Puis donc, mes frères, que le sang de Christ nous ouvre un libre accès au lieu très saint, par la voie récente et vivante que Christ a inaugurée pour nous à travers le voile, c’est-à-dire à travers sa chair ; et puisque nous avons un souverain sacrificateur à la tête de la maison de Dieu, approchons-nous de Dieu avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi. {Heb 10.19-22}
Quand le souverain sacrificateur entrait une fois l’an dans le second tabernacle, au dedans du voile, cela signifiait, nous dit l’épître aux Hébreux, « que le chemin du lieu très saint n’avait pas encore été ouvert ». {Heb 9.8} Quand Christ mourut, le voile fut déchiré; tous ceux qui servaient dans le lieu saint eurent dès lors un libre accès dans le lieu très saint, le chemin du lieu très saint étant ouvert. L’auteur de l’épître aux Hébreux passant à l’application pratique de cette vérité résume ainsi tout l’enseignement : « Puis donc que le sang de Christ nous ouvre un libre accès au lieu très saint, approchons-nous ». La rédemption de Christ nous a ouvert le chemin du lieu très saint et l’acceptation de cette vérité nous conduit à rien moins qu’à nous approcher et à entrer. Les paroles de notre texte nous suggèrent quatre précieuses pensées concernant le lieu de l’accès, le droit de l’accès, le moyen de l’accès et la puissance que donne l’accès.
Et d’abord le lieu où nous avons accès.—Quel est le lieu dont nous sommes invités à nous approcher ? Les sacrificateurs en Israël pouvaient entrer dans le lieu saint, mais ils étaient toujours exclus du lieu très saint, de la présence immédiate de Dieu. Le voile une fois déchiré, le sanctuaire devint accessible à tous. C’est là maintenant que les croyants, comme sacrificature royale, doivent vivre et marcher. Au dedans du voile, dans le lieu très saint, ceux en qui Dieu demeure ont leur chez soi, leur home. Quelques chrétiens pensent que cette parole « approchons-nous » est une invitation à la prière, et que, par nos actes de culte, nous entrons dans le lieu très saint. Mais non, quelque grand que soit ce privilège, Dieu nous a appelés à quelque chose d’infiniment plus grand encore. Nous devons nous approcher et demeurer, vivre notre vie de tous les jours et faire notre œuvre dans cette atmosphère du sanctuaire. C’est la présence de Dieu qui sanctifie le terrain, la présence immédiate de Dieu en Christ qui fait de tout lieu un lieu très saint. Il n’y a pas un instant de la journée, pas une circonstance où le croyant ne puisse demeurer à l’ombre du Tout-Puissant.
En entrant par la foi dans la plénitude de sa réconciliation avec Dieu tellement que son union avec Christ est une vivante réalité, en se livrant au Saint-Esprit afin qu’il lui révèle la présence du Dieu saint, le chrétien habite réellement sans interruption dans le lieu très saint, toujours plus près de son Dieu.
Le droit à l’accès.—Une pensée s’impose à nous. N’est-ce pas là seulement un idéal ? Cela peut-il bien devenir une réalité, une expérience de la vie journalière pour ceux qui connaissent leur nature pécheresse ? Grâces à Dieu, ce n’est point un idéal, mais un état d’âme auquel tout croyant peut arriver. C’est une possibilité parce que notre droit d’accès repose non sur ce que nous sommes, mais sur le sang de Jésus. « Puis donc que le sang de Christ nous ouvre un libre accès au lieu très saint, approchons-nous ». La Pâque nous a montré que la rédemption et la sainteté à laquelle elle aspire dépendaient de l’aspersion du sang. L’aspersion du sang était indispensable pour assurer l’accès auprès de Dieu, soit dans le parvis, soit dans le lieu saint ou dans le lieu très saint. Et maintenant que le sang de Jésus a été répandu, oh! avec quelle puissance divine, avec quelle éternelle efficacité et quelle intense réalité nous avons accès dans le lieu très saint. Nous avons un libre accès par le sang de Christ. « Les adorateurs, une fois purifiés, ne sentent plus leur conscience chargée de péché ». {Heb 10.2} Marchant dans la lumière, le sang de Jésus les purifie d’une purification incessante.
