« Les jours de nos années s’élèvent à soixante-dix ans, et pour les plus robustes à quatre-vingts ans. » (Ps 90.10)
« C’est lui qui te délivre de la peste et de ses ravages. Tu ne craindras ni la peste qui marche dans les ténèbres, ni la contagion qui frappe en plein midi. Je te rassasierai de longs jours. » (Ps 91.3,6,16)
« Ils portent encore des fruits dans la vieillesse, ils sont pleins de sève et verdoyants. » (Ps 92.15)
Voici ce qu’on objecte souvent à ces mots de saint Jacques : « La prière de la foi sauvera le malade. » (Jas 5.15) S’il est promis d’être toujours guéri en réponse à la prière de la foi, comment la mort serait-elle encore possible ? Et on ajoute aussi : Comment le malade peut-il savoir que Dieu, qui fixe le terme de la vie, n’a pas décidé de le laisser mourir de telle maladie ? Dans ce cas-là la prière ne serait-elle pas inutile, et ne serait-ce même pas un péché de demander la guérison ?
Avant de répondre, nous remarquerons que cette objection s’adresse non à ceux qui croient en Jésus, comme au guérisseur des malades, mais tout directement à la Parole de Dieu, et à la promesse si clairement énoncée dans l’Épître de Jacques et ailleurs. Nous ne sommes pas libres de changer ou de limiter les promesses de Dieu chaque fois qu’elles nous présentent quelque difficulté ; nous ne pouvons pas non plus exiger qu’elles nous soient clairement expliquées avant que nous en venions à croire ce qu’elles nous disent. Nous devons commencer par les recevoir sans résistance ; alors seulement l’Esprit de Dieu nous trouve dans la disposition voulue pour nous enseigner et nous éclairer.
Remarquons en outre que lorsqu’il s’agit d’une vérité divine qui a été longtemps négligée dans l’Eglise, elle ne peut guère être comprise d’emblée. Ce n’est que peu à peu qu’on en discernera l’importance et la portée. À mesure qu’elle reprendra vie, après avoir été acceptée par la foi, le Saint-Esprit l’accompagnera de nouvelles lumières. Souvenons-nous que c’est à cause de l’incrédulité de l’Eglise que la guérison divine lui a été retirée, et ajoutons aussi qu’il ne faut pas attendre d’un petit livre comme celui-ci tous les éclaircissements qui seront donnés plus tard, lorsque cette vérité sera devenue réalité vivante pour le peuple de Dieu. Ce n’est donc pas de la réponse de tel ou tel que chacun doit faire dépendre sa foi aux vérités bibliques ; c’est « pour les hommes droits, » prêts à se soumettre à la Parole de Dieu, que « la lumière se lève dans les ténèbres. » (Ps 112.4)
Quant à la première objection, il est facile d’y répondre. L’Écriture fixe à soixante-dix ou quatre-vingts ans la mesure ordinaire de la vie humaine. Le croyant qui reçoit Jésus comme le Guérisseur des malades s’en tient donc à cette déclaration de la Parole de Dieu. Il se sent toute liberté de souhaiter une vie de soixante-dix ans, mais non pas au delà. En outre, l’homme de foi se place sous la direction de l’Esprit qui lui fera discerner quelle est la volonté de Dieu à son égard si quelque chose devait s’opposer à ce qu’il atteignît l’âge de soixante-dix ans. Toute règle a ses exceptions, aussi bien dans les choses du ciel que dans celles de la terre. Ce dont nous sommes certains selon la Bible, soit par les paroles mêmes de Jésus, soit par celles de Jacques, c’est que notre Père céleste veut, comme règle générale, voir ses enfants en bonne santé, afin qu’ils puissent travailler à son service. Par la même raison, il veut les affranchir de la maladie aussitôt qu’ils ont confessé leur péché et demandé la guérison avec foi.
Pour le croyant qui a marché avec son Sauveur, fort de la force qui résulte de la guérison divine, et dont le corps est par conséquent sous l’influence du Saint-Esprit, il n’est point nécessaire, quand viendra le moment de mourir, qu’il meure de maladie. S’endormir en Christ, telle est la mort du croyant lorsque le terme de sa vie est venu. La mort n’est pour lui que le sommeil après la fatigue, l’entrée dans le repos. La promesse : « afin que tu sois heureux et que tu vives longtemps sur la terre » (Eph 6.3) s’adresse encore à nous qui vivons sous la nouvelle Alliance. Aussi plus le croyant a appris à voir dans le Sauveur « celui qui guérit les infirmités, » plus il a de liberté à réclamer l’accomplissement littéral de cette promesse : « je le rassasierai de longs jours. Ils portent encore des fruits dans la vieillesse, ils sont pleins de sève et verdoyants. »
Ce même texte répond aussi à la seconde objection. Le malade voit dans la Parole de Dieu que sa volonté est de guérir ses enfants après la confession des péchés et en réponse à la prière de la foi. Ce n’est pas à dire qu’ils doivent être exempts d’autres épreuves, mais pour la maladie, ils en sont guéris parce qu’elle s’attache au corps qui est devenu la demeure du Saint-Esprit. Le malade doit donc désirer la guérison pour qu’elle manifeste la puissance de Dieu et pour que lui-même puisse le servir en accomplissant sa volonté. Il s’en tient en ceci à la volonté révélée de Dieu, et pour les choses non révélées, il sait que Dieu les fera connaître à ceux de ses serviteurs qui marchent avec lui.
Établissons bien ici que la foi n’est pas un raisonnement logique qui doive en quelque sorte obliger Dieu a agir conformément à ses promesses. Elle est bien plutôt la disposition confiante de l’enfant qui honore son Père, qui compte sur son amour pour le voir accomplir ses promesses, et qui le sait fidèle à communiquer au corps aussi bien qu’à l’âme une force nouvelle. Cette force est celle qui résulte de la rédemption et nous devons compter sur sa présence en nous jusqu’à ce que vienne le moment du délogement.