C’est par des faits plutôt que par des exposés de doctrine que le Nouveau Testament nous fait connaître la guérison divine. Le récit qu’il nous donne de tous les malades guéris par Jésus proclame hautement son amour et sa divine puissance. De nos jours encore, rien ne fortifie mieux la foi que les réponses merveilleuses du Seigneur à ceux qui se confient en lui. Dorothée Trudel nous montre ce que peut obtenir la simplicité de la foi et la persévérance dans la prière. Que de fois, elle aussi, a entendu cette réponse du Seigneur : « Femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu désires. » (Mt 15.28)
Fille d’une mère pauvre et pieuse, Dorothée avait appris d’elle que Dieu répond aux prières, même lorsqu’il s’agit de choses terrestres. Pieuse elle-même dès son enfance, elle ne se sentit réellement convertie qu’à l’âge de vingt-deux ans ; elle fut amenée alors à se donner à Dieu par la mort d’une amie qui, comme elle, aimait beaucoup la danse. Depuis ce moment, elle devint une chrétienne sérieuse, et chercha à marcher dans la voie de l’obéissance et de la foi. Ce ne fut que dans sa trente-septième année que s’ouvrit devant elle la carrière nouvelle à laquelle Dieu l’appelait.
Pour gagner sa vie, elle faisait des fleurs artificielles, occupant à ce travail plusieurs ouvrières. Quatre d’entre elles tombèrent malades en même temps. Ni médecins, ni remèdes ne purent les guérir, et il ne restait plus guère d’espoir de les sauver, lorsque Dorothée qui les entourait de prières et de lectures de la Bible, fut frappée des paroles bien connues de l’Épître de saint Jacques. Elles lui apparurent alors sous un jour tout nouveau. Si les médecins sont à bout de ressources, se dit-elle, n’avons-nous pas la prière ? Le Seigneur n’a-t-il pas la puissance de guérir sans remèdes ? Il fut un temps où il n’avait nul besoin de remèdes, où il agissait tout directement ! Pourquoi n’en serait-il pas de même aujourd’hui ? Ne serait-ce pas le manque de foi qui nous en priverait ? Elle se mit donc à prier, et les malades furent guéries. L’expérience qu’elle avait faite là lui ouvrit une vie nouvelle. Voici ce qu’elle en dit elle-même :
« Dieu m’avait remplie d’amour pour mon prochain et c’était avec joie que je parlais à mes ouvrières du bonheur d’être affranchi par le Seigneur du joug du monde. Bientôt quatre d’entre elles tombèrent malades ; on appela le médecin, néanmoins le mal s’aggrava ; enfin le danger devint tel que je dus crier au Seigneur.
Me sentant aussi incapable qu’un ver de terre, je lui dis que je voudrais recourir aux anciens de l’Eglise selon l’ordre donné par saint Jacques, (Jas 5.14) mais que le ne savais où trouver des anciens, que par conséquent j’allais me rendre chez ces malades avec la foi de la cananéenne, et que je leur imposerais les mains, sans toutefois me figurer qu’il y eût aucune vertu dans ma main. C’est ce que le fis, et par la grâce de Dieu, toutes quatre furent guéries. Je fus très frappée alors du péché qu’il y a à ne pas obéir à la Parole de Dieu, et le vis clairement ce que doit être la vie de la foi, qu’elle se résume à obéir pratiquement à tout ce que Dieu commande. »
Bientôt vinrent chez elle d’autres malades qu’elle reçut et soigna avec amour, et il se fit là « des prodiges par le nom de Jésus. » (Ac 4.30) Pour loger le nombre croissant des malades, il fallut acheter une seconde maison, puis une troisième. Son but était avant tout d’amener les malades à comprendre leur état de péché, et à aller au Seigneur. Une bénédiction remarquable reposa sur ce travail spirituel. L’Esprit de prière remplissait la maison, et c’était la Parole de Dieu reçue dans le cœur de chacun qui était là le souverain médecin. Un jour qu’on lui demandait d’où venaient tous ces prodiges, elle répondit : Ce n’est pas que nous puissions rien faire par nous-mêmes. Tous ces miracles, soit dans l’âme, soit dans le corps, résultent de la vertu du sang de Christ. Mais pour cela il ne suffit pas de dire: Je crois au sang de Christ ; il faut encore vivre de la vie que Christ nous a acquise par son sang ; c’est là uniquement ce qui me permet de faire ces miracles.
Après avoir travaillé de la sorte pendant dix ans et avoir été une source de bénédictions pour des milliers d’âmes, elle mourut, laissant pour lui succéder Samuel Zeller qui continua l’œuvre avec la même bénédiction. Soit lui, soit les personnes qui l’aident répondent toujours aux questions qu’on leur adresse en disant qu’ils ne possèdent personnellement aucun don de guérison. C’est la foi, disent-ils, c’est la confiance en la puissance de Dieu qui agissent ici. C’est lui qui opère les guérisons selon son bon plaisir. Pour nous, nous ne sommes autre chose que des pécheurs rachetés par Christ, cherchant à obéir à cet ordre : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’est pas nécessaire de venir à Maennedorf pour recevoir la guérison et de l’âme et du corps. Il suffit de croire sans réserve aux promesses de Dieu, et dans toutes les parties du monde se verront des œuvres pareilles.
Ce qui caractérise l’œuvre de Dorothée Trudel, et celle de Samuel Zeller, c’est que leur travail ne repose pas seulement sur la foi qui prie, mais aussi sur l’amour qui cherche à servir Dieu et le prochain. Que tous ceux qui veulent prier avec efficace pour les autres apportent à ceci une grande attention. Lorsque Jésus guérissait les malades, c’était de sa part un acte de bonté et de tendre compassion tout autant que de puissance divine. Nous aussi, cherchons non seulement à user de foi et à témoigner de sa puissance, mais encore à secourir nos semblables, à les aimer avec la charité qui se dévoue pour le prochain, et Jésus nous emploiera à continuer ici-bas son œuvre d’amour. Prions le Seigneur de nous envoyer, avec l’Esprit de foi, l’Esprit d’amour toujours prêt à servir les autres avec humilité.