Une chose donc que des consciences affligées et épouvantées de la vue de leurs péchés doivent faire, c’est de ne point juger de leur état selon que ces sentiments pourraient le leur suggérer, car elles s’enfonceraient par là dans le désespoir. Mais comme à de diverses maladies, il faut aussi appliquer de différents remèdes ; ainsi il faut relever et consoler ces âmes abattues par des promesses de grâce, comme il faut tâcher d’abattre et de briser les impénitents, avec un sceptre de fer.
C’est ici ce qu’enseigne la véritable et la divine théologie ; savoir, que quand les âmes sont ainsi affligées, alors une partie de la théologie, qui est la loi, est accomplie, dont l’office est de menacer et de condamner le pécheur, afin qu’il commence à se connaître et qu’il dépose cette malheureuse sécurité dans laquelle nous vivons tous, avant que la manifestation de cette colère se fasse vivement sentir en nous. Voilà la première partie de la théologie, mais il n’en faut pas demeurer là ; il faut passer à la seconde qui nous apprend que toute la théologie est consommée en ceci, de nous convaincre et de nous enseigner que Dieu fait grâce aux humbles, et que toutes les menaces sont pour les pécheurs endurcis et qui vivent dans la sécurité, et que c’est pour ceux-là seulement qu’il est un Dieu vengeur et un feu consumant. Mais qu’au contraire, ces pécheurs contrits et épouvantés, sont le peuple de la grâce et de la miséricorde, c’est-à-dire, à qui la grâce et la miséricorde appartiennent, desquels le bon Berger vient bander et guérir les plaies, parce qu’il a mis sa vie pour eux ; de sorte que de tels pécheurs pénitents ne doivent point donner cours aux pensées de leurs cœurs incrédules qui voudraient les détourner de la prière et de la confiance par le sentiment du péché : mais il faut qu’avec David, ils crient avec assurance : Ô Dieu, aie pitié de moi, car c’est en ces âmes-là que dieu prend son bon plaisir.