Le sens du mot hébreu traduit par saint, « Kadosh », n’est pas connu avec certitude. Il est possible qu’il provienne d’une racine qui signifie briller. Ou bien d’une autre racine renfermant la double idée de nouveauté et de lumière. Ou encore, d’un vieux terme arabe, signifiant couper, séparer. Quelle que soit la racine exacte, l’idée maîtresse semble être non seulement celle de séparation, de mise à part, idée que l’Hébreu exprime par d’autres termes bien précis, mais celle que l’objet séparé se distingue de tout autre objet par la supériorité et l’excellence de sa valeur.
Dans son Lexique du Nouveau Testament grec, à l’article consacré à l’étude du mot grec hagios, Cremer montre que la notion de sainteté est une notion entièrement biblique. « La conception de la Sainteté de Dieu que nous donne l’Ecriture, dit-il, quel que soit le rapprochement à faire dans la forme, est diamétralement opposée à toutes les conceptions grecques. Tandis que celles-ci, par elles-mêmes, excluent chez les divinités païennes toute idée d’amour, la conception scripturaire au contraire, n’ouvre à nos esprits toute la réalité de son sens que dans le plus étroit rapprochement avec la notion de l’amour divin ». Il est de toute importance de noter que nous devons et le mot et la pensée à la seule révélation. Tout autre attribut de Dieu a dans quelque mesure son correspondant dans l’esprit humain : la notion de sainteté est essentiellement divine. Ne serait-ce pas la raison pour laquelle, malgré le fait que Dieu, dans le Nouveau Testament ait si clairement désigné son peuple comme saint, ce terme a pourtant si peu pénétré dans le langage et dans la vie de tous les jours de l’Eglise Chrétienne ?