« Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient aussi avec moi. » (Jn 17.24)
Dans son discours d’adieu, Jésus révèle à ses disciples ce que sera la vie future lorsque le règne de Dieu sera venu avec puissance. Dans la communion du Saint-Esprit, dans l’union avec le cep céleste, dans le témoignage et les souffrances, les disciples trouveront leur vocation et leur félicité. En déroulant à leurs yeux les perspectives de cette vie-là, le Seigneur fait, à plusieurs reprises, aux apôtres, les promesses les plus illimitées à la force et à la puissance de leurs prières.
En terminant ses enseignements, lui-même se dispose à prier. Voulant laisser à ses disciples la joie de savoir ce que sera pour eux son intercession dans le ciel comme leur souverain sacrificateur, Il leur fait le précieux legs de sa prière sacerdotale. Et cela autant parce qu’ils doivent partager son œuvre d’intercession que pour qu’ils sachent, et nous avec eux, comment ils peuvent accomplir leur sainte mission.
Dans l’enseignement du Seigneur, pendant cette dernière nuit, nous avons appris que ses étonnantes promesses faites à la prière ne sont pas accordées en notre faveur seulement, mais en faveur des intérêts du Seigneur et de son royaume. C’est du Seigneur lui-même que nous pouvons apprendre ce que la prière en son nom doit être et ce qu’elle peut obtenir. La prière sacerdotale nous enseigne ce que la prière faite, au nom de Jésus peut demander, espérer et attendre.
Elle se divise en trois parties. Dans la première, du verset 1 à 5 le Seigneur prie pour lui-même ; dans la seconde, du verset 6 à 19 Il prie pour ses disciples, et dans la dernière du verset 20 à 26 Il prie pour le peuple des fidèles dans tous les âges.
Le disciple de Jésus qui se voue à l’œuvre d’intercession et qui veut faire l’épreuve de la mesure de bénédictions qu’il peut faire descendre sur ceux qui l’entourent, par la prière au nom de Jésus, étudiera par l’Esprit en toute humilité, ce beau chapitre dix-septième de Jean, comme l’une des leçons les plus importantes de l’école à laquelle nous sommes.
Jésus prie avant tout pour lui-même, afin qu’étant glorifié, Il puisse glorifier le Père. « Père... glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ».
« Maintenant toi, Père, glorifie-moi ».
Il expose les raisons pour lesquelles Il prie de la sorte. Le Père et le Fils ont conclu une sainte alliance dans les cieux, Le Père, comme récompense de l’œuvre du Fils ici-bas, lui a donné toute puissance sur les hommes. Le Fils a accompli sa mission ; Il a glorifié le Père. Son but est de le glorifier toujours plus. C’est avec une. sainte hardiesse qu’Il demande au Père de le glorifier, parce qu’alors Il sera eh état de faire pour son peuple tout ce qu’Il a entrepris.
Disciples de Jésus ! Nous avons ici la première leçon dans l’intercession sacerdotale. Suivons l’exemple de notre grand souverain sacrificateur. Le Fils a commencé sa prière en affirmant sa position vis-à-vis du Père. Il a mis, en avant son œuvre, son obéissance, son ardent désir que le Père soit glorifié. Faisons comme lui. Approchons-nous de notre Père, par Christ, sachons nous prévaloir auprès de lui de l’œuvre que Jésus a accomplie. Ne faisons plus qu’un avec elle, confions-nous en elle, vivons pour elle ; déclarons que nous sommes prêts à nous consacrer jusqu’à la fin au travail que le Père nous a donné à faire et à ne vivre que pour sa gloire. Demandons alors avec confiance que le Père soit glorifié eh nous. Voilà ce qu’est la prière faite dans l’Esprit de Jésus, en son nom et en parfaite union avec lui. Cette prière aura force et puissance.
Si, avec Jésus, nous glorifions le Père, le Père, à son tour, glorifiera le Fils, en nous accordant ce que nous demandons en son nom et, en particulier, nos requêtes d’intercession pour ceux qui nous entourent.
Notre Seigneur prie ensuite pour ses disciples : Il parle d’eux comme de ceux que le Père lui a donnés. Le signe qui les caractérise, c’est qu’ils ont reçu la parole de Christ. Il déclare les envoyer désormais dans le monde à sa place, comme le Père l’avait envoyé lui-même. Il réclame deux choses en leur faveur : Que le Père les préserve du mal, et qu’Il les sanctifie par sa parole qui est la vérité, parce que Jésus se sanctifie lui-même pour eux.
Tout intercesseur croyant et fidèle a, comme le Seigneur, un cercle intime pour lequel il faut qu’il prie tout d’abord. Les parents ont leurs enfants, les instituteurs leurs élèves, les pasteurs leurs troupeaux, les moniteurs des écoles du dimanche leurs groupes, tout travailleur dans le champ de Dieu a sa charge spéciale et doit porter dans son cœur ceux qui lui sont confiés.
