« Siméon était juste et craignant Dieu ; il attendait la consolation d’Israël et le Saint-Esprit était sur lui. Anne, la prophétesse, parlait de Jésus à tous ceux de Jérusalem qui attendaient la délivrance. » Lu 2.25-38.
Nous voyons ici ce qui caractérise le croyant qui attend : Juste dans toute sa conduite ; craignant Dieu et marchant en sa présence ; attendant la consolation d’Israël l’accomplissement des paroles de Dieu ; ayant le Saint-Esprit sur lui. C’est en s’attendant ainsi à Dieu que Siméon avait été préparé à recevoir la grâce promise. Et non seulement lui, mais Anne, la prophétesse, parlait de Jésus à tous ceux de Jérusalem qui attendaient la délivrance. Ceci nous montre qu’au milieu du formalisme et de la mondanité qui les entouraient il y avait à Jérusalem un groupe d’hommes et de femmes qui s’attendaient à Dieu, comptant sur le salut promis.
Et à présent que la consolation d’Israël est venue, que la rédemption a été accomplie, devons-nous encore nous attendre à Dieu ? Oui, sans doute ; mais notre attente qui regarde aux promesses déjà accomplies ne doit-elle pas différer de l’attente de ceux qui regardaient dans l’avenir ? Nous devons à présent regarder à Dieu tel qu’il se manifeste à nous dans la rédemption et attendre de lui qu’il nous en révèle toujours plus la vertu efficace.
Nous devons attendre la plénitude de la rédemption. Christ a dit : « En ce jour vous connaîtrez que vous êtes en moi. » « Demeurez en moi. » {Jn 14.20 ; 15.4} Les Épîtres nous enseignent il nous tenir devant Dieu comme étant « morts au péché et vivants à Dieu en Jésus-Christ, » ainsi que « bénis de toute sorte de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes par Christ. » {Eph 1.3} Notre attente à Dieu doit à présent nous donner l’assurance que nous sommes acceptés en Christ, que l’amour de Dieu pour son Fils repose aussi sur nous, que nous vivons dans cet amour, en la présence même de Dieu, sous son regard, et que le Saint-Esprit nous enveloppe et nous maintient dans cette assurance. Les saints de l’ancienne alliance se fondaient sur la Parole de Dieu pour compter sur ses promesses. Nous comptons sur sa Parole, mais quel privilège de pouvoir le l’aire eu étant un avec Christ. Quand nous nous attendons à Dieu, faisons-le donc avec l’assurance qu’en Christ nous avons accès auprès du Père et qu’ainsi nous avons la certitude que notre attente ne peut pas être vaine.
Notre attente diffère encore de la leur en ce que tandis qu’ils attendaient la rédemption. promise, nous la voyons accomplie et que nous désirons qu’elle se réalise en nous. Christ ne s’est pas borné à nous dire : « Demeurez-en moi, » il a dit encore « Je demeurerai en vous. » Les Épîtres nous parlent non seulement de la grâce d’être en Christ mais elles nous promettent que Christ habitera en nous, nous présentant là le plus haut degré de l’amour de Dieu dans le mystère de la rédemption. C’est lorsque, de jour en jour nous conservons notre place en Christ, que Dieu nous révèle la présence de Christ en nous, nous assurant qu’il est « formé en nous » qu’il prend forme et réalité en nous, qu’il nous communique sa pensée, sa disposition d’esprit, sa ressemblance, si bien que chacun peut en vérité dire : « Christ vit en moi. » {Ga 2.20}
Ma vie en Christ là-haut au ciel et la vie de Christ en moi ici-bas sur la terre se complètent l’une l’autre: et plus mon attente à Dieu se signale par la foi vivante que je suis en Christ, plus aussi mon cœur réclame la présence de Christ en moi. Alors cette attente à Dieu qui avait d’abord commencé par telle ou telle requête cherchant à obtenir telle ou telle grâce se concentre toujours plus, quant à ce qui nous concerne personnellement, sur ce point unique : Seigneur révèle pleinement ta rédemption en moi, que Christ vive en moi.
Notre attente diffère donc de celle des saints de l’ancienne alliance par la position que nous prenons et par l’espérance que nous entretenons; mais au fond elle est la même, c’est toujours s’attendre à Dieu en qui seul est notre confiance.
Profitons de l’exemple de Siméon et d’Anne. Tous deux attendaient la rédemption promise, mais il leur était absolument impossible de rien faire pour la réaliser, pour amener la naissance de Christ et sa mort. Ceci était l’œuvre de Dieu. Quant à eux ils n’avaient autre chose à faire qu’à attendre. Nous aussi, nous sommes tout aussi incapables de réaliser la vie de Christ en nous. Quant Dieu a. opéré la rédemption par Christ, ce n’était pas pour nous laisser le soin de nous en faire ensuite l’application en détail.
La secrète pensée que c’est à nous de faire en ceci ce que Dieu seul peut faire est la cause fondamentale de notre faiblesse. Lorsque l’œuvre de Christ est’ révélée au croyant et, que de jour en jour, d’instant eu instant elle lui devient toujours plus claire et plus vivante c’est là l’œuvre directe de Dieu en nous, tout aussi bien que la naissance de Christ et sa résurrection ont été l’œuvre de sa toute puissance. Notre confiance en Dieu ne sera suivie de réelle et pleine bénédiction que lorsque nous serons pénétrés de cette vérité, lorsque nous nous sentirons dépendants de Dieu pour chaque instant de vie spirituelle et de foi en la rédemption tout autant que l’étaient Siméon et Anne quand ils attendaient cette même rédemption, « la délivrance d’Israël. » Conviction de notre incapacité absolue et confiance entière que Dieu peut et veut tout faire pour nous et en nous, voilà ce qui doit signaler aujourd’hui notre attente, comme jadis c’était là aussi ce qui accompagnait la leur. Et comme autrefois Dieu leur fit voir qu’il était le Dieu fidèle « le Dieu fort qui fait des merveilles, » aujourd’hui il fera de même pour nous aussi.
« Mon âme, attends-toi à Dieu ! »