Tu me veux à ton service,
Moi qui sans toi ne suis rien.
Qu’à toute heure s’accomplisse
Ton désir et non le mien.
Ce que j’ai, tu le possèdes,
Mais tu veux le recevoir :
Conduis-moi, toi qui nous aides,
A mettre en toi notre espoir.
Le plus grand parmi les hommes,
Tu l’as dit, Maître très doux,
Sur cette terre où nous sommes,
C’est le serviteur de tous.
Tu fis mieux que de le dire,
Quand pour nous tu vins t’offrir.
Confonds ce coeur qui n’aspire
Qu’à se faire encore servir.
Ch. Dombre (1937)
Venez à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu.
Il est des ouvriers du Seigneur débordants de zèle qui déclarent à ceux qui leur parle de détente ou de congé : « Oh ! Moi, je me reposerai au ciel ! » Tel n’était pas l’avis de Jésus qui, jadis, jugea bon d’ordonner à ses disciples de le suivre à l’écart pour échapper à la foule (Marc 6.31). Il connaissait les bienfaits du repos. Les douze, une fois leur mission accomplie, avaient rejoint le Maître pleins d’enthousiasme, heureux et émerveillés d’avoir pu opérer des miracles en Son nom. Ils seraient repartis sur le champ si Jésus ne les avait retenus. L’immensité des besoins, les expériences merveilleuses faites peu avant, l’accueil favorable d’une population assoiffée ne les autorisaient pas à se jeter incontinent dans une nouvelle action. Une halte bienfaisante s’imposait dans l’immédiat. Le surmenage n’est bon pour personne et la fatigue accumulée rend l’homme vulnérable. Satan ne l’ignore pas. Pressés par la foule, ayant à peine le temps de manger, ces hommes happés et bousculés, avaient un sérieux besoin de calme, d’un apaisement propice à la réflexion. Leur équilibre psychique et leur santé spirituelle l’exigeaient. Et puis, le repos en compagnie du Seigneur rend fort lorsque le découragement ou l’orgueil spirituel guettent ses serviteurs.
Le repos vécu en étroite communion avec le Christ n’est jamais une perte de temps car il donne accès à de nouvelles occasions de service. N’est-ce pas justement lorsqu’ils sont à l’écart, dans le lieu désert, que les disciples voient arriver, venant de tous côtés, des gens avides d’entendre et de recevoir ? Et c’est dans ce même lieu que les douze pourront participer à la distribution du pain et des poissons destinés à la multitude (v. 41-42). A ce sujet, il me souvient qu’à la suite d’un message délivré lors d’une convention, je fus tenté, à l’issue du culte, de me mêler à la foule pour recevoir quelques échos de mon exposé. Je compris que je devais plutôt regagner ma chambre avant le repas, lorsque… me trompant d’étage, j’entrai dans celle d’un jeune homme que je trouvai en larmes. Il s’ouvrit à moi et je fus si heureux de le conduire au Seigneur. Pour être en mesure de donner, il faut d’abord recevoir. Ce principe est toujours de saison.
Un jour sur sept. L’importance du repos hebdomadaire ne peut échapper à quiconque se nourrit de la Parole. Le Dieu infiniment sage l’a institué parce qu’il sait que le repos est nécessaire et vital pour l’homme. Et pour l’inciter à observer fidèlement le quatrième commandement (le plus détaillé du décalogue, gravé sur la pierre du doigt de Dieu) le Créateur a prêché d’exemple en se reposant le septième jour de toute son œuvre (Genèse 2.2).
C’est « pour l’homme », c’est-à-dire pour son bien physique, psychique et spirituel que Dieu a ordonné ce jour de relâche. Qui se repose vraiment en recevra tous les bienfaits s’il observe cette halte comme l’Eternel le demande, c’est-à-dire telle « une fête en son honneur », célébrée avec joie et détente dans le foyer et dans l’église. Une halte bénéfique qui donne du ressort pour toute une semaine.
Ah ! Si les chrétiens respectaient ainsi le jour du repos comme les Juifs en Israël, nos nerfs seraient un peu moins tendus. Pensez au calme extérieur, impressionnant, qui nous saisirait si, du coucher au lendemain soir, tout au long de la nuit et du jour on n’entendait plus aucun bruit de motos, d’autos, de trains, d’avions ou de télévision. Quel bienfait ce serait pour nos cerveaux fatigués, nos oreilles abasourdies et nos yeux qui ont parfois tant de peine à se fermer pour entrer dans un sommeil réparateur. Je vous suggère, quand la chose sera possible, d’aller en famille batifoler dans les bois pour goûter le silence et la paix que prodigue la nature, une nature qui exalte le Créateur (1).
