Nous arrivons maintenant au point culminant de notre étude. Il nous reste un seul verset à examiner : il s'agit de la citation de la prophétie d'Ésaïe par l'apôtre Paul dans le contexte de son argument sur les langues.
Cette prophétie me paraît si lourde de conséquences que je me suis adonné à une étude particulièrement approfondie de sa place dans l'Ancien comme dans le Nouveau Testament. C'est avec la crainte de Dieu devant les yeux que je cherche à partager avec tous mes frères en Christ le fardeau de mon coeur.
Revenons maintenant au seul verset de Paul que nous n'avons pas encore examiné.
« Il est écrit dans la loi : c'est en d'autres langues et par les lèvres étrangères que je parlerai à ce peuple et même ainsi ils ne m'écouteront pas, dit le Seigneur. »
ἐν | τῷ | νόμῳ | γέγραπται | ὅτι | ||||
en | tôï | nomôï | gegraptai | hoti | ||||
Dans | la | loi | il est écrit | que |
Ἐν | ἑτερογλώσσοις | |
en | hétéroglôssoïs | |
c'est | par des hommes parlant une langue étrangère (ou : des langues étrangères) |
καὶ | ἐν | χείλεσιν | ἑτέρων | |||
kaï | en | cheilésin | hétérôn | |||
et | par | les lèvres | d'autrui (ou : d'étrangers) |
λαλήσω | τῷ | λαῷ τούτῳ, | καὶ | οὐδ' | οὕτως | |||||
lalêsô | tôï | laôï toutôï | kaï | oud' | houtôs | |||||
je parlerai | à | ce peuple | et | même pas | ainsi |
εἰσακούσονταί μου, | λέγει | κύριος. | ||
eisakousontaï mou | leguei | kyrios | ||
ils ne m'écouteront | dit | le Seigneur |
Les épîtres de Paul sont remplies d'allusions aux Écritures de l'Ancien Testament ; nous pourrions dire, dans un sens, que toutes ses doctrines, comme celles du Seigneur Jésus lui-même, sont fondées sur elles. Il fallait donc s'attendre à ce qu'il fasse appel aux Écritures au cours de sa discussion sur le don des langues, pour justifier et renforcer son argument. Pourtant, le fait que Paul ne cite qu'une seule fois l'Ancien Testament dans son chapitre 14 nous amène à attacher une importance toute particulière à cette citation et à l'examiner avec la plus grande attention. Nous regarderons le texte lui-même avant de l'étudier et de le situer dans son contexte. Il s'agit de son verset 21, cité textuellement du livre du prophète Ésaïe 28.11-12. Voici la version Segond révisée, qui rend assez fidèlement le sens du grec :
« Il est écrit dans la loi : — C'est par des hommes d'une autre langue et par des lèvres d'étrangers que je parlerai à ce peuple, et ils ne m'écouteront même pas ainsi, dit le Seigneur ».
Je suis ébahi d'entendre citer ce verset dans le but de justifier la glossolalie ! En réalité, le sens de la prophétie d'Ésaïe, une fois comprise, va tout à l'encontre de ce point de vue : il effraie plutôt par ses implications. Il est certain que Paul ne l'utilise pas dans le but d'encourager les Corinthiens à parler « en langues », cela est évident par son argument général ; mais c'est lorsque nous nous référons à la prophétie originale d'Ésaïe que le sens du texte de Paul devient clair au delà de toute controverse.
Le contexte de la prophétie d'Ésaïe
Les chapitres Ésaïe 28-33 constituent une section intégrale de l'ouvrage du prophète, un livre en soi que nous pourrions appeler : le livre des six malheurs. Il contient en effet six subdivisions qui commencent chacune par le mot « Malheur... » (Ésaïe 28.1 ; 29.2, 15 ; 30.1 ; 31.1 ; 33.6). Son contenu montre qu'Ésaïe a écrit cet ouvrage vers l'année 735 ou 730 avant Jésus-christ, juste avant la destruction des dix tribus du royaume d'Israël. La Galilée fut emmenée en captivité en 733. La ville de Samarie, après un siège affreux de trois ans, fut détruite en 721 ou 722 par Sargon II qui emmena en captivité Éphraïm et les quelques tribus encore en liberté qui lui restaient attachées. Ésaïe, par ses prières, a pu faire épargner la tribu de Juda qui connut néanmoins une invasion par le terrible Sanchérib quelques années plus tard (en 701).
Comme ses contemporains, les prophètes Amos, Osée et Michée, le jeune ésaïe ne voyait plus d'espoir pour le royaume de Samarie, parce que celui-ci refusait de se repentir ; il voyait peu d'espoir même pour Juda car, à ses yeux, le seul remède véritable consistait dans l'avènement du Messie. Éphraïm, c'est-à-dire le royaume du nord, avait péché au point d'éteindre l'Esprit : il ne lui restait que le jugement de Dieu. Effectivement, une dizaine d'années après la prophétie d'Ésaïe 28.11-12 — celle que Paul cite — le royaume d'Israël fut dévasté, son peuple dispersé parmi les nations et ses terres occupées par des étrangers qui ne connaissaient pas l'Éternel. C'est donc juste avant cette catastrophe qu'Ésaïe s'écrie :
« Malheur à la couronne superbe [c'est-à-dire la ville de Samarie] des ivrognes d'Éphraïm !
— Voici venir... un homme fort et puissant, comme un orage de grêle, un ouragan destructeur [c'est-à-dire : le roi d'Assyrie]...
— Il la fait tomber... elle sera foulée aux pieds, la couronne superbe des ivrognes d'Éphraïm. » (versets 1-3).
Quelques lignes plus loin, Ésaïe condamne même les sacrificateurs et les prophètes qui, trop ivrognes pour rendre la justice, se moquaient de son message qu'ils traitaient d'infantile et de simpliste (versets 9-10), disant de lui :
« À qui veut-il enseigner la sagesse ?.. Car c'est... règle sur règle, un peu ici, un peu là... »
Dieu répond alors à leurs railleries par la bouche d'Ésaïe : « Hé bien ! C'est par des hommes aux lèvres balbutiantes et au langage barbare que l'Éternel parlera à ce peuple ! » Ésaïe 28.11 (version Segond).
