Il faut remarquer certains termes dont le retour est fréquent et la signification capitale (Sauveur, rédempteur, rachetés, justes, âme, mort, sagesse, parole), et reconnaître ce qui, dans chacun de ces mots, se rencontre avec l’idée chrétienne, mais ne pas contraindre le reste (compelle intrare) à entrer dans le système chrétieng.
g – N’a-t-on pas traduit le mot assemblée (cœtus) par Église ?
Nous lisons dans Proverbes 8.34-35 : Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille à ma porte tous les jours, qui garde les poteaux de l’entrée de ma maison ; car celui qui me trouve, trouve la vie, et attire la faveur de l’Éternel.
– C’est la sagesse qui parle. C’est un chrétien virtuel qui la fait parler ; c’est, sous une notion plus vague, ce qu’aime un chrétien actuel, ce qu’il adore en Jésus-Christ et sous le nom de Jésus-Christ ; les deux adorent le même objet ; et il y a la différence que l’un, et non pas l’autre, connaît parfaitement ce qu’il adore. (Jean 4.22)
En traitant ce texte, je ne dirai pas que l’auteur a vu, sous ce nom de sagesse, celui que saint Jean a désigné sous le nom de parole ou de raison. Mais cette sagesse du chrétien virtuel renferme des éléments que le chrétien actuel ne répudie pas. Nous avons distingué, énuméré ces éléments ; il ne s’agit que de traduire ce passage dans la langue de l’Évangile, après avoir bien reconnu son sens primitif, qui diffère du nôtre, non par une autre substance, mais par moins de précision.
Mais, dira-t-on, pourquoi ne pas puiser uniquement et directement dans l’Évangile ? Pour manifester l’unité de l’œuvre de Dieu et de sa pensée, l’unité des deux économies, la perpétuité du christianisme en deux sens (à remonter vers le passé comme à descendre vers l’avenir), la fraternité des membres vivants de l’Église, à la distance des siècles. – Il est également intéressant de faire ressortir les rapports et les différences entre l’Ancien et le Nouveau Testament. [Il y a de nos jours beaucoup de gens qui ne savent que faire de l’Ancien Testament, qui y voient nos origines et rien de plus ; c’est une lacune dans notre vie religieuse. On ne sera réconcilié avec l’Ancien Testament que lorsqu’on y aura trouvé le Nouveau. Il faut que les prédicateurs le rendent nécessaire, le fassent goûter, et montrent que les prophètes étaient une lampe qui éclairait dans un lieu obscur. (2 Pierre 1.19)]
Quand vous avez, vous, prédicateur chrétien, un texte juif, sortez-en, mais en montrant que vous en sortez, et, en même temps, que l’Ancien Testament communique avec le Nouveau. Prenons un exemple, entre beaucoup de passages relatifs au juste et au méchant : Celui qui marche en intégrité marche en assurance. (Proverbes 10.9) [On pourrait dire que l’inverse est vrai d’après le sens de l’Évangile. Mais pourquoi toutefois renverser les termes ? Celui qui a bonne conscience, c’est-à-dire qui a la conscience de suivre les principes évangéliques, marche en assurance, alors même qu’il ne voit pas le but de sa marche. Il faut donc traiter ce passage dans le sens qu’on lui trouve, et non dans celui qu’on lui donne.]
En observant toutes ces précautions, on pourrait cependant manquer à la règle en faisant une fausse application du texte ; par exemple, en prenant pour texte d’un sermon sur l’infaillible correspondance du péché et de la peine, le passage de Matthieu 7.16 : Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ?