Cher et honoré frère,
Votre lettre m’est un rafraîchissement. Je vous exhorte, au nom de Christ, de travailler pour votre âme : Il vous aidera, Il se tiendra à vos côtés ; c’est une chose certaine, et bien sérieuse que l’accomplissement de toutes ces choses. Il n’y a point de milieu, il faudra ou être envoyé à la droite ou à la gauche du bon Berger. Quand votre corps ne sera plus qu’un cadavre glacé, réduit en poussière, que ne donneriez-vous pas alors pour une seule heure de relâche ? Il y a encore du sable dans votre sablier ; le soleil n’est pas encore au-dessous de votre horizon. Profitez de ces heures dernières. Voyez quelle paix, quelle joie, se trouvent dans le service de Christ. Les anges, le monde, la vie, la mort, les croix, même le diable, travaillent alors pour vous et avancent votre œuvre ; la miséricorde divine reposera sur vos travaux, et une sainte bénédiction planera sur votre demeure. Vous vous sentirez entouré de ce qui constitue le véritable bonheur, et vous porterez sur cette terre un nom qui répand autour de lui les plus doux parfums. Quelle joie ne sera pas la vôtre, lorsque Christ viendra essuyer vos larmes et vous souhaiter la bienvenue en vous accordant et sa gloire et sa félicité ? Ailleurs, dans l’abîme, voyez les tortures d’une conscience coupable ! Les joies du péché ne sont que vains songes, qu’une vapeur qui va se dissiper. Mais quel honneur d’être un enfant de Dieu, de dominer les tentations, de subjuguer le monde et le péché !
Quant à vos enfants, qui jouissent maintenant de l’éternel repos, je vous dirai, à vous et à votre femme, que je suis en quelque sorte témoin de la gloire dont Barbara jouit dans le ciel. Et à toutes les autres, je leur dirai : Voici venir des jours en Ecosse où l’on s’écriera : « Heureuses les stériles et les seins qui n’ont point allaité. » Les parents qui n’ont plus d’enfants sont entrés au port avant l’orage ; seraient-ils perdus pour vous ceux qui sont placés dans le trésor de Christ ? Vous les rejoindrez à la résurrection ; ils vous précèdent, mais ils ne sont pas perdus. Votre Seigneur vous aime ; n’est-ce pas Lui qui donne et qui reprend ? Ne vous faites pas des idoles de vos enfants, car Jésus veut être le premier objet de vos affections. Je bénis et vous et vos enfants. Que la grâce soit à toujours sur vous.