La conscience de notre indignité ne saurait mettre obstacle à notre accès auprès de Dieu, car cette liberté de nous approcher repose dans la vertu toujours infaillible, toujours active, toujours vivante du précieux sang de Jésus. Il est possible au croyant de demeurer dans le lieu très saint.
Le moyen de l’accès.—On pense à tort que ce qui est dit du chemin nouveau consacré pour nous par le Sauveur ne signifie autre chose que la liberté que nous avons par son sang; ce n’est pas le cas. Ces paroles disent beaucoup plus : « Puis donc que le sang de Christ nous donne un libre accès, approchons-nous par le chemin, par la voie récente qu’il a ouverte pour nous ». C’est-à-dire qu’il a inauguré pour nous un chemin pour que nous y marchions comme il a marché lui-même : « une voie récente et vivante à travers le voile, à travers sa chair ». Le chemin dans lequel Jésus a marché quand il a donné sa vie est le même que nous devons suivre nous-mêmes. C’est le chemin de la croix. Et le voile de la chair sainte de Christ aurait-il été déchiré afin que le voile de notre chair pécheresse fût épargné ? Non, certainement. A mesure que nous marchons à travers le voile déchiré de sa chair, nous y trouvons en même temps et immédiatement la nécessité que notre chair soit déchirée et la force nécessaire pour accomplir ce déchirement, car suivre Jésus signifiera toujours être conforme au Crucifié. C’est en Jésus dont la chair a été déchirée que nous marchons. Il n’y a pas de chemin pour arriver à Dieu sinon celui d’u déchirement de la chair. Dans l’acceptation de la vie et de la mort de Christ par la foi comme force qui agit en nous, et de la puissance du Saint-Esprit qui nous unit vraiment à Christ, tous nous suivons Christ lorsqu’il passe à travers le voile déchiré, c’est-à-dire sa chair rompue pour nous, et que nous devenons participants avec lui de sa crucifixion et de sa mort. Le chemin de la croix par lequel « j’ai été crucifié » est le chemin à travers le voile déchiré. La destinée de l’homme, la communion avec Dieu par la puissance du Saint-Esprit, ne peut être atteinte que par le sacrifice de la chair.
Et c’est ici que se trouve la solution d’un grand mystère, pourquoi tant de chrétiens restent-ils après tout éloignés sans jamais entrer dans le lieu très saint ? pourquoi la sainteté de la présence de Dieu est-elle si peu visible en eux ? Ils ont cru qu’en Christ seulement la chair devait être déchirée et non en eux-mêmes. Ils ont cru que la liberté qu’ils avaient dans et par le sang de Christ, c’était là « la voie nouvelle et vivante ».
Ils ont ignoré que le chemin d’une vraie et complète sainteté, le chemin du lieu très saint, ne saurait être atteint que par le voile déchiré de la chair, par la conformité à la mort de Jésus. Voilà véritablement le chemin qu’il a inauguré pour nous. Il est, lui, le « chemin, chemin de renoncement à soi-même » de sacrifice de soi-même, de crucifixion. Et il prend avec lui, dans ce chemin, tous ceux qui désirent ardemment être saints de sa sainteté.
