La septuagésime désigne le temps de la déchéance, la sexagésime celui de l’abandon, la quinquagésime celui de la rémission, et la quadragésime celui de la pénitence spirituelle.
La septuagésime a été instituée pour trois motifs : 1° comme un rachat ; 2° comme un signe ; 3° comme une représentation.
1° Les saints Pères avaient décidé que, pour vénérer le jour de l’Ascension, une fête solennelle aurait lieu tous les cinq jours, où l’on serait dispensé du jeûne ; mais comme les fêtes des saints sont ensuite survenues, on a dû renoncer à célébrer cette fête tous les cinq jours. Et c’est pour racheter (ou pour compenser) ces fêtes, que les Pères nous ont imposé une semaine d’abstinence, qu’ils ont appelée la septuagésime.
2° La septuagésime est également un signe : elle signifie la déchéance, l’exil, et la tribulation du genre humain, depuis Adam jusqu’à la fin du monde. Ces sept jours signifient les sept milliers d’années que dure le monde : car, six mille ans se sont écoulés depuis Adam jusqu’à l’ascension du Christ ; et tout le temps qui s’écoule depuis l’ascension jusqu’à la fin du monde constitue un septième millénaire, dont Dieu seul connaît le terme.
3° Enfin la septuagésime représente les soixante-dix ans que dura pour Israël la captivité de Babylone, qui, à son tour, représentent le temps de notre pérégrination terrestre. Dans ce temps d’exil, l’Église, accablée de tribulations, et presque désespérée, chante : Circumde-derunt me gemitus morbis, etc. Mais, pour l’empêcher de désespérer tout à fait, l’épître et l’évangile de la septuagésime lui proposent un triple remède et une triple récompense. Le remède consiste à travailler dans la vigne de l’âme, puis à courir dans le stade de la vie présente, enfin à lutter dans l’arène contre les tentations du diable. Et les trois récompenses sont : le denier accordé au bon vigneron, les applaudissements au coureur, la couronne au combattant.