Que signifie cette prophétie sinon la destruction du royaume d'Israël ? C'est en effet « par un langage barbare » que Dieu a parlé à ce peuple rebelle et apostat : il lui a parlé par les armées polyglottes du roi d'Assyrie recrutées de toutes les races de son empire, avec les langues incompréhensibles de ceux qui allaient détruire le pays d'Israël et emmener la population captive. Les « langues » de cette prophétie sont celles de l'ennemi. Quoi de plus clair ?
Dieu aurait voulu épargner son peuple : « Voici le repos... » disait-il. Mais, comme l'affirme Ésaïe tout de suite après : « Ils n'ont point voulu écouter. Donc pour eux la Parole de l'Éternel sera précepte sur précepte. un peu ici, un peu là (c'est-à-dire : un langage infantile, un babillage), afin qu'en marchant ils tombent à la renverse et se brisent, afin qu'ils soient enlacés et pris. » (versets 13-14).
Voilà donc le sens de la prophétie d'Ésaïe : Dieu parle en effet à son peuple en langues ; mais ces langues n'apportent aucun remède, aucun espoir. Elles sont plutôt le signe précurseur du châtiment ultimes de la part de l'Éternel.
Cette conclusion est puissamment renforcée par l'étude sérieuse, en entier, des chapitres Ésaïe 1-39. Si nous mettons des prophéties en parallèle avec le récit historique des Rois (2 Rois 15.8-20.21 et en particulier le chapitre 17), le message du prophète devient terriblement clair face au pêché de sa génération.
Afin que personne ne s'y méprenne et pour éliminer toute possibilité d'équivoque quant à la signification des paroles d'Ésaïe, nous allons les examiner maintenant selon le texte original hébreu.
Texte hébreu d'Ésaïe 28.11, avec traduction exacte et explication détaillée.
ki b(e) — laghaghêï (pluriel)NOTA (pour ceux qui connaissent l'hébreu) sur la signification du mot hébreu : lâghag.sâfâh (singulier)
Le verbe sous sa forme kal signifie : « se moquer, bafouer, traiter avec mépris, railler ».
— sous sa forme niphal : « bégayer ».
— sous sa forme hiphil : « se moquer, mépriser ».
L'adjectif masculin existe seulement au pluriel sous la forme (ci-dessus) laghaghéï. Employé ici comme un nom, il signifie :« bégaiement, bouffon, railleur, raillerie, mépris, absurdité ». Il est évident qu'il a un sens fortement péjoratif.
NOTA : Le mot « lèvre » en hébreu implique également un sens généralement péjoratif ; il signifie souvent : « palabre », « de vaines paroles ». L'expression hébraïque : « un homme de lèvre » signifie : « un discoureur, un homme qui palabre, qui parle en l'air ». La combinaison en une seule expression de ces deux mots : laghaghéï sâfâh donne à la phrase tout entière un sens on ne peut plus péjoratif.ou — bhi— lâschôn (singulier) ahéreth
Voilà donc le sens exact du texte sacré original que Paul cite pour décrire les « langues » en question. Vouloir utiliser ce texte pour justifier et encourager une glossolalie généralisée, c'est perdre complètement de vue l'objectif de cette prophétie ; c'est forcer le sens du texte au delà de toute crédibilité. Pour Ésaïe, les langues en question ne venaient pas de Dieu, mais de l'ennemi.
La signification du texte hébreu confirmé par la version des « Septante »
La signification du texte hébreu original est confirmée par la version grecque dite des « Septante », faite par les Juifs deux cents ans avant Jésus-Christ. Voici comment ils traduisirent ce passage en grec :
… dia phaylismon cheiléôn, dia glôssês hétéras...
= « par la méchanceté (ou : la perversion, ou : la vilénie) des lèvres par des langues étrangères... »
Le nom phaylismos ne se trouve pas dans le Nouveau Testament mais l’adjectif phaylos se trouve dans les passages suivants :
Jean 3.20 : « Quiconque fait le mal haït la lumière ».
Jean 5.29 : « Ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement ».
Tite 2.8 : « ... que l'adversaire soit confus, n'ayant aucun mal à dire de nous. »
Jacques 3.16 : « ... charnelle, diabolique... un zèle amer et un esprit de dispute... du désordre et toutes sortes de mauvaises actions. »
Il est évident qu'aux yeux des Juifs eux-mêmes, les langues dont parle Ésaïe étaient à la fois incompréhensibles et mauvaises.
Paul se serait-il trompé ?
Les conclusions auxquelles je suis parvenu par l'étude de cette citation de Paul m'ont amené à réexaminer son texte avec encore plus d'attention. J'ai constaté alors une anomalie frappante que je n'avais jamais remarqué, une contradiction apparente qui soulevait une grosse difficulté. Car Paul dit : « Il est écrit dans la loi... » et pourtant il cite, non la loi de Moïse, mais le prophète Ésaïe ! Or, tout le monde sait que le livre d'Ésaïe ne fait pas partie de la loi de Moïse. J'ai même examiné toute la documentation possible pour savoir si par hasard les manuscrits anciens se contredisaient sur ce point. Mais non ! Tous les textes sont identiques, les manuscrits ne contiennent aucune variante : le mot « loi » fait partie intégrante du texte de Paul.
Comment l'expliquer ? Comment un Juif, érudit comme l'était Paul, pouvait-il commettre une erreur aussi énorme que de confondre la loi avec les prophètes ?
La prophétie de Moïse
L'Esprit de Dieu m'a alors rappelé que Moïse, dans la grande prophétie qu'il a incorporé dans sa loi, Deutéronome 28 (et en particulier les versets 49-68) avait prédit que, si Israël persistait dans sa désobéissance, il serait envahi et emmené captif par une nation dont il ne comprendrait pas la langue. Dans ce long et terrible chapitre de Moïse, Dieu prévoit pour Israël, s'il persiste dans la désobéissance, une série de malheurs de plus en plus sévères dont le dernier serait la dispersion mondiale. Or, tout cela s'est accompli à la lettre.
« L'Éternel fera partir de loin, des extrémités de la terre », écrivait Moïse (au verset 49), « une nation qui fondra sur toi d'un vol d'aigle, une nation dont tu n’entendras point la langue, une nation au visage farouche et qui n'aura ni respect pour le vieillard, ni pitié pour l'enfant. »
Moïse prédisait que cette nation détruirait le pays et massacrerait ses habitants (lire du verset 49 au verset 58). C'est exactement ce qui est arrivé lorsque les Assyriens détruisirent la Samarie en 721, lorsque les Babyloniens détruisirent Jérusalem en 586 avant J.-C. et une fois de plus lorsque les Romains détruisirent Jérusalem en l'année 70 de notre ère, en dispersant les Juifs dans tous les pays du monde.
