement, ainsi le don de l’Esprit descend sur tous les croyants. L’onction que nous avons reçue de Lui, dit l’apôtre Jean, habite en vous. Mais cette onction est parfois si abondante, qu’elle découle en réalité. — Il en est qui ont critiqué cette expression si parfaitement biblique et consacrée par l’usage de l’Eglise. Parmi les promesses que le Seigneur a faites, pour les derniers jours, se trouve celle-ci : Je ne leur cacherai plus ma face, car j’ai répandu mon Esprit sur la maison d’Israël, dit l’Eternel. L’interprétation des apôtres applique aux temps de la Nouvelle Alliance les paroles suivantes d’un autre prophète : « Je répandrai mon Esprit sur toute chair ; et ailleurs encore : « Voici, je répandrai mon Esprit sur vous. Cette promesse nous annonce évidemment une abondante effusion. Demandons-la. Le Seigneur Jésus consolait ses disciples, avant de les quitter, par la promesse du Saint-Esprit, dont l’apparition dépendait de son ascension : Si je m’en vais, leur disait-il, je vous l’enverrai. — Fidèle à sa promesse, il leur a envoyé ce Consolateur lors de la première Pentecôte, et vous savez avec quelle gloire et quel éclat ! Après avoir reçu du Père la promesse du Saint-Esprit, dit l’apôtre Pierre, Il a répandu ce que vous voyez et vous entendez. — Un bruit soudain s’était fait dans le ciel, semblable à celui d’un vent impétueux, qui remplit toute la maison dans laquelle ils se trouvaient, et ils avaient tous été remplis du Saint-Esprit. Observez que, selon l’injonction du Seigneur, qui leur avait commandé d’attendre la promesse du Père, ils s’étaient tous mis en prière pour implorer cette grâce. Non seulement ils la reçurent dans le moment même, mais le Saint-Esprit accompagna leur prédication et descendit sur ceux qui l’entendaient. Le même apôtre, bien des années plus tard, fait allusion à cette descente du Saint-Esprit, comme à un événement bien connu. Depuis lors, tous les réveils et toutes les grandes moissons d’âmes ont procédé du même Esprit et sont venus en réponse aux ardentes prières des chrétiens.
II. L’influence du Saint-Esprit de Dieu est toute-puissante. —Nous demandons, en effet, l’intervention d’une puissance extraordinaire, capable d’opérer une révolution dans l’Eglise et dans les âmes. C’est la toute-puissance de Dieu que nous appelons à notre aide. Notre cité coupable, et ce monde corrompu qui va périr, ne sauraient céder que devant une puissance infinie. Mais, prenons bon courage, car cette puissance réside en l’Eternel des armées, et se déploie aussi bien pour le réveil de l’Eglise que pour l’érection du temple de Jérusalem. « Ce n’est ni par la force, ni par la puissance, que je le ferai », dit le Seigneur, « mais par mon Esprit. » — Que les croyants cessent de désespérer du salut des plus grands pécheurs et des hommes les plus dégradés et les plus vils, alors même qu’ils les rencontreraient dans les plus criminels et les plus honteux repaires du vice. Qu’ils ne se bornent plus à n’espérer de Dieu qu’un faible secours ou qu’une œuvre incomplète. Car, dit l’apôtre, l’Evangile que nous vous avons prêché n’a pas consisté seulement en paroles, mais il a été accompagné de force et du Saint-Esprit, et de plusieurs preuves convaincantes. — C’est là ce qui fait que lorsque la Parole de Dieu est prêchée, nous osons espérer qu’elle sera accompagnée d’une « démonstration d’esprit et de puissance ». Que le Seigneur nous délivre de nos doutes quant à l’efficacité que l’Esprit-Saint peut donner à la vérité !
III. L’Esprit que nous demandons est l’auteur de la régénération et de la sanctification. — Si Dieu condescend à nous accorder d’aussi précieuses grâces que celles-là et à nous les augmenter sans cesse, notre réveil sera réellement une œuvre complète. Ce qui est né de l’Esprit est Esprit. Tous les croyants font entendre les mêmes accents de louange : Il nous a sauvés, suivant ses miséricordes, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint. — Jetez vos regards sur ces foules entièrement aveugles pour les réalités spirituelles, et dites si nous pouvons demander quelque chose de plus urgent pour elles que cet Esprit de vérité, qui seul peut les convaincre de péché, de justice et de jugement ? Le Seigneur est tout aussi puissant pour convertir l’homme corrompu ou la femme de mauvaise vie, que le pharisien toujours assidu au culte public. Il Lui est tout aussi facile d’en convertir mille que d’en convertir un seul. Et cependant, qui de nous a assez de foi pour lui demander le salut d’une multitude de pécheurs ?
