Il est pleinement attesté et il est reconnu par tous que la mort de Jésus tomba sur un vendredi et coïncida d’une manière générale avec le commencement de la fête de Pâques. Une coïncidence non moins incontestée et non moins digne d’être relevée, concerne le temps que Jésus passa dans le sépulcre : il fut enseveli un vendredi soir, peu avant le commencement du sabbat, et resta dans le sépulcre pendant toute la durée du sabbat (c’est-à-dire jusqu’au samedi soir), pour ressusciter le dimanche matin. Un sabbat tout entier avec la nuit qui en formait la première partie, et la nuit qui le suivait, tel est donc le temps que le corps de Jésus demeura dans le tombeau, et que ce temps apparaît comme admirablement choisi d’en haut ! Le sabbat ne rappelait-il pas aux Israélites le repos de l’Éternel après la création des cieux et de la terre, et Jésus n’avait-il pas dit : Tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement (Jean 5.19) ? N’était-il pas commandé aux Israélites de faire tout leur ouvrage pendant les six premiers jours de la semaine avant de se reposer le septième, et Jésus, près de rendre le dernier soupir, voyant qu’il avait achevé tout ce qu’il avait à faire avant sa mort, n’avait-il pas prononcé cette grande parole : C’est accompli ?
Cette coïncidence devient encore plus remarquable quand on admet que ce sabbat était doublement solennel, en tant que le premier des grands jours de la fête de Pâques, le 15 Nisan, le plus grand de ces grands jours, celui du repas pascal, celui qui commémorait exactement l’époque à jamais mémorable où Israël avait été délivré de la maison de servitude, — le plus grand jour de la plus grande fête de l’Ancienne Alliance !
En mourant, Jésus avait achevé de poser les fondements de son œuvre rédemptrice : le premier jour qui suivit cette mort peut donc être désigné comme le premier jour de l’affranchissement spirituel de l’humanité, comme le premier jour du nouvel Exode hors de l’empire des ténèbres et de la servitude du péché.
Sans doute cet affranchissement n’était pas encore consommé, ni cet exode réalisé, il ne le sera même complètement que lorsque Jésus achèvera son œuvre rédemptrice en ressuscitant les morts et en créant les nouveaux cieux et la nouvelle terre, où la justice habitera.
Cependant dès que Jésus avait rendu le dernier soupir, le voile qui dans le temple séparait le lieu saint du lieu très saint, s’était déchiré de haut en bas, l’Ancienne Alliance, en principe tout au moins, avait fini ; la Nouvelle était inaugurée et sa réalisation allait commencer d’abord par la résurrection de Jésus, les prémices de l’humanité nouvelle, puis par l’effusion du Saint-Esprit au milieu des disciples dès le jour de la Pentecôte, c’est-à-dire par leur résurrection spirituelle, gage elle-même d’une résurrection future tout autrement entière et glorieuse !
Une nouvelle création est achevée, un nouveau développement va commencer sous la vivifiante direction de la Providence ; en attendant, le corps de Jésus repose dans le tombeau. Qu’il est profond, solennel, mystérieux le grand sabbat du Fils de l’homme !