Faisons le bilan !
Si nous avons raison — et cela ne peut être autrement ! — d'interpréter la Bible à la lumière de ses passages les plus clairs, nous avons également raison selon Actes 2 de croire que, pour l'apôtre Paul, comme nous l'avons dit, le don des langues consiste à parler une véritable langue humaine comprise par celui ou ceux, encore non-croyants, que l'Esprit de Dieu veut atteindre avec le message de l'Évangile. Dans ce cas, la langue doit être traduite afin que tous les assistants puissent se rendre compte d'une intervention divine et que l'église en soit édifiée. Il doit en résulter normalement de véritables conversions et tout doit être vérifié par des témoins incontestables.
Lorsque nous comparons la conception néo-testamentaire du don des langues avec celle de notre génération, nous ne pouvons qu'être frappés par la différence. Le moins que nous puissions dire, je le répète, c'est que cette dernière ne correspond pas à la norme biblique. Afin de mieux faire la comparaison, je relève ici quelques points saillants de divergence entre les deux conceptions : (Par le terme « glossolalie », j'entends dans l'analyse de ce chapitre 23, la conception moderne, alors que pour la conception biblique je retiens ici les expressions bibliques : don des langues ou : parler en langues ou simplement : langues.)
Quelques différences entre la glossolalie moderne et les langues du chapitre 2 des Actes
1°— Pour la majorité de ceux qui pratiquent la glossolalie, il s'agit d’un langage vraiment incompréhensible autant pour celui qui parle que pour ceux qui écoutent et même pour celui qui interprète. Ce dernier ne comprend pas ce qui est dit ; il parle selon une inspiration qu'il reçoit, ou qu'il croit recevoir, à l'instant même où il ouvre la bouche ; mais ce n’est pas une traduction.
— Par contre, dans Actes 2, les langues sont celles des hommes à qui elles ont été adressées et ceux-ci les ont comprises.
2° — La glossolalie contemporaine n'a pratiquement jamais lieu au moment de la nouvelle naissance mais, au contraire, à la suite d'une expérience postérieure ; on enseigne même aux croyants la nécessité de rechercher la glossolalie après la nouvelle naissance et de la cultiver régulièrement, bien que la Bible ne donne aucun commandement à ce sujet ;
— alors que, dans Actes 2 (comme dans Actes 10 et 19), le parler en langues arrive au moment de la nouvelle naissance. Rappelons le fait que le livre des Actes n'offre aucune évidence d'une répétition ou d'une pratique du « parler en langues » après l'expérience initiale.
3° — Dans la vaste majorité des cas, la glossolalie n’est pas vérifiable, car elle n'est pas soumise à la règle biblique qui exige que tout fait soit attesté par la déposition d'au moins deux ou trois témoins (indépendants, bien sûr !) ;
— alors que, dans Actes 2, l'authenticité divine des langues miraculeuses est attestée par de nombreux témoins.
4° — L'importance excessive qu'a pris la glossolalie aux yeux de notre génération ne correspond en rien à la place très secondaire qu'accorde le Nouveau Testament au don des langues ; même les Actes ne contiennent que trois mentions en trente ans d'histoire ; Paul le met deux fois en queue de liste et, dans les autres listes de dons, ne le mentionne pas du tout Romains 12.4-8 ; 1 Corinthiens 12.7-11,28 ; Éphésiens 4.11 ;
— alors que Dieu ordonne clairement que nous recherchions les dons supérieurs 1 Corinthiens 12.31 ; 14.1, 12, 39 et particulièrement la prophétie à la place des langues. Si la glossolalie était aussi importante qu'on veut nous le faire croire, le Nouveau Testament serait rempli d'exhortations et d'enseignements à ce sujet. Il contient, par exemple, au moins 150 passages sur la prière, y compris de nombreux commandements incitant à la prière. Pourquoi la Bible — et cela est vrai pour 1 Corinthiens 14 comme pour les autres passages — ne contient-elle pas un seul commandement de parler en langues ?
5° — La glossolalie est caractérisée par la tendance fort répandue et infiniment regrettable de vouloir en faire une obligation pour tout le monde ;
— alors que Dieu dit catégoriquement que nous avons des dons différents Romains 12.4-6 et que tous ne parlent pas en langues. 1 Corinthiens 12.30.
6° — La glossolalie est considérée de façon générale comme un moyen d'accéder à un niveau supérieur de vie spirituelle ;
— alors que le Nouveau Testament présente tout don spirituel comme étant au contraire le débordement de la plénitude de l'Esprit, le partage d'une grâce déjà acquise, une expression du « trop-plein » de la grâce de Dieu.
7° — La notion courante selon laquelle la glossolalie a pour but l'édification de celui qui parle est à l'inverse de la conception biblique originelle ;
— car, selon Paul (Romains 12 et 1 Corinthiens 12) et Pierre (1 Pierre 4), les dons sont accordés pour l'utilité commune. Pour Luc dans Actes 2, comme pour Paul dans 1 Corinthiens 14.22, le véritable don des langues a pour but d'atteindre les non-croyants avec le message de l'Évangile.
8° — Nous pouvons même dire qu'un très grand nombre de personnes aujourd'hui considèrent la glossolalie comme une sorte de « diplôme » spirituel qui donne accès à un « corps d'élite » ou à une dimension de privilège spirituel ;
— alors qu'aux yeux de Dieu, le don des langues, comme tout autre don, est accordé pour le bien d'autrui et consiste dans le don de soi-même pour communiquer la grâce de Dieu au monde perdu ; autrement dit : il consiste dans une vie sacrifiée, crucifiée avec Christ.
9° —L'effet de la glossolalie choque beaucoup de non-croyants et de croyants aussi ; elle leur semble être une mystification ;
— alors que le don des langues authentiques du chapitre Actes 2 aboutit à la conversion d'une bonne proportion des non-croyants à qui il s'adresse.