Il est plus qu'évident que le prophète Ésaïe ne fait que relever, plusieurs centaines d'années plus tard, la prédiction de Moïse de manière à l'appliquer à sa propre génération, dans laquelle il reconnaît tous les signes de l'apostasie. Il comprend qu'Israël doit maintenant faire face au châtiment extrême. Si donc Paul attribue la prophétie d'Ésaïe à la loi de Moïse, il a absolument raison. Ésaïe ne faisait que citer Moïse, comme maintenant Paul cite Ésaïe ; Pourtant, il s'agit en somme d’une seule prophétie. Il n'y a aucune contradiction.
Cette synthèse des prophéties de Moïse et d'Ésaïe confirme au plus haut degré la signification que je crois discerner dans l'argument de Paul. En attribuant délibérément à Moïse les paroles d'Ésaïe, il met leur signification hors de contestation. La portée de la prédiction de Moïse, comme celle d'Ésaïe, est aussi claire que le plein jour. Il s'ensuit que l'argument de Paul l'est tout autant : il voit les « langues inintelligibles » d'Ésaïe 28 comme une menace de la part de Dieu, un signe précurseur et ultime de son jugement sur son peuple incrédule.
Le message d’Ésaïe
Ésaïe, comme les autres prophètes, à passé sa vie à appeler les hommes de son époque à la repentance. Il leur reprochait deux choses :
— d'abord, d'avoir abandonné la loi de l'Éternel ;
— ensuite, de n'avoir pas voulu écouter la voix du prophète qui, lui, les rappelait à la loi.
Dieu avait parlé depuis longtemps à son peuple Israël par la loi et par les prophètes. Il avait suscité en premier lieu Moïse pour lui donner la loi, la vérité essentielle et fondamentale. Plus tard, parce qu'Israël n'écoutait pas la loi, Dieu avait suscité les prophètes pour leur reprocher leur infidélité et pour les avertir du danger qui les menaçait. Mais lorsque le peuple eut rejeté non seulement la loi, mais aussi les prophètes de Dieu, le seul « langage » qui restait à Dieu comme moyen d'exprimer sa justice était le châtiment.
Le message d'Ésaïe est clair : Dieu parle, il communique son logos. Si l'homme écoute cette parole, il est béni : s'il refuse d'écouter, il s'attire le malheur.
Nous pouvons résumer en trois principes la manière dont Dieu parle à Israël dans l'Ancien Testament :
1° — Dieu parle d'abord par la loi dans laquelle sont incorporées une promesse de bénédictions et une menace de châtiments selon l'attitude du peuple vis-à-vis de la Parole divine, Deutéronome 28, voir aussi Lévitique 26.
2° — Dieu parle ensuite par les prophètes. Si le peuple de Dieu refuse d'écouter la loi, Dieu l'appelle à la repentance par la voix du prophète, afin de le ramener précisément à sa Parole, à sa loi, 2 Rois 17.13
3° — Dieu parle finalement par le châtiment. Si le peuple non seulement méprise la loi mais refuse également d'écouter les avertissements du prophète, Dieu lui parle alors par par « l'épée de sa bouche » Apocalypse 2.16. Autrement dit : il lui parle « en langue ». Il met à exécution les menaces contenues dans les prédictions de Moïse et que tous les prophètes avaient répétées. Le cœur endurci, l'oreille sourde, étant insensibles aux avertissements de Dieu, le peuple n'entend plus qu'une voix confuse, un langage incompréhensible. Au moment où il ne s'y attend pas, il est surpris par le châtiment, atteint à l'improviste par le jugement depuis longtemps annoncé, alors qu'il est maintenant trop tard pour se repentir. Au lieu d'évangéliser les nations avec la Parole de Dieu, il est lui-même « évangélisé » par les nations, par un ennemi terrible qui lui parle en « langue barbare ».
Ni Ésaïe, ni Jérémie (que je commente un peu plus loin) n'omettent ce détail fort significatif de la prophétie de Moïse : que l'arrivée du jour de la colère de Dieu serait annoncée par les langues incompréhensibles des puissances ennemies.
Pour Ésaïe, comme pour Jérémie, comme pour Moïse lui-même, ces langues inintelligibles sont l'avertissement solennel de Dieu que ses compassions sont épuisées. Dieu parle encore, certes ; mais la « parole » devient insaisissable, elle est inintelligible pour le peuple incrédule : elle devient le signe irrévocable de son jugement. Ce sont les langues des puissances ténébreuses qui vont exterminer le faux témoignage d'une génération méchante et adultère.
Voilà une raison de plus qui amène Paul à dire que « les langues sont un signe pour les non croyants », c'est-à-dire : pour les incrédules.
Tant qu'Israël obéissait à Dieu, il était béni, c'est un fait. Dieu n'avait pas besoin alors de lui parler en langues inintelligibles. Mais dès qu'Israël n'a plus écouté la Parole, Dieu a changé de méthode et lui a parlé par l'épée des nations païennes. Au lieu d'employer le langage clair des prophètes, il lui parlait par la langue des envahisseurs, celle des Philistins, des Madianites, des Syriens, des Égyptiens, des Assyriens, des Chaldéens et des Romains. Pour Dieu, l'Assyrien était la « verge de sa colère » Ésaïe 10.5 et Nébucadnetsar était son « serviteur » ! Jérémie 25.9. Ne pourrions-nous pas dire que Dieu a « parlé » à la chrétienté par le terrible message d'Hitler. comme il l'avertit aujourd'hui par les voix des puissances mondiales hostiles à l'Évangile ?
Mais Dieu a encore une lumière à jeter sur le texte d'Ésaïe que nous étudions car, plus loin dans sa prophétie, Ésaïe fait à nouveau allusion aux langues incompréhensibles. Son « livre des six malheurs » contient non seulement des menaces mais aussi de merveilleuses promesses, des lueurs messianiques de la restauration d'Israël à la fin des temps, accompagnées d'un renouveau spirituel et même terrestre Ésaïe 29.18 ; 35.1 et marquées par le pardon de ses péchés Ésaïe 33.24, le règne de Christ Ésaïe 32.1-5, et le don de l'Esprit Ésaïe 32.15. Dieu promet en même temps à son peuple une paix et une sécurité définitives : Ésaïe 33.16-19, celui-ci ne craindra plus les invasions ennemies (verset 18), car Dieu lui dit :
« Tu ne verras plus le peuple audacieux, le peuple au langage obscur langue barbare qu'on ne comprend pas » (verset 19).