Le réveil de l’Eglise commence par un accroissement de la sanctification, et tout appel adressé aux impénitents ou toute prière en leur faveur est un commencement de sanctification. Pour l’un comme pour l’autre, nous avons besoin tout d’abord du Saint-Esprit, et nous en avons un besoin immédiat. Ce n’est que Lui qui peut briser la puissance du péché dans le cœur des chrétiens de nom, en leur apprenant à crucifier leurs convoitises, comme ce n’est que par Lui que nous pouvons mortifier en nous les œuvres de la chair. Parmi les chrétiens de la primitive Eglise, plusieurs avaient été de très grands pécheurs ; mais, dit l’apôtre Pierre, vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été purifiés au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu. Les fruits de cet Esprit sont l’espérance, la joie, l’amour et une activité toujours victorieuse dans l’œuvre du salut. En un mot, cet Esprit est l’Esprit de réveil. Lorsque les chrétiens s’unissent chaque jour pour demander à Dieu ce don par excellence, cette grâce des grâces, leur ferveur et leur persévérance sont un hommage glorieux à la puissance et à la fidélité de Dieu : c’est pourquoi nous voyons qu’il répond d’une manière éclatante et qu’il bénit tous les efforts tentés avec prière. Frères bien-aimés, n’oublions pas que cet Esprit est les arrhes de la vie éternelle, et ne manquons pas de suivre la voie qu’il nous trace.
IV. Le Saint-Esprit dispense tous les dons nécessaires au succès de l’œuvre. — Dans les temps où les dons miraculeux étaient indispensables pour l’affermissement de l’Eglise, ils ne lui ont pas été refusés. L’inspiration, la sagesse, ainsi que les diverses charges, procèdent de la même source, et l’on peut en dire autant des dons nécessaires au succès de toute œuvre spéciale et individuelle ayant pour but la conversion et le salut des âmes. Il y a diversité d’opérations, mais c’est le même Esprit qui opère tout en tous. Seulement, la manifestation de cette puissance est accordée à chacun selon le besoin. Le Seigneur a promis que cet Esprit guiderait chacun de ses disciples en toutes choses, et qu’il dirigerait leurs pensées et leurs paroles suivant les intérêts de l’œuvre commune. Les apôtres eux-mêmes Lui demandaient la hardiesse de parler ; en sorte que toute Eglise qui prie obtiendra une activité pastorale et une activité laïque pleines de hardiesse, d’amour et de zèle pour la conversion des pécheurs. Lorsque les croyants prient ainsi par l’Esprit, ils sont affermis dans la charité divine, et leurs supplications même, qui appellent sur eux tant de grâces excellentes, sont la première et la plus grande des grâces que Dieu leur accorde. Comprenez, par conséquent, combien nous sommes dépendants du Saint-Esprit pour toutes choses. Sa grâce commence l’œuvre ; sa grâce la continue et sa grâce l’achève.
Mes frères, il faut que nous priions comme nous n’avons jamais prié. L’insuccès de nos requêtes a été dû jusqu’ici à leur froideur et à la mesquinerie avec laquelle nous avons demandé. Ce n’est pas Dieu qui a été avare, mais c’est notre attente qui a été timide et faible. Nous n’avons pas reçu, parce que nous n’avons pas demandé. Si nous avions été sous une, impression sérieuse et profonde de la puissance, de la bonté et de la fidélité de Dieu, nous aurions vu se réaliser à notre égard cette parole qu’un homme en poursuivra mille, et que deux hommes en dérouteront dix mille. La leçon que nous recevons de ce réveil nous enseigne le devoir d’être plus ardents et plus persévérants à demander les glorieuses effusions du Saint-Esprit. Si nous agissons selon cet enseignement divin, nous verrons de nouvelles merveilles d’amour éclater aux appels de la prière. »
Tels étaient les petits écrits dont les chrétiens se munissaient et qu’ils répandaient abondamment au milieu de leurs amis et de leurs connaissances, dans les magasins, les comptoirs, les boutiques, au marché, à la bourse ou dans la rue. Ces feuilles auxiliaires s’en allaient prêchant partout la Parole, tantôt par de saintes hymnes, tantôt par la reproduction des passages les plus saillants de la Sainte Ecriture, tantôt par celle de quelques pensées frappantes tirées des auteurs chrétiens. Le plus souvent, ces citations se trouvaient imprimées sur l’enveloppe ou sur le revers des lettres de commerce ou autres ; en sorte que, nuit et jour, les malles-poste étaient silencieusement occupées à opérer cette « distribution » de la bonne semence sur tous les points de la terre habitée. Si l’on ajoute à cela l’action continue de la presse, tant religieuse que séculière, dans laquelle l’élément religieux avait pénétré à tel point, qu’on y trouvait tous les jours des comptes-rendus de sermons, de conversions remarquables, de progrès du réveil, on peut dire, sans crainte d’exagération, que jamais l’imprimerie n’avait rendu de pareils services à la propagation de l’Evangile, et que jamais Dieu n’avait honoré de plus grandes bénédictions l’œuvre des traités et des journaux.