Demeurez en Christ

Vingt-septième jour

DEMEUREZ EN CHRIST
AFIN DE NE PAS PÉCHER

« ... il n'y a pas de péché en lui. Quiconque demeure en lui ne pèche pas ». 1Jean 3.5-6

« VOUS LE SAVEZ », dit l'apôtre, « le Seigneur est apparu pour ôter les péchés ». Et il indique ainsi que c'est avant tout pour nous sauver du péché que le Fils de Dieu a été fait homme. Le contexte montre clairement que « ôter les péchés » ne concerne pas seulement l'expiation et la délivrance de la culpabilité, mais la libération de la puissance du péché, afin que le croyant ne le commette plus.

C'est dans la sainteté de la personne de Christ que réside la puissance d'accomplir ce dessein. Il admet les pécheurs dans une union vivante avec lui et il en résulte que leur vie devient semblable à la sienne. « ... il n'y a pas de péché en lui. Quiconque demeure en lui ne pèche pas ». Aussi longtemps qu'il demeure, et dans la mesure où il demeure, le croyant ne pèche point. La sainteté de notre vie a ses racines dans la sainteté de la personne de Christ. « Si la racine est sainte, les branches le sont aussi » (Ro. 11.16).

Une question se pose aussitôt : comment cela s'accorde-t-il avec ce que la Bible enseigne de la corruption attachée à notre nature humaine, ou avec ce que Jean lui-même dit : nous nous séduisons nous-mêmes si nous déclarons que nous n'avons pas de péché, que nous n'avons pas péché (voir 1Jean 1.8, 10). C'est justement ce passage qui va nous enseigner à bien comprendre notre texte, si nous l'examinons soigneusement. Remarquez la différence entre les deux expressions : verset 8 « si nous disons que nous n'avons pas de péché, » et verset 10 « si nous disons que nous n'avons pas péché ». Les deux expressions ne peuvent pas être équivalentes ou alors la seconde serait une répétition inutile de la première. Avoir du péché (v. 8) n'est pas la même chose que commettre le péché (v. 10). Avoir du péché, c'est avoir une nature pécheresse. Le croyant le plus sanctifié doit confesser à tout moment que le péché est attaché à lui, à sa chair plus exactement, dans laquelle n'habite rien de bon (Ro. 7.18). Pécher ou commettre le péché, c'est tout à fait autre chose : c'est se soumettre à la nature pécheresse qui est en nous et tomber dans une transgression effective. Nous avons ici deux réalités que tout véritable croyant doit admettre. La première, c'est qu'il y a toujours en lui cette nature de péché (v. 8), la seconde, c'est que ce péché s'est manifesté autrefois dans des actions mauvaises (v. 10). Aucun croyant ne peut dire « je n'ai pas de péché en moi », ni « je n'ai jamais péché dans le passé ». Si nous disons que nous n'avons pas actuellement de péché ou que nous n'avons pas péché dans le passé, nous nous trompons nous-mêmes. Mais, bien que le péché soit actuellement en nous, cela ne signifie pas que nous devions confesser que nous commettons actuellement le péché. La confession des péchés effectifs concerne le passé. On voit au chapitre 2 v. 1 que cela peut arriver aussi dans le présent, mais ce n'est pas une norme à laquelle il faille s'attendre. Nous voyons aussi comment la profonde repentance concernant un péché passé (tel Paul pour avoir persécuté l'Eglise) (1Co. 15.9) et la conscience profonde de posséder toujours une nature vile et corrompue peuvent coexister avec une louange humble et joyeuse à l'égard de Celui qui peut nous préserver de toute chute.

