Jésus, fils de Gamala, qui avait eu part à tous ces conseils, et qui était fort mon ami, en donna avis à mon père, qui me l'écrivit fort au long. Et dans la douleur que j'eus de ce que la jalousie de mes citoyens avait par une si grande ingratitude conspiré ma perte, j'étais encore affligé des instances que mon père me faisait de l'aller trouver, afin de lui donner avant de mourir la consolation de me voir. Je communiquai toutes ces choses à mes amis, et leur dis que j'étais résolu de partir dans trois jours. Ils me conjurèrent avec larmes de ne les point exposer, par mon éloignement, à une ruine inévitable. Mais je ne pouvais me résoudre à le leur accorder, parce que je me considérais moi-même encore plus qu'eux. En ce même temps les Galiléens, craignant que mon absence ne les exposât à la violence de ces libertins, qui couraient continuellement la campagne, envoyèrent donner avis dans toute la Galilée du dessein que j'avais de m'en aller. Ils vinrent aussitôt de tous côtés me trouver au bourg d'Azochim, dans le grand champ, avec leurs femmes et leurs enfants, non pas tant à mon avis par l'affection qu'ils me portaient, que par leur propre intérêt, à cause qu'ils croyaient d'avoir rien à craindre tandis que je serais avec eux.