Et sans faiblir dans la foi, il ne considéra point que son corps était déjà usé. Il ne douta point par incrédulité, mais il fut fortifié par la foi, donnant gloire à Dieu, et ayant la pleine conviction que ce qu’il promet, il peut aussi l’accomplir. (Ro 4.19-21)
Lorsque Dieu promit à Abraham de lui donner un fils, jamais le patriarche n’aurait pu croire à cette promesse s’il avait « considéré son corps déjà vieux et usé ; » mais « il ne considéra point son corps, » il ne voulut voir que Dieu et sa promesse, que la puissance et la fidélité de Dieu qui lui assuraient l’accomplissement de sa promesse.
Ceci nous fait saisir toute la différence qu’il y a entre la guérison demandée aux remèdes terrestres et la guérison attendue de Dieu seul.
Quand on recourt aux remèdes pour obtenir la guérison, toute l’attention du malade se porte sur le corps, considère le corps, tandis que la guérison divine nous appelle à détourner nos regards du corps et à nous abandonner, âme et corps, aux soins du Seigneur, ne nous occupant plus que de lui.
Cette vérité nous fait également saisir quelle différence il y a entre la maladie tenue pour bénédiction et la guérison reçue du Seigneur. On redoute parfois de prendre la promesse de saint Jacques dans son sens littéral, parce que, dit-on, la maladie est souvent plus profitable à l’âme que la santé. Il est vrai que lorsqu’il s’agit de la guérison obtenue par les remèdes terrestres, un grand nombre de personnes éprouveraient plus de bénédiction à rester malades qu’à recouvrer la santé; mais il en est tout autrement lorsque la guérison vient directement de la main du Seigneur.
Pour recevoir la guérison divine, il faut confesser et délaisser si sincèrement le péché, il faut s’abandonner si complètement au Seigneur, renoncer si réellement à soi-même pour se placer dans sa main, et croire si fermement que Jésus veut prendre soin du corps, que la guérison obtenue ainsi ouvre au croyant une vie nouvelle de communion intime avec le Seigneur. Il apprend par là à lui remettre entièrement le soin de sa santé, et le moindre indice de retour du mal est pour lui un avertissement à ne pas « considérer le corps, » mais à ne voir que le Seigneur.
Quel contraste entre cet état-là et celui de la plupart des malades qui demandent la guérison aux remèdes. Si quelques-uns d’entre eux ont été sanctifiés par la maladie, ayant appris à se perdre de vue eux-mêmes, combien d’autres sont portés par la maladie même à se préoccuper constamment d’eux et de l’état de leur corps. Que de soins ils apportent alors à observer le moindre symptôme favorable ou fâcheux ! Quelle préoccupation du manger et du boire, des précautions à prendre pour éviter ceci ou cela ! Quelle attention aussi à remarquer si on s’occupe assez d’eux, si on les soigne assez bien, si on les visite assez souvent ! Que de temps se passe ainsi à considérer le corps et ses exigences, plutôt que le Seigneur et les relations qu’il voulait avoir avec leur âme! Et qu’ils sont nombreux ceux que la maladie préoccupe presque uniquement d’eux-mêmes !
Tout ceci change totalement quand c’est du Dieu vivant qu’on attend avec confiance la guérison. La première chose qu’on apprend alors est celle-ci : Cessez de vous inquiéter de l’état de votre corps; vous l’avez confié au Seigneur; c’est lui qui en est responsable. Si vous ne voyez pas aussitôt d’amélioration rapide, mais qu’au contraire les symptômes du mal paraissent s’aggraver, souvenez-vous que vous êtes entré dans une voie de foi, que vous ne devez donc plus considérer le corps, mais vous attacher uniquement au Dieu vivant. Le commandement de Jésus : « Ne vous inquiétez pas pour votre corps » (Mt 6.25) nous apparaît ici sous un jour nouveau.
Lorsque Dieu appela Abraham à ne point considérer son corps, c’était l’appeler au plus bel exercice de foi possible, lui apprendre à n’avoir d’attention que pour Dieu et sa promesse. Il fut soutenu par sa foi et donna gloire à Dieu, convaincu que Dieu ferait ce qu’Il avait promis. La guérison divine est un merveilleux lien pour nous attacher au Seigneur. Au premier moment, on redoute de croire que le Seigneur veuille étendre sa main puissante et en toucher le corps ; mais en étudiant la Parole de Dieu, l’âme prend courage et confiance. Enfin on se décide à dire : J’abandonne mon corps entre les mains de Dieu ; je lui en laisse le soin. Le regard alors perd de vue le corps et ses sensations pour ne plus voir que le Seigneur et sa promesse.
Cher lecteur ! Veux-tu, toi aussi, entrer dans cette voie de foi, bien supérieure à ce qu’on est convenu d’appeler la voie naturelle ? Marche sur les traces d’Abraham. Apprends de lui à ne point considérer ton corps, à ne point douter par incrédulité. Considérer son corps fait aussitôt naître des doutes, tandis que s’attacher à la promesse de Dieu et s’occuper de Lui seul fait entrer dans la voie de la foi, la voie de la guérison divine, celle qui glorifie Dieu.