Mais comment est-il possible qu'un croyant qui a le péché en lui — et nous savons quelle est la terrible puissance et la vitalité intense de ce péché qui habite notre chair — comment donc ce croyant qui a du péché peut-il néanmoins ne pas commettre de péché ? Voici la réponse : En Lui, il n'y a pas de péché et celui qui demeure en Lui ne pèche pas. Quand l'âme demeure en Christ de façon étroite et ininterrompue, quand elle vit moment après moment en parfaite union avec le Seigneur qui la garde, alors il tient en soumission la puissance de la vieille nature de telle sorte qu'elle ne peut reprendre sa domination sur l'âme. Nous avons vu que nous pouvons demeurer en Christ à plusieurs niveaux. Chez la plupart des chrétiens ce niveau est si bas et si fluctuant que le péché reprend sans cesse son ascendant et soumet l'âme à sa puissance. Dieu a fait une promesse à notre foi : « le péché ne dominera pas sur vous » (Ro. 6.14) mais avec la promesse il a donné ce commandement « Que le péché ne règne donc pas dans votre corps mortel, et n'obéissez pas à ses convoitises » (Ro. 6.12). Le croyant qui s'appuie avec foi sur la promesse a le pouvoir d'obéir au commandement et le péché est contraint de renoncer à sa suprématie. Ignorer la promesse, manquer de foi ou de vigilance, voilà qui ouvre la porte au règne du péché. Et c'est ainsi que la vie de beaucoup de croyants est une succession continuelle de faux pas et de chutes. Mais si le croyant cherche à demeurer complètement, de façon permanente, en Jésus, Celui qui est sans péché, alors la vie de Christ le préserve de toute transgression effective. « Il n'y a pas de péché en lui. Quiconque demeure en lui ne pèche pas ». Jésus le sauve réellement du péché, non en ôtant sa nature de péché mais en le préservant d'y être assujetti.

J'ai entendu parler d'un jeune lion que rien ne pouvait effrayer ni soumettre, sauf le regard de son dompteur. Avec ce dompteur, vous pouviez vous approcher de lui et il se couchait en tremblant à ses pieds mais sa nature sauvage, cruelle, assoiffée de sang était inchangée. Aussi longtemps que le dompteur était avec vous, vous pouviez poser le pied sur son cou, mais l'approcher en l'absence du dompteur aurait signé votre arrêt de mort. C'est de la même façon que le croyant peut avoir du péché et cependant ne pas pécher. La vieille nature, la chair, est toujours inimitié contre Dieu, mais la présence de Jésus en nous la tient assujettie. Par la foi, le croyant se remet lui-même sous la garde du Fils de Dieu en qui il demeure ; il sait qu'il demeure en Jésus et Jésus en lui. Cette communion est le secret d'une vie sainte. « Il n'y a pas de péché en lui et celui qui demeure en lui ne pèche pas ».

Une autre question se pose alors. Etant bien entendu que le fait de demeurer en Celui qui est sans péché nous préserve du péché, cette habitation complète et continuelle est-elle possible ? Avons-nous le droit d'espérer que nous serons capables de demeurer en Christ, disons, pour un jour seulement, de telle sorte que nous soyons gardés de toute transgression ? Examinons sérieusement cette question et elle fournira elle-même la réponse. Quand Christ nous a commandé de demeurer en lui et nous a promis une si riche production de fruit à la gloire du Père, une telle puissance dans l'intercession, de quoi voulait-il parler sinon d'une union complète, vigoureuse, pleine de santé entre le sarment et le Cep ? Lorsqu'il a promis que, si nous demeurions en lui, il demeurerait en nous, que voulait-il dire sinon que la réalité de la puissance et de l'amour divins accompagnerait son habitation en nous ? Le moyen par lequel il nous sauve du péché n'est-il pas précisément ce qui va le glorifier ? — nous garder continuellement humbles et impuissants, dans la conscience de notre nature mauvaise, vigilants et attentifs parce que nous en connaissons le terrible pouvoir, mais aussi dépendants et confiants parce que nous savons que Sa seule présence peut maintenir le lion couché. Oh ! croyons que, lorsque Jésus dit : « Demeurez en moi comme moi en vous », il veut réellement dire que, bien que nous ne puissions nous attendre à être délivrés du monde et de ses tribulations, de notre nature de péché et de ses tentations, il y a du moins une bénédiction qui nous est assurée : la grâce de demeurer pleinement et entièrement dans notre Seigneur et en lui seul. Demeurer en Jésus donne la possibilité d'être préservé de tout péché effectif et c'est Jésus lui-même qui nous donne la possibilité de demeurer en lui.

