Le mariage est honorable pour tous. Héb., XIII, 4.
Le mariage a été institué de Dieu, lorsque déclarant qu’il n’est pas bon pour l’homme d’être seul, il lui donna une compagne.
En retirant Ève de la propre chair d’Adam, il a établi l’union qui doit exister entre le mari et la femme.
En ne donnant qu’une seule femme au premier homme, il a institué la monogamie et condamné par là le concubinage et la polygamie. Si la Bible parle de patriarches qui ont eu plusieurs femmes, ce n’est point pour les approuver, mais pour raconter avec fidélité l’histoire du genre humain, qui est, hélas ! Le plus souvent, l’histoire de ses faiblesses.
Si le divorce était permis dans la loi de Moïse, ce n’était que sous certaines conditions exceptionnelles ; Jésus-Christ, en déclarant que cette permission avait été donnée aux enfants d’Israël à cause de la dureté de leur cœur, exclut, par cela même, sauf le cas d’adultère, cette rupture d’un lien sacré au milieu du peuple de Dieu formé sous la nouvelle alliance, qui est une alliance de sainteté autant que de miséricorde.
Jésus-Christ a sanctionné le mariage soit en en rappelant l’institution primitive, soit en assistant aux noces de Cana avec sa mère et ses disciples, soit en condamnant l’adultère, le divorce et l’impureté, soit en comparant la venue du royaume de Dieu à des noces, et son union intime avec l’Église à ce lien béni.
Saint Paul déclare « que le mariage et le lit sans souillure est honorable entre tous les hommes ; qu’il aurait eu, comme les autres apôtres, le droit d’emmener avec lui une femme d’entre ses sœurs. »
Si, dans son épître aux Corinthiens, il dit « que celui qui se marie fait bien, mais que celui qui ne se marie pas fait mieux, » il a soin d’ajouter que son conseil il le donne de lui-même et à cause de la dureté des temps, c’est-à-dire des persécutions atroces qui sévissaient contre les chrétiens (1 Cor., VII, 26.).
L’Écriture, en racontant la guérison de la belle-mère de Pierre, constate que cet apôtre était marié, et saint Paul annonce comme un siècle d’hérésie celui où l’on défendra le mariage.
D’après les préceptes de la Parole de Dieu et l’esprit de l’Évangile, les protestants considèrent le mariage et le célibat comme également autorisés, la décision entre ces deux états étant abandonnée au libre choix de chacun selon ses inclinations individuelles.
Ils n’attachent aucune idée de sainteté supérieure au célibat, ni d’infériorité morale à l’état du mariage. Il est des circonstances de fortune, de position sociale, de santé qui rendent le mariage peu désirable et même quelquefois impossible ; mais nous croyons que l’épouse fidèle, la bonne mère de famille, est plus digne d’estime, et remplit plus fidèlement la tâche de la femme chrétienne que celle qui, dans les vues d’une dévotion mal éclairée, se renferme dans la stérile et égoïste condition du célibat.
Ajoutons, pour compléter notre pensée, que nous considérons comme attentatoire aux droits de la souveraine Providence et à la dignité de l’humanité tout ordre humain qui condamne au célibat une classe quelconque d’hommes, à qui d’ailleurs Dieu a accordé, comme à tous les autres, le droit et le doux privilège du mariage chrétien.
Nous n’appelons par le mariage un sacrement parce que nous réservons ce titre aux cérémonies, signes extérieurs d’une grâce cachée, ordonnées de Jésus-Christ à tous les chrétiens comme gage de salut.
Nous approuvons pleinement la loi française, qui veut que le mariage civil précède le mariage religieux, parce qu’il y a des intérêts civils dans le mariage dont la société et le magistrat qui la représente doivent s’occuper spécialement, et que rendre de tels intérêts dépendants des croyances religieuses individuelles et secrètes des hommes, ce serait abandonner les intérêts de la société et de la famille à des variations incessantes ou à des conditions insaisissables ; ce serait aussi imposer à chacun un joug religieux légal.
Une fois le mariage civil accompli, le contrat liant les époux à la société dans les conditions sociales, ceux-ci restent libres de donner à leur union le cachet religieux qui convient à leurs convictions. Ce sceau nous paraît indispensable au chrétien, qui ne peut attendre aucun bien d’une union que Dieu lui-même ne cimenterait pas de sa bénédiction.
Nous voyons avec douleur, sans les défendre absolument, les mariages mixtes, je veux dire ceux où les époux appartiennent à des communions différentes. Nous les croyons favorables à l’indifférence religieuse et fertiles en froissements douloureux ; mais quand ils sont contractés, nous en respectons les conditions, et nous considérons comme coupable toute tentative qui tendrait à inquiéter l’un des deux époux à l’occasion de ses convictions religieuses.
Chez nous, la célébration religieuse du mariage consiste en une cérémonie simple, grave et empreinte d’un caractère évangélique, comme tout ce qui se pratique dans nos Églises.
Les époux se rendent au temple avec leurs parents et leurs amis, en plein jour et en présence de l’Église assemblée. Le ministre, revêtu de son costume pastoral, rappelle aux époux l’institution du mariage ; il leur adresse de pressantes exhortations, il les appelle à contracter de solennelles promesses. « Vous, » dit-il au mari, « vous déclarez avoir pris pour votre épouse N.N., ici présente ; vous promettez de l’aimer, de l’entretenir, dans la maladie et dans la santé, dans la mauvaise fortune comme dans la prospérité, et de lui demeurer fidèle jusqu’à la mort, comme c’est le devoir d’un mari chrétien envers son épouse, et comme Dieu vous le commande dans sa Parole. »
Après une déclaration à peu près semblable de la part de la femme envers son mari, le pasteur joint les mains des époux, après leur avoir remis l’anneau nuptial et après avoir imploré, par une ardente prière, la bénédiction de Dieu sur leurs nœuds légitimes et sacrés. Enfin, il leur présente un exemplaire de la sainte Bible. Ce volume devient la Bible de mariage, premier monument du culte de famille, et souvenir sacré d’un jour à jamais solennel.