Le langage incompréhensible, signe de la colère de Dieu, signe pour le peuple incrédule, n'aura plus de place parmi ceux qui seront rachetés de leurs péchés et de leur incrédulité. Ces langues inintelligibles ne pourront plus menacer le calme d'un peuple qui possèdera la présence assurée du Seigneur Jésus-Christ. Au contraire, Dieu lui parlera face à face ; la révélation sera Sans ombre, sans équivoque :
« Tes oreilles entendront derrière toi la voix qui dira : Voici le chemin, marchez-y. » Ésaïe 30.21.
« Tes yeux verront le Roi dans sa magnificence, ils contempleront le pays dans toute son étendue. » Ésaïe 33.17
Pour un peuple soumis à des invasions cruelles et à la captivité, la promesse de ne plus entendre ces langues incompréhensibles était synonyme de paix, de joie, de bénédiction divine.
Une centaine d'années après la prophétie d'Ésaïe, alors que les dix tribus d'Israël étaient depuis longtemps en captivité et leur pays déserté, Jérémie, encore très jeune, s'est levé pour condamner l'incrédulité et l’apostasie du petit royaume de Juda. Il a prédit une invasion par un « destructeur des nations » (Jérémie 4.6-7), un « vent brûlant » (versets 11-13). Il dit :
« Je fais venir de loin une nation contre vous, dit l'Éternel. C'est une nation forte, c'est une nation ancienne, une nation dont tu ne connais pas la langue et dont tu ne comprendras point les paroles. Son carquois est comme un Sépulcre ouvert... Elle dévorera ta moisson et ton pain, elle dévorera tes fils et tes filles. » Jérémie 5.15-17.
De la même manière qu'Ésaïe avait appliqué la prophétie de Moïse à l'invasion par les armées assyriennes de son époque qui ont détruit le royaume d'Israël, ainsi Jérémie à son tour applique ce même avertissement solennel de la loi au peuple de Juda de sa génération, en prédisant sa destruction par les armées cruelles des Chaldéens venus de Babylone.
Pour Jérémie, comme pour Ésaïe, comme pour Moïse lui-même, les « langues étrangères » ou « barbares » étaient celles de l'ennemi, le signe de la colère de Dieu contre son peuple désobéissant.
La prophétie de Jésus-Christ
Le mardi avant sa mort, le Seigneur Jésus fut définitivement rejeté par les chefs d'Israël Matthieu 23.38-39 ; 26.1-5 et c'est ce soir-là, sur le mont des Oliviers, qu'il prononça son grand discours eschatologique Matthieu 24-25, Luc 26.1-5
L'ancienne prédiction de Moïse, que les prophètes avaient relevée génération après génération jusqu'à l'époque de Daniel, redevint actuelle dans la bouche du Fils de Dieu lorsqu'il annonça une fois de plus la destruction de Jérusalem, non seulement celle de l'an 70 de notre ère, Luc 21.20-24 mais aussi celle de la fin des temps Matthieu 24.15-22. C'était l'avertissement le plus solennel que Dieu eût jamais adressé au peuple juif. Effectivement, les armées romaines, dont les légionnaires étaient recrutés parmi tous les groupes linguistiques alors connus, détruisirent et la ville et le sanctuaire de Dieu à Jérusalem, emmenant le peuple captif de manière à le disperser dans tous les pays du monde.
Il est évident que l'étude sérieuse de la prophétie citée par Paul dans 1 Corinthiens 14.21 ne fait rien pour confirmer les interprétations trop faciles propagées par notre génération. Nous sommes face à l'ultimatum de l'Éternel. Ayons le courage de regarder en face ses implications pour notre époque. Quel est le message de Dieu pour nous ?
Un signe pour Israël incrédule ?
Il est vrai que dans le livre des Actes, comme dans l'Ancien Testament, les langues sont un signe spécialement adressé au peuple d'Israël. Si l'Esprit de Dieu a choisi de s'exprimer dans une multiplicité de langues à la naissance de l'Église, c'était pour rappeler à Israël la raison de sa propre existence et afin que la bénédiction d'Abraham soit accessible « à toutes les familles de la terre ».
Israël, à l'époque des apôtres, n'a pas voulu reconnaître l'étendue de la largesse de Dieu : ses chefs, comme le peuple dans son ensemble, refusèrent de croire que l'Esprit de Dieu pouvait être accordé à d'autres nations que la leur. C'est pourquoi, Dieu leur à parlé dans les langues de ces « autres » nations qu'ils méprisaient. Les langues miraculeuses du jour de la Pentecôte étaient ainsi un signe du jugement de Dieu sur l'incrédulité de Son peuple terrestre.
À trois reprises, dans le livre des Actes, l'Esprit de Dieu parle de cette manière aux Juifs : premièrement, dans Actes 2, aux représentants de la nation entière à Jérusalem ; ensuite, dans Actes 10, à « ceux de la circoncision » qui accompagnèrent Pierre chez Corneille à Césarée ; puis en dernier lieu, dans Actes 19, aux Juifs « croyants » à Éphèse, qui cependant restaient attachés à l'ancienne alliance par Jean-Baptiste. Par ces trois manifestations, l'Esprit de Dieu voulait faire comprendre à la descendance physique d'Abraham que la bonne nouvelle du Messie était pour toutes les nations. Israël, au lieu de croire à cette merveilleuse vision, a sombré dans un refus définitif et jaloux de la grâce de Dieu et s'est trouvé condamné par les langues mêmes dans lesquelles il aurait dû communiquer la vérité évangélique à toutes les familles de la terre.
Peu de temps après, ces mêmes langues sont devenues une réalité terrible pour la nation apostate, lorsque les légions romaines détruisirent son héritage.
Ainsi, les langues ont été un signe pour Israël, signe qui a deux résultats complètement opposés :
— D'abord, par ce signe Dieu à convaincu et amené à la foi les trois mille non-croyants qui se sont ouverts à la prédication de l'Évangile.