Chrétien bien-aimé ! Que la promesse de notre texte puisse te paraître trop sublime ne m'étonne pas. Ne laisse pas, je t'en prie, ton attention se disperser. La question de savoir s'il est possible  d'être gardé  sans  péché toute une vie, ou pour un certain nombre d'années est vaine. La foi n'a jamais à s'occuper que du moment présent. Demande-toi seulement : A cet instant où j'habite en Lui, Jésus peut-il me garder de telle ou telle transgression précise qui a pesé sur ma vie quotidienne et l'a souillée ? Tu répondras certainement : Bien sûr qu'il le peut ! Saisis donc Jésus en ce moment présent et dis-lui : « Jésus, garde-moi maintenant, sauve-moi maintenant ». Remets-toi à lui dans une prière fervente et pleine de foi, afin qu'il te garde en lui tandis qu'il demeure en toi — et tu passeras de là au moment suivant et aux heures qui se succèdent dans cette assurance constamment renouvelée. Aussi souvent que l'occasion s'en présente, entre deux occupations, renouvelle ta foi dans un élan de piété : Jésus me garde maintenant, Jésus me sauve maintenant. Que les défaillances et les péchés passés ne te découragent pas mais au contraire te pressent davantage de rechercher ta sécurité en demeurant dans Celui qui est sans péché. Demeurer en lui est une grâce dans laquelle tu peux progresser merveilleusement si seulement tu te soumets complètement une bonne fois et persévères ensuite en t'attendant toujours davantage à lui. Considère que c'est Son travail de te garder en lui et Son travail de te garder du péché. C'est aussi ton travail que de demeurer en lui, mais c'est également le sien, en tant que Cep, de porter et de tenir le sarment. Fixe tes regards sur « Sa nature humaine sainte » car c'est cela qu'il te propose de partager avec lui — et tu découvriras alors qu'il y a quelque chose de plus grand et de meilleur encore que d'être gardé du péché, ce qui revient seulement à juguler le mal, — la bénédiction positive, bien plus grande encore, c'est d'être un vase purifié, sanctifié, rempli de sa plénitude, un croyant qui met en évidence la puissance, les bénédictions et la gloire de Dieu.

Note

PÊCHER CHAQUE JOUR, EST-CE UNE NÉCESSITÉ INÉVITABLE ?

Comment se fait-il, alors que nous possédons un Sauveur dont l'amour et la condescendance sont infinis, que nous soyons si souvent remplis de crainte et de découragement ? Notre esprit est las et abattu parce que nous ne fixons pas nos regards sur Jésus qui est l'auteur de la foi et qui la mène à la perfection, (Heb. 12.2) lui qui est assis à la droite de Dieu, Celui dont la Toute Puissance règne sur le ciel et la terré et qui manifeste sa force et sa puissance dans ses faibles enfants.

Nous passons notre temps à nous rappeler notre infirmité, oubliant que sa puissance suffît à tout. Nous avons bien conscience de ce que, en dehors de Christ, nous ne pouvons rien faire mais cela ne nous amène pas au sommet — ou au plus profond — de l'humilité chrétienne : je puis tout par celui qui me fortifie (Ph.4.13). Nous nous confions bien dans la puissance de la mort de Jésus pour effacer la culpabilité de notre péché, mais dans le même temps nous n'exerçons pas notre foi, en comptant sur la toute puissance d'un Sauveur vivant pour nous délivrer de l'esclavage et de la puissance du péché dans notre vie quotidienne. Nous oublions que Christ travaille puissamment en nous et que, étant un avec lui, nous possédons assez de force pour surmonter toute tentation. Nous sommes capables de deux attitudes contradictoires : tantôt nous oublions que nous ne sommes rien et nous nous imaginons pouvoir suivre sans pécher le cours de notre vie quotidienne, accomplir les devoirs et supporter les épreuves de chaque jour par nos propres forces, tantôt, ne nous réclamant pas de la toute-puissance de Jésus à qui toutes choses sont soumises et qui peut nous garder des chutes et des faiblesses quotidiennes, nous sommes prêts à les considérer comme une nécessité inévitable. Si nous dépendons réellement de Christ pour toutes choses et en tout temps, alors nous aurons la victoire pour toutes choses et en tout temps par celui dont la puissance est infinie et que le Père a choisi pour être le Prince de notre salut (Heb.2.10 (Segond)). Alors toutes nos actions seront accomplies non seulement devant Dieu mais en lui. Alors nous ferons toutes choses à la gloire de Dieu le Père, au nom puissant de Jésus qui est notre sanctification. Rappelons-nous que tout pouvoir lui a été donné dans le ciel et sur la terre (Mat. 28.18) et vivons en exerçant constamment notre foi en sa puissance. Croyons de plus en plus fermement que nous n'avons rien et ne sommes rien, qu'à l'homme cela est impossible, que nous n'avons pas en nous-mêmes de vie qui puisse porter du fruit. Mais croyons aussi que Christ est tout et que, si nous demeurons en lui et que sa Parole demeure en nous, nous porterons du fruit à la gloire du Père. (Tiré de « Christ et l'Eglise » — sermons par Adolph Saphir).

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