… ; dans le troisième, il témoigne de sa parfaite vertu, enfin il apprend qu’il a été sacré Dieu et roi sur eux tout ensemble, et que pour cela il est Christ. Comment appeler autrement, en effet, celui qui n’a reçu l’onction que de la main du Dieu suprême ? Ô Dieu, dit-il, s’adressant à celui qui est oint, vous avez aimé la justice et haï l’iniquité, aussi le Dieu votre Dieu vous a-t-il oint (Ps., XLIV, 7). Comme s’il disait, le Dieu suprême vous a oint de l’huile d’allégresse, au-dessus de tous ceux qui y participent avec vous.
Ce parfum n’est pas un baume terrestre et grossier, semblable à celui qui fut composé, d’après les ordonnances de Moïse, d’une matière corruptible, et dont l’onction était en usage autrefois pour les pontifes et les rois des Juifs. Ainsi, il est justement appelé de nous Dieu et Christ, puisque seul il a reçu, non pas de la main des hommes ni de leur entremise, mais de la main du Créateur universel, l’onction spirituelle et céleste de la joie divine et de l’allégresse. C’est donc avec justesse, à bon droit et proprement, qu’il est appelé Christ au-dessus de ceux qui sont dits y participer avec lui.
Or, quels sont-ils, sinon ceux qui peuvent ainsi parler : Nous avons été rendus participants du Christ (Héb., III, 14), et dont il a été dit : Ne touchez pas à mes christs et n’offensez pas mes prophètes (Ps., CIV, 15) ? Puis donc que le Christ est bien-aimé, Dieu et roi, cherchez maintenant comment celui qui est si grand peut avoir des ennemis, quels ils sont, et pourquoi il prépare contre eux ses flèches et son glaive : comment enfin sans armée aucune, il se soumet des peuples innombrables par sa droiture, par sa véracité, sa justice et sa mansuétude. En pénétrant le sens de ce passage, on sera forcé de convenir qu’il faut l’appliquer à notre. Sauveur et Seigneur Jésus, le Christ de Dieu, et de recourir à ce que nous avons exposé sur sa venue au milieu des hommes, par laquelle il a mis en fuite les puissances ennemies et invisibles, les démons perfides et cruels, les esprits impurs et mauvais, et s’est attaché des peuples innombrables parmi les tribus de la terre. Il faut donc l’appeler le vrai Christ de Dieu, oint non pas de l’onction antique (car il n’est rien dit de semblable de lui), mais de l’onction supérieure et divine de celle dont Isaïe a dit : L’esprit du Seigneur s’est reposé sur moi, parce qu’il m’a oint (Is., LXI, 1). Aussi est-il appelé dans toute la terre le Christ préférablement à tous les Hébreux qui ne reçurent jamais l’onction corporelle, et il a rempli le monde du nom de chrétien. Pour la manière dont nous le disons oint, pour le parfum, le mode de l’onction, nous l’avons suffisamment expliqué dans le livre précédent. Or, telle était la grâce répandue sur ses livres et dans sa doctrine, que la religion qu’il a apportée au monde a pénétré rapidement tout l’univers ; et déjà chez toutes les nations, suivant la prophétie citée ici, il a des disciples qui célèbrent sa royauté et sa divinité, et tous les peuples l’appellent Christ. Ses ennemis sont évidemment non seulement ceux qui existeront avant lui, mais encore ceux qui s’opposèrent toujours à sa parole parmi les hommes ou les puissances invisibles, dont il a détruit la tyrannie sur les nations par sa puissance secrète et cachée, en soumettant les peuples à ses lois.
Quant à ces paroles du même psaume : « La myrrhe, l’ambre et le santal s’exhalent de vos vêtements, » et ce qui suit sur cette reine et cette fille invitée à quitter la maison de son père et à se fiancer a celui que le prophète appelle Christ, roi et Dieu, et qu’elle nomme son Seigneur ; traits qui se rapportent tous à l’Eglise des Gentils, qui abandonne les erreurs de la religion de ses pères, se voit purifiée de ses fautes et entre en partage de la parole de Dieu ; elles seront rapportées lorsque nous pourrons leur donner l’interprétation convenable.