— Ensuite, par ce même signe Dieu a condamné les non-croyants d'Israël qui ont refusé de se repentir et sont restés incrédules.
Qui est « ce peuple » ?
Paul cite Ésaïe textuellement : « C'est... par des lèvres d'étrangers que je parlerai à ce peuple ». Il est évident que pour Ésaïe, comme pour Moïse, « ce peuple » signifiait Israël dans son apostasie. Il est tout aussi certain que le Seigneur Jésus, comme Paul et les autres apôtres, tous Israélites, interprétaient cette prophétie de la même manière.
Je comprends donc l'argument avancé par quelques-uns de mes frères en Christ, selon lequel l'expression « ce peuple » s'applique uniquement à Israël. Pour eux, le signe des langues, n'étant destiné qu'au peuple juif, n'aurait plus d'utilité pour l'Église. Ils pensent que le don des langues a cessé à partir de la mort des apôtres et de la destruction de Jérusalem en l'an 70 de notre ère. Israël, ayant rejeté le Messie, demeure dans l'incrédulité : Dieu a parlé à « ce peuple » en langues et ils ont refusé d'entendre ; maintenant, avant de reprendre la parole, il attend qu'il se repente et écoute le message de Christ par le Nouveau Testament. Pour l'Église, le don des langues serait donc périmé ; il n'aurait plus sa place dans l'économie actuelle de Dieu.
Et pourtant ! L'apôtre Paul reconnaît l'existence de ce don dans l'Église. Si les langues ne nous concernent plus, pourquoi l'Esprit de Dieu nous dit-il par la main de Paul de ne pas les empêcher ? Et pourquoi l'apôtre inclut-il deux fois les langues dans son énumération des dons spirituels ? Pourquoi n'exclut-il pas totalement l'usage de ce don de son enseignement aux Corinthiens ? Hélas, cet argument soulève plus de difficultés qu'il n'en résout (Voir également mon commentaire sur 1 Corinthiens 13.8-12).
Paul affirme, dans cette même épître aux Corinthiens, que les désastres sont arrivés à Israël « pour nous servir d'exemples » et que « ces choses ont été écrites pour notre instruction » 1 Corinthiens 10.6-11. Il est donc indiscutable que la prophétie d'Ésaïe qu'il cite est également pour notre instruction et pour nous servir d'exemple. D'ailleurs, Paul n'est pas en train d'écrire à une église juive en Palestine, mais à celle de Corinthe, une ville extrêmement cosmopolite. C'est pour elle qu'il cite Ésaïe.
Paul écrivait cette lettre à Corinthe vers l'an 54 de notre ère. À peine dix ans plus tard, l'apôtre Pierre écrivait dans une épître circulaire : « C'est le moment où le jugement de Dieu va commencer par la maison de Dieu » 1 Pierre 4.17-18. En effet, déjà en 64 l'empereur Néron lançait sa grande attaque contre les chrétiens et les brûlait vifs à Rome. Paul et Pierre, tous les deux perdirent leur vie dans cette persécution, qui a persisté par intermittence pendant trois siècles.
« Ce peuple », c'est aussi nous
Paul, en citant Ésaïe, ne pense pas seulement aux Juifs : il pense tout autant à ses frères chrétiens et aux églises qu'il avait fondées. Dans cette même épître, 1 Corinthiens 7.26, il prévoit déjà « les temps difficiles qui s'approchent ». Il vivait lui-même le martyre par anticipation.
Et Pierre dit (comme le prophète Ézéchiel l'avait dit en son temps, Ézéchiel 9.6) que le jugement de Dieu commence par la maison de Dieu. Pierre et Paul savaient tous les deux qu'Israël était sous le jugement de Dieu ; mais ils reconnaissaient également que ce jugement commencerait par l'Église.
C'est exactement ce qui est arrivé. L'Église a subi une persécution officielle quelques années avant la révolte des Juifs en Palestine, qui a amené les Romains à anéantir leur identité nationale en 70. Je ne pense pas que nous, chrétiens, nous ayons raison de mettre « sur le dos » du Juif tous les passages désagréables de l'Ancien Testament alors que nous voulons garder pour l'Église toutes ses belles promesses ! Les « langues » furent certes un signe pour la génération d'Israël qui crucifia le Messie, mais Pourquoi ne seraient-elles pas également un signe pour l'Église dans son incrédulité ?
Il est évident que dans la citation de Paul, les mots « ce peuple » s'appliquent tout autant à l'Église qu'à Israël. La signification de cette prophétie ne pouvait Passer inaperçue pour les chrétiens de l'époque. « ce peuple », c'est aussi bien Corinthe que Jérusalem.
Et c'est également notre génération ! Nous faisons donc bien de le jugement de l'Église ! « Mon fils, ne méprise pas le châtiment du Seigneur » Hébreux 12.6.
Une prophétie pour aujourd'hui !
Ce message de Dieu est aussi actuel pour nous à la fin du XXème siècle qu'il ne l'était du temps d'Ésaïe et de l'apôtre Paul. Que Dieu nous donne le courage d'y faire face !
1° — Comme il a parlé autrefois par Moïse, Dieu à parlé tout à nouveau en Christ par le Nouveau Testament. Tant que l'Église prend au sérieux cette Parole divine et la met en Pratique, Dieu la bénit.
2° — Pourtant, l'Église a souvent été infidèle au Nouveau Testament. C'est pourquoi Dieu suscite, quand il les trouve, des hommes avec un message prophétique dont la tâche essentielle consiste à remettre en vigueur l'autorité de la Parole de Dieu et en particulier celle du Nouveau Testament. Au cours des générations, Dieu a réveillé l'Église par des hommes d'un courage et d'une intégrité remarquables, comme Wycliffe, Hus et tant d'autre qui ont remis l'Église de leur époque face au Nouveau Testament. Pour beaucoup, cette vocation leur a coûté la vie.
3° — Si l'Église n'écoute pas les avertissements de Dieu, si elle méprise sa Parole et persiste dans son infidélité, Dieu lui parle alors par le seul moyen qui lui reste : « il châtie celui qu'il aime » Hébreux 12.6, Apocalypse 3.19. Christ combat les pécheurs dans l'Église avec l'épée de sa bouche », Apocalypse 2.16, ce qui peut entraîner la dissolution et même, dans certains cas, l'extinction du témoignage Apocalypse 2.5, Apocalypse 3.16.