10° — La glossolalie moderne apparaît comme une expérience irrationnelle ;
— alors que les langues du chapitre Actes 2 sont parfaitement rationnelles ; leur but est évident et logique, même si la raison ne sait pas actuellement expliquer le processus que Dieu a employé.
11° — La glossolalie est couramment considérée comme le signe inévitable (ou presque) du baptême de l'Esprit ;
— alors que les Écritures ne mettent jamais ensemble le baptême de l'Esprit et le parler en langues ; le Nouveau Testament attribue en fait le « parler en langues » du chapitre Actes 2 à la plénitude de l'Esprit, ce qui n'est pas du tout la même chose que le baptême. On confond d’ailleurs, très généralement et à tort, le baptême, la plénitude, la réception, l'effusion, l’onction, et le sceau de l'Esprit.
12° — La doctrine de la glossolalie est très confuse, avec beaucoup de nuances, parfois contradictoires ; je n'ai encore jamais vu un ouvrage sur la conception contemporaine de la glossolalie qui soit fondé sur une exégèse valable du texte biblique ;
— alors que le récit du chapitre Actes 2 ne présente pas la moindre ambiguïté. Une doctrine fondée sur ce passage « clef » offre une interprétation claire et cohérente de tous les autres textes, y compris 1 Corinthiens 14.
13° — La glossolalie moderne a provoqué de multiples controverses et des divisions entre chrétiens ;
— alors que l'Église primitive de Jérusalem fut au contraire totalement unie par les événements du jour de la Pentecôte.
14° — À moins qu'on ne fonde sa doctrine sur les quelques demi-versets d'1 Corinthiens 14 qui, sortis de leur contexte, semblent à première vue la favoriser, le phénomène de la glossolalie contemporaine est totalement inconnu de l'expérience des hommes de Dieu dans la Bible ;
— alors que ce même phénomène de la glossolalie était bien connu des milieux occultes du paganisme de l'Antiquité, comme il l'est encore aujourd'hui dans des milieux semblables.
Des « langues » d'origine humaine ?
Je sais par expérience qu'il est facile pour certains individus de prononcer un langage « inintelligible », une langue « inventée ». Cela peut devenir un véritable torrent de syllabes qu'un auditoire pourrait prendre pour une langue authentique. Je le sais, parce que je suis moi-même parvenu sans la moindre difficulté à « parler » de cette façon autant de fois que je le voulais. Je reconnais cependant que ce « parler » vient de l'homme lui-même, ou, si l'on veut, du subconscient. Certaines personnes possèdent une facilité naturelle pour produire ce genre de phénomène ; alors que d'autres en semblent incapables. Je comprends donc très bien comment des croyants bien intentionnés et désireux d'obtenir de Dieu une action de son Esprit, puissent se laisser aller à une expérience semblable. Je suis persuadé que, dans le cas d'un très grand nombre de ceux qui aujourd'hui « parlent en langues », il s'agit en fait d'un phénomène de ce genre.
On m'a informé que le Dr. Basil Jackman (lors d'une série de conférences organisées par l'Institut Biblique Européen en 1974) à affirmé qu'avant sa conversion et en tant que psychiatre il avait bien des fois fait parler en langues par hypnose. (Docteur Basil Jackman, M.D., D.P.M., M. Th. Litt. D., F.A.C.P. dirige une clinique psychiatrique dans le Wisconsin.)
Évidemment, la glossolalie (à moins qu'elle ne vienne d'une source démoniaque) n'est pas en elle-même une chose bonne ou mauvaise. Je la mets, à la rigueur, sur le même plan que toute autre forme d’extériorisation de la vie intérieure, comme la musique, l’artisanat ou le sport. J'ai travaillé une fois pour un directeur de lycée qui se plaisait à s'exercer chaque soir aux mathématiques abstraites dans le but de reposer son esprit avant d'aller au lit ! D'autres personnes de ma connaissance ont vu dans la glossolalie un moyen tout aussi efficace d'atteindre une sérénité d'âme.
De tout temps, des croyants ont cherché à exprimer leur foi par une activité créatrice, comme la musique, la peinture ou l'architecture. Je comprends également que certains croyants cherchent à extérioriser leur foi par un « langage » inintelligible. Il y a pourtant une différence fondamentale entre les deux conceptions : alors que le sens de la musique, de la peinture et de l'architecture est évident à tout esprit sensible, la glossolalie n’a aucun sens apparent. Par contre, une vraie langue possède sur la peinture et la musique cet immense avantage : elle est articulée. De ce fait, elle peut être un moyen de communication bien plus efficace entre les hommes, car le sens de la parole (c'est-à-dire, du logos) ne peut être que logique alors qu'une parole inintelligible n'est pas une parole ; de par sa nature, une langue sans signification est un non-sens. Pourquoi donc chercher à exprimer de façon incompréhensible la pensée de l'Esprit de Dieu qui est le logos même ?
Une langue morte ?
Il serait facile de trouver une analogie entre la glossolalie et la liturgie ou la prière en latin de l'église traditionnelle. Par le moyen de cette langue inintelligible aux laïcs, des multitudes d'âmes sincères ont dû, pendant de longs siècles, adorer Dieu sans comprendre ce qu'elles disaient. On leur avait appris cette forme de prière, elles n'en connaissaient pas d'autre. Je pense que Dieu n’a pas dédaigné le cri de ceux qui recherchaient vraiment sa face, même si leur prière était mal exprimée : car Dieu répond selon la foi de chacun, aussi faible soit-elle, pourvu que cette foi soit fondée sur Christ. Que la prière soit un acte grammaticalement et théologiquement correct ou qu'elle soit le babillage d'un « bébé en Christ », ce qui compte le plus aux yeux de Dieu, c'est l'état du cœur, la mesure de la foi. Le Seigneur Jésus affirme que même la louange d'un enfant en bas âge est plus agréable à Dieu que la rhétorique sans réalité spirituelle d'un intellectuel Matthieu 11.25-26 ; 21.16. « Qu'il vous soit fait selon votre foi », a-t-il dit. Et pourtant ! Je suis sûr que Dieu ne veut pas entendre des adultes s'exprimer par des « babillages » !
