S’il est vrai que la justice et la bonté sont inséparables, que dire de celui qui vient établir deux divinités contraires, en attribuant à l’une une bonté, à l’autre une justice exclusives ? La bonté réside où réside la justice. Dans l’origine, Dieu était aussi bon que juste, et ces deux attributs ont marché de pair. La bonté a fait le monde ; la justice a tout ordonné. C’est encore la justice qui, prenant conseil de la bonté, décide qu’il faut composer le monde d’éléments empreints de bonté. Qui prononça la séparation « entre la lumière et les ténèbres, » entre le jour et la nuit, entre le ciel et la terre, entre les eaux supérieures et les eaux inférieures, entre les plaines de la mer et la masse de l’aride, autrefois confondues, entre les grands corps lumineux et les petits corps lumineux, entre les flambeaux qui président au jour et ceux qui président à la nuit, entre l’homme et la femme, entre l’arbre de la mort et l’arbre de la vie, entre l’univers et le paradis, entre les animaux qui nagent dans les eaux, et ceux qui habitent la terre ? Toujours la justice. La justice arrangea tout ce que la bonté avait conçu. Tout a donc été disposé et ordonné par cet arrêt de la justice. Le lieu, la forme, le mouvement, les effets, la nature, l’apparition, la naissance et le déclin des éléments sont des jugements du Créateur. Que sa justice date du jour où le mal est entré dans le monde, ne va point te l’imaginer. Lui donner le péché pour origine, ce serait la ternir, Nous venons de prouver que le Créateur s’est manifesté avec la bonté source de tout, et qu’on ne doit pas considérer comme accidentel, mais bien comme inhérent à la nature divine, un attribut qui règle les opérations de la divinité.