(1) Le repos occupe une grande place dans la Bible. En Israël, outre le sabbat, on faisait relâche lors des fêtes annuelles. Certaines duraient parfois huit jours comme celles de Pâque et des Tabernacles (Lévitique 23.5-8 & 34-36). En tout, soixante-neuf jours de repos par an, aussi bien pour le pauvre que pour le riche. De plus, une année sur sept ainsi que la cinquantième année (dite du jubilé) devaient être consacrées au repos afin que l’homme pense à son Dieu. Ainsi, une personne de cinquante ans qui observait strictement la Loi de Dieu pouvait, outre les soixante-neuf jours annuels de repos, passer huit années complètes de sa vie à jouir sereinement des bienfaits de l’Eternel (Lévitique 25.21). Il est bon de noter qu’à l’occasion de la fête des Tabernacles, le peuple passait une semaine de plein air sous des tentes dans la banlieue de Jérusalem. Du camping avant la lettre. Décidément, la législation mosaïque était bien en avance sur la nôtre !
Le repos de la nuit. Le Seigneur a créé la nuit pour inviter l’homme à limiter son activité (à chaque jour suffit sa peine) afin de se livrer à un repos réparateur. L’énergie perdue au cours d’une journée de travail doit être récupérée si l’on veut rester fort. C’est un devoir chrétien. Rappelons que les soirées tardives sont l’implacable ennemi du recueillement. Si vous croyez pouvoir causer avec vos amis jusqu’à deux ou trois heures du matin avec cependant l’intention de vous lever tôt et dans les meilleurs dispositions pour vivre un vrai face-à-face avec Dieu, vous vous trompez. Priez donc la veille pour un lever matinal et priez le matin pour un coucher raisonnable. Qui traîne le soir traînera certainement aussi le lendemain et perdra plus de temps qu’il le croit.
Est-on agité le soir et peu disposé à s’endormir ? Dans ce cas, il serait sage de s’en ouvrir au Seigneur. La veille de sa rencontre avec Farel, le jeune Calvin à genoux s’écria : « Que mon dormir soit à ta gloire ! » Le sommeil viendra d’autant plus vite et la nuit sera d’autant plus sereine que, dans l’heure qui précède, j’éviterai d’aborder des problèmes épineux avec mon conjoint. Je refuserai également d’écarquiller les yeux devant la T.V. Que les derniers moments de ma journée soient paisibles, débarrassés de tout souci et consacrés au Seigneur.
Et si le sommeil ne vient décidément pas, au lieu de compter des moutons, je compterai plutôt sur le Berger. Le psalmiste s’écriait : Je bénis l’Eternel qui me conseille ; la nuit même mon cœur m’exhorte… Lorsque je me souviens de toi sur ma couche, je médite sur toi pendant les veilles de la nuit (Psaumes 16.7 ; 63.6-8). Les heures d’insomnie seront moins pénibles si elles sont remplies de louange ou occupées à intercéder pour les nôtres ou nos amis.
Les jours favorables. Dans son épître aux Ephésiens, Paul parle des « mauvais » jours (6.13), ceux où les puissances adverses se déchaînent pour séduire l’enfant de Dieu et l’entraîner dans le mal. Sans doute avez-vous connu, après un temps de victoire, ces heures de combat où vous avez fini par céder à la tentation. N’oublions pas que Satan ne désarme pas, « il rôde » (1 Pierre 5.10) et, après un temps de relâche, revient à la charge au moment où nous ne veillons pas, trop sûrs de nous-mêmes. Ce qui est vrai pour chacun de nous le fut jadis pour Jésus qui, cependant, ne céda jamais à l’Adversaire. Après l’avoir tenté au désert, le diable s’éloigna de lui jusqu’au moment favorable (Luc 4.13). Si l’apôtre évoque les « mauvais jours », c’est certainement parce qu’il y en a de « bons », propices pour revêtir toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les manœuvres du diable (Ephésiens 6.11). Ce n’est pas sur le champ de bataille, lorsque le combat fait rage (c’est le mauvais jour) que le soldat endosse l’armure qui le protège ; il se prépare avant l’attaque, pendant les moments de répit, le temps favorable pour s’équiper.
Des chrétiens, qui délaissent la Parole de Dieu et négligent la prière, tenteront de se justifier en prétextant : « Je suis harassé de fatigue lorsque je rentre le soir à la maison, aussi je m’endors dès que j’ouvre la Bible ou ferme les yeux pour dialoguer avec le Seigneur. » Alors même que ces motifs seraient valables, « l’homme fatigué » devrait être amené à réfléchir si vous lui demandez de répondre aux questions suivantes : « Comment utilisez-vous vos week-end ? vos jours de congé (ce sont les jours favorables) ? Quelle place occupe l’étude de la Bible durant ces jours de détente ? Avez-vous le souci de vous ressourcer, de revêtir votre armure pendant vos heures libres de repos ? Quel temps consacrez-vous alors au Seigneur, à la méditation et à la prière ? » En interrogeant ainsi votre interlocuteur vous le mettrez certainement dans l’embarras.
Dans notre monde tourbillonnant, il est impérieux de « décrocher » pour se détendre, toujours avec bonne conscience. Ne gaspillons pas le temps de nos congés en le vivant sans but, dans la trépidation ou la mollesse. Se reposer, c’est substituer à son activité habituelle une autre activité, toute différente, agréable parce qu’elle distrait et détend, surtout précieuse parce qu’elle rapproche de Dieu et du prochain.
Que notre temps de repos soit vécu pour Lui plaire. C’est une autre façon de le servir.
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