Il y a des chrétiens pour qui la liturgie anglicane ou luthérienne semble aussi « nécessaire » que la glossolalie l'est pour d'autres. Je connais de chers croyants anglo-saxons — et ils sont nombreux ! — qui préfèrent encore aujourd'hui le vieil anglais du XVIème siècle au langage courant quand ils prient et lisent la Bible. Aux yeux de la jeune génération, ce vocabulaire paraît ahurissant, il est parfois même incompréhensible ; mais pour leurs parents et leurs grands-parents, il est « sanctifié » par des siècles d'usage chrétien. Certains croyants considèrent même que toute modernisation est un sacrilège ! Je les comprends, car ce vieux langage était pour moi aussi, quand j'étais jeune, celui des choses saintes. Pourtant, avec l'aide de Dieu, j'ai appris à m'adapter à une forme d'expression contemporaine, afin de mieux communiquer Christ à la nouvelle génération.
Je connais également de jeunes Anglais qui ont adopté un accent américain — ou vice versa — parce que c'est par l'intermédiaire de chrétiens d'outre-Atlantique qu'ils ont reçu le salut ou un renouveau spirituel. J'ai même entendu des Français prier avec un accent bizarre parce que l'homme qui les avait amenés à la foi était un étranger ! Les associations d'idées nous conduisent parfois à adopter des attitudes curieuses...
Sommes-nous tous un peu fous ?
De la même manière, je ne doute pas que, pour beaucoup de ceux qui s'expriment aujourd'hui en « langue inintelligible », le phénomène soit étroitement lié à l'arrière-plan de leur conversion ou de leur éducation spirituelle. Ils ont reçu de ceux qui étaient pour eux une source de bénédiction une forme particulière d'expression qui est devenue sacrée à leurs yeux. Les deux choses sont inextricablement liées dans leur esprit comme dans leur expérience. Une expression prenant la forme d'un langage inintelligible peut être précieuse à celui qui l'emploie, même si elle n’a vraiment aucun sens. Chacun lui donne le sens qu'il veut ; à ses yeux, elle peut signifier : exaltation, adoration, ou autre chose. Elle ressemblerait un peu à de l'art abstrait qui a un sens pour le peintre qui la crée, sens qui échappe cependant à la compréhension du spectateur. Il faut admettre que la plupart d'entre nous sommes fortement imprégnés par les circonstances de notre « enfance » spirituelle. Dieu, dans sa grâce, nous bénit — heureusement ! — malgré bien des imperfections et des absurdités. Si sa bénédiction dépendait de notre perfection, aucun de nous ne serait béni. Nous avons chacun des particularités qui, sans doute, doivent parfois l'agacer, ou bien le faire... rire ! Nous sommes tous tellement petits, tellement ignorants que, si Dieu ne nous regardait pas à travers la justice de son Fils, il nous rejetterait sans autre considéraion. — Ah ! Merci, Seigneur, d'être si patient envers nous !
Dieu regarde le cœur de chacun et il bénit selon sa compassion et sa grâce ; il bénit là où il trouve la foi en Christ, même si celle-ci n'est pas toujours éclairée, et parfois dans des situations plus qu'extraordinaires. Il désire le bien-être spirituel des hommes et Christ est mort et ressuscité précisément dans ce but. Je comprends bien que certains chrétiens croient louer Dieu de tout leur cœur avec les paroles inintelligibles qu'ils appellent une « langue spirituelle ». Seulement, je ne trouve aucun appui biblique pour justifier leur pratique, pas plus que je n'en trouve pour l'emploi d'une langue morte comme le latin ou un anglais archaïque.
La compassion de Dieu ne nous libère cependant pas de notre responsabilité de tendre constamment vers la perfection. Il bénira infiniment plus celui qui cherche à tout prix à connaître sa pensée telle qu'il l'a révélée dans sa Parole et à la mettre à exécution. Il nous ordonne de «marcher » par l'Esprit, c'est-à-dire : d'avancer, d'aller de l'avant. Si nous refusons la lumière qu'il nous offre, nous stagnons et l'Esprit retire sa bénédiction. L'histoire de l'Église est remplie d'exemples de faillites semblables. Cela est vrai pour des individus, pour des églises entières et mêmes pour des mouvements spirituels.
« Tendons à ce qui est parfait » Hébreux 6.1.
Comme le dit Paul à Athènes, Dieu ne tient plus compte de ces « temps d'ignorance ; il annonce maintenant à tous les hommes qu'ils ont à se repentir » Actes 17.30. Notre christianisme occidental n'a plus d'excuse, car depuis près de 500 ans la Bible est traduite dans nos langues courantes ; nous possédons la révélation complète du logos divin ; nous n'avons aucune raison de revenir à la conception moyenâgeuse d'une prière inintelligible. Le Dieu de la Bible est tout lumière ; son logos est l'intelligence même. Dieu veut-il vraiment entendre son enfant prier sans savoir ce qu'il dit ?
La bonté et la sévérité de Dieu
Dieu bénit, c'est vrai ! Mais il est tout aussi vrai que Dieu juge son peuple. Il tolère ; mais sa tolérance a des limites. « Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu » Romains 11.22. Le fait que Dieu tolère aujourd'hui certaines choses qui ne sont pas conformes à sa Parole n'est pas du tout une garantie qu'il continuera à exercer cette indulgence demain.
À présent, Dieu nous avertit très solennellement. Nous avons à nous sonder avec le plus grand sérieux et à réexaminer également toute notre croyance et notre pratique à la lumière de sa Parole. Qui a le courage de le faire ? Osez-vous faire passer par le creuset de la vérité intransigeante de l'Écriture ce que vous avez toujours tenu pour sacro-saint ? C'est cela, marcher dans la lumière.