La puissance d’accès.—Quelqu’un redoute-t-il d’entrer dans le lieu très saint à cause du déchirement de la chair ou parce qu’il doute de pouvoir le supporter ? Qu’il écoute encore un instant, qu’il prête l’oreille à cette parole : « Puis donc que nous avons Jésus, le Fils de Dieu, un grand souverain sacrificateur qui a pénétré au haut des cieux, approchons-nous avec assurance du trône de grâce ».—« Puis donc que nous avons un souverain sacrificateur à la tête de la maison de Dieu, approchons-nous ». {Heb 10.21} Non seulement nous avons le lieu très saint, le sang qui nous donne la hardiesse et le chemin à travers le voile déchiré inauguré pour nous, mais nous avons encore le grand souverain Sacrificateur à la tête de la maison de Dieu, le Sauveur vivant et béni, qui nous invite à nous approcher, qui nous aide et qui nous souhaite la bienvenue: Christ est notre Aaron. Sur son cœur, nos noms sont écrits; il ne vit que pour penser à nous et prier pour nous. Sur son front, nous voyons le nom de Dieu : Sainteté à l’Eternel ! Car dans sa sainteté, les péchés de notre service sont couverts. En lui nous sommes acceptés, sanctifiés, Dieu nous reçoit comme ses saints. Dans la puissance de son amour et de son Esprit, nous acceptons joyeusement la voie qu’il a inaugurée pour nous et nous marchons sur ses saintes traces dans le renoncement et le sacrifice. Notre chair nous apparaît comme le voile épais qui nous sépare du Dieu saint, et dès lors nous demandons avec ardeur que la crucifixion de la chair devienne en nous par la puissance du Saint-Esprit une bienheureuse réalité. Alors la gloire du sanctuaire nous éclairant à travers le voile déchiré, et le précieux sang de Christ proclamant notre liberté d’accès auprès de Dieu, le grand souverain Sacrificateur nous invite à nous approcher pour nous bénir. Nous n’avons rien à craindre, nous choisissons le chemin à travers le voile déchiré comme celui que nous aimons à parcourir et nous entrons désormais sans arrière-pensée au dedans du voile, dans le lieu très saint. Alors notre vie ici-bas nous sera le garant de la vie à venir, comme il est écrit (et remarquez que nous retrouvons ici les quatre grandes pensées de notre texte) : ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, c’est-à-dire au travers du voile déchiré « Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau » ; leur liberté d’entrée leur venait du sang. « C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu », leur demeure dans le lieu très saint ! « l’Agneau qui est là au milieu du trône les paîtra », le grand souverain Sacrificateur, le souverain Pasteur des âmes, Jésus lui-même, sera leur tout en tous.
Mon frère, vois-tu maintenant ce qu’est la sainteté et comment on peut se la procurer ? Ce n’est point quelque chose de produit en toi-même. La sainteté, c’est la présence de Dieu habitant en toi. Elle t’est donnée lorsque tu habites d’une manière consciente en la présence de Dieu, faisant toute ton œuvre et vivant toute ta vie en sacrifice vivant acceptable par Jésus-Christ et sanctifié par le Saint-Esprit.
Oh ! ne sois plus craintif comme si cette vie n’était pas pour toi. Regarde à Jésus. Notre Frère aîné a charge du temple, ayant reçu du Père la liberté de nous montrer tout ce que renferme le sanctuaire et de nous révéler tous les secrets de la présence du Père. L’entière direction du temple a été remise dans ses mains dans ce but, que les faibles et les craintifs viennent avec confiance. Confie-toi seulement en Jésus, en sa conduite et en sa garde. « Christ t’a été donné afin que tu saches comment on doit se conduire dans la maison de Dieu ».
« Soyez saints, car je suis saint ».
O Dieu très saint ! comment te bénirai-je pour la liberté que tu m’as donnée d’entrer dans le lieu très saint et d’y demeurer ? Comment te bénir pour le précieux sang qui m’y a donné un libre accès ? Comment te bénir pour cette voie nouvelle et vivante à travers le voile déchiré de la chair par lequel aussi ma chair a été crucifiée ? Comment, ô mon Dieu ! te bénir pour le grand Sacrificateur que tu as établi sur ta maison, notre Sauveur vivant, Jésus-Christ, avec qui et en qui nous osons paraître devant toi ? Gloire à ton saint nom pour cette merveilleuse et complète rédemption. Je t’en supplie, ô mon Dieu ! donne-moi, et à tous tes enfants, le sentiment vrai de la réalité et de la sûreté avec laquelle nous pouvons passer notre vie entière au dedans du voile dans ta présence immédiate. Donne-nous l’Esprit de révélation, je t’en prie, afin que nous puissions comprendre comment, à travers le voile déchiré, la gloire de ta présence jaillit du lieu saint dans le lieu très saint. Comment par l’effusion du Saint-Esprit le royaume des cieux s’est répandu sur la terre et comment tous ceux qui s’abandonnent à cet Esprit peuvent apprendre qu’en Christ ils sont si près, si près de toi. O Père saint ! enseigne-nous par ton Esprit que c’est là, en effet, la vie sainte : une vie en Christ, vécue en la présence de ta sainte majesté. O Dieu très saint ! je m’approche et j’entre, je suis maintenant dans le lieu très saint, je désire y demeurer, en Christ, mon souverain Sacrificateur. Amen.