Où es-tu, Seigneur, où es-tu ? Oui, tes œuvres parlent de toi ; mais ce n’est pas assez, je voudrais te voir et t’entendre toi-même ! Hélas ! mon souhait n’est pas plutôt formé que j’en sens toute la vanité, et je retombe sous le poids de mon invincible ignorance ! Ce poids m’écrase ; je ne puis ni le soutenir ni m’y soustraire. Je sais que je ne te verrai pas dans ce monde, et cependant je ne puis m’empêcher de le désirer.
Merci, Seigneur, merci. Je viens d’entendre ta réponse : mon ardent désir de te voir, jamais satisfait ici-bas, me conduit au désir de te chercher dans les cieux ; plus ma soif reste inassouvie dans le temps, mieux je comprends que tu te réserves de l’apaiser dans l’éternité. Eh bien ! oui, Seigneur, j’attendrai patiemment cette nouvelle vie ; en l’attendant, je m’efforcerai de m’y préparer et deviendrai moins indigne de toi. Oui, mon Dieu, maintenant je veux te rendre grâce de m’avoir obligé à marcher quelques jours par la foi, pour me fournir l’occasion de t’obéir sans te voir ! Béni sois-tu, d’ennoblir ainsi mes pensées. Hélas ! si tu m’apparaissais à cette heure, peut-être ton apparition, preuve irrésistible, ne ferait-elle qu’endurcir mon cœur. Alors, je céderais à mes yeux et non à mon cœur ; à mes intérêts et non à mes sentiments. Ta présence me ferait peut-être obéir par crainte, et ton absence me permet d’obéir avec amour. Oui, Seigneur, tout est bien, je le comprends à cette heure… et cependant, je soupire encore après le bonheur de te voir : où es-tu, Seigneur, où es-tu ? Mais pardon, mon Dieu, pardon. Donne-moi plus de foi, plus de patience et plus d’amour ; alors ma vie, mieux remplie, ne me laissera plus pousser ces vains soupirs.