Or, les courants doctrinaux de notre christianisme contiennent des éléments extrêmement troublants. Nous qui aimons le Seigneur Jésus-Christ et sa Parole, nous lui devons d'y faire face et de rectifier ces tendances, tant qu'il fait jour.
Pourquoi Dieu bénit-il ce qui n'est pas biblique ?
On voudra certainement m'interroger sur un point : si de vrais chrétiens et même des hommes de Dieu maintiennent une doctrine et une pratique qui ne sont pas toujours conformes à la Parole de Dieu, comment expliquer le fait que Dieu continue à les bénir et à les utiliser ?
À cela je réponds : Je ne le sais pas ! Dieu bénit beaucoup de choses que nous ne voudrions pas bénir ! Malgré l'intransigeance de sa justice, sa compassion sait triompher, c'est un fait, de bien des faiblesses humaines ; mais pour que sa compassion intervienne, il a fallu que le sang de son Fils coule à la croix !
Dieu a béni Zwingli, il a béni Luther et il a béni Calvin ; mais ces trois hommes de Dieu étaient en désaccord sur plusieurs questions importantes et chacun a été coupable d'actes d'intolérance. Comment expliquer la réussite extraordinaire que Dieu a accordée à chacun ?
Au XVIIème siècle, Dieu a merveilleusement béni John Bunyan qui pratiquait le baptême par immersion des adultes professants ; son livre « Le Voyage du Pèlerin », écrit pendant les longues années qu'il a passées en prison pour sa foi, persécuté par les autorités ecclésiastiques, a amené d'innombrables âmes à Christ. Par contre, au XVIIIème siècle, Dieu a également béni de façon exceptionnelle John Wesley, qui pratiquait le baptême des enfants selon le rite anglican. Par sa prédication, Wesley a révolutionné l'Angleterre pour Dieu. (Il n'en est pas moins vrai hélas ! que la plupart des églises qui ont suivi Wesley en Angleterre et en Amérique sont maintenant tombées dans un profond libéralisme.)
Dieu est plus grand que nous et il regarde le cœur de l'homme : il honore la foi en son Fils, même si cette foi est imparfaite. Et il faut admettre que nous sommes tous imparfaits ; aucun de nous ne saurait prétendre à une connaissance infaillible des choses de Dieu.
Dieu bénit aujourd'hui certains hommes de foi qui pratiquent la glossolalie et il en bénit d’autres qui s'y opposent même avec force. Dieu ne bénit pas ceux qui désobéissent consciemment à sa Parole : mais il bénit ceux qui l'aiment de tout leur cœur et qui vivent vraiment pour lui malgré beaucoup d'imperfections.
Pourtant, le fait que Dieu bénisse certains de ceux qui pratiquent la glossolalie ne prouve en rien que la bénédiction découle de cette glossolalie — pas plus qu'une forme particulière du baptême d'eau n'explique nécessairement la bénédiction que Dieu accorde à ceux qui la pratiquent. Je dirais plutôt que Dieu agit parfois favorablement malgré certaines croyances et pratiques peu bibliques. Il le fait selon la mesure de notre véritable foi en Christ, alors qu'il pardonne nos manquements par le sang de ce même Christ.
Dieu bénit sa Parole et cela en dépit parfois de l'indignité de celui qui la proclame. Il l'honore même si elle sort de la bouche d'une ânesse pour réprimander un faux prophète, parce qu'elle est sa Parole. Il honore sa vérité, tout en rejetant parfois le messager.
Heureusement, il ne m'appartient pas de juger mes frères ! C'est Dieu qui nous jugera tous. Si certains de mes frères qui demeurent attachés à la glossolalie se sentent repris dans ce livre, qu'ils sachent que je désire les aimer et que j'aurais d'autres faiblesses à reprocher également aux églises en général, comme à moi-même ! Si je ne le fais pas ici, c'est uniquement parce que je suis limité par mon sujet. Je crois en effet que toutes les dénominations chrétiennes ont besoin de s examiner et de se purifier par un retour honnête à la Parole de Dieu. Chaque génération de chrétiens a besoin de revenir tout à nouveau à la source de la vérité. L'erreur de chaque réveil spirituel a été de ne pas aller encore plus loin, de se contenter de sa position.
Pourtant, bien que nous ne soyons pas appelés à juger les personnes de nos frères, nous sommes sérieusement appelés à en juger la doctrine. Paul dit en effet de la parole prophétique « que les autres jugent (grec : discernent, ou : pèsent) » 1 Corinthiens 14.29. C'est ce que je cherche à faire. Je ne voudrais pas que mes conclusions soient interprétées comme une attaque contre mes frères. Je leur demande plutôt d'examiner courageusement les Écritures pour voir si ce que je dis est vrai, comme les gens de Bérée dans Actes 17.
Gardons les yeux ouverts ! Combien Satan est malin ! Il désire nous manipuler au moment où nous avons le plus besoin de nous entendre et de nous unir face à une situation mondiale des plus critiques. En sommes-nous conscients ?
Et les églises en Amérique latine ?
J'ai dit que Dieu bénit là où il trouve la foi. C'est ainsi que nous devons certainement expliquer la croissance si rapide, ces dernières années, de certaines églises en Amérique latine qui favorisent la glossolalie. Il faut surtout remarquer que ces jeunes églises ont mis un accent particulièrement fort sur la prière ainsi que sur l’engagement et la participation de chaque croyant, aussi bien dans l’évangélisation en plein air que dans les réunions de l'église locale. Cette conception de la vie chrétienne a trouvé dans le cœur de ces peuplades avides de chaleur une réponse que les églises à caractère traditionnel, avec leur rigidité cultuelle, n'ont pu susciter. Les leaders pionniers, qui ont su faire confiance au Saint-Esprit pour le développement d'une œuvre indigène et autonome, ont ouvert ainsi une voie à la bénédiction divine. Je ne peux que louer Dieu pour ce qu'il a fait (Ceux qui lisent l'anglais trouveront un reportage intéressant dans le livre de Harry Sutton : Look out ! The Pentecostals Are Coming ! (Ed. Coverdale House).
