Seigneur, c’est la foi qui me manque. Je crois en général, je ne crois pas en particulier ; l’ensemble, non plus les détails ; je crois que tu diriges l’univers, je doute que tu veilles sur ma vie ; et, comme tous les hommes pourraient dire de même, il suit de notre sagesse humaine que tout marche au hasard ! Oui, Seigneur ; cette simple réflexion me fait sentir la folie de mes doutes sur ta bonne providence à mon égard ! et toutefois je crains encore, après l’avoir faite, de rester dans mon incrédulité ! Ah ! si j’avais plus de foi, combien j’accomplirais d’œuvres que je délaisse ; combien je surmonterais de difficultés qui me surmontent ! Si j’avais plus de foi, je travaillerais avec joie sous ton regard, et non avec larmes sous le regard des hommes ; ma vie ne serait plus cette série de projets conçus et abandonnés, de travaux commencés et inachevés, ce chaos de toutes choses où rien n’est parfait ! Si j’avais plus de foi, je compterais des succès dans mes tentatives d’obéissance à ta volonté, dans cette même vie où je ne trouve que chutes, misères, péchés. Paul pouvait dire par expérience : « Je puis tout par celui qui me fortifie ; » hélas, je pourrais dire, moi : Je n’ai rien pu, parce que tu ne m’as pas fortifié, et tu ne m’as pas fortifié, parce que je n’ai pas cru. Je traîne ma chaîne au milieu des sépulcres, comme le démoniaque Légion, au lieu de voler dans le ciel, comme l’ange portant l’Évangile. Mon Dieu, mon Dieu, prends pitié ! mets de l’ordre dans ma vie, de la suite dans mes travaux ; donne-moi force et persévérance pour surmonter les obstacles où je vais si souvent me briser. Mais, Seigneur, je sens que toutes ces prières pourraient se résumer en une seule : Seigneur, donne-moi la foi ; guéris-moi de mon incurable incrédulité ! Qu’avant d’agir je me demande si mon projet est selon ta volonté, et qu’une fois bien convaincu de son excellence, je le poursuive sans relâche, sans crainte, sachant que c’est le tien et que tu le feras réussir ; réussir autrement, mais mieux que je ne l’avais espéré.