Il est de toute importance que la prière d’intercession soit personnelle, définie, qu’elle ait un but bien déterminé. Notre première demande en faveur de ceux pour lesquels nous Intercédons doit être qu’ils reçoivent la Parole, mais cette prière n’aura aucune efficace si nous ne pouvons dire avec le Seigneur : « Je leur ai donné ta parole ». (Jn 17.14)
Voilà ce qui nous donne la liberté et la force dans notre œuvre d’intercession pour les âmes. Il faut non seulement prier pour elles, mais nous adresser à elles directement. Quand elles auront accepté la Parole, prions beaucoup pour qu’elles soient préservées du mal et sanctifiées par la Parole.
Au lieu de nous désespérer, de juger ceux qui tombent et de les abandonner, prions pour eux avec ardeur. « Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés ». (Jn 17.11) « Sanctifie-les par ta vérité ». (Jn 17.17)
La prière au nom de Jésus est d’une grande efficace. « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai ». (Jn 14.13)
Enfin, la prière du Seigneur embrasse un champ plus vaste. « Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole ». (Jn 17.20)
Son cœur de sacrificateur s’ouvre et s’élargit pour renfermer tous les lieux et tous les temps Il prie pour que tous ceux qui lui appartiennent ne forment partout qu’un seul corps, donnant ainsi la preuve que sa mission est bien réellement divine et que les siens seront admis avec lui à une gloire éternelle. « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et que je sois en eux ». (Jn 17.26)
Le disciple de Christ qui a éprouvé dans son entourage immédiat quelle a été la puissance de sa prière, ne pourra plus se renfermer dans un cercle aussi limité. Il faut qu’il prie pour l’Eglise universelle et les branches qui s’y rattachent. Il priera surtout pour, obtenir l’amour fraternel et l’unité de l’Esprit. Il priera pour que l’Eglise soit une en Christ et pour qu’elle témoigne au milieu du monde que Christ a accompli cette œuvre merveilleuse : l’amour triomphant de l’égoïsme. Quel autre, sinon le Fils de Dieu, envoyé du ciel, aurait pu la réaliser ?
Les chrétiens devraient prier beaucoup pour que l’unité de l’Eglise, non dans sa forme extérieure, mais en esprit et en vérité, soit rendue manifeste. Voilà pour la prière en elle-même.
Voyons le mode à employer.
Jésus dit : « Père, JE VEUX ! » Lui, le Fils, lui qui a reçu les promesses du Père, lui qui, a accompli son œuvre jusqu’au bout, Il a le droit de le dire. La promesse du Père est positive : « Demande-moi et je te donnerai ». Il s’en prévaut, Il nous fait, à son tour, une promesse analogue. « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, je le ferai ». (Jn 14.13)
Il nous adresse cette demande : « Que veux-tu ? » À nous de répondre : « Père, JE VEUX tout ce que tu as promis ». Au fond, c’est là la foi véritable, celle qui honore Dieu. La conviction que nous obtiendrons ce que nous demandons avec foi est agréable au Père. Au premier abord, notre cœur hésite à employer cette expression : je veux ; nous ne nous sentons ni le droit, ni la force de nous en servir. La grâce de pouvoir dire : « je veux » ne nous sera accordée que lorsque nous aurons fait une entière abnégation de nous-mêmes ; soyons certains alors que tous ceux qui auront soumis leur volonté à celle du Maître la recevront. Celui qui renonce à sa volonté la retrouvera, et il la retrouvera renouvelée et fortifiée d’une puissance toute divine.
« PÈRE JE VEUX ». Voilà la note dominante de l’intercession, constante, active, efficace de notre Sauveur dans le ciel. Par notre union avec lui, notre prière aura la même efficacité. Mais à une condition : c’est que nous marchions avec lui, que nous demeurions en lui et que nous fassions toutes choses en son nom. Allons à lui avec confiance. Apportons-lui chacune de nos requêtes. Mettons-les à l’épreuve de sa Parole et du Saint-Esprit, puis jetons-les dans le torrent d’intercession qui s’échappe du cœur de notre Seigneur pour s’élancer vers le Père. Alors nous pourrons avoir pleine confiance que nous recevrons ce que nous demandons.
L’Esprit lui-même nous inspirera ce :
« Père, je veux » qui nous apportera l’exaucement. Vivre en lui et pour lui seul, là sera le secret de notre force et de notre influence.
Disciples de Jésus ! Appelés à être semblables à notre Seigneur dans son intercession sacerdotale, quand arriverons-nous à réaliser notre glorieuse destinée, qui est de prier, de plaider la cause des âmes qui périssent et d’acquérir de l’influence en leur faveur auprès de Dieu ? Quand secouerons-nous notre nonchalance qui se revêt de fausse humilité et nous rendrons-nous à l’Esprit de Dieu, afin qu’Il revête notre volonté de force et de lumière ? Quand arriverons-nous à saisir et à posséder les merveilleuses promesses que Dieu nous a faites ?
SEIGNEUR, ENSEIGNE-NOUS À PRIER.