Une question se pose immédiatement : si Dieu a tant béni ces églises-là, ne devons-nous pas y voir une justification de l'importance du « parler en langues » ? Ce dernier ne serait-il pas précisément l'explication de la bénédiction ?
Je réponds : si Dieu a tant béni l'œuvre de ces frères, c'est surtout à cause de leur foi ; je suis convaincu que la bénédiction a été accordée non pas à cause de leur glossolalie mais plutôt en dépit de cette pratique. Cela devient évident quand nous considérons que dans certains pays, et particulièrement au Chili où ces églises ont connu une expansion vraiment extraordinaire, le « parler en langues » prend une place secondaire. En effet, près de la moitié même de leurs pasteurs, ne parlent pas en langues ( Sutton estime le chiffre à 47 %) ne parlent pas « en langues » ! Ce seul fait prouve que la bénédiction qu'ils connaissent s'explique autrement que par la glossolalie. Et cela devient encore plus évident quand on lit l’histoire de l'Église au cours de ses deux mille ans d'existence ; car d'innombrables hommes de Dieu ont réussi des exploits étonnants sans avoir jamais parlé « en langues ».
Évidemment, même en Amérique latine, tout n'est pas rose. Il y a de regrettables divergences doctrinales et des barrières ecclésiastiques entre les différents mouvements attachés à la glossolalie. Il est également vrai qu'au milieu des bénédictions, il y a d'autres éléments troublants qui ne peuvent pas venir de Dieu.
Un de mes amis, qui travaillait autrefois à Rio de Janeiro, au Brésil, m'a raconté comment les milieux spirites faisaient cette remarque aux chrétiens de sa connaissance qui pratiquaient la glossolalie : « Nous aussi, nous connaissons exactement les mêmes phénomènes que vous ! ».
On entend souvent dire :
« Nous sommes nombreux, cela prouve que nous avons raison ».
Quand un homme ou un peuple honore Dieu, il est béni ; les grands réveils évangéliques et missionnaires en sont la preuve.
Et pourtant, la réussite apparente ne justifie pas l'erreur. Et une croissance numérique spectaculaire n'est pas nécessairement le signe d'une bénédiction divine. Si c'était le cas, nous serions obligés de donner raison aux communistes, aux soi-disant témoins de Jéhovah, aux mormons, aux moonistes et à tous les mouvements qui semblent réussir.
La bénédiction de Dieu est d’abord spirituelle ; à ses yeux, la qualité est plus importante que la quantité. Il approuve surtout une vie et une action qui glorifient Christ. Il faut reconnaître que la majorité des hommes rejette presque toujours la vérité ; les églises attachées à la Bible ont été le plus souvent minoritaires et persécutées par les grandes églises dites « de multitude ». Jérémie, Noé et combien d'autres hommes de Dieu étaient solitaires, incompris de leur génération. Et Jésus, sur la croix, fut abandonné par tout le monde.
En fin de compte, nous ne pouvons mesurer la valeur d’une œuvre qu'au moyen de l'étalon de la Parole de Dieu.
Pourquoi toutes ces vaines redites ?
On enseigne très couramment aux non-initiés qu'il faut « commencer » par un balbutiement qu'on doit ensuite « développer » ou « exercer » ou « pratiquer » jusqu'à ce qu'il devienne une « langue » On encourage la répétition des syllabes et des « phrases » ainsi acquises afin d'atteindre une facilité d'articulation.
Il va sans dire que cette méthode n'a pas le moindre fondement biblique. Dans Actes 2, ou chez Corneille, est-ce qu'on entend les jeunes croyants balbutier, expérimenter avec des syllabes, acquérir progressivement « l'habitude » de parler « en langue » ? Et qui ne comprendra qu'un charabia n'est pas nécessairement sanctifié, même s'il est proféré dans un lieu de culte ? Le Saint-Esprit désire-t-il réellement s'exprimer de cette façon ?
Cette procédure (qui est loin d'être l'exception) ne fait que confirmer le point de vue selon lequel le « parler en langues » peut très bien avoir une origine mentale ou psychique en provenance du subconscient.
Une autre caractéristique particulière troublante de la glossolalie est la tendance très répandue à répéter plus ou moins machinalement des mots : Jésus, Jésus... Seigneur, Seigneur... Alléluia, Alléluia... et ainsi de suite.
Le Christ ne nous a-t-il pas expressément interdit l'emploi de vaines redites Matthieu 6.7-8 ?
Ce sont les autres religions et non la Bible qui cherchent un accès au monde invisible par le moyen d'une répétition des mantras et d'autres formules sacrées, afin qu'une puissance extérieure à l'homme prenne possession de ses facultés. Que Dieu nous garde d'employer leurs méthodes !
J'ai entendu, je crois avec un esprit ouvert, des types variés de « glossolalie » ; mais j'avoue que je ne trouve pas ces expériences convaincantes ; elles laissent trop souvent un doute ou un élément de trouble au fond de l'esprit. Je n'y reconnais pas la voix de Dieu telle que je la rencontre dans la Bible. Là, elle me parvient chaque fois avec une clarté indiscutable. Je ne trouve nulle part une ambiguïté quelconque dans la vie des prophètes de l'Ancien Testament, ni dans celle des apôtres du Nouveau Testament, ni dans celle du Seigneur Jésus lui-même. Par contre, face à bien des cas de glossolalie, j'ai l'impression d'être confronté à une caricature de la vérité biblique.
