Du moment que l’alliance est conclue, il est naturel que Dieu habite parmi son peuple. Aussi, dès le chapitre 25e de l’Exode, l’Éternel donne-t-il des ordres en vue de l’érection d’un sanctuaire.
[C’est à L’Introduction à l’A. T. qu’il incombe de s’occuper de l’ordre dans lequel se succèdent les nombreuses ordonnances éparses dans le Pentateuque. Remarquons seulement ici que ces ordonnances ne sont pas rangées dans un ordre systématique comme dans un code de lois, mais dans un ordre purement occasionnel ; elles ont été faites au fur et à mesure que le besoin s’en faisait sentir. Si l’on s’en était toujours souvenu, on aurait pu s’épargner la peine de trouver des contradictions entre plusieurs de ces ordonnances.]
Mais avant même que ces ordres aient pu être exécutés, le peuple, en l’absence de Moïse, tombe déjà dans l’idolâtrie et rompt ainsi l’alliance. Moïse châtie les coupables, et dans cette occasion la tribu de Lévi montre pour la gloire de Dieu le même zèle que Lévi avait montré jadis pour venger l’honneur outragé de sa famille (Exode 32.26-29). Aussi, la malédiction que Jacob avait prononcée sur ce patriarche va-t-elle être changée en une bénédiction, et ses descendants vont-ils devenir la tribu sacerdotale ; car lorsque Moïse s’est écrié : « A moi tous ceux qui sont pour l’Éternel ! » il a vu les hommes de sa tribu se grouper autour de lui l’épée à la main, et le zèle est ce qui fait les ministres de Dieu. « Ce sont eux qui ont dit de leurs pères et de leurs mères : Je ne les connais point ! Voilà pourquoi ils enseigneront à Jacob les ordonnances de Dieu et pourquoi ils feront brûler l’encens (Deutéronome 33.9-10). C’est ainsi que plus tard l’Éternel confirmera l’alliance du sacerdoce à Phinées et à sa famille pour un acte de zèle comparable à celui des Lévites. « L’alliance du sacerdoce perpétuel sera tant pour Phinées que pour sa postérité après lui, parce qu’il a été zélé pour son Dieu » (Nombres 25.13).
Après que les enfants de Lévi ont sévi contre les coupables, Moïse demande à l’Éternel d’effacer son nom de son livre ; il voudrait être fait anathème pour son peuple ; puis il supplie l’Éternel de revenir de sa grande colère, et il est exaucé. C’est ainsi que la première infidélité du peuple amène la révélation de nouvelles perfections en Dieu. Aux noms sous lesquels l’Éternel s’est fait connaître jusque-là, viennent s’ajouter ceux de Dieu miséricordieux, lent à la colère, abondant en grâce (Exode 34.6) ; et dans l’offre que fait Moïse de renoncer à son salut personnel si seulement son peuple peut être sauvé, nous voyons poindre l’idée d’un médiateur prenant sur lui les péchés de son peuple. C’est ici l’un des points les plus sublimes de la vie de Moïse. Aucun autre homme n’a fait un vœu pareil, sauf le grand apôtre des Gentils (Romains 9.3)a.
a – Il n’est pas facile de se faire une idée de la grandeur de l’amour de Moïse et de Paul, remarque Bengel dans son Gnomon ; les hommes ordinaires ne comprennent pas les héros.
Durant le séjour d’une année à peu près que fit le peuple au pied du Sinaï, le tabernacle fut construit et consacré ; le culte fut organisé et Dieu donna un certain nombre de lois nouvelles, dans lesquelles on remarque l’intention précise de faire comprendre aux enfants d’Israël qu’ils ne doivent point se conformer à lu manière de vivre des autres nations et qu’il faut qu’il y ait une différence entre eux et les Egyptiens ou les Cananéens. Lisez en particulier des passages comme Lévitique 18.2, 24 ; 20.23 et sq. Puis Moïse procède à un dénombrement du peuple ; mais, comme il s’agit de compter les hommes en état de porter les armes, la tribu de Lévi n’est pas dénombrée (Nombres 1.46 et sq.) ; après quoi l’Éternel indique dans quel ordre doivent camper les tribus (ch. 2 et 3, conf. Exode 10.13 et sq.). Deux pensées président à cet arrangement : il doit indiquer à la fois la relation de Dieu avec son peuple, et la relation respective des tribus les unes avec les autres. Au centre est le Tabernacle, car l’Éternel est parmi son peuple comme un général au milieu de son armée (Exode 7.4). Tout auprès du Tabernacle sont, à l’Est, les prêtres de la famille d’Aaron, et, des trois autres côtés, les Lévites, à savoir les descendants de Gersom à l’Ouest, ceux de Kahath au Sud, et ceux de Mérari au Nord. Autour des prêtres et des Lévites viennent se ranger, par quatre groupes de trois, les douze tribus, parmi lesquelles Joseph compte pour deux. Chacun de ces groupes est commandé par une tribu principale : Juda, Ruben, Ephraïm et Dan ; et Juda qui campe vers l’Orient, ouvre la marche (Nombres 2.9).
Les tribus sont groupées d’après leur descendance maternelle. Juda, Issachar et Zabulon descendent de Léa ; Ruben, Siméon et Gad, de Léa et de sa servante ; Ephraïm, Manassé et Benjamin, de Rachel ; Dan, Nephthali et Assur des deux servantes.
La seconde année, le vingtième jour du second mois, le peuple s’éloigne du Sinaï et se dirige à travers le désert de Paran en droite ligne vers le pays de Canaan. Il donne en chemin plusieurs marques de sa dureté de cœur et il s’attire ainsi plusieurs châtiments, mais il arrive néanmoins à la frontière méridionale de la Terre promise, à Kadès-Barné. C’est probablement dans le voisinage de Kadès qu’il faut placer la station de Rithma (Nombres 33.18). Moïse envoie les douze espions. Us reviennent avec des renseignements qui poussent le peuple à une révolte générale. Pour le coup, c’en est trop. Le peuple est condamné à errer quarante ans dans le désert, et pendant ces quarante ans tous les hommes âgés à ce moment de plus de vingt ans et par conséquent capables de porter les armes, seront consumés, à l’exception de Osée, connu sous le nom de Josué, que lui donne Moïse (Nombres 13.17), et de Caleb, les deux seuls qui n’aient pas péché avec tout le reste du peuple (Nombres 32.12 ; Josué 5.6). On comprend que les quarante ans passés dans le désert soient considérés dans l’un et l’autre Testament comme un sérieux avertissement pour les hommes de tous les temps (Psaumes 78.1-72 ; 95.8 ; 1 Corinthiens 10.1-12 ; Hébreux 3.7 et sq.).