Quand le peuple de Dieu ne voit plus de ses yeux, n'entend plus de ses oreilles et ne comprend plus parce que son cœur est devenu insensible, la Parole de Dieu devient pour lui insaisissable, inintelligible. Parce qu'il n’écoute plus les prophètes, Dieu lui parle « en langues », par la bouche de ses ennemis. Les langues inintelligibles sont alors le signe de la colère de Dieu, un signe pour un peuple incrédule : elles annoncent le jugement de Dieu sur l’église infidèle.
C'est assez effrayant ! Pourquoi le Saint-Esprit a-t-il choisi précisément ce passage de l'Écriture pour illustrer et renforcer l'argument de l’apôtre ? Sa pensée est parfaitement claire : il se sert du texte d'Ésaïe pour appuyer l'avertissement du verset précédent, où Paul ordonne aux croyants de Corinthe de se débarrasser de leurs puérilités afin de devenir spirituellement adultes et ne plus « jouer aux chrétiens » (verset 20).
La sévérité de Dieu Romains 11.32
Ah ! Me dira un brave chrétien, là, vraiment, vous y allez trop fort. Notre Dieu est un Dieu de grâce, il ne punit pas l'Église !
À cette parole irréfléchie, je réponds :
— Frère, vous n'avez jamais lu l’histoire de l'Église ? Vous n'avez même pas fait attention aux avertissements que Christ lui-même nous donne ? N'a-t-il pas dit, par son serviteur Jean, qu'il ôterait le chandelier d'Éphèse de sa place, qu'il combattrait les faux docteurs de Pergame avec l'épée de sa bouche, qu'il enverrait une grande tribulation à Thyatire, qu'il viendrait sur Sardes comme un voleur, qu'il vomirait Laodicée de sa bouche ? L'apôtre Paul n'a-t-il pas livré des soi-disant chrétiens à Satan pour qu'ils apprennent à ne pas blasphémer ?
À partir du IVème siècle, l'Église de Christ a commencé à perdre de vue ses trois grands trésors :
— La Parole de Dieu a été obscurcie par les traditions humaines ;
— La face du Fils de Dieu a été obscurcie par le culte d'une foule d'autres « médiateurs » ;
— La communion directe avec Dieu par le Saint-Esprit a été obscurcie par l'intervention d'une hiérarchie humaine.
C'est à cette époque-là que Dieu a commencé à parler à la chrétienté par les invasions barbares venant d'Europe centrale qui ont brisé l'empire romain occidental. Il est tout de même étrange que la plupart de ces barbares, eux aussi, s'appelaient déjà chrétiens, alors qu'ils suivaient l'hérésie d'Arius qui niait la divinité de Christ.
Ah ! Si seulement l'Église avait pris à cœur cet avertissement de la part de Dieu ! Mais, au contraire, elle a progressé dans l'erreur ; l’ancien paganisme s'est installé de plus en plus profondément dans les mœurs chrétiennes au point que les lieux de culte se remplissaient de statues, alors que Dieu appelle cela idolâtrie Lévitique 26.1 et qu'il exige que nous l’adorions en esprit et en vérité Jean 4.23-24. Face à cette apostasie, Dieu a de nouveau parlé à l'Église par « l'épée de sa bouche ». Cette fois-ci, le châtiment a été infiniment plus sévère : Dieu a permis à nouveau qu'une nation au visage farouche et à la langue incompréhensible se précipite sur la chrétienté : l'Islam, armé d'une caricature des trois grandes vérités que l'Église avait perdues, a rayé de la terre, en une génération ou deux, la moitié du monde chrétien.
Venez un instant, mon frère, voyagez avec moi ! En partant de Casablanca, traversons Alger, Tunis, Le Caire, Damas, Téhéran jusqu'en Inde et en Asie Centrale... Tout cela était autrefois terre chrétienne. En Afrique du Nord, pas une seule église fut épargnée : il n'en est resté que les pierres, les ruines, témoins du fait que Christ a en vérité combattu un christianisme tiède avec l'épée de sa bouche. Traversons les contrées où Paul fondait ses premières églises : Entendez-vous la voix du muezzin turc qui a remplacé celle du prédicateur de l'Évangile ?
Comment ! Dieu ne punit pas ? Christ ne parle plus à son Église avec l'épée de sa bouche ? Mais lisez les Écritures ! Regardez autour de vous ! Interrogez-vous sur ce qui s'est passé ces dernières années en Russie, en Chine, en Indochine, en Ouganda, au Tchad ! Mes frères, c'est le moment de nous mettre à genoux ensemble pour confesser le péché de l'Église entière, notre péché, en demandant à Dieu de nous éclairer, de nous parler « en direct », en langue vraiment claire et intelligible, par sa pure Parole, par le Nouveau Testament, par la voix du vrai prophète avant de nous trouver pris dans un piège inextricable, face à une porte définitivement fermée.
Aujourd'hui, l'Église de Christ est confondue devant toutes sortes de voix proclamant, au nom de Christ, de véritables blasphèmes : une théologie qui nie la divinité de Christ et l'autorité de la Bible ; de fausses sectes qui nous devancent à chaque porte ; un humanisme marxiste qui pénètre les milieux intellectuels chrétiens ; des superstitions païennes blanchies par une terminologie biblique ; une fausse unité qui veut nous réunir tous sur des bases foncièrement contraires au Nouveau Testament... Tout cela, dans le sein même du christianisme, alors que, du dehors, nous sommes menacés par de nouvelles puissances mondiales qui veulent chacune nous assimile à leur idéologie ou nous extirper de la face de la terre.
Dieu parle à son Église par les caricatures des vérités qu’elle a laissées en oubli. Pourtant peu de chrétiens semblent se rendre compte à présent de ce qui leur arrive. L'intelligence spirituelle de beaucoup est comme aveuglée, leur vision est obscurcie par un voile d'incompréhension qui les laisse insensibles aux avertissements de Dieu. Je suis convaincu que, parmi d'autres facteurs, l'endoctrinement constant de la télévision y est pour beaucoup ; un homme qui la regarde chaque jour ne peut s'empêcher d'avoir une optique conforme à celle du public en général — ou, plutôt, de ceux qui manipulent le public. Comment un homme peut-il garder l'optique de Dieu s'il ne passe pas plus de temps à écouter sa voix qu'il n'en passe à écouter les voix du monde ? Nous en entendons déjà assez à longueur de journée au travail ou au lycée. Pourquoi nous en laisser imprégner à fond, impuissants dans notre fauteuil ?
N'est-il pas vrai que Dieu nous avertit aujourd'hui ?
Le prophète Ézéchiel rappela à sa génération les « quatre châtiments terribles » de Dieu, Ézéchiel 14.21 qui sont tout aussi actuels pour nous que pour les hommes de son époque : les bêtes sauvages (les faux prophètes qui dispersent le troupeau de Dieu) ; la famine (ignorance générale de la Parole de Dieu) ; la peste (ravages incontrôlables du péché) ; l'épée (le peuple de Dieu livré aux puissances ennemies).
Heureux le peuple qui comprend à temps ce que l'Esprit dit aux églises ! Mais s'il ne prend pas au sérieux l'enseignement biblique sur les signes des temps, qui l'éclairera ?
N'est-il pas vrai que, de nos jours, ces quatre fléaux fondent déjà sur le peuple de Dieu ? Où allons-nous donc ? Jusqu'à quand Dieu persistera-t-il à nous avertir ? Les châtiments dont Moïse avait menacé un Israël apostat deviennent actuels pour nous dès que nous en faisons une application spirituelle à l'Église. Lisons Deutéronome 28 :
v. 20 — Le trouble... au milieu de toutes les entreprises...
v. 21 — La peste (le péché qui ronge).
v. 22 — Le dessèchement (la vie spirituelle qui s'évapore)
v. 23 — Le ciel d'airain (la prière qui ne « perce » pas).
v. 23 — La terre de fer (l'évangélisation qui n'aboutit pas).
v. 25 — « L'Éternel te fera battre par tes ennemis... » (l'Église recule et cède du terrain au lieu de s'étendre).
v. 28-29 — L'aveuglement, l'égarement d'esprit. tu n'auras pas de succès... tu seras tous les jours opprimé... (incertitude doctrinale, confusion des idées, impuissance devant les attaques Sataniques).
v. 32 — Tes fils et tes filles seront livrés à un autre peuple... (pris par le monde, égarés par les sectes les plus étranges — hélas ! C'est peut-être le châtiment le plus terrible de tous).
v. 35 — L'Éternel te frappera aux genoux (plus aucune envie de prier !)...
v. 37 — Tu deviendras un sujet... de sarcasme... (notre témoignage n'est plus pris au sérieux).
v. 38 — Une grande activité, peu de résultats...
Or, c'est immédiatement après cette liste affreuse de châtiment (qui nous touchent de trop, trop près) que Dieu parle d'une invasion terrible par la nation au visage farouche et au langage inintelligible (versets 49-50 et jusqu'au verset 57). Ne s'agit-il pas de Satan et de ses puissances ?
« Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? » Marc 8.12
Pourquoi l'Église de Christ de nos jours cherche-t-elle « un signe » et en particulier ce signe que Dieu réserve aux incrédules : celui des langues incompréhensibles ? Le Seigneur Jésus nous a mis de toute façon en garde contre le désir de voir un miracle, Jean 2.18-25 ; 4.48 ; 6.30 ; 12.37, contre la recherche d'un signe venant du ciel Matthieu 12.38-39. Cela ne signifie pas qu'il ne fait pas de miracles ou qu'il ne donne pas de signes ; mais c'est plutôt que nous avons tort de rechercher ces choses au lieu de chercher la face de Dieu lui-même et sa Parole.
« À la loi et au témoignage ! S'écrie Ésaïe.
si l'on ne parle pas ainsi,
il n’y aura point d’aurore pour le peuple. » Ésaïe 8.20 (voir aussi le verset 19).
Comment expliquer cette recherche si passionnée dans notre monde chrétien d'une expression inintelligible, d'une expérience irrationnelle ? Si, en fait, il est vrai que Dieu a choisi de nous parler aujourd'hui d'une façon incompréhensible, comment ne pas y voir un signe précurseur — ou même le signe ultime — de son proche châtiment ? N'oublions pas que « le jugement de Dieu va commencer par la maison de Dieu » 1 Pierre 4.17. Certes, les nations elles-mêmes vont récolter le fruit amer de leur refus de l'Évangile ; mais nous, chrétiens, nous serons certainement persécutés premièrement par les nations. ce qui est déjà le cas pour nos frères de la moitié du monde Mathieu 24.9, Marc 13.13, Luc 21.12-19.
Prétendre qu'Ésaïe ou que Paul enseigne que le « parler en langues » est une voie de bénédiction, un moyen « normal » que Dieu emploierait pour s'adresser à son peuple, c'est mal comprendre toute la signification de ce texte que nous étudions. Je suis inquiet, plus qu'inquiet devant le déséquilibre spirituel de notre génération. Pourquoi cet accent excessif sur un parler en langues incompréhensibles aux dépens — c'est si souvent le cas ! — d'une connaissance approfondie de la Parole de Dieu ? Je crains que le jugement de Dieu ne soit très proche et que nous n'allions — tout autour de nous semble l'indiquer — au devant de la plus grande persécution de l'histoire.
S'il ne s'agissait que de ce seul signe, je n'oserais pas lui attribuer un sens eschatologique. Mais il est accompagné d'une multitude de signes que les prophéties de la Bible prévoient pour les temps de la fin et qui s'accomplissent sous nos yeux : signes parmi les nations, signes dans l'Église, signes en Israël, signes dans la nature et même dans les cieux ! Il faut vraiment être aveugle pour ne pas discerner les temps dans lesquels nous vivons. « Quand vous verrez ces choses arriver, disait Jésus (dans Luc, il précise : Quand ces choses commenceront à arriver...), sachez que le Fils de l'homme est proche, à la porte » Marc 13.29. Quand nous ajoutons à la multiplicité des signes indiscutables de notre époque celui dont nous parlent Moïse, Ésaïe, Jérémie et Paul, le « signe » des langues incompréhensibles pour un peuple de Dieu devenu insensible à sa voix dans les Écritures, comment ne pas le reconnaître comme un avertissement de Dieu, un dernier signe avant le jugement ?
Notre Seigneur nous a prévenus : « Alors », a-t-il dit, en parlant des signes dans les nations qui caractérisent notre siècle, « on vous livrera aux tourments. et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom » Mathieu 24.9. Lorsque je regarde l'Église de Jésus-Christ elle-même préoccupée, malgré les mille dangers qui surgissent autour d'elle et au milieu d'elle, par des questions qui ne peuvent que la détourner de son vrai objectif ou la désunir et qui n'apportent aucune réponse au défi idéologique de notre siècle, je m'interroge sérieusement :
— Ces « langues » seraient-elles donc un dernier avertissement de la part de Dieu avant la catastrophe ? Seraient-elles en fait les langues de nos ennemis, de ces puissances ténébreuses qui veulent, à tout prix, détruire le témoignage de Christ ? Quelle pensée affreuse ! Je n'avance pas cette idée en tant qu'affirmation, je pose simplement la question. C'est à nous tous, c'est à l'Église de Christ tout entière d'y répondre. Mais je crains d'avoir raison.
Une chose est hors de doute : Dieu nous avertit, il nous appelle à la repentance. Pourquoi nous, occidentaux, au milieu de notre confort, de notre sécurité, avec tous nos moyens spirituels et matériels, condamnés par nos divisions, nos controverses et notre mondanité, pourquoi échapperions-nous à la persécution que nos frères connaissent ailleurs ?
D'année en année, les avertissements de Dieu se multiplient. C'est la chrétienté qui a déclenché les deux guerres mondiales de notre XXème siècle ; depuis, elle est de plus en plus isolée du reste du monde par la perte de ses vastes empires et par le fait que les ressources indispensables de l'énergie dont dépend son économie sont passées entre les mains d'un tiers-monde très incertain et même hostile. Dieu nous parle de la manière la plus sévère par les sectes hérétiques : elles confondent le témoignage de la vraie Église aux yeux d’un monde incrédule qui la tourne en dérision ; Dieu nous parle par la caricature d'une fausse union œcuménique, à cause de notre incapacité à achever une vraie unité spirituelle. Dieu nous parle en effet par la bouche de nos ennemis.
Et quand j'entends de tous les côtés un babel de voix contradictoires et souvent inintelligibles dans l'Église elle-même, comment ne pas y apercevoir un avertissement très solennel de la part de notre Dieu, un signe de son jugement sur son peuple qui n'a pas voulu prendre au sérieux son logos, sa véritable Parole ?
Oh ! Si je pouvais avoir tort...
On m'a souvent dit que la vague de glossolalie contemporaine est le signe d'un grand réveil spirituel, d'une pluie céleste. Dieu, affirme-t-on, nous apporte de nouvelles lumières par ces langues inconnues...
Oh ! combien j'aimerais avoir tort ! Si je pouvais croire à une explication aussi facile... ! Mais un autre bruit parvient à mes oreilles, une clameur bruyante des nations qui rejettent de plus en plus le message de l'Évangile, un cri violent qui monte au ciel, la putréfaction d'une immoralité presque universelle, un athéisme insolent mêlé à l'encens de toutes sortes d'obscénités occultes. Il est encore plus effrayant de voir des chrétiens se disant bibliques qui ne voient toutefois aucun mal à être en pleine communion avec ceux qui nient les vérités fondamentales de la Parole de Dieu.
Parmi les sept églises auxquelles le Sauveur a envoyé son dernier message, Apocalypse 2-3, il n'y en a que deux, celles de Smyrne et de Philadelphie, qui ne s’'attirent aucun reproche, aucune condamnation : Smyrne, l'église persécutée, et Philadelphie, l'église de l'amour fraternel qui est prête à affronter la porte ouverte de la de la mission, de l'évangélisation mondiale. Heureusement, il y a aujourd'hui des églises fidèles, comme il y a encore des croyants fidèles dans les églises apostates, et à ceux-là Jésus confie toujours la Parole de sa vérité. Que Dieu nous trouve de ce nombre ! Mais le tableau général n'est pas rassurant ; notre liberté ne tient plus qu'à un fil : l'ennemi attend le moment favorable pour nous passer les menottes.
Mes frères, c'est maintenant le moment de nous tourner vers Dieu pour lui demander les forces et l'intégrité spirituelles qui seules nous permettront de lui rester fidèles dans le mauvais jour. Notre plus grand besoin aujourd’hui est d'entendre la voix du prophète. Oh ! Que Dieu suscite des hommes, des femmes qui nous mettent au pied du mur, qui nous ramènent à la pureté, à la simplicité du Nouveau Testament dans son intégralité !
« Maintenant encore, dit l'Éternel,
Revenez à moi de tout votre cœur,
Avec des jeûnes, avec des pleurs et des lamentations !
Déchirez vos cœurs et non vos vêtements,
Et revenez à l'Éternel, votre Dieu ;
Car il est compatissant et miséricordieux,
Lent à la colère et riche en bonté,
Et il se repent des maux qu'il envoie.
Qui sait s'il ne reviendra pas et ne se repentira pas,
Et s'il ne laissera pas après lui la bénédiction,
Des offrandes et des libations pour l'Éternel, votre Dieu ?
Assemblez le peuple, formez une sainte réunion !
Assemblez les vieillards,
Assemblez les enfants,
Même les nourrissons à la mamelle !
Que l'époux sorte de sa demeure,
Et l'épouse de sa chambre !
Qu'entre le portique et l'autel
Pleurent les sacrificateurs,
Serviteurs de l'Éternel,
Et qu'ils disent : Éternel, épargne ton peuple !
Ne livre pas ton héritage à l'opprobre,
Aux railleries des nations !
Pourquoi dirait-on parmi les peuples :
Où est leur Dieu ? »
Joël 2.12-14,16,17, voir aussi Jonas 3.5-10
« J'en prends aujourd'hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j'ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l’Éternel ton Dieu, pour obéir à sa voix et pour t'attacher à lui : car de cela dépendent ta vie et la prolongation de tes jours... » Deutéronome 30.19-20.
O peuple de Dieu, réveille-toi !
« Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts et Christ t'éclairera. » Éphésiens 5.14
Prière
O Dieu, parle-nous d’une voix claire,
par la simplicité de ta Parole limpide et pure !
Que nous ne voyions pas « le peuple audacieux,
au langage obscur qu'on n'entend pas,
à la langue barbare qu'on ne comprend pas » ! Ésaïe 33.19
Que nos yeux voient le roi dans sa beauté ! Ésaïe 33.17
« Je serre ta Parole dans mon cœur
Afin de ne pas pécher contre toi ».
« Je te cherche de tout mon cœur » Psaumes 119.10-11