Un cas raconté par un chrétien indien
Pour illustrer le danger des vaines redites, je cite un cas de glossolalie qui eut lieu en Inde en 1943 au cours d'une convention chrétienne. Il est raconté par un frère indien qui était témoin oculaire de l'incident. Voici une traduction exacte de son texte :
« Ce fut une convention très sympathique. Dans la plupart des réunions il régnait une ambiance d'adoration, d'amour et de sainteté. La musique était prédominante. Pourtant, ici même, je fus très attristé de découvrir combien Satan avait pu décevoir plusieurs croyants très pieux...
« Dans des réunions « d'attente », je vis des gens (hommes et femmes) se comporter avec inconvenance. Il y avait beaucoup de bruit et de grands cris, émanant de personnes dont la raison était comme atrophiée. Je vis une femme de trente ans assise, le dos raide, les mâchoires toutes contractées, qui faisait tournoyer sa main en l'air ; elle avait des cheveux flottants et sa robe avait glissé de sa tête et de ses épaules. (C'était un sari, long vêtement enroulé autour du corps, dont l'extrémité devait envelopper la tête, surtout en public). Elle retrouvait parfois son calme puis hurlait à nouveau très fort ; tantôt elle pleurait, tantôt elle riait.
« Ensuite, un homme, qui criait de toutes ses forces, se mit à rire de façon hystérique ; il bondit et retomba raide sur le dos dans le rang des femmes. Beaucoup d'autres incidents semblables eurent lieu avec un désordre, une confusion et une extravagance semblables.
« Ce qui me surprit le plus fut le cas d’un homme du sud de l'Inde qui n'avait jamais parlé « en langues » et qui recherchait cela. En entrant dans la salle de recueillement, il se prosterna, puis, tout comme une machine, il se mit à dire en anglais, à une vitesse vertigineuse, les mots : « Praise the Lord », ce qui signifie : loué soit le Seigneur ! Pendant plus d’une heure sans arrêt, il a répété cette phrase, jusqu'à ce que sa gorge devint sèche : sa voix sortait alors avec peine, pourtant il n’arrêtait pas de dire ces mots, car il avait résolu de parler « en langues » ce jour-là. (Par la suite, il m'avoua que si le Seigneur ne lui avait pas accordé le don des langues à cette occasion, il serait allé se perdre quelque part dans la jungle.)
« Mais comment se fait-il qu'à un moment donné, il ait perdu le contrôle de sa langue ? Voici ce qu'il disait : « Praise the Lord, Praise the Lord, Praze the Lord, Praze the lod, Paze the lod, Puz the lod, puz puz, pur, pizz the lud, pay, pay, pay, pa, pa, p, p, p, p.... ». Il se mit alors à crier, incapable de dire autre chose que pa, pa, pa, p, p, p... Ensuite sa langue se mit à prononcer un bégaiement très compliqué, puis, tout à coup, il commença à prononcer ce genre de langage : tchu, tchu, tchum, tchin, tchuma, tchumi, tchemer, tchama, tchit-tchit-chin, tchun, tchee, tchee, tchee : etc... Ceci dura quinze minutes, puis il s'exclama subitement en persan et en arabe de grande classe. Il déclama ensuite une poésie en sanscrit dans une belle versification et chanta des airs indiens classiques. Tout cela dura environ quarante-cinq minutes. Je l'observais de très près.
« Après cette expérience, je le pris à part, seul, et lui demandai ce qui lui était arrivé. Il me répondit qu'il se souvenait uniquement des moments où il avait bégayé, après quoi il était entré dans un état inconscient. Quand il retrouva sa conscience, il entendit les gens autour de lui dire qu'il avait parlé « en langues », c'est sur cela qu'il se basa pour déduire qu'il avait enfin reçu ce que l'on estimait être le « baptême de l'Esprit ». Le jour suivant, je vis sur son visage des signes d'épuisement. Le surlendemain, il ne put même pas sortir parce qu'il souffrait beaucoup du dos.
Je lui demandai si, à son avis, cela était vraiment une expérience venant du Saint-Esprit. Il fut offensé et se mit très en colère. Il éprouvait une satisfaction mentale d'avoir parlé « en langues ». Pourtant, je pouvais analyser, à ce qu'il disait et à sa façon d'agir, qu'il n'avait pas du tout la vraie joie ni la vie qui découlent de la plénitude de l'Esprit. Cela ne l'a pas empêché, cependant, de cultiver par la suite un certain complexe de supériorité ; il faisait preuve de très peu d'humilité et il lui manquait ce calme profond qui caractérise l'Esprit de Dieu.
« Cet homme n'avait en fait aucune connaissance du persan, ni du sanscrit, ni de l'arabe non plus, pourtant il avait réellement parlé dans ces langues. Durant les premières heures de cette nuit où j'ai été témoin de cet incident, j'en suis resté bouleversé. Peu après, je me souvins d'un cas identique qui s'était produit lors d'une séance de spiritisme » (Cité du livre de G.H. Lang : The Early Years of the Modern Tongues Movement. Ce livre paraîtra prochainement en français, Dieu voulant, sous le titre : Historique des origines du mouvement moderne des langues.)
Une question troublante : Le roc ou le sable ?
Autre chose : comment expliquer la facilité avec laquelle tant de personnes attachées à la glossolalie fondent leur doctrine principalement sur l'empirisme des expériences qui sont à la mode ou qu'elles ont pu faire — et qui parfois trompent — au lieu de la fonder uniquement sur la Parole de Dieu ? Pourquoi se contentent-elles si souvent d'une exégèse insuffisante et même carrément erronée du texte biblique, au lieu de tout vérifier à fond ? Il s'agit dans bien des cas d'un véritable endoctrinement qui fait accepter, sans se questionner, une interprétation arbitraire des Écritures afin de les accommoder à une optique présélectionnée. Comment, dans une situation pareille, faire la distinction entre la part de Dieu et la part de la chair, sinon par l'épreuve intransigeante de la Parole de Dieu écrite et inaltérable ?
Le seul fondement possible à la vraie foi est le rocher de la Parole de Dieu. Fonder une doctrine sur les expériences, les sentiments et les sensations, c'est bâtir sur le sable.
Encore une question troublante : Une foi qui fuit la lumière ?
Comment expliquer le fait que la glossolalie devienne si souvent une obsession ? Il s'agit parfois — il faut le reconnaître — d'un véritable aveuglement, d'un voile qui ferme l'esprit contre toute lumière de provenance biblique qui remettrait en question la pratique et la position doctrinale. La Parole de Dieu nous ordonne de tout examiner 1 Thessaloniciens 5.21 et d'éprouver les esprits 1 Jean 4.1-3. Or, la vraie foi est toujours ouverte à la Parole de Dieu, elle n'a pas peur de se laisser sonder et corriger par la vérité ; alors qu'une « foi », aussi zélée soit-elle, qui refuse une correction biblique n'est en somme que du fanatisme.
Dès qu'un homme n'accepte plus la Parole de Dieu écrite comme seule norme de la foi, il se laisse prendre sans discernement dans un filet d'idées confuses. Il n'a plus de jalons pour mesurer ses expériences. Ce que je reproche à la glossolalie moderne, c'est le refus si fréquent de la lampe que Dieu nous confie pour trouver le vrai chemin.
Encore plus troublant : où trouver le modèle ?
Ce qui me gêne particulièrement, ce qui m'empêche de suivre le courant de la glossolalie contemporaine, c'est que je n'en trouve nulle part dans la Bible le modèle.
Ajoutons à cela, comme je le rappelle ailleurs, le fait que je ne trouve aucun commandement dans l'Écriture qui m'obligerait à parler « en langues », ni aucun passage me disant que ce soit nécessaire, ni même une exhortation à le faire. Quant aux demi-versets d'1 Corinthiens 14 que nous avons déjà examinés, leur sens, si nous les prenons dans leur contexte, n'est pas du tout un argument en faveur de la glossolalie ; au contraire, Paul nous exhorte à chercher autre chose : la prophétie et les dons supérieurs.
J'ai assisté il n'y a pas très longtemps à une réunion dite d'évangélisation, annoncée par une grande publicité, et qui a duré un peu moins de quatre heures. Pendant toute cette soirée, le prédicateur n'a ouvert la Bible qu'une seule fois et cela pendant une minute ou deux à peine. Par contre, il y a eu deux très longs appels pour obtenir de l'argent qui ont duré en tout au moins une demi-heure. Parmi ses auditeurs, qui étaient manifestement de ses adeptes, je n'ai vu qu'une seule Bible qui, d'ailleurs, n'a pas été ouverte du tout. Mais ce qui m'a chagriné le plus, c'est qu'en fin de compte, tout ce que l'évangéliste a pu offrir à ceux qui étaient présents, c'était de les faire tous « chanter en langues » ! Et la séance s'est ainsi terminée vers minuit. L'évangéliste exprimait une grande satisfaction de sa « réussite », en assurant les assistants qu'ils avaient de cette façon reçu le baptême de l'Esprit ! Quant à moi, j'en avais le cœur gros.
Où trouver dans le Nouveau Testament un parallèle, un modèle qui justifierait une telle procédure ? Paul n'a jamais cherché à ouvrir le porte-monnaie des gens qu'il évangélisait ; il a même refusé de prendre un centime aux Corinthiens lorsqu'il travaillait dans cette ville 1 Corinthiens 9.12-18 ; 2 Corinthiens 11.7-10 ! Et pensez-vous réellement que son but dans l'Aréopage d'Athènes était de faire « chanter en langues » les philosophes ?
On me dira sans doute que j'ai cité un cas extrême. Mais ces cas extrêmes sont trop nombreux et ils exercent une influence énorme sur le christianisme contemporain. Heureusement, il y a beaucoup de chrétiens qui, tout en pratiquant la glossolalie, demeurent humbles et spirituels, en faisant un travail précieux pour la gloire de Dieu. Mais cela n'empêche pas que leur glossolalie est difficilement justifiable selon la Bible.
Et plus troublant encore... confusion entre lumière et ténèbres
Pourquoi, parmi ceux qui pratiquent la glossolalie, trouve-t-on si souvent l'argument : « La doctrine est secondaire, c'est l'expérience qui compte » ? Autrement dit : pourvu qu'on parle « en langues », on a la condition de base d'une vraie communion fraternelle. Cela revient à dire en somme, que la communion du Saint-Esprit est acquise dès que tous parlent « en langues »...
Cet argument est plus que dangereux. Des multitudes de personnes pratiquent la glossolalie sans pour autant accepter l'autorité des Saintes Écritures. sauf peut-être d'une façon hypothétique. Des chrétiens évangéliques parviennent ainsi à se croire en communion non seulement avec des « libéraux » qui nient la divinité de Christ et l'inspiration divine des Écritures, mais aussi avec des « traditionalistes » qui accordent à Marie une place égale ou supérieure à celle du Fils de Dieu et qui estiment l'autorité ecclésiastique aussi importante, ou même plus encore, que la Parole de Dieu.
Dans des rencontres interconfessionnelles, il est possible de découvrir une amitié et une chaleur très bienfaisantes, surtout après les siècles de méfiance et de haine religieuses qui ont existé entre croyants de différentes tendances. Il n'y a rien d’ailleurs qui nous empêche de nous rencontrer pour étudier la Parole de Dieu ensemble ; il est bon de s'entendre et de s'aimer dans le but de se rapprocher de Dieu et de découvrir la vérité ; mais entre la recherche de la vérité et la communion de l'Esprit, il peut y avoir un gouffre de différence. Dieu interdit au vrai disciple de Christ d'être en communion avec le faux croyant comme avec le non-croyant, car la lumière n'a rien de commun avec les ténèbres. L'Esprit de Dieu est l'Esprit de vérité et il refuse de se taire sur les questions fondamentales.
Note sur le culte de la Vierge
Beaucoup de personnes, même très éminentes, affirment que la glossolalie les a rattachées plus fermement au culte de la Vierge et, de ce fait, à l'autorité du Vatican. Ce n'est pas pour rien que le plus grand centre charismatique en Italie est dédicacé à la Vierge. Pour tout croyant fondé sur les Saintes Écritures, de telles affirmations donnent très sérieusement à réfléchir.
À ce propos, il est nécessaire de se rappeler que dans la pensée catholique, le Saint-Esprit est associé de tout près à la personne de Marie, car le dogme romain appelle Marie précisément « la demeure du Saint-Esprit ». Il n'est donc pas du tout difficile à un catholique d'identifier le culte du Saint-Esprit au culte de Marie.
Le fait de parler en langues ne prouve rien
Le « parler en langue » ne prouve rien en lui-même, quand même il s'agirait d'une langue miraculeuse authentique, car les démons savent produire ce même phénomène. Il est courant dans les milieux spirites ; il était bien connu des religions païennes de l'Antiquité comme il l'est aujourd'hui des religions asiatiques et des animistes d'Afrique et d'Amérique latine. Il est également pratiqué par certaines sectes pseudo-chrétiennes, comme les mormons.
Il est donc évident qu'un « parler en langue » n'offre en lui-même aucune garantie que l'action vienne de Dieu. Il s'ensuit que le fait d'exiger qu'un chrétien parle « en langue » pour prouver qu'il a reçu le Saint-Esprit n'a pas de valeur et encore moins si l'esprit en question n'est pas mis à l'épreuve de la Parole de Dieu. La glossolalie comme « test » de la foi n'a pas de fondement biblique.
Il est également clair que le « parler en langue » ne peut servir de « barême » pour mesurer le « degré de spiritualité » d'une personne. Le Nouveau Testament fournit d'autres normes beaucoup plus sûres pour éprouver son état d'âme. L'église de Corinthe pratiquait beaucoup la glossolalie et pourtant ! elle était la plus charnelle de toutes les églises apostoliques dont nous ayons connaissance.
Voici un cas parmi d’autres. Deux jeunes filles m'ont écrit d'une grande ville de France, me disant qu'elles avaient accepté Jésus-Christ comme Sauveur. Pendant plusieurs mois, elles se sont rattachées à un groupe de jeunes chrétiens.
Un jour, pourtant, elles m'ont écrit à nouveau pour me dire qu'elles étaient parties dans une autre ville, dans un grand centre dit chrétien où elles avaient appris à parler « en langues » après avoir reçu une imposition des mains. Elles sont rentrées chez elles tout enchantées.
Peu de temps après, elles m'ont de nouveau écrit pour me dire que tout était fini, que Jésus n'était plus rien dans leur vie. Deux années plus tard, l’une d'elles m'écrivait à nouveau pour me dire qu'elle s'était plongée dans la drogue et la débauche et elle me demandait comment faire pour en sortir. Depuis ce jour, hélas ! je n'ai plus eu de ses nouvelles.
De tels cas sont loin d'être rares ; j'en ai trop rencontré, de ces expériences apparemment bénies de glossolalie, suivies d'une faillite terrible. Non ! Le « parler en langue » n'est pas la mesure de la foi !
En fait, la glossolalie est certainement le tout dernier critère à employer pour décider des conditions de notre communion avec autrui. Voilà pourquoi le texte et la doctrine bibliques sont si importants : ils sont plus importants que jamais.
Nous avons certes besoin d'une expérience authentique de Dieu ; il nous faut l'Esprit, car sans lui tout est mort. Mais nous avons également désespérément besoin de la vérité, nous ne pouvons pas nous passer de la lumière de la Parole de Dieu. Et c'est précisément parce qu'il existe tant d’esprits séducteurs que Dieu nous a donné, noir sur blanc, les paroles exactes de Jésus-Christ, de Moïse, de Paul, de Jean. Sans cela, comment saurions-nous ce qu'ils ont réellement dit ?
Un chrétien spirituel et sanctifié est un homme qui est non seulement rempli de l'Esprit de Dieu mais tout autant rempli de la Parole de Dieu : les deux à la fois. Il n'est pas possible d'avoir l'Esprit de Dieu sans la Parole de Dieu, pas plus qu'on ne peut comprendre la Parole de Dieu sans être éclairé par l'Esprit de Dieu.
Ah ! Merci, Père céleste, pour cette provision si nécessaire à notre foi !
Ainsi, nous pouvons savoir avec exactitude ce que Dieu veut nous dire sur toutes les questions qui concernent notre état spirituel. Quelle folie que de négliger cette révélation !
Une conclusion effarante
Le fait que le phénomène contemporain ne correspond que peu ou pas du tout aux données bibliques doit inévitablement nous amener à examiner la question très sérieusement et c'est précisément ce que nous faisons dans ce livre.
Mais si la glossolalie de notre XXème siècle n'est pas en fait le véritable « parler en langue » biblique, si elle ne correspond pas à une action véritable du Saint-Esprit, quelle en est l'origine ? Et quelles en seront les conséquences pour l'œuvre de Dieu ?
S'il est vrai que nous ne pouvons pas attribuer la plupart de la glossolalie moderne à l'action de Dieu, ne faudra-t-il donc pas tirer la conclusion qu'elle est d'origine humaine ? N'est-ce dire aussi qu'étant humaine, elle est de ce fait charnelle ? Comment donc peut-elle apporter une bénédiction vraie et durable à l'Église de Christ ?
Je suis donc obligé de conclure que dans la doctrine et la pratique de la glossolalie contemporaine, il y a un élément au moins qui vient pas de